samedi 29 octobre 2022

S et Corpos de Baile au 104 à Paris - La scène portugaise de danse en magie et en vitalité

 Dans le cadre de la Saison France-Portugal, le Théâtre de la Ville et le 104 à Paris présentent lors d'une soirée deux créations des chorégraphes portugais Tânia Carvalho et Marco da Silva Ferreira, deux pièces dédiées au Ballet national du Portugal.


S

La pièce S de Tânia Carvalho a été créée en 2018 par cette chorégraphe qui développe un univers très personnel depuis plus de vingt ans. Elle a fait de la danse classique très jeune pendant cinq ans puis du contemporain mais elle compose également de la musique et fait du dessin.


S - Tânia Carvalho - Photo: Bruno Simao


S démarre avec un plateau assez sombre, avec comme fond de scène un dessin de forêt de Riu Vasconcelos. Sur des bruitages et des notes de flûte et de bois, une danseuse classique, rejointe par deux autres fait des pointes entre immobilité et courts déplacements dans une géographie mystérieuse de positions, comme dans un rêve lancinant, soutenu par une musique à l'identique. 


S - Tânia Carvalho - Photo: Bruno Simao


La scène curieusement se réitère et s'y rajoute, se superpose même une troupe de six danseuses en justaucorps noir laissant une épaule dénudée, qui font des mouvements d'ensemble ou par deux, trois ou quatre dans une chorégraphie tirant plutôt vers la modern dance... Apparaissent également une troupe de cinq garçons en collants et chemises vertes bouffantes, tels des pages, pour des passages classiques et  romantiques avec des saluts pour les dames en longs tutus. 


S - Tânia Carvalho - Photo: Bruno Simao


Les époques se collisionnent, les strates de danse se superposent et l'ambiance est à la magie et l'onirisme, soutenue pas la composition contemporaine de Diogo Alvim, mélangeant les percussions et bruitages et les parties orchestrales enregistrées par l'Orchestre Symphonique du Portugal. Les lumières de Mafalda Oliviera et Tânia Carvalho, installent une ambiance de sous-bois propice à cet hommage à la Sylphide de Marie Taglioni où l'on achève bien la danseuses classique.



 Corpos de Baile


En deuxième partie, Corpos de Baile de Marco da Silva Ferreira*, une création de 2020, nous emporte dans un déferlement vigoureux de danses de rue sur une scène, presqu'un ring, un grand tapis blanc, la "salle de danse" où les neuf interprètes arrivent au fur et à mesure et se font leur "battle". Une performance tout à fait assumée par ces danseurs du Ballet national du Portugal, tout à fait à l'aise dans cet exercice de virtuosité.

 

Corpos de Baile - Marco da Silva Ferreira


Ils oscillent entre solos et mouvements d'ensemble à 2 ou 3 ou 4 ou avec toute la troupe, entrant dans l'arène - et dans le groupe - sans hésitation, puis ressortant un moment pour revenir toujours pleins d'énergie. A gauche de la scène, la percussionniste italienne, maintenant londonienne, Valentina Magaletti avec son attirail de batteries et de cymbales, soutient en direct par sa fougue et sa puissance de frappe cette tribu en costumes multicolore de breaker, souples et agiles. Un silence se fait, fausse fin car les danseurs se retrouvent, doucement, sur le tapis luminescent pour faire baisser la tension puis repartent en un éclair pour s'achever dans un summum d'énergie, partagée par le public en empathie. 

   

La Fleur du Dimanche


S et Corpos de Baile au 104 à Paris avec le Théâtre de la Ville du 27 au 30 octobre 2022


* Siri, la dernière création de Marco da Silva Ferreira a été présentée à Pôle Sud - CDCN le 18 mai 2022

dimanche 23 octobre 2022

Le paradis des fleurs et la jungle de l'humanisme

 Bimensuelle, la fleur? Mensuelle? Quel rythme donner à ces publications pour ne pas vous faire fuir avec des pavés dans l'océan? 

Allez, pour commencer je vous offre la fleur du jour:


Fleur du dimanche 1 - à deviner - Photo: lfdd


Et pour solliciter votre participation, je vous pose une première question:

Quelle est cette fleur? Attention la question (et la réponse) est double!

C'est un petit hommage à une très fidèle lectrice de ce billet dominical (et abonnée).

D'ailleurs, vous aussi vous pouvez vous abonner en vous rendant sur cette page et en y laissant votre adresse mail pour être alerté(e) des prochaines publications:

https://lafleurdudimanche.blogspot.com/2011/01/


Je suis en train de réfléchir à des abonnements "thématiques" - bientôt du nouveau...


En attendant je vous offre une deuxième fleur:


Fleur du dimanche 2 - à deviner - Photo: lfdd


Et une deuxième question - simple mais piège:

Quelle est cette fleur?

Pour répondre, soit un commentaire si vous y arrivez en bas de ce billet, soit en envoyant un mail à lafleurdudimanche [arobase] gmail [point] com - vous pouvez d'ailleurs vous abonner également avec ce mail en mettant "Abonnement".


Passons aux TVA (Textes à Valeur Ajoutée) - il y en a trois et je vous laisse aussi voter pour le ou les TVA qui vous plaisent (c'est pour améliorer le format de mes billets (réflexion en cours).


Le premier est une citation d'un peintre (le trouverez vous?)

"Depuis que l'humanisme est mort, l'homme a cessé d'avoir une âme, il ne se soucie plus de vivre ou de mourir. Les progrès de la civilisation industrielle laisseront derrière eux une ruine et une destruction intégrales, comme les hordes qui envahirent jadis l'Europe. Il ne restera nul portrait de l'homme moderne, car il a perdu la face  et se détourne pour regarder la jungle."

Ces paroles pessimistes, mais toujours d'actualité ont été écrites en 1945...

Je vous les mets en "extrait":



Le deuxième texte est un poème de Georg Trakl, poète austro-hongrois, mort en 1914 mais pas plus optimiste, dont un extrait du poème donna le titre "La fille du vent" à un tableau du peintre ci-dessus: 

"Sur des écueils noirâtres

se jette ivre mort

La rougissante fiancée du vent,

La vague bleue 

Du glacier

Et gronde 

Puissamment la cloche dans la vallée."


Et en troisième et en hommage à JLG dont j'ai déjà parlé, une de ses citations "télescopique" - il prend des textes et y rajoute des bouts - quelque chose de plus optimiste (?). Donc, de Jean-Luc Godard, une citation de Coleridge reprise par Borges et à laquelle il a lui-même ajouté la dernière phrase, le dernier mot:

"Si un homme traversait le paradis en songe, qu’il reçût une fleur comme preuve de son passage et qu’à son réveil il trouvât cette fleur dans ses mains, que dire alors ? J’étais cet homme."


Pour finir en chansons,


Le retour de Pete Dohety en Peter Dohety avec Frédéric Lo - The Fantasy Life Of Poetry & Crime:

 



Et sa vie d'avant avec The Libertines - You're My Waterloo:




Et pour finir, un chanteur français beau gosse qui pense au réchauffement et que ça déprime aussi... Benjamin Biolay - Comment est ta peine ?




Allez, on ne se laisse pas abattre:


"J'ai fait le bilan carbone trois fois
Puis parlé de ta daronne sur un ton que tu n'aimerais pas
Tu ne le sauras jamais car tu ne m'écoutes pas
Comment est ta peine ?
La mienne est comme ça
Faut pas qu'on s'entraîne
A toucher le bas
Il faudrait qu'on apprenne
A vivre avec ça
Comment est ta peine
La mienne s'en vient, s'en va
La mienne s'en vient, s'en va..."



Bon dimanche


La Fleur du Dimanche

jeudi 20 octobre 2022

Sasha Waltz & Guests dansent In C de Terry Riley au Maillon: la ronde n'accroche jamais

 Comme pour un orchestre qui se prépare et accorde ses instruments, les 11 danseurs de la compagnie de Sasha Waltz se positionnent au fur et à mesure sur le plateau de la scène du Maillon à Strasbourg qui n'est pas éclairé. Il n'y a que le fond de scène baigné dans un rouge profond qui découpe les silhouettes. Celle-ci, prennent leurs marques, se retouvent par deux ou par trois à différents endroits de cette très grande scène, changent de place et de partenaire, puis trouvent un semblant de groupe et tout peut commencer. In C de Terry Riley commence, dans la version enregistrée en 1998 par l'ensemble Bang on a Can composé de 11 musiciens (comme l'enregistrement original en 1964 où Riley utilisait l'overdubbing - il conseille un minimum de 35 musiciens) La composition In C de Riley est considérée comme la première oeuvre minimaliste (musique répétitive) et elle est composée de 53 phrases (plus ou moins courtes - voir partition) que les musiciens doivent (au moins une minute avant de passer à la suivante, jusqu'à la dernière). La partition tient sur une page et l'a durée de jeu varie entre 53 minutes et une heure trente).


In C - Sasha Waltz & Guests - Terry Riley - Photo:Yanina Isla


Sur scène, les onze interprètes vont eux aussi prendre en charge cette musique en  terme de chorégraphie et autant par les gestes, les mouvements, les déplacements, nous proposer une transposition visuelle de la partition. Cela commence par un discret mouvement d'épaule qui tourne puis de la tête et qui se transmet au reste du corps, des gestes de la main, des sauts, des déplacements, des mouvements d'ensemble plus ou moins nombreux, qui eux aussi se transmettent d'un interprète à d'autres qui s'y joignent, le transmettent puis l'abandonnent, soit pour faire une courte pause, soit passer à un autre mouvement. Cela fait une belle agitation à la fois désordonnée et en même temps très structurée. Les onze danseuses et danseurs, dans des costumes légers - shorts ou pantalons et des maillots échancrés sous les bras, colorés (rouge, vert et jaune ou pastel (créés par Jasmin Lepore) nous offrent de beaux mouvements dansés, jettés, sautés, mouvements des bras et des mains, faisant de temps des clins d'oeils à Gallotta (la tribu Mammane qui piétine sur scène) ou Pina Bausch pour le défilé final.


In C - Sasha Waltz & Guests - Terry Riley - Photo:Yanina Isla


Les magnifiques lumières d'Olaf Danilsen, qui nous font penser à des compositions de Rothko ou des installations lumineuses de James Turell installent une atmosphère mouvante et changeante, qui baigne la scène et les interprètes dans des couleurs qui vont impercetptiblement du pastel au rouge profond en pasant par une douche verte sur fond rose. A un moment, une bande de lumière traverse tout cela et une autre fois, l'on se retrouve presque dans le noir. Le plateau , lui est toujours occupé, sauf à un moment où, la plupart des danseuses et des danseurs, lentement glissent en dehors sur les côtés et l'on se retrouve avec cette impression de vide et l'on se concentre sur les deux-trois qui restent et continuent de danser. Ce qui est constitutif de l'art chorégraphique, le mouvement, est totalement exploité dans cette pièce où à chaque instant il y a du mouvement partout, dans tous les sens et dans toutes les directions. Il n'y a pas que des mouvements d'ensemble, de foule homogène, mais toute une variété d'individualités qui existent et bougent chacun(e) à sa manière, avec son corps et sa différence et sollicite le spectateur et sa capacité d'être en alerte. D'être à la fois sur une vue d'ensemble et de pouvoir capter individuellement les onze personnes qui se meuvent sous ses yeux et proposent leur chorégraphie, leur corps et leurs gestes et d'en deviner la suite. A la fois un beau challenge et une belle expérience à vivre.


La Fleur du Dimanche   


Conception et chorégraphie : Sasha Waltz
Avec les danseurs et danseuses : Sebastian Abarbanell, Rosa Dicuonzo, Edivaldo Ernesto, Tian Gao, Hwanhee Hwang, Annapaola Leso, Jaan Männima, Dominique McDougal, Sean Nederlof, Zaratiana Randrianantenaina, Joel Suarez Gomez
Costumes : Jasmin Lepore
Lumière : Olaf Danilsen
Dramaturgie : Jochen Sandig
Production : Sasha Waltz & Guests

jeudi 13 octobre 2022

Iphigénie de Tiago Rodrigues par Anne Théron au TNS ce n'est pas juste du théâtre, c'est du théâtre, très beau et juste

On sort de la pièce Iphigénie de Tiago Rodriguez mis en scène par Anne Théron au TNS en se disant qu'on a vécu une expérience de théâtre rare. Tout est parfait. Un texte, clair et limpide écrit par Tiago Rodriguez - et traduit comme il faut par Thomas Resendes, également présent pour la mise en scène et la dramaturgie. 

TNS - Iphigénie - Tia Rodrigues - Anne Théron - Photo: Jean-Louis Fernandez



Des comédiens magnifiques qui nous le font passer avec une sensibilité qui nous émeut et une mise en scène tirée au cordeau avec une très belle direction d'acteurs. Les mouvements et les placements des comédiens sur scène - et l'évolution fracturée de cette scène, sous l'oeil aiguisé du chorégraphe Thierry Thieû Niang qui fait aussi bouger et danser ces comédiens sans exubérance. Les costumes noirs et intemporels de Barbara Kraft qui a également signé la scénographie et les lumières de Benoit Théron qui n'éclairent que ce qu'il est nécessaire de souligner. La création sonore de Sophie Berger qui sait installer l'ambiance, que ce soit la guerre ou l'inquiétude ou le répit, et même le silence qui, quand il arrive inquiète au bon moment. 


TNS - Iphigénie - Tia Rodrigues - Anne Théron - Photo: Jean-Louis Fernandez



Et cette vidéo de Nicolas Comte en fond d'écran, la mer, la mer toujours recommencée et jamais pareille qui submerge l'horizon, et ce ciel menaçant, et ce vent qui ne se lève pas... Car c'est à cause de lui qu'Iphigénie doit mourir... Ou plutôt c'est ce que raconte cette histoire, tout en mettant en doute ce récit de dieux, de rois, de guerre et de sacrifice, comme le dit Clytemnestre (Mireille Herbstemyer) à la fin de la pièce: "Les dieux sont des fables qu'on nous raconte pour nous souvenir autrement de ce qui s'est réellement passé."   
Mais Tiago Rodrigues nous raconte cette fable, inspirée d'Euripide surtout pour nous dire que ce quoiqu'il se passe, nous pouvons influer sur la suite, le résultat, par nos décision. Et nous le prouve par cette mise en scène où le choeur, d'abord deux voix féminines (Fanny Avram et Julie Moreau) relayées à la fin par un vieil homme (Philippe Morier-Genoud qui joue aussi le messager et un vieillard) nous content et font office de metteuses en scène de cette histoire qu'elles font émerger de leur mémoire, et qui est quelquefois contredite par les protagonistes qui se rebellent contre cette (fausse?) mémoire. 


TNS - Iphigénie - Tia Rodrigues - Anne Théron - Photo: Jean-Louis Fernandez




Nous nous retrouvons en train de disséquer une enquête policière avec ses rebondissements et ses zones d'ombre et ses alternatives. La "belle" Hélène - une idée de la beauté que nous ne verrons jamais - a-t-elle été enlevée par Pâris ou est-elle partie volontairement? Quel jeu joue son mari Ménélas (Alex Descas) vis-à vis de son frère Agamemnon (Vincent Dissez) dans ce jeu de guerre (de Troie) et de sacrifice? Clytemnestre arrivera-t-elle à convaincre son mari Agamemnon à abandonner son étoffe de monarque responsable pour penser au bonheur familial? Achille (Joaô Cravo Cardoso convaincra-t-il Iphigénie (Carolina Amaral) que son destin est plutôt l'amour que la mort? Rien n'est sûr, pas même le futur, mais nous sentons bien que ce sont les femmes qui sont les plus fortes dans cette pièce et que si jamais elles arrivent au pouvoir, la guerre n'a qu'à bien se tenir - le début de la pièce, avec les bruits d'avions, d'hélicoptères et d'explosions, plus les projecteurs balayant en "poursuite" nous rappelant que cette histoire, bien que se passant dans l'antiquité a encore des résonnances très proches et que nous ne sommes pas à l'abri. 


TNS - Iphigénie - Tia Rodrigues - Anne Théron - Photo: Barbara Kraft



Mais le dispositif narratif, avec les anaphores "Je me souviens" - "Il se souvient" et ce jeu de mise en scène dans le théâtre, avec à la fois la distance et l'humour que cela permet nous enchante et nous engage à croire que quelquefois nous pouvons être maître du destin, à condition de le vouloir (c'est ce que met en oeuvre Iphigénie, pas forcément pour les bonnes raisons - "Pourquoi se souvenir si tout est mensonge?")
En tout cas c'est une bonne leçon de réflexion et de discernement, comme le suggère Anne Théron dans le livret de la pièce:
"Cette mémoire dont on n’arrive pas à se débarrasser : Que contient-elle ? Pourquoi le contient-elle ? Comment la racontons-nous ? Qu’en faisons-nous ? Je suis convaincue que la mémoire nous constitue. C’est notre force mais c’est également ce qui nous tue. Elle peut nous faire faire n’importe quoi. Faut-il la supprimer ? Comment faire pour qu’elle devienne une force et non une répétition délétère ?"


La Fleur du Dimanche




Du 13 au 22 octobre au TNS 

Neuchâtel - le 27 octobre 2022 au Théâtre du Passage
Martigues - le 8 novembre 2022 au Théâtre des Salins, Scène nationale de Martigues
Niort - le 17 novembre 2022 au Moulin du Roc, Scène nationale
Bayonne - les 22 et 23 novembre 2022 à la Scène nationale du Sud-Aquitain
Brive - les 1er et 2 décembre 2022 à l’Empreinte, Scène nationale Brive-Tulle
Lyon - du 18 au 22 janvier 2023 aux Célestins, Théâtre de Lyon
Porto (Portugal) - les 27 et 28 janvier 2023 au Teatro Nacional São João
La Roche-sur-Yon - les 8 et 9 février 2023 au Grand R, Scène nationale de la Roche-sur-Yon

Texte Tiago Rodrigues
Traduction Thomas Resendes
Mise en scène Anne Théron*

Avec
Carolina Amaral
Fanny Avram
João Cravo Cardoso
Alex Descas
Vincent Dissez*
Mireille Herbstmeyer
Julie Moreau
Philippe Morier-Genoud
Richard Sammut

Dramaturgie et assistanat à la mise en scène Thomas Resendes
Collaboration chorégraphique Thierry Thieû Niang
Scénographie et costumes Barbara Kraft
Lumière Benoît Théron
Son Sophie Berger
Vidéo Nicolas Comte
Régie générale Mickaël Varaniac-Quard
Régie plateau Marion Koechlin
Régie son Quentin Bonnard
Régie son et vidéo Jean-Marc Lanoë

Les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS.
Le décor est réalisé par les ateliers du TnP.
Le texte est publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs, 2020.

*Artistes associé·e·s au TNS

Production Théâtre National de Strasboug, Compagnie Les Productions Merlin
Coproduction Festival d’Avignon, Teatro Nacional São João (Porto), L’Empreinte – scène nationale Brive-Tulle,
Le Grand R – scène nationale de La Roche-sur-Yon, Scène nationale du Sud-Aquitain - Bayonne, OARA – Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine
Avec le soutien du ministère de la Culture, Aide au conventionnement et Fonds de production exceptionnel, de l’Institut français dans le cadre de la Saison France-Portugal 2022
La compagnie Les Productions Merlin est conventionnée par l’État, Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) Nouvelle-Aquitaine
Remerciements à la Mairie de Fort-Mahon-Plage et de Chantal Nicolaï pour le tournage du film, au Centre dramatique national Les Tréteaux de France pour l’accueil en résidence
Remerciements à la Mairie de Fort-Mahon-Plage et à Chantal Nicolaï pour le tournage du film, aux Tréteaux de France - Centre dramatique national pour l’accueil en résidence et à Empty mass pour à la mise à disposition de guitares traitées
Le décor est réalisé par les ateliers du TNP de Villeurbanne.
Les costumes sont réalisés par les ateliers du Théâtre National de Strasbourg.
Le texte est publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs dans le recueil Iphigénie, Agamemnon, Électre.
Vincent Dissez et Anne Théron sont artistes associé·e·s au Théâtre National de Strasbourg
Création le 7 juillet 2022 au Festival d’Avignon

lundi 10 octobre 2022

Deal au Point d'Eau: les corps qui se cherchent noise ne tournent pas rond

 Quand on entre dans le dispositif scénique du spectacle Deal présenté au Point d'Eau avec Pôle Sud, on a comme l'impression de rentrer dans une cage. Cet espace carré entouré de grilles et de panneau procède autant du cirque que du ring. Et quand, une fois les lumières éteintes, un corps tourne à l'envers (dans le sens inverse des aiguilles d'une montre), comme un cheval seul sur la piste, le cirque devient encore plus présent. Le cirque, un univers dont sont effectivement issus les deux comédiens danseurs Jean-Baptiste André et Dimitri Jourde. 

Deal - Jean-Baptiste André - Dimitri Jourde - Pôle Sud - Le Point d'Eau


Mais tourner en rond n'est pas leur choix. Un corps va se mettre en travers, faire dévier d'une ligne droite imaginaire et heurter celui qui marche et devrait ne rien chercher. Ce n'est pas le cas,  celui qui marche rencontre l'autre, et cela va faire des étincelles, des chocs, des accrocs, se concrétiser d'abord par un affrontement, des coups, des prises, déclinées en de nombreuses variations, de la "battle" de hip-hop aux arts martiaux orientaux en passant par des approches plus sportives, ou le catch - et la cloche qui de temps en temps sonne une pause salutaire. Car l'engagement est total, les empoignades et les embrassades sont viriles autant qu'elles sont esthétiques. Le cirque et les acrobaties rejoignent le geste dansé. 


Deal - Jean-Baptiste André - Dimitri Jourde - Pôle Sud - Le Point d'Eau


La beauté du mouvement et la force des collisions, les esquives et les retrouvailles, les montées en puissance et les plages de respiration alternent dans un équilibre pesé. Même le face à face tranquille, l'un couché, l'autre debout sur les mains est un répit, une pause, tout comme la petite chanson fredonnée couché sur le sol. Et tout cela soutenu par le texte poétique de Bernard-Marie Koltès qui nous parle de solitude, d'amour et de dépendance, de désir et de rencontre. Dans cette chorégrapie faite d'enroulés, de déroulés, à la fois liés et disjoints dans une lutte incessante pour se retrouver et se quitter, s'aimer et se repousser, jusqu'à n'en plus pouvoir, car comme il est dit:

"Deux hommes qui se croisent n'ont pas d'autre choix que de se frapper avec la violence de l'ennemi ou la douceur de la fraternité"

Le spectacle est une belle métaphore de cette rencontre.


La Fleur du Dimanche

dimanche 9 octobre 2022

La Fleur Mensuelle ? La Musique tue-t-elle? Le souvenir ?

 Après un mois de folie musicale, l'envie de partager quelques réflexions - et quelques fleurs - me fait honorer ce rendez-vous dominical. Des fleur de mai ou plutôt leur souvenir - ou leur devenir - capté en septembre attendaient de se voir offertes dans ce billet:


Fleurs de mai en septembre - souvenirs - Phot: lfdd


Ce billet volontairement court - on me reproche souvent sa longueur, alors, pour vous rendre lectrice et lecteur active-actif, je ne vais que vous poser le "problème":

Il surgit dans les pages du livre de Pascal Quignard "La haine de la Musique" une (somme) réflexion sur la musique et le silence -  un chapitre s'appelle "Il se trouve que les oreilles n'ont pas de paupières" - réflexion qui a soutenu, sous-tendu un concert de Musica (publication à venir).

C'est page 34 que Quignard dit:

"A l'origine de toutes les langues, toutes les langues se sont accrues de sons servant à retrancher - servant à soustraire ce qui vient d'être dit et qu'il est nécessaire de mettre en avant pour le retrancher"

La même réflexion peut être tenue pour la musique: Le silence est ce qui construit la musique...

"C'est ainsi que la Lingua est une Roche Tarpeienne et le flux des mots la masse d'une foule poussant un homme qui tombe ans le vide vertical qui le sépare de la mer. Dans la langue des anciens Grecs; le mot de problèma signifie ce même escarpement s'avançant au-dessus des vagues plus basses, au haut de quoi la ville sacrifie en poussant une victime qui plonge. Il est curieux - il est presque fescennin - que promontoire, langue, problème, mort soient le même.

*

Promontoire, lingua, problème.

Des "sons servant à retrancher" définissent la musique."  


Voilà, à vous de creuser, il n'y a pas de problème, Nessun problema, voici la liste: 

Promontoire, problème, langue (aussi langue de terre...), mer, mort,...


Et c'est étonnant qu'une soixantaine de pages plus loin (page 103), Quignard parle de Rilke et du "souvenir" (c'est lui qui m'a donné envie de partager la citation que je resitue....:

"Rainer Maria Rilke a écrit que les souvenirs ne deviennent réellement des souvenirs que quand ils quittent l'espace de la tête et s'éloignent des images qui les ont métamorphosés comme de l'aspect des mots qui s'attachent à les maintenir à distance. Que le commencement d'un souvenir coïncidait avec l'effort fait pour l'oublier, par l'effort de l'enfouir."


A vos souvenirs !

Vous souvenez-vous des fleurs de mai ?


Fleurs de mai en septembre - souvenirs - Phot: lfdd


Pour finir en musique, et pas si innocemment que cela, voici une chanson des "Problèmes", le groupe du chanteur Antoine qui font leurs "Contre-élucubrations problématiques", déjà en 1966:




Aujourd'hui ce problème est encore d'actualité et cet été, avant la vague venue d'Iran, l'artiste afghane Sarah Nabil dans une exposition qui s'est tenue jusqu'au 28 août 2022 à la Kunsthalle de Manheim et où l'artiste pour protester contre la soumission des femme s'est, lors d'une performance,  coupé les cheveux, en voici deux images:


Sara Nabil - Kusthalle Manheim - Photo: lfdd

Sara Nabil - Kusthalle Manheim - Photo: lfdd


Retrancher pour avancer?


Bon dimanche

La Fleur du Dimanche


 

vendredi 7 octobre 2022

Le concert de l'OPS: Bonds et rebonds

Saccades et Métamorphoses, c'est ce que nous promet le programme de l'Orchestre Philhamonique de Strasbourg ce vendredi soir au Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg avec, pour commencer le poème symphonique L'Apprenti sorcier (1897) de Paul Dukas. 


OPS - Saccades - Paul Dukas - l'Apprenti Sorcier - Photo: lfdd


La pièce, adaptée du poème Der Zauberlehrling de Goethe est archi-connue et popularisié par le dessin animé de Walt Disney qui a bercé notre enfance et qui continue d'abreuver la jeunesse avec cette magnifique court-métrage plein d'humour et de rythme. Ici nous n'avons pas le film mais le plaisir de voir l'orchestre interpréter cette courte pièce et se concentrer sur la composition et la distribution des rôles: Les flûtes et clarinettes, accompagnées du glockenspiel pour l'apprenti sorcier téméraire et les bassons - et un contrebasson bien lourd pour le et les balais qui, d'abord lui obéissent pour chercher l'eau à la rivière puis, comme il a oublié le moyen de stopper le prodige, dépassent sa volonté et le débordent. Nous assistons au début à des essais, très expressifs, de mise en place de ce processus et très vite à la marche sautillante et allègre du jeune apprenti et deu balais, soutenu par les violons. Le phénomène prend de l'ampleur et les percussions marquent les rebondissements et tout s'emballe jusqu'à la fin quand la flûte désespérée tente de se sauver mais que les quatre coups finaux sont assénés. L'orchestre sous la baguette vive et expressive de Pierre Bleuse, chef invité qui ne ménage pas son engagement.


OPS - Saccades - Philippe Manoury - Pierre Bleuse- Emmanuel Pahud - Photo: lfdd


La deuxième pièce, Saccades, pour flûte et orchestre (2018) de Philippe Manoury, a la forme d'un concerto pour flûte écrit pour Emmanuel Pahud, soliste à l'Orchestre Philharmonique de Berlin et François-Xavier Roth, Generalmusikdirektor à la Philhamonie de Cologne où la pièce a été créée en 2018. Philippe Manoury qui a eu un long compagnonnage avec le Festival Musica et a créé à Strasbourg l'Académie de composition s'est installé dans la ville et fête ses soixante-dix ans. Il fait se côtoyer autant la musique instrumentale que la musique électronique. Son travail sur la modifications en temps réel de la musique jouée est très abouti et très intéressant. Pour Saccades, pour flûte et orchestre, cependant, rien d'électronique mais une réelle virtuosité de la part d'Emmanuel Pahut qui nous fait dès le départ un solo avec du "Flaterzunge" (frullato en italien) où son mouvement de langue produit des trémolos que vient soutenir une note tenue par les violons. Philippe Manoury avoue beaucoup aimer que le son de la flûte ne soit pas "pur" mais haché - "Shakuhachi" en Japonais, quand il a plus de matérialité et d'aspérités. Puis il part en trilles et les violons jouent des pizzicatos alors que les percussions et le célesta jouent des notes aiguës. Un dialogue s'instaure entre l'orchestre, essentiellement les cordes qui répondent ou reprennent les phrases jouées par le soliste et de longues séquences où la flûte trace son chemin sont soutenues par un tapis de cordes alternent avec des éclats de l'orchestre. Et la flûte termine seule après avoir "éteint" les différents pupitres, après avoir prouvé sa sensualité et sa virilité (aux dires de Philippe Manoury).


OPS - Saccades - Philippe Manoury - Pierre Bleuse- Emmanuel Pahud - Photo: lfdd

OPS - Saccades - Philippe Manoury et ses jeunes fans - Photo: lfdd


Après l'entracte, place à un autre anniversaire, celui de César Franck avec un autre poème symphonique, Psyché ((1888) pour célébrer le bicentenaire de la naissance de ce musicien virtuose. Ses compositions sont plutôt d'inspiration religieuse mais ce long poème symphonique avec choeur (cinquante minutes), rarement joué avec les choeurs voit dans leurs rangs à la fois les Choeurs de l'Opéra National du Rhin et le Choeur Philharmonique de Strasbourg, choeur amateur animé par Catherine Bolzinger qui n'a pas a rougir de son niveau de qualité. Ils assurent pleinement et avec une belle puissance (soixante-dix chanteuses et chanteurs) les deux parties chantées de Sicard et Louis de Fourcaud inspiré d'un des épisodes des Métamorphoses d'Apulée où Psyché peut rencontrer l'Amour à la condition de ne jamais le voir... et bien sûr...


OPS - Saccades - César Franck - Psyché - Photo: lfdd


La pièce s'étale toute en délicatesse et chante l'amour qui s'étire et se répand, servie par des bois qui se relaient pour des soli et ponctuée de moment plus altiers avec sonneries de trompettes. Et c'est un plaisir de voir le chef d'orchestre mener cette large troupe en balançant entre délicatesse et moments de puissance éclatante et virile.


La Fleur du Dimanche

lundi 3 octobre 2022

The Silence de Falk Richer au TNS: Suffit-il de le briser ?

 Au début était The silence, le titre, mais aussi le silence lourd, qui ne disait rien dans la famille de Falk Richter. Et ce silence qui travaille, qui se répand, du cercle familial dans le proche voisinage, dans la petite société de province, dans la société en général, dans le monde entier, dans le futur qui nous attend.


The silence - Falk Richter - Stanislas Nordey - TNS - Photo: Jean-Louis Fernandez


Il n'y avait bien sûr pas que cela, il y avait aussi l'envie de retravailler avec Stanislas Nordey, au TNS, théâtre qu'il va quitter bientôt et où il avait mis en scène Je suis Fassbinder du même Falk Richter à son arrivée en 2017, et également I am Europe (voir mon billet du 15 janvier 2019). La pièce aurait bien pu s'appeler cette pièce Je suis moi ou Je suis ma famille ou Je suis mon environnement, mais c'est effectivement le silence, ce refus de parler, de communiquer, de dire les choses qu'il faudrait dire, début d'un échange, d'une mise en commun qui a travaillé l'auteur. Et c'est ce qui traverse cette pièce, long one man show de Stanislas Nordey qui tient la scène pendant presque deux heures et où il excelle (même si ce n'est pas son exercice préféré). Les deux premières parties sont structurées à partir d'anaphores qui rythment le récit. La première "Dans ma famille.." traque les souvenirs, les attitudes, les épisodes qui ont marqué Falk Richer et qui font que "Dans ma famille, je ne me suis jamais senti en sécurité.." à cause des non-dits, des interdits, de la suspicion, de la surveillance, des brimades et des punitions. Pour compléter ou confronter sa mémoire, Falk Richter avec le réalisateur documentaire Lion Bischof interroge sa mère et ses souvenirs et les convoque sur scène dans un dispositif scénique original, une genre de perron terrasse qui, grâce aux images projetées sur un angle peut tout autant être le passage vers l'intérieur - ce salon bourgeois et cossu - ou l'extérieur - une piscine, ou un bout de jardin avec des plantes et des arbres, ou l'univers mental d'un clip musical et, finalement les profondeurs marines silencieuses sous la banquise.

Nous voyons bien la mère noyer sous un silence de façade et un sourire de bonne humeur les souvenirs et la parole du fils, acceptant de temps en temps poliment la contradiction juste pour ne pas faire de vagues, sous prétexte de le protéger. Ces souvenirs qui dans la deuxième partie "Je me souviens.." vont creuser l'apprentissage - ou plutôt le non apprentissage de la sexualité et la confrontation à l'autre, mais aussi aux autres et à leur norme qui n'accepte pas la différence et qui le lui fait sentir au sens propre par la violence infligée en retour - que ce soit le père ou des anonymes inconnus. Au point de le réduire au silence, le tuer symboliquement. Ce silence que même le père sur son lit de mort ne voudra pas lever, ne répondant pas à la question du fils qui essaie d'avoir une explication sur tous ces épisodes vécus dans la non-communication et qui conclut par un "Aucun de nous n'a gagné" définitif.

Et donc pour ne pas perdre, plutôt que de parler à ce père mort, Falk Richter va réinventer sa vie pour la gagner, va rejouer, recélébrer son amour adolescent, réactiver cet amour qu'il n'a ni eu ni vécu, la douceur et le plaisir interdit. Il va, dans un geste révolté et transgressif rappeler son amour de dix-huit ans comme une révolte envers son père et envers la société traditionnelle et catholique, celle qui tait ses douleurs et ses erreurs.

Une séquence d'épisodes professionnels va via une tempête de neige symbolique (des feuilles volent à travers le plateau) le projeter dans un nouveau questionnement plus globalisant, entre pandémie et futur de l'anthropocène. Et les questions de notre futur auxquelles la société ne répond pas deviennent le point de fuite qu'il nous laisse à méditer. L'écart est important entre l'intime, le familial, et le social, le sociétal, le pari est osé d'une prise de conscience politique, sociale et environnementale mais le théâtre de Falk Richter, essayant d'abolir ces frontières et de faire bouger les lignes mérite d'être entendu, d'autant plus qu'il parle au vécu et à l'expérience de chacun dans sa propre histoire. Et qu'il s'adresse aussi à des jeunes qui sinon n'en entendraient jamais parler dans une forme propice à la réception.


La Fleur du Dimanche


The silence

Du 1er au 8 octobre 2022

CRÉATION AU TNS

Texte et mise en scène Falk Richter *
Traduction Anne Monfort
Avec Stanislas Nordey
Et à l'image Falk Richter, Doris Waltraud Richter
Dramaturgie Jens Hillje
Scénographie et costumes Katrin Hoffmann
Vidéo Lion Bischof
Musique Daniel Freitag
Enregistrement violoncelle Kristina Koropecki
Lumière Philippe Berthomé
Collaboratrice artistique de Stanislas Nordey Claire ingrid Cottanceau
Assistanat à la dramaturgie et à la mise en scène Nadja Mattioli
Assistanat à la scénographie et aux costumes Émilie Cognard
* Falk Richter est artiste associé au TNS.
Production Théâtre National de Strasbourg, MC93 – Maison de la culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny
Coproduction Maison de la Culture d’Amiens
Les décors et costumes sont réalisés par les ateliers du TNS.
La pièce THE SILENCE de Falk Richter, traduction d’Anne Monfort, est représentée par L’Arche – agence théâtrale.

dimanche 2 octobre 2022

Le Festival Musica dans le miroir du rétroviseur: Deux belles semaines de musique dans le détail

Le Festival Musica 2022 s'est achevé après deux grosses semaines bien remplies. Quinze jours de musique d'aujourd'hui sous toutes ses formes, du concert "individuel" à l'opéra écolo-contemporain en passant par quelques anniversaires (les 40 ans d'Accroche Note ou les 70 de Kaija Saariaho), le concert en cave de Seb Brun ou les concerts couchés sur le sol de l'église Saint Paul. Nous partons en bateau, en bus, en train. Nous sommes dans un théâtre, un musée, une salle Art nouveau, au Palais des Fêtes, dans une loge. Le dépaysement est assuré et les oreilles aussi sont à la fête, même sans bouchons ni paupières. 

L' édition 2022 a élargi les horizons et les genres. Voici un résumé de la plupart des concerts pour se retrouver dans l'offre généreuse et se remémorer - ou découvrir - les détails de cette vaste programmation avec un lien vers les 15 billets respectifs pour les 34 étapes de ce festival.


Billet 1- 15 septembre :  De la nef du Palais des Fêtes à celle de Saint Paul, le grand voyage Musica est lancé 

Migrants de Georges Aperghis  en création mondiale par l'ensemble Resonanz de Hambourg au Palais des Fêtes 

A l'église Saint Paul soirée autour de la dernière pièce "électronique" d'Eliane Radigue, L'Isle ré-sonnante et deux pièces d'Ellen Akbro, For organ and brass (2018) et Sculpture (2022). 


Festival Musica - Eliane Radigue - Eglise Saint Paul - Photo: lfdd



Billet 2 - 17 septembre: Musica et Accroche Note: Que peut-on se souhaiter à mi-mots? Encore 40 ans de Musique, ensemble !

Un anniversaire de l'insubmersible Accroche Note et son équipage en duo, Françoise Kubler et Armand Angster.

Festival Musica - Accroche Note - Photo: lfdd



Billet 3 - 17 septembre: Musica fête Kaija Saariaho: 70 ans et un long cheminement commun grâce à une musique riche et profonde

Un autre anniversaire et un hommage: Kaija Saariaho en diverses stations: 

L'opéra Only the sound remains, un pont entre la Finlande et le No japonais

un opéra filmé, Innocence diffusé par Arte

puis le soir Kaija dans le miroir, rétro-spectaculaire

avec une création électro-acoustique de Nuria Gimenez-Comas Love from afar

six pièces dont la composition s'étale de 1991 à 2016 qui précèdent quelques extrait d'un portrait documentaire à venir d'Anne Grange.

Tres Coyotes une magnifique prestation de ses amis musicien, le compositeur Magnus Lindberg, le violoncelliste Anssi Karttunen et le bassiste John Paul Jones.


Festival Musica - Kaija Saaariaho dans le miroir - Photo: lfdd



Billet 4 - 18 septembre: Un (premier) dimanche à Musica: des petits riens et beaucoup d'humour

Le matin, Bestiarum musicale au TJP avec l'ensemble Cairn autour des oeuvres de Noriko Baba, en prime , Pêle-mêle (1998) de Gérard Blondeau et Talea de Gérard Grisey.

Le soir, au TNS, Personnel et confidentiel de Kaj Duncan David et Troels Primdahl avec Daniel Gloger,

Puis Concerto contre Piano et Orchestre de l'Orchestre La Sourde avec Eve Risser.


Festival Musica - Eve Risser - Photo: lfdd



Billet 5 - 20-21 septembre: Musica nous emmène en voyage: intime, en bateau, en fusée dans un tuba ou dans l'univers virtuel

Journal de Bord d'Allessandro Bosetti au TJP le 20 septembre

Voyage dans l'espace dans les entrailles d'un tuba de Simon Steen-Andersen avec Transit

Le troisième voyage sera entre le clip et le jeu vidéo avec Hyper Concert par l'Ensemble Imaginaire le 21 septembre à la Pokop le 21 septembre


Festival Musica - Transit - Simon Steen-Andersen - Photo: lfdd



Billet 6 - 23 septembre: Kaija Saariaho éblouissante à Musica avec l'Orchestre National de Metz et Xavier de Maistre

Pour clore l'hommage à Kaija Saariaho, l'Orchestre National de Metz Grand Est, sous la direction de David Reiland propose deux oeuvres de la compositrice encadrées de deux autres oeuvres de compositrices femmes. CoronAtion V: Spraying sonds of hope d'Olga Neuwirth de 2020 composée lors du confinement lié à la pandémie du Covid,  Trans de Kaija Saariaho, un concerto pour harpe et orchestre  et Verblendungen (1984) et la création de Darker Stem (2022) de Clara Iannotta.

Puis, après l'éblouissement, l'obscurité apaisante, une version acoustique de trois pièces à priori électroniques de Brian Eno Discreet Music (1975), Music for Airports (1978) et Thursday Afternoon (1985), par l'Ensemble Dedalus,


Festival Musica - Kaija Saaariaho - Eblouissement - Photo: lfdd



Billet 7 - 23 septembre: Noir sur Blanc de Heiner Goebbels et l'ensemble Modern: Un fantôme dans le théâtre musical

La pièce musicale de Heiner Goebbels Schwarz auf Weiss présentée le Maillon: une folle ambiance de fête, de jeu, de fanfare cosmopolite, de métissage et  de cultures croisées.


Festival Musica - Heiner Goebels - Schwarz auf Weiss - Photo: lfdd




Billet 8 - 24 - 27 septembre: Musica, même pour les petits et que pour soi, c'est toujours Musica


Expérience du futur rêvée au Parc des Oiseaux avec Oniropolis par l'Ensemble 2.2.

Un récital sous casque pour un anniversaire déroutant avec la performance de Genevieve Murphy I don't want to be an individual all on my own.

Il se trouve que les oreilles n'ont pas de paupières, d'après le son livre de Pascal Quignard "La Haine de la Musique",  un spectacle de Pascal Dupré  avec le comédien Pierre Baux et l'altiste Garth Knox

Un concert pour soi, rien que pour soi  avec Joachim Angster avec un extrait de Inside (1980) de Pascal Dusapin, les deux premiers mouvements de la Sonate pour alto (1991) de Ligeti et Signes, jeux et messages (1998-2005) de György Kurtag 

Festival Musica - Concert pour soi - Joachim Angster - Photo: lfdd



Billet 9 - 25 septembre: Musica au TNS avec le Groupe 46: Donnez-moi une raison de vous croire: On croit en leur avenir même si on doute en général

Donnez-moi une raison de vous croire est créé et joué par les élèves du groupe 43 de l'école du TNS dont c'est le spectacle de sortie. Un spectacle bien enlevé et sans temps morts avec de beaux moments de poésie. Et une touche de plus à la palette du Festival Musica.

Musica - TNS - Donnez-moi une raison de vous croire - Photo: Jean-Louis Fernandez



Billet 10 - 25 septembre: Joelle Léandre à Musica: La contrebasse m'est tombée dans les mains à l'âge de neuf ans... Elle ne l'a jamais plus quittée

Une  "performance" de Joëlle Léandre racontant son parcours au TJP dans le cadre du Festival Musica avec Jazzdor où elle "montre" aussi la musique qu'elle fait avec ses "amis".

Festival Musica - Joëlle Léandre - Photo: lfdd



Billet 11 - 25 septembre:  Avec Musica et le Maillon: La Femme au Marteau, le fossile est dans le lit...

Un portrait de la compositrice russe Galina Ustolskaja via un concert mis en scène par Silvia Costa avec les Sonates N° 1 à 6 interprétées par Marino Formenti.


Festival Musica - La Femme au Marteau - Photo: Simon Gosselin



Billet 12 - 28 septembre: Music in the Belly de Stockhausen revu par Simon Steen-Andersen et joué par les Percussions de Strasbourg: viscéralement bien

La pièce Musique in the Belly de Karl-Heinz Stockhausen jouée pour la première fois en 1975 par les Percussions de Strasbourg au Festival de Royan recréé dans une nouvelle mise en scène et une conception adaptée de Simon Steen-Andersen à la demande de l'orchestre renouvellé. 


Festival Musica - Percussions de Strasbourg - Karl-Heinz Stockhausen - Simon Steen-Adersen - Photo: lfdd



Billet 13 - 28 septembre: Musica voyage à Nancy avec Different Trains et Seb Brun au CCAM à Vandoeuvre

 Musica prend ses quartiers d'automne à Nancy avec un week-end équilibré entre tourisme et musique. Et il y a matière et variété: pas moins de sept lieux pour des propositions

Different Trains - Seb Brun: une performance entre John Cage, la Bête Humaine et un voyage vers l'inconnu.

Different Trains - Quatuor Diotima: Suite au Centre Culturel André Malraux avec le Quatuor Diotima avec deux compositeurs György Ligeti et Steve Reich qui ont marqué avec deux pièces phares l'histoire de la musique de la fin du XXème siècle.


Festival Musica - Different Train - Seb Brun - Photo: lfdd



Billet 14 - 1er octobre: Musica à Nancy - Etape 2: un samedi de toutes les musiques


A table avec Claire Diterzi - Une petite heure de bonheur et de chaleur humaine, en toute simplicité.

Proverbs avec l'Ensemble Ictus à la Salle Poirel - L'ensemble Ictus et les Synergy Vocals font se succéder l'oeuvre de Charles Ives The Unanswered Question (1908) et deux oeuvres de Steve Reich Proverbs (1995) et Tehillim (1981) encadrant The Sinking of the Titanic (1972) de Gavin Bryars.

Rendez-vous près du feu - une proposition de Mathieu Corajod où l’opéra descend dans la rue avec une création musicale interprétée par la soprano Viktoriia Vitrenko et les artistes du Chœur et les musiciens de l’Orchestre de l'Opéra de Nancy.

Rendez-vous... Encore : Le dernier rendez-vous de la soirée est à la MJC Lillebonne, avec le lancement du festival Nancy Jazz Pulsation par un set électro du duo strasbourgeois électro Encore

Festival Musica - Ictus - Photo: lfdd



Billet 15 - 2 octobre: Musica à Nancy - Etape 3: un dimanche entre le Musée des Beaux-Arts et l'Opéra


Black Angels et le Quatuor Diotima au Musée des Beaux-Arts - Nous retrouvons le Quatuor Diotima avec l'oeuvre de George Crumb qui donne le titre à la matinée, Black Angels, Entr'acte de Caroline Shaw et  le Quatuor La Jeune Fille et la Mort du maître Schubert.

 Like Flesh à l'Opéra National de Lorraine - Like Flesh de Sivan Eldar, sur un livret de Cordelia Lynn et mis en scène par Sylvia Costa, trois femmes engagées dans la Culture d'aujourd'hui, se présente comme un conte de fées des temps modernes. 

Festival Musica - Nancy - Quatuor Diotima - Photo: lfdd



Faites votre choix et votre parcours, en mots et en images, 

Et à l'année prochaine pour un nouveau Festival Musica.


La Fleur du Dimanche