dimanche 30 septembre 2018

Musica à Mulhouse: Gravité du Ballet Preljocaj: l'attraction du mouvement dansé


Dans le programme du Festival Musica décentralisé à Mulhouse en collaboration avec la Filature c'est la dernière création d'Angelin Preljocaj Gravité dont la première fût donnée à Lyon à la Biennale de la Danse qui ouvre également la saison du lieu. 
Sur un choix de musiques autant classiques (Bach, Chostakovitch,.) que contemporaines (Phillip Glass) mais aussi une sélection de musique actuelles ( Daft Punk, 79D), pendant une bonne heure et demie, nous assistons à des chorégraphies enchaînées sans temps mort.

Tout commence à terre, gravité oblige, mais comme l'attraction c'est aussi celle des corps, trois masses se forment et prennent lentement vie et vont explorer les multiples aspects et effets de la gravité et de l'attraction. 


Musica 2018 - Ballet Preljocaj - Gravité - Photo: lfdd

Sur une musique de Bach, par exemple, la danse baroque devient mouvement de particules qui tournent les unes autour des autres. Angelin Preljocaj explore ainsi avec ses danseurs l'attraction - et les mouvements de rejet - entre hommes et femmes dans de très belles variations debout ou au sol, en gardant une certaine délicatesse du geste et de la relation. 


Musica 2018 - Ballet Preljocaj - Gravité - Photo: lfdd

Un épisode majeur fut une longue variation dans le genre break dance magnifiquement chorégraphié et dansé, d'abord dans un grand mouvement d'ensemble qui se continue comme une battle en duos, trios et quatuor avec les danseurs tous habillés de noir et pour finir par un duo féminin en blanc prêts à partir dans un envol d'hélicoptère. 

Musica 2018 - Ballet Preljocaj - Gravité - Photo: lfdd

L'arrivée du Boléro de Ravel via un rythme électronique fut une surprise mais la version "attraction" c'est à dire toujours en rond, couché assis (en rond sur les genoux du partenaire) ou debout puis avec toutes les variations d'attractions entre ancrage au sol, relation au partenaire, attraction et élévation. L'interprétation par ces douze danseuses et danseurs fut un grand moment d'émotion.
Une séquence pour reprendre son souffle et clôre symboliquement le spectacle fut une "mort du cygne" où tous les danseurs finirent par se retrouver à terre à nouveau dans une chorégraphie plus lente.


Musica 2018 - Ballet Preljocaj - Gravité - Photo: lfdd

Angelin Preljocaj nous prouve que quelque soit le style, classique, contemporain ou plus pop, ses chorégraphies, interprétées magnifiquement par sa troupe dont les corps sculptés par la superbe lumière d'Eric Soyer nous procurent une belle émotion et un magnifique spectacle. 




La Fleur du Dimanche

Gravité:
Création à Lyon, Biennale de la Dance - du 20 au 24 septembre 2018
Mulhouse - la Filature 29 et 30 septembre 2018
Aix - Grand Théâtre : du 3 au 6 octobre 2018
Paris - Théâtre de Chaillot - du 7 au 22 février 2019
Marseille - du 3 au 6 avril 2019

avec Baptiste Coissieu, Leonardo Cremaschi, Marius Delcourt, Léa De Natale, Antoine Dubois, Clara Freschel, Isabel García López, Véronique Giasson, Florette Jager, Laurent Le Gall, Théa Martin, Víctor Martínez Cáliz, Nuriya Nagimova

chorégraphie Angelin Preljocaj, 
musiques Maurice Ravel, Johann Sebastian Bach, Iannis Xenakis, Dimitri Chostakovitch, Daft Punk, Philip Glass, 79D, 
costumes Igor Chapurin, 
lumières Éric Soyer, 
assistante répétitrice Cécile Médour, 
choréologue Dany Lévêque, 
photo © Jean-Claude Carbonne. 
production Ballet Preljocaj. 
coproduction Chaillot – théâtre national de la danse, Paris ; Les Théâtres de la Ville de Luxembourg ; Biennale de la danse de Lyon 2018 ; Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence ; Scène nationale d’Albi ; Theater Freiburg, Allemagne. 
Le Ballet Preljocaj, Centre Chorégraphique National est subventionné par le ministère de la Culture – Drac PACA, la région PACA, le département des Bouches-du-Rhône, la métropole Aix-Marseille Provence / Territoire du Pays d’Aix et la ville d’Aix-en-Provence. Le Ballet bénéficie du soutien du Groupe Partouche – Casino Municipal d’Aix-Thermal, des particuliers et entreprises mécènes, ainsi que des partenaires.

900 billets - Se souvenir des belles choses disait-elle... Les fleurs c'est le pied

Ce billet que je vous destinais dimanche dernier, alors que La Fleur du Dimanche venait de dépasser les 200.000 pages vues.

Il aura attendu une semaine de plus et s'est enrichi d'une réflexion complémentaire et de plus de 2.272 lecteurs supplémentaires.

Mais comme les fleurs, c'est le pied, je vous en offre une botte, même deux, en carte postale de Crète:


Carte Postale de Crète: Les Fleurs, c'est le pied - Photo: lfdd

Concernant les extraits sur la disparition, l'amour et la vitesse ou la transformation du monde; ceux-ci ont trouvé un terreau favorable cette dernière semaine. En particulier lors des concerts de Musica qui nous font balayer dans la mémoire 35 ans de rencontres. 

Trente-cinq ans pendant lesquels des amitiés, à tout le moins des repères ou des échanges s'installent. Et des visages devenus familiers changent, deviennent invisibles - où sont-ils maintenant? - ou ont disparu. 
Il y en a certains que l'on attend de voir ressurgir, et d'autres que l'on revoit avec un immense plaisir après une courte ou une plus longue absence. 
Et puis il y a les souvenirs qui remontent. Souvenirs d'événements, de lieux, de choses vécues... 
Par exemple cette rencontre dans une galerie de la rue du Faisan avec Knud Victor et son "orchestre de mouches"; ou de l'artiste italien qui y exposait, une des premières rencontre avec l'art contemporain. 
Ou la musique subaquatique de Michel Redolfi aux Bains Municipaux.
Ou encore Rhys Chatam et ses 100 guitares dans l'entrepôt Kronenbourg du Port du Rhin, une des premières "signatures" de Jean-Dominique.  

Les réseaux qui s'entrecroisent aussi, avec la vidéo, par exemple "Juste le temps" de Robert Cahen et les bords du lac de Côme avec le Monte Verita et David M.,  et donc toutes ces rencontres devenues des connaissances, des silhouettes reconnues ou des ami(e)s fidèles. 



Et aussi ces "Trois Grâces", aujourd'hui réduites à la plus simple expression et qui se sont réincarnées hier soir dans un quatuor sonore et souriant...
 La rencontre avec Jack Lang, Raymond Depardon et Yannis Xenakis autour de son UPIC. 
Le parvis du Théâtre de Bâle dans le soir résonnant des trompettes de l'Abschied de Karlheinz Stockhausen ou un quai de gare d'Outre-Forêt avec un orchestre d'accordéon sur fond de campagne. 





Je ne parle pas de toutes les découvertes musicales, les spectacles ou expériences vécues tout au long de ces quelques années. 
Mais le propos était plutôt dans cette réflexion sur la disparition, la mort. 
Et, mais je ne vais pas creuser, sur la mort, choisie ou non* et sur l'après**, où la tendance devient majoritairement la crémation dans notre société occidentale. La seule question qui peut être posée serait celle de la durée du souvenir (sans lieu, bien sûr)... Où se souviendra-t-on de nous?

Simone Weil est au Panthéon, avec son mari, Marceline Loridan-Ivens, sa consoeur des camps nous a quittés le 18 septembre.

Le premier des "Extraits" concerne son dernier livre: "L'amour après" qu'elle présentait comme avec son humour:

"Le téléphone sonne. C’est Charlotte qui m’appelle d’Israël. Nous étions dans la même classe à Montélimar. Elle a été arrêtée après moi, mais je ne l’ai pas croisée à Birkenau.
  
—  Qu’est-ce que tu fais en ce moment ? demande-t-elle.
—  Je travaille sur l’amour.
Un silence alors, comme si le mot amour s’égarait, se cognait dans sa tête. Elle ne sait qu’en faire.
—  L’amour au camp ou quoi ?
—  Après les camps.

—  Ah, c’est mieux. L’amour au camp, j’en ai pas vu beaucoup."  

Et je vous en offre le début:


Le deuxième extrait concerne Paul Virilio, qui lui est mort le 10 septembre. Son regard sur la vitesse, la société et les technologies, regard de précurseur, est très intéressant, je vous en offre plusieurs extraits:

"La révolution de la vitesse disqualifie la matière en transformant le monde en spectacle..."




En 1981 il disait: "Un milliard de personnes vont devoir bouger de lieu de vie d'ici 2040"...




Et il citait Churchill:
"L'optimiste est quelqu'un qui voit une chance derrière chaque calamité." 




Et dans une autre interview:
"Je ne crois absolument pas à ce que j'appelle la "démocratie automatique". Je crois à la réflexion, pas au réflexe." 





Et pour finir en chanson, Rachid Taha qui lui aussi est mort à 60 ans. Une chanson de lui, reprise de Charles Trenet qui la chantait dans la France en guerre:



Rachid Taha - Ecoute moi camarade:



Rachid Taha - Rock el casbah:



Et Rachid Taha en direct à la télévision suisse chante Ya rayah (1998)




Bon Dimanche et bonne semaine

La Fleur du Dimanche

* sur le sujet de la mort choisie, un livre parmi d'autres: "Sommes-nous libres de vouloir mourir" d'Eric Fourneret
** sur la destinée des cadavres: "Au jour du grand passage, que ferez-vous de votre corps?" de Michel Hulin et Jean-Philippe de Tonnac
Et pour rester sur le sujet, un livre sur les pratiques du XXVIIIème Siècle pour "réveiller" les noyés et autres faux morts: "Du tabac pour le mort; Une histoire de la réanimation" d'Anton Sedeczny. On leur insufflait du tabac dans le "fondement"....

samedi 29 septembre 2018

Des Fleurs pour Musica et Jean-Do: Hommage avec l'Orchestre National des Pays de la Loire

Il est arrivé, le "Grand" Concert symphonique de Musica, ce samedi 29 septembre au Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg. Sur scène, presque trop petite, toute la phalange de l'Orchestre National des Pays de la Loire sous la direction fidèle de Pascal Rophé, son directeur musical depuis 2013.
Après une "rentrée" rock avec Zappa (vendredi dernier au Zénith), le concert "phare" - avant celui de l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg vendredi prochain (l'OPS qui va se produire ce dimanche à la Philharmonie de Paris avec ce même 200 Motels - The Suites) met à l'honneur trois compositeurs italiens qui rendent hommage à la "Musique" avec un grand M et son patrimoine.

Musica 2018 - Franceso Filidei - Fiori di fiori - Orchestre National des Pays de la Loire - Pascal Rophé - Photo: lfdd


Francesco Filidei, avec Fiori di Fiori (2012) évoque les Fleurs Musicales (Fiori Musicali) de Frescobaldi et la musique d'orgue: Souffles discrets, battements d'air et des archets, les sons arrivent doucement, une mélodie émerge, son de cloches, cordes et quelques vents... Des battements se transforment en rythme, montent, accélèrent... Une tension à l'unisson, inexorable, éclate. Puis un air printanier, tendre nous fait revenir au souffle, au calme, basse tendue... un air de flute tente d'émerger et tout s'éteint...

Avec Dentro non ha tempo (2014) qui selon son auteur Luca Francesconi est également un hommage au temps, passé à tisser des liens dans la musique, en particulier à Luciana Pestalozza qui était très active en Italie pour cela, ou au temps intérieur et donc à la création, et même au "mouvement sans temps". Sa pièce, en attaque aigües monte en densité et en puissance. Des trilles se continuent en notes tenues, rêveuses, nostalgiques. L'émotion se fait forte, dans la puissance de l'orchestre. Des oppositions, une tension s'installe, se fait plus vive pour finir dans une envolée céleste de célesta et harpe. Un grand moment. 

Musica 2018 - Luciano Berio - Synfonia - ONPL - Pascal Rophé - Neue Vocalsolisten - Photo: lfdd


Pour la pièce de Luigi Nono Sinfonia (1968) les Neue Vocalsolisten de Stuttgart rejoignent la scène pour la partie "parlée-chantée" avec des textes de Claude Levi-Strauss et de Samuel Beckett, entre autres. Mais comme le dit Berio lui-même "..la perception et l'intelligilibité du texte ne sont jamais escomptées, mais font plutôt partie intégrante de la composition, et c'est ainsi que les degrés variables de compréhension du texte, l'expérience même de "ne pas comprendre parfaitement", sont essentiels à la nature du développement musical de l'oeuvre." Il nous explique aussi que Sinfinoa ne doit pas être attendu comme une symphonie, mais plutôt dans "le sens étymologique de "sonner ensemble"... ou "jouer ensemble" de choses, situations et significations différentes." 

Musica 2018 - Luciano Berio - Synfonia - ONPL - Pascal Rophé - Neue Vocalsolisten - Photo: lfdd


Ainsi, dans cette très belle pièce en cinq parties, qui au fur et à mesure construisent un ensemble, sont convoqués, invoqués ou évoqués Martin Luther King, Mahler, mais aussi toute l'histoire de la musique, de Bach à Schoenberg, de Beethoven à Stravinski, de Berg à Webern, à Boulez et même des autocitation dont le résultat est magistralement interprété par l'Orchestre National des Pays de la Loire et les Neue Vocalsolisten nous laisse une très forte impression. Un très beau concert qui est aussi l'occasion pour Pascal Rophé, le chef d'orchestre de rendre de son côté un hommage surprise à son ami Jean-Dominique Marco, en citant les 18 fois qu'il était venu les 24 dernières années pour jouer au Festival, dont Jean-Dominique Marco cède le relai à Stéphane Roth après vingt-huit ans de direction.


La Fleur du Dimanche 

Concert Musica 2018 - samedi 29 septembre 2018
Orchestre National des Pays de la Loire
Neue Vocalsolisten Stuttgart (Sinfonia)
Soprano colorature, Johanna Zimmer, Soprano lyrique, Susanne Leitz-Lorey,
Mezzo-soprano, Truike van der Poel, Contralto, Noa Frenkel, Ténor, Martin Nagy,
Johannes Kaleschke, Baryton, Guillermo Anzorena, Basse, Andreas Fischer
Direction musicale, Pascal Rophé
Francesco Filidei
Fiori di fiori (2012) / 17 min.
Luca Francesconi
Dentro non ha tempo (2014) / 15 min.
création française

Luciano Berio
Sinfonia (1968) / 35 min.
Textes, Claude Lévi-Strauss Le Cru et le Cuit (extraits), phonèmes du nom de Martin Luther King, Samuel Beckett L'Innommable (extraits)

vendredi 28 septembre 2018

Silbersee à Musica: Homo Instrumentalis, l'homme et le feu et la femme, le chant et la danse

Silbersee, un collectif d'artistes d'Amsterdam qui ont de l'énergie ont présenté à la Cité de la Musique et de la Danse à Strasbourg la création "Homo Instrumentalis" produite à la Ruhrtriennale de Duisbourg l'an dernier dans le cadre du Festival Musica.
Et devinez de quoi cela parle? Du feu, de l'usine bien sûr, mais pas seulement...
La création mixe trois compositeurs méditerranéens Yannis Kyriakides, Luigi Nono et Georges Aperghis.
La pièce Ode to Man de Yannis Kyriakides ouvre et clôt le spectacle.
A l'ouverture, c'est un choeur - antique - de quatre femmes (Soprano: Jennifer Claire van der Hart, Eléonore Lemaire - Soprano, mezzo-soprano, Rianne Wilbers et Alto, Fanny Alofs) qui nous chante les merveilles de l'homme et du progrès "Il est bien des merveilles en ce monde, il n'en est pas de plus grande que l'homme". Mais l'homme, avec le progrès et la technique crée également la souffrance. Il est grand, mais inquiétant et les outils servent à exploiter son semblable.




C'est également et de manière très appuyée le message qui passe dans la deuxième pièce, La fabricata Illuminata de Luigi Nono (1964) où la soliste se retrouve prisonnière derrière un écran et encerclée de sons d'usine enregistrés, pendant que défilent des ouvriers harassés et las. La voix s'exprime par bribes, comme dans un rêve... ou un cauchemar? 




La pièce de Georges Aperghis Machinations quant à elle, même si elle est critique, vis-à-vis du progrès, de la science et de la société, l'est avec une bonne dose d'humour. Elle joue à la fois sur la naissance d'une langue ( le jeu sur le langage que nous connaissons bien de la part du compositeur, avec répétitions de voyelles, de consonnes, d'allitérations) et sur le discours et le sens et le non-sens ou l'absence de communication. L'effet est à la fois inquiétant dans la non-compréhension mais également plein d'humour avec les onomatopées et répétitions, le texte comme dit à l'envers ou ces explications scientifiques passées à la moulinette d'un traducteur de mode d'emploi automatique. Une réflexion sur la langue, l'intelligence et la création, la machine et l'avatar (le canard) soutenue avec une folle énergie par les quatre chanteuses qui se retrouvent également danseuses avec la troupe de Johanne Saunier (avec Miguel Ángel Gaspar, Jorge Morro et Carl Refos qui nous fait quelques virtuosités hip-hopiennes). La chorégraphie de Johanne Saunier habite le plateau et fait merveilleusement vivre la musique de Georges Aperghis dans un espace où entre l'écran, l'électronique en direct de Wouter Snoei et le dialogue chant, paroles et mouvement nous éblouissent.
Pour nous dire adieu, la deuxième partie d'Ode to a Man nous laisse à nos réflexions et notre méditation dans "retour vers le futur", au-delà de l'homme dans un vaste espace sidéral peuplé d'une musique qui n'est peut-être plus de nous....

Un spectacle qui s'appuie sur une scénographie dynamique, où les chanteuses se surpassent, en total dialogue et symbiose avec la danse et la musique pour nous parler de nos origines et nos mythes à la lumière du progrès technique et cybernétique.


La Fleur du Dimanche  


Homo Instrumentalis
création française
Mise en scène et direction musicale, Romain Bischoff
Chorégraphie, Johanne Saunier
Vidéo, Frederik Jassogne, Bart Moens (Hangaar)
Lumière, Floriaan Ganzevoort (De Theatermachine)
Costumes, Dieuweke van Reij
Assistante artistique, répétitrice danse, Juliette van Ingen
Conseiller dramaturgie, Wout van Tongeren
Soprano, Jennifer Claire van der Hart, Eléonore Lemaire
Soprano, mezzo-soprano, Rianne Wilbers
Alto, Fanny Alofs
Danse, Miguel Ángel Gaspar, Jorge Morro, Carl Refos, Johanne Saunier
Électronique live, Wouter Snoei
Musiques
Yannis Kyriakides Ode to Man I (2017)
Texte, Sophocle d’après Antigone
Luigi Nono La fabbrica illuminata (1964)
Texte, Giuliano Scabia, Cesare Pavese
Georges Aperghis Machinations (2000 / version Silbersee 2017)
Texte, François Regnault, Georges Aperghis
Yannis Kyriakides Ode to Man II (2017)

mercredi 26 septembre 2018

Cosmos 1969 à Musica: Un voyage dans la lune et l'espace de la musique au Point d'Eau...

Nous connaissions en chanson l'année 69 de Gainsbourg, et voici que, célébration cinquantenaire à l'appui, 1969 devient une année lunaire.
Pour ceux qui s'en souviennent et ceux qui sont nés avec le téléphoné collé à l'oreille (avec l'oreillette), 1969 a vu pour la première fois - et à la télévision - un homme marcher sur la lune.
"C'est un petit pas pour l'homme et un grand pas pour l'humanité" a dit (parait-il Neil Armstrong en posant le pied sur le satellite de la Terre. Dressez l'oreille si vous ne le croyez pas, vous l'entendrez dans le spectacle de Thierry Balasse "Cosmos 1969", programmé dans le cadre du Festival Musica et en coréalisation au Point d'Eau d'Ostwald. Il devrait tourner non autour de la Terre, mais ailleurs en France au moins, nous le lui souhaitons, en 2019...
Nous y entendons également un président (J.F. Kennedy ?) justifier cette course aux étoiles de l'époque.


Musica 2018 - Cosmos 1969 - Thieery Balasse - Photo: Patrick Berger


Parce que la création de Thierry Balasse, excellent voyage dans l'athmosphère de l'année 1969 et dans l'éther de l'espace est un savant équilibre entre recréation "dans le jus" c'est à dire avec les instruments d'époque (sythétiseurs et autres, en particulier le Minimoog et le Synthi EMS VCS3 utilisés par Pink Floyd pour le disque Dark Side of the Moon dont nous avons déjà pu voir la réactivation par Thierry Balasse en 2012) d'un très bon choix musical organisé dans une narration dramatique (préparatifs, décollage, mise en orbite, vol translunaire, alunissage et retour sur terre) avec quelques créations de Thierry Balasse lui-même et d'enregistrements de communications de la Nasa entre le centre de contrôle et les astronautes.


Musica 2018 - Cosmos 1969 - Thieery Balasse - Photo: Patrick Berger


Au niveau scénographie, le maître de cérémonie se garde un côté de la scène avec son attirail qui fait très tour de contrôle et où il supervise les opérations tout en créant les ambiances discrètes mais imprégnantes de ce voyage exceptionnel. L'orchestre avec Elisabeth Guilly au chant, très convaincante ans ses interprétations, Cécile Maisonhaute aux claviers et également au chant (son interprétation de O solitude de Purcell en solo donne la chair de poule et nous confronte à la solitude de l'espace), Elise Blanchard à la basse et au chant, Eric Lohrer à la guitare et Eric Groleau à la batterie arrivent à nous remettre dans l'ambiance des tubes de ces années, en particulier des Pink Floyd Set the control to the heart of the sun, Echoes et de Syd Baret Astronomy Domine morceau de choix, de David Bowie Space Oddity et de King Crimson Epitaph, auquel Elisabeth Guilly insuffle toute l'émotion quand on se prend à répéter "Confusion will be my epitaph" et qu'on se sent vouloir pleurer... 


Musica 2018 - Cosmos 1969 - Thieery Balasse - Photo: Patrick Berger 


Surtout que le voyage dans l'espace est terminé, le vrai, celui de Fanny Austry qui pendant tout le concert, monte doucement au ciel sur une barre grimpant en colimaçon, dans une lenteur proche de l'apesanteur, avec des gestes imperceptibles ou par de lentes glissages ou bascules et des tournoiements improbables, centimètres par centimètres sans aucun effort visible. Cette chorégraphie spatiale qui attire le regard et amène l'empathie vers cette femme dans l'espace, revanche de la mise en scène et double de la chanteuse dont elle incarne l'élévation dans la structure du concert.





Nous regrettons un peu l'amerrissage avec la chanson des Beatles "Because" qui dénote un peu dans le programme, même si elle date de cette période, mais il est vrai que c'est la fin d'un monde et d'un groupe (c'est le dernier disque des Beatles) et elle est plutôt une chanson "a capella" alors que les reprises et les créations de Thierry Balasse sont dans un style différent (avec synthétiseur). Il faut relever la qualité enveloppante de ses propres compositions et la très bonne qualité sonore de diffusion dans la salle du Point d'Eau qui font de ce spectacle une moment un peu à part.

La Fleur du Dimanche 


Cosmos 1969 sera présenté à la Filature de Mulhouse le 6 février 2019

mardi 25 septembre 2018

Musica retourne aux Jardins Chantants de l'Opéra: chaud à l'intérieur, frais à l'extérieur

On vous l'avait déjà dit, l'Opéra du Rhin (National) à Strasbourg s'ouvre. Déjà en mars avec Arsmondo, la programmation s'ouvrait sur le Monde (en 2019 avec l'Argentine) et dimanche dernier, avec le Rock post-Punk du divin Marquis de Sade, une collaboration avec le Festival Musica. Une deuxième collaboration pour ouvrir la Saison de l'Opéra est la soirée, Singing Garden, conçue comme une fête et dont la direction artistique a été confiée à Philippe Arlaud qui a réalisé plusieurs mises en scènes dans la maison dans le passé. La soirée, entre intérieur et extérieur voit la collaboration de l'ensemble Linéa, des choeurs de l'Opéra (hommes  et femmes), de l'Opéra Studio et des danseurs du Ballet de l'Opéra National du Rhin, d'Ososphère et de l'Ensemble 2.2 pour une soirée variée qui commence dans la salle de concert.


Musica 2018 - Opéra National du Rhin - Ensemble Linéa - Singing Garden - Photo: lfdd


La première pièce qui donne son titre à la Soirée "Singing Garden" de Toshio Hosokawa, en création française est une belle rêverie, interprétée par l'ensemble Linéa sur des images des reflets d'arbres dans l'eau et de gouttes qui tombent en gros plan de Julie-Anne Weber. On se laisse emporter pas l'interprétation très sensible des musiciens. Suit la pièce "Akrostichon-Wortspiel" d'Usuk Chin, entre théâtre dada et Pierrot Lunaire, dont le chant (et le Sprechgesang) d''Yeree Suh est magnifique et l'interprétation remarquable. Entre humour et tension, une atmosphère s'installe alors de sur la mer en fonds de scène des nuages passent et se dissipent. La mise en scène dynamise le jeu et même pour les changements de plateau, l'humour n'est pas absent.
Une création de Francisco Alvarado "Corps et ombre ensemble s'engloutissent", commande de Musica est un moment très sensible avec un très beau travail sur le son. Toujours avec l'ensemble Linéa auquel se rajoute à la contrebasse Florentin Ginot.


Musica 2018 - Opéra National du Rhin - Choeurs - Singing Garden - Photo: lfdd


Moment d'humour plus franc avec le choeur des hommes de l'Opéra du Rhin qui interprète, en costumes de plage, "Manifesto" de David Lang, une fable critique sur l'amour à l'ère d'internet où les chanteurs (Sébastien Park, Laurent Roos et Laurent Kohler) s'interrogent sur la sincérité de la communication.
L'impromptu intérieur se conclut avec les dames (honneur à elles, elles tiennent le haut du pavé), avec ds extraits de "Rhondda Rips It Up!" une fable féministe pleine d'entrain et d'humour - et des costumes colorés.


Musica 2018 - Opéra National du Rhin - Choeurs- Singing Garden - Photo: lfdd


La partie s'achève avec Marie-Andrée Joerger qui entraine sur un air d'accordéon les spectateurs hors de la salle à la manière du joueur de flute.... Spectateurs qui se retrouvent, non dans la rivière, mais sur un gazon qui s'était fait arroser la veille et passablement rafraichi - comme l'atmosphère. 


Musica 2018 - Opéra National du Rhin - Ballet du Rhin -  Ososphère - Singing Garden - Photo: lfdd

Cette fraîcheur ne semble pas convenir aux spectateurs qui n'entrent pas dans la danse (au moins le premier soir... On espère que pour la deuxième représentation les sens - et l'atmosphère - se seront un peu réchauffés. 


Musica 2018 - Opéra National du Rhin - Ballet du Rhin -  Ososphère - Singing Garden - Photo: lfdd

C'est dommage car la musique "augmentée" de Christophe Fourmaux aux saxophones, Antoine Spindler à l'alto et les beats de GSTN, mis en spatialisation par Gaëtan Gromer devrait inciter tout le monde à se lancer sur le Dance Floor. Peut-être les images de Julie-Anne Weber, avec de belles animations - une mention aux statues du bâtiment qui s'animent en dansant et faisant de la musique) les attire trop.

Souhaitons à la deuxième soirée d'être plus "hot" dehors.


Musica 2018 - Opéra National du Rhin - Ososphère - Singing Garden - Photo: lfdd



La Fleur du Dimanche

dimanche 23 septembre 2018

Musica extra: Célébration de Marquis de Sade réussie

Sûrement pour célébrer la jeunesse de Musica, 35 ans, celle de son directeur Jean-Dominique Marco, qui va prendre sa retraite et les quanrante ans de la naissance du groupe post-punk Marquis de Sade, qui s'est reformé lors d'un évènement anniversaire l'année dernière, et qui a duré un an de plus après les quatre ans du début, l'Opéra du Rhin à Strasbourg était le lieu rêvé de cette conjonction d'événements.


Musica 2018 - Opéra du Rhin - Osophère - Marquis de Sade - Photo: lfdd


Une conjonction de bonnes fées, en plus du festival Musica, avec l'Opéra et sa nouvelle directrice Eva Kleinitz et l'Ososphère avec Thierry Danet qui ont contribués à sa réalisation.
Et le public venu nombreux était divers et varié: de ceux qui ont assisté à au moins un concert (de l'époque) de Marquis de Sade à ceux qui ont acheté au moins les deux disques qu'ils ont publié, à des jeunes qui ont sûrement découvert les divins Marquis lors du premier concert de Rennes ou lors de la tournée qui a suivi ou qui les ont entendus à la radio ou vu à la télévision et qui en sont devenus fans, jusqu'aux fidèles ou curieux de Musica, jeunes ou moins jeunes - surtout-  qui se sont dit que si c'était dans la programmation et que cela passait à l'Opéra, cela ne pouvait foncièrement pas être mauvais et que peut-être cela les feraient se souvenir de leur passé.


Musica 2018 - Opéra du Rhin - Osophère - Marquis de Sade - Photo: lfdd


Et le résultat fut sûrement plus consensuel et avec suite que le concert du Zenith 200 Motels - The Suites qui pour certains restera sans suite.
Parce que la prestation de ces horlogers de la musique post-punk française, même s'ils réactivent dans leur corps qui a vécu des morceaux sur lesquels ils ont dû bouger beaucoup plus que lors de ce concert, et qu'ils ont dû avoir un public moins sage à l'époque, a été d'une qualité remarquable et ils ont fait leur job plus que sérieusement.


Musica 2018 - Opéra du Rhin - Osophère - Marquis de Sade - Photo: lfdd


La voix de Philippe Pascal, avec ses accents graves - de Lou Reed, auquel il n'a pas manqué de rendre hommage au moins avec "Ocean" et "White Light / White Heat", période Velvet Underground, est toujours envoutante et son égérie Konradt Veidt n'est pas moins hypnotisante que lui sur scène. Son complice Franck Darcel à la guitare et au chant, même s'il s'est un moment "planté au 2ème couplet" (dixit Philippe) tient la scène avec brio. La basse de Thierry Alexandre et le rythme impulsé et tenu par Eric Morinière à la batterie ont envoyé des vibrations au ventre de chacun des spectateurs et chacune des spectatrices. Il faut dire que la sono était fort bien réglée, le niveau acceptable tout en enveloppant l'auditeur, et l'acoustique idéale. Et les complices complémentaires Daniel Paboeuf au saxophone et au choeur et Paul Dechaume au clavier sont à l'unissson du groupe. 


Musica 2018 - Opéra du Rhin - Osophère - Marquis de Sade - Photo: lfdd


Au cours de l'heure et demie de concert, ils ont joué, à part les morceaux hommage à Lou Reed, la plupart des titres de leurs deux disques, en particulier "Rue de Siam", "Dantzig Twist" ou "Final Fog" qui parle entre autre du "suicide" de Baader et Meinhof, des hommages au Kraut-Rock ou à Neu, à "Konrad Veidt" et on sent une forte influence allemande, en particulier Metropolis de Fritz Lang ou Le Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene (avec Konrad Veidt) ou encore les peintre Egon Schiele ou Edvar Munch (le cri).


Musica 2018 - Opéra du Rhin - Osophère - Marquis de Sade - Photo: lfdd

Et le public était ravi, les musiciens aussi... Si vous voulez en connaitre un peu plus ou avez raté le concert, voici trois titres en bonus.



Musica 2018 - Opéra du Rhin - Osophère - Marquis de Sade - Photo: lfdd


D'abord Marquis de Sade première époque - Conrad Veidt 

Todesangst und todesraserei erfülte die stadt
So gehe am einem kreuzweg
und rühfe an dreimal
Conrad Veidt...
L'acide oxydent corrode le temps, l'homme observe les sourires
Crispés sur les dents des silhouettes/épiderme sec/fixées sur
Une esquisse de Klimt mais...
Conrad Veidt danse
Les cris disséqués dans d'épais catalogues, les lèvres articulent
Le lent monologue. Le sens expire, l'expression prime: la ville 
N'est plus qu'une vitrine où...
Conrad Veidt danse
Le long des usines incisées par le vent, Rank Xerox asservit les
Couleurs résistantes
L'Europe désire l'euthanasie
Pureté froide à Nagasaki




Puis Brouillard définitif - version 2017





Et si vous voulez en savoir plus sur Marquis de Sade et leur reformation, un numéro de Tracks sur Arte ici:
https://www.youtube.com/watch?v=ZTPQc4L1DlE

Et l'interview de Szenik (Alain Walter) en juin 2018





Et pour finir en chanson, la version de Lou Reed de Ocean:





La Fleur du Dimanche

Et si vous voulez continuer la découverte de Marquis de Sade, la Galerie AEDEAN rue des Aveugles à Strasbourg propose l'exposition de Patrice Poch qui a été le déclencheur de la reformation - et de la tournée qui a suivi  -du groupe Marquis de Sade.
Jusqu'au 30 septembre

samedi 22 septembre 2018

Musica au Point d'Eau: Counter Phrase, au confluent entre les cultures, musique et danse

Thierry de Mey et Anne Teresa de Keersmaeker sont complices depuis de nombreuses années.
Le compositeur et réalisateur de films a le sens du rythme et de la musique et son travail Counter Phase, une collaboration avec la chorégraphe, a été en 2003 une approche nouvelle et inventive dans le domaine de la danse - et de la Vidéo-Danse.
On connait le rapport des chorégraphes à la musique, que ce soit un travail à partir de celle-ci ou totalement indépendant pour jouer sur la rupture entre ce que le spectateur voit et ce qu'il entend.

Pour cette création, le challenge a été de proposer à dix compositeurs, dix films d'environ cinq, six minutes et qui tous étaient "terminés" c'est-à-dire filmés et montés à partir d'une chorégraphie écrite par Anne Teresa de Kersmaeker et interprétée par ses danseurs et danseuses. Et cela filmé non sur scène, mais dans des décors naturels de jardins, en extérieur.

Musica 2018 - Counter Phrase - Thierry de Mey - Anne Teresa de Keermaeker - TM+ - Ballaké Sissoko- Photo: lfdd

Le résultat est un triptyque sur trois écrans où la danse prend son élan d'un écran à l'autre et où les danseurs, quelquefois envahissent l'espace. Les magnifiques costumes de Dries Van Noten, en totale symbiose avec les jardins et les fleurs sont une joie pour l'oeil. Il est vrai que la palette des jardins, entre le jardin à la française, à l'italienne, les allées aux haies géantes, le jardins de rhododendrons, les étangs aux réminiscences de Monnet, les jardins-forêts construites ou sauvages ou même un jardin sur terrasse totalement minéral sont des décors que le réalisateur découpe de diverses manière et que les danseurs habitent seuls, à deux ou plus nombreux selon la chorégraphie. 
Le premier film par exemple "Orphic Descent" est une vertigineuse - et cascadeuse - descente d'escalier entre un homme et une femme qui dialoguent ainsi sur des marches infinies (pire que Potemkine) dans un parc de château. Tout cela est filmé mieux qu'à la télévision, car dans les champs-contrechamps, les caméras ne sont pas visibles. Parce que tout simplement Thierry de Mey filme cela comme un film de cinéma - même si quelquefois il balaie et élargit l'espace avec trois caméras ou le réduit en compression. Et sa magie du montage transcende le mouvement et l'élan des interprètes. Le résultat est bluffant dans la conservation du mouvement. La chorégraphie et l'énergie de la danse sont sublimées. La scène de travelling champ-contrechamp avec les danseurs en mouvement est à cet égard un petit bijou de finition.

Mais la musique dans tout cela, allez-vous me dire.
Eh bien, la musique a été écrite par une dizaine de compositeurs contemporains en 2001: Robin de Raaff - Orphic Descent / Jonathan Harvey - Moving Trees / Luca Francesconi - Controcanto Thierry De Mey - Water / Floral Fairy - Heysel /  Steve Reich - Dance Patterns / Fausto Romitelli - Green, Yellow and Blue / et d'autres... Et un film passera dans le silence, avec uniquement la respiration et le bruit des danseurs et du vent dans les feuilles des arbres. Ces différentes création musicales amènent pour chaque film une touche et une lecture différente.

Le challenge de cette nouvelle représentation au Point d'Eau à Ostwald dans le cadre du festival Musica, est la création sur quatre de ces films d'une musique de Ballaké Sissokodo. Elle est interprétée en direct par Ballaké Sissoko à la kora et de ses deux musiciens (guitare et balafon) et apporte une lecture originale et sensible, entre musique traditionnelle et invitations à la danse intérieure dans une enveloppante intimité.
Le résultat est surprenant mais convaincant. C'est intéressant de revoir deux fois la même chorégraphie - c'est le cas pour Contracanto et Dance Pattern - avec les deux "regards" sonores, au point que le spectateur ne remarque pas tout de suite que ce sont les mêmes danseurs et la même danse. Il est vrai qu'au niveau rythmique, de la mélodie et de la ponctuation les deux versions des films diffèrent dans leur lecture.




Sur scène, sous les magnifiques images de danse, outre Ballaké Sissoko, Fassery Diabaté et Oumar Niang pour la partie "création", ce sont quinze musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Mulhouse et six musiciens de l'ensemble TM+ et sous la direction de Laurent Cugnot qui interprètent avec toute l'énergie et le doigté nécessaire les six pièces contemporaines. La lumière est sur les danseurs, mais les musiciens posent le tapis sonore nécessaire pour la bonne énergie de la danse. Et cette énergie passe très bien, qu'elle soit écrite et traduite par l'ensemble des musiciens classiques et électriques,e ou joué par le trio des musiciens acoustiques.
La bonne énergie passe de l'écran et des deux côtés de la scène vers le public et cela fait du bien.

La Fleur du Dimanche

Le Point d'Eau accueille également deux autres spectacles du Festival Musica 2018:

Mercredi 26 septembre: Cosmos 1969 de Thierry Balasse, dont nous avons pu apprécier dans le passé le travail qu'il a fait avec et en hommage à Pierre Henry et la re-création du disque The Dark Side of the Moon de Pink Floyd.

Samedi 6 ocobre: The Bootleg Beatles, un hommage aux Beatles et leur double album "The Beatles" connu comme "The White Album" - l'Album Blanc -  un spectacle co-réalisé avec le Festival Musica.


Counter Phrases (2003 / 2016)
TM+
Orchestre symphonique de Mulhouse
Ballaké Sissoko et ses musiciens
Direction musicale, Laurent Cuniot
Films, Thierry De Mey
Chorégraphies, Anne Teresa De Keersmaeker
Musiques, Robin de Raaff, Jonathan Harvey, Luca Francesconi,
Thierry De Mey, Steve Reich, Fausto Romitelli, Ballaké Sissoko

Musiciens TM+
Violon, Dorothée Nodé-Langlois
Violoncelle, Florian Lauridon
Piano, Mara Dobresco, Julien Le Pape
Harpe, Anne Ricquebourg
Percussions, Florent Jodelet,
Gianny Pizzolato
Guitare électrique, acoustique, basse
électrique, Kobe Van Cauwenberghe

Musiciens Orchestre symphonique de Mulhouse
Contrebasse, Pénélope Poincheval
Flûte, Lucile Salzmann-Broggia
Hautbois, François Fouquet
Clarinettes, Manuel Poultier,
Maxime Penard
Basson, Mehdi El Hammami
Cor, Pierre Ritzenthaler
Trompette, Xavier Ménard
Trombone, Guillaume Millière
Percussions, André Adjiba,
Nahom Kuya
Violon, Michel Demagny
Alto, Pascal Bride

Ballaké Sissoko et ses musiciens
Kora, Ballaké Sissoko
Balafon, Fassery Diabaté
Guitare n’goni, Oumar Niang

Danseurs des films: Beniamin Boar, Marta Coronado, Alix Eynaudi, Jordi Galí, Fumiyo Ikeda, Cynthia Loemij, Ursula Robb, Taka Shamoto, Igor Shyshko, Clinton Stringer, Julia Sugranyes, Rosalba Torres Guerrero, Jakub Truszkowski.