dimanche 27 mars 2016

Perdus, retrouvés: les heur(e)s des Oeufs Numériques

Vous avez perdu une heure ?
Vous n'avez pas encore trouvé vos oeufs ?
Et le numérique (l'heure numérique) vous a rattrapé ?
Et vous, comment faites-vous pour passer à l'heure d'été ?

Ah, l'heure d'été au printemps, alors que le temps est à l'hiver encore.... 
On le disait, "Noël au balcon, Pâques aux tisons" (n'oubliez pas le pluriel, parce qu'avec un tison vous n'aurez pas assez chaud!).
Alors, réchauffez-vous en courant dans le jardin (ou l'appartement) chercher les oeufs...
Et cherchez aussi les oeufs numériques que la Fleur du Dimanche vous a promis la semaine dernière....

Et les fleurs en promesses:


Bientôt la fleur, laquelle ? - Photo: lfdd


A ce propos, savez-vous quelle fleur se cache sous le chapeau pointu?

Pour vous faire patienter, voici à la fois le lapin et les oeufs de Pâques:


Lapins et oeufs de Pâques - Photo: lfdd

Et puis les oeufs de magnolias du jour (frais chassés !) :


Magnolias - oeufs - de Pâques - Photo: lfdd

Et des indices pour le "numérique"...

Quelques  termes qui devraient vous mettre sur la voie....
Cela va chercher du côté de "numérique" bien sûr, également de "littérature", ou de "risque", et de "connecté" et même d'"angoisse"

Et pour vous réchauffer du temps frisquet, je vous offre une chanson des Frères Jacques avec un rayon de soleil; allez, on va déplacer Pâques à la Trinité:






Bonne chasse et à bientôt....

Bon, je vous avais donc annoncé quelques lignes sur le numérique pour ce jour…. Sans me rendre compte que ce Week-end était pascal…. Et donc, vous êtes resté sur votre faim (de chocolat et d’oeufs) si vous n’avez pas trouvé les informations de votre côté….
Mais comment auriez-vous pu les trouver dans la jungle - ou le jardin – numérique.
Vous avez peut-être trouvé des choses très intéressantes, qui ressemblent à, ou complètent ce que je vais vous proposer et qui se découpent en trois chapitres-domaines : la loi, le livre – la littérature – et le lien – l’addiction.



Magnolias de Pâques - Photos: lfdd



Pour commencer, vous avez sûrement entendu parler de la « Loi pour une République numérique » et vous vous demandez si cela peut vous concerner... Eh bien oui, au moins sur quatre points:
1. Le libre accès aux données : Les données qui sont « publiques » - c’est-à-dire dont l’existence résulte d’un financement (partiel) public sont accessibles à tous (avec certaine conditions tout de même).
2. La « liberté de panorama » - et c’est nouveau et positif – qui fait que l’usage par des particuliers à des fins non lucratives d’une photographie d’un bâtiment (création d’un architecte : le bâtiment du Parlement Européen – ou du Philharmonique à Paris, par exemple) ou d’une sculpture en permanence sur la voie publique sont maintenant autorisés.
3. La « portabilité des données » : Toutes vos données personnelles stockées par une entreprise pour un service vous appartiennent et sont récupérables s vous changez de prestataire de service.
4. Le « droit à l’oubli » et la « mort numérique » : vous aviez déjà le doit de vous faire « oublier » sur demande sur internet. Pour les mineurs, cette procédure est accélérée pour une meilleure protection. Par ailleurs, vous pouvez décider de ce que deviennent vos données personnelles sur internet après votre décès : transmission ou suppression….


Bon, tout cela n’est pas très gai, et comme c’est Pâques, je vous conseille de faire comme mon ami Maxime, de ressusciter. Mais, comme il le dit lui-même : « Oui, je sais, cela a pris du temps… » 

Je suis le ressuscité - Phot: Maxime Loiseau

En ce qui concerne le deuxième thème: La littérature et le numérique, je ne vais pas vous faire un pensum sur l’histoire de leur relation et encore moins vous parler de la version numérique  des livres (e-book). Il se trouve d’ailleurs que quelques colloques et rencontres* sur le sujet de l’interaction de la littérature et du numérique ont fleuri ces derniers temps (et je vous renvoie également aux dernières notes sur la littérature et les robots ou les ondes). 

Je vais juste initier quelques pistes d’attention sur le sujet en notant qu’à la fois du côté du livre, l’écriture - avec des livres qui se lisent avec des stratifications de pages internet reliées par des liens hypertexte qui donnent à l’oeuvre un côté labyrinthique - et la mise en page - avec des styles influencés par le support internet et l’intégration d’images ou d’effets typographiques – subissent l’influence du numérique.
Du côté du livre encore, le côté interactif et personnalisable a donné les « livres dont vous êtes le héros et cette personnalisation se retrouve avec des livres dont des liens en ligne ou sur support numérique amènent un nouvel usage.
Du côté d’internet, on trouve également la tentation de « faire littérature » autrement, en écrivant avec les technologies numériques (il y  par exemple un roman rein qu’avec des tweet – des séquence de moins de 120 caractères) ou en publiant des textes numériques dont une partie (sélectionnée) sera en définitive portée au public par un « bouquin » imprimé.
Je vous offre ci-dessous un extrait de ce type de prose, parue sous forme de feuilleton sur internet et éditée sous le titre "Fictions du corps" de François Bon aux éditions "L'Atelier Contemporain", avec des dessins de Philippe Cognée

Fictions du corps | Notes sur ce fameux prestidigitateur

pour en finir avec l’humanité joyeuse, 1

 « Si ce prestidigitateur était fameux, c’est pour la simplicité de ce qu’il présentait.

Seul, face public, très proche, en pleine lumière, il prenait un couteau et le posait exactement, très droit et vertical, sur le sommet de son crâne.
Ensuite, et sans cesse de parler à son public, il l’enfonçait très lentement, s’arrêtait à une dizaine de centimètres. Reconnaissant qu’au-delà c’était une zone de danger qu’il n’avait pas le droit d’affronter.
Un écran géant, derrière lui, prouvait qu’aucune tricherie ni manipulation n’était possible. À de nombreuses reprises, il avait utilisé des couteaux de cuisine du commerce, portant encore l’emballage original du supermarché de la ville.
Des spectateurs étaient invités à se placer derrière lui, et de côté, pour éviter aussi toute illusion d’optique. Un film qu’il avait tourné avec un comparse à la tête entièrement chauve prouvait l’étrangeté de la scène : le couteau, une fois retiré, ne laissait pas d’autre trace ou cicatrice qu’un mince trait rouge.
Seulement, si le film circulait encore (on le trouvait aisément sur le populaire réseau YouTube), le comparse était mort depuis lors, sans lien paraît-il avec le numéro qu’ils effectuaient l’un et l’autre, parfois simultanément l’un sur l’autre. Depuis, il tournait seul.
Rituellement, il insistait pour qu’un spectateur ou spectatrice accepte de se prêter à l’épreuve. Nulle douleur, disait-il (le cerveau n’était pas innervé). Nulle séquelle. Au contraire, disait-il, une douceur étrange, qui se propageait par l’ensemble du système nerveux, vous laissait une sensation bienfaisante pendant de longues semaines. On craignait ce moment, où il attendait qu’un ou une volontaire se présente, en vain, avant qu’il se décide à nouveau à pratiquer la démonstration sur lui-même.
Il y a quelques années, on le voyait fréquemment à la télévision, et dans les grandes salles de spectacle. Cette période était révolue : il n’avait plus l’attrait de la nouveauté. Qui donc, pourtant, à part lui, osait cet exercice de vieille tradition ? »

Magnolias de Pâques - Photos: lfdd


Pour finir, je vous invite en ce Week-end pascal à prendre un peu de temps pour méditer et vous demander comment vous vous situez dans votre rapport à vous-même et par rapport aux autres surtout depuis l’avènement du numérique.

Pour cela, je vous propose quelques morceaux choisis d’un article de la Journaliste et écrivaine Sophie Avon intitulé « Facebook et nos angoisses » paru dans "Le Libé des écrivrains" du 16 mars 2016.
Elle commence ainsi : « Je lis ici ou là pas mal de papiers sur nos addictions supposées aux nouvelles technologies, mais moi, c’est Facebook qui me paraît angoissant - et l’injonction à être connecté, cette nécessité d’adhérer au flux, induisant de fait que si nous ne nous inscrivons pas dans cette grande chaîne humaine, nous sommes hors jeu, autrement dit inexistants. Cette importance accordée à une communication intensive, laissant penser que la circulation des états d’âme et de l’instant vaut pour existence, que le dévoilement de l’intimité et des amitiés vaut pour vie affective riche - tout cela me paraît terrifiant. »
Elle continue ainsi : 
« Quand je vais sur mon profil Facebook, mollement, je l’admets, et que je lis «vous avez 99 nouvelles notifications, 86 mises à jour d’amis, 23 pokes et 77 messages», ça me paralyse. On ne me dit pas : «Vous avez encore 60 000 livres à lire» ou «29 000 films à voir» ou «3 000 rêves à accomplir», encore heureux, ce serait sans doute pire, mais on me parle comme si ma vie désormais, ou du moins celle qui compte, qui aurait du prix en convoquant les regards et en créant possiblement du buzz, se réduisait à une série de choses à faire connaître, à envoyer, à poster… »
Vous vous posez peut-être également cette question….. Combien de livres avez-vous encore à lire, combine de cartes postales à envoyer, combine de personnes à saluer le matin pour dire que vous vous êtes réveillé(e)s, ou que vous aimez cette photo de chat qui passe ?  
Bien sûr, « Oui, je sais, parfois, quand on surfe sur Facebook, on s’amuse, on lit de bons papiers, on voit des vidéos sympas ou graves ou même utiles, on poste des phrases savoureuses ou on les répercute. » 
Mais « Sauf que le dilettantisme n’est pas de mise sur les réseaux. L’entre-deux est proscrit. On participe ou pas. Difficile de visiter sur la pointe des pieds, vous êtes rattrapés, comme un mauvais élève, par les devoirs qui n’ont pas été faits et les absences répétées. »

Mais la question est là : « Depuis quand faut-il ainsi prouver à chaque seconde qu’on est vivant ? Qu’on est un élément du décor, un visage du village global ? Qu’on a une voix audible, appréciée, encouragée ? Depuis quand faut-il se donner l’illusion d’appartenir à un réseau qui distribue ses points - ou pas - et lève le pouce jusque dans la mort puisque même là, évoquant le décès d’un être qu’on aimait ou qu’on admirait, c’est un pouce levé qui donne le signal.

Depuis quand, en gros, sommes-nous invités à prétendre que nous vivons ? »

La réponse serait-elle celle-ci :
« Depuis que nous n’avons plus rien à vivre ou depuis que, vivant dans un monde dépressif, nous nous projetons à la surface de la planète numérique, armés de ces leurres qui à la vérité ressemblent à des publicités ? C’est entendu, les vrais amis, on les a, on n’a pas besoin de leur dire par écran interposé, ce qu’on a envie de leur dire ou de leur souhaiter à la date de leurs anniversaires … Les autres, admettons qu’ils soient là pour la garniture, en réserve, à portée de rhizome, comme d’autres nous-mêmes dont on peut espérer, un jour, une vidéo ou un commentaire qui nous enchante ou nous amuse. Mais le prix à payer me paraît exorbitant et surtout ce qu’il dit d’une société qui se reflète là sans pour autant donner une idée du monde. Combien d’heures passées pour un regard furtif à la crête des événements qui nous croisent tels des météorites ? »
Le numérique n’a-t-il apporté que cela ? :
« Reste que l’ère numérique a modifié notre rapport au temps et qu’en alimentant cette illusion d’aller plus vite tout en en faisant plus - si bien que finalement, on se retrouve oppressés par la multiplicité des tâches à effectuer -, on a agrandi le champ de nos pertes et celui de notre mélancolie. »

Et Facebook  cela... ?: 
« Facebook m’angoisse parce qu’il a remplacé le rêve par des cartes postales, l’imaginaire par le culte du standard, le lieu de tous par une infinité de désirs individuels. Ce n’est pas mon idée de la communauté ou du partage - qui se jouent sur le terrain du corps et de l’espace commun, pas d’une page commune. Facebook m’angoisse parce qu’il a fait de nos anxiétés sourdes sa pelote. Nous croyons surfer sur le Net mais c’est lui qui surfe sur nos inquiétudes. »

Cherchez la bonne vague !!!



Et bonnes fêtes pascale.

La Fleur du Dimanche 


Quelques colloques sur le numérique, récents ou à venir :

- Colloque « Internet est un cheval de Troie. La littérature, du Web au livre» organisé par Gilles Bonnet du centre MARGE, le 10 et 11 mars 2016 à LYON
- Les Racontars du Numérique à Strasbourg, du 30 mars au 9 avril à la Médiathèque André Malraux – programme ci-dessous :
https://racontarsnumeriques.wordpress.com/2016/03/01/du-31-mars-au-9-avril-2016-les-racontars-du-numerique/

Et vous avez également un du Hors-série numérique des Cahiers pédagogiques, «Littérature et numérique», un dossier coordonné par Yaël Boublil et Jacques Crinon. 
Vous avez une interview des coordonnateurs sur «Les littératures numériques pour donner du pouvoir sur le monde» ici:
http://www.cahiers-pedagogiques.com/Les-litteratures-numeriques-pour-donner-du-pouvoir-sur-le-monde-une-interview-des-coordonnateurs

Et à partir du jeudi 31 mars, à Strasbourg, les "Racontars du Numérique" qui démarrent à 18h00 à la Médiathèque Malraux (même en ce jour de grêve - rêve).
Au programme, des interventions d'auteurs qui se risquent au Numérique (entre autres):
Jean-Yves Fick dont je vous conseille la visite de son site de poésie numérique:
http://gammalphabets.org/
Il y rend un hommage à un autre auteur qui vient de disparaître : Francis Royo et son site:
http://analogos.fr/
Léo Henry, auteur de BD et de fictions sur le web.
Son site:
http://www.leo-henry.com/html/accueil.htm
et sa fiction sur le web:
http://www.lenaurne.fr/
La table ronde est animée par Cécile Palunski..


dimanche 20 mars 2016

Le Printemps sera-t-il Blanc, Astronomique, Bionique ou Numérique?

Ca y est, il est là - Er ist's comme je le disais bien tard avec Eduard Mörike en 2013.
Cette année aussi, il tarde de nouveau alors qu'il était en avance et là, on se demande s'il ne va pas reneiger - un Printemps Blanc? 
La fleur du Dimanche est à l'unisson:

Fleurs de printemps blanc - Photo: lfdd

En écho, un poème printanier de Théophile Gautier:

Au printemps

Regardez les branches
Comme elles sont blanches!
Il neige des fleurs.
Riant dans la pluie,
Le soleil essuie
Les saules en pleurs
Et le ciel reflète,
Dans la violette
Ses pures couleurs...
La mouche ouvre l'aile
Et la demoiselle
Aux prunelles d'or,
Au corset de guêpe
Dépliant son crêpe,
A repris l'essor.
L'eau gaîment babille,
Le goujon frétille ...
Un printemps encore!

Plus loin, une brassée de fleurs et de chansons, mais tout d'abord, je vous envoie vers le futur ou plutôt l'espace où le premier Zinnia "extraterrestre" a vu le jour ou plus précisément l'immensité de l'espace.
Bon, vous allez me dire que ce n'est pas la première fleur de l'espace, il y en a eu d'autres (voir notre ami wiki "Utilisation des plantes dans l'espace"), mais c'est la plus belle, n'est-ce pas:

Première Fleur de l'Espace - Photo: Scott Kelly

Le photo n'est pas de moi, mais bien de l'astronaute Scott Kelly.

Pour continuer avec les fleurs "expérimentales, je vous offre également la photo de la première "fleur bionique".
C'est une rose bionique qui intègre des circuits électroniques à transistors. Des scientifiques de l’université de Linköping en Suède, sont parvenus à cultiver pour la première fois de vraies roses dont le système vasculaire comportait des circuits électroniques fonctionnels. Cette expérimentation ouvre la voie à plusieurs applications pratiques comme la gestion nutritive des plantes, la production électrochimique de courant ou la fabrication d’antennes naturelles. Vous en saurez plus dans la revue "Sciences et Avenir".




Je vous avais aussi promis les fleurs numériques - en prévision du billet de dimanche prochain - en voici un exemplaire totalement "calculé":





Bon, revenons dans le Blanc et un texte sur le Printemps:

Fleurs de printemps blanc - Photo: lfdd


Dès que le printemps est là
Mais les serments s'oublient
Dès que le printemps s'en va
Là-bas dans la prairie
J'attends toujours, mais en vain
Une fille en organdi
Dès que le printemps revient.

(Refrain)
Non, le temps n'y fait rien
Oh non, le temps n'y peut rien

Je repense à ses yeux
Dès que le printemps est là
Je revois nos adieux
Dès que le printemps s'en va
Mais son image rôde
Au détour de mon chemin
Quand les soirées se font chaudes
Dès que le printemps revient.

Je crois la retrouver
Dès que le printemps est là
Je cesse d'y rêver
Dès que le printemps s'en va
Après bien des hivers
Pourtant mon coeur se souvient
Comme si c'était hier
Dès que le printemps revient.

Parfois je veux mourir
Dès que le printemps est là
Je crois toujours guérir
Dès que le printemps s'en va
Mais je sens la brûlure
D'une douleur qui m'étreint
Comme une ancienne blessure

Dès que le printemps revient...

Vous en trouverez la chanson plus loin, mais tout d'abord, hommage au Grand Jacques...
Au printemps - Jacques Brel



Et puis un petit bijou de Léo:

C'est le printemps" Léo Ferré 






Et voici le Printemps qui revient, avec Hugues Aufray:




Et puis le Bazar du Printemps avec Michel Fugain
Michel Fugain et Le Big Bazar - Le Printemps 1976:





Et pour clore, avec une chanson en Anglais de Tom Waits - You Can Never Hold Back Spring - spéciale dédicace à un ami qui ne comprend pas l'anglais et dont je traduit une phrase :
"So close your eyes
Open you heart
To one who's dreaming of you"

"Ferme les yeux
Ouvre ton coeur
à qui rêve de toi"

Vous ne pouvez pas retenir le Printemps:

 


You Can Never Hold Back Spring

You can never hold back spring
You can be sure that I will never
Stop believing
The blushing rose will climb
Spring ahead or fall behind
Winter dreams the same dream
Every time

You can never hold back spring

Even though you've lost your way
The world keeps dreaming of spring

So close your eyes

Open you heart
To one who's dreaming of you
You can never hold back spring
Baby

Remember everything that spring

Can bring
You can never hold back spring


Fleurs de printemps blanc - Photo: lfdd

Je retombe sur un poème de Charles d'Orléans : Le Printemps et ne puis m'empêcher de repêcher son interprétation - tronquée - par Michel Polnareff jeune:




Bon Dimanche

Bon Printemps

La Fleur du Dimanche

dimanche 13 mars 2016

Donner du crédit à votre savoir, c'est esquis !

Le voyage d'hiver est terminé, et je vous en ai rapporté des fleurs, pleines de soleil:


Fleurs soleil - Photo: lfdd

Pour rester de (fin) de saison, je lance un clin d'oeil aux skieuses et aux  skieurs et leur confirme que l'on peut changer d'avis (et de ski et de chaussure de ski)... avec un poème de Pierre Gamarra:

Le ski

Un garçon glissant sur ses skis,
disait : "Ah ! le ski, c'est exquis,
je me demande bien ce qui
est plus commode que le ski."
Comme il filait à toute allure,
un rocher se dressa soudain.
Ce fut la fin de l'aventure.
Il s'écria, plein de dédain :
"Vraiment, je ne suis pas conquis,
je n'ai bu ni vin, ni whisky
et cependant, je perds mes skis.
Non, le ski, ce n'est pas exquis."
Lorsqu’une chose nous dérange,
Notre avis change.

Fleurs soleil - Photo: lfdd


Pour s’élever un peu (pas dans les montagnes), je vous propose un extrait de l'interview de Julia Kristeva par Robert Maggiori et Anastasia Vécrin dans Liberation du 24 février 2016, au sujet du "croire" et du savoir, et de l'importance du lien et du faire. 

"Depuis une dizaine d’années, je me suis intéressée à la composante anthropologique préreligieuse qu’est «cet incroyable besoin de croire». Freud le relie au «sentiment océanique» de l’enfant dans les bras de sa mère: la reliance maternelle s’ensuit; et à la reconnaissance réciproque, affective et protectrice, avec le premier tiers, le père. Le besoin de croire est l’aube du lien, le degré zéro de son écriture. Au départ, croire veut dire : «je donne mon cœur en attente de restitution»; il a donné credo, foi, et crédit bancaire. Le besoin de croire satisfait, je suis capable de savoir. Les deux mouvements, croire et savoir sur le chemin de l’autonomie, sont nécessaires pour la construction de la personnalité. Mais si l’enfant est un questionneur, l’adolescent est un croyant. Il a besoin d’idéaux. Si cette quête n’est pas reconnue par lui et par les autres, elle s’inverse en punition et autopunition, vandalisme et destruction, en «maladie d’idéalité». A la Maison des adolescents, à l’hôpital Cochin, une équipe interculturelle et ethnopsychiatrique accueille des jeunes qui tentent le suicide, plongent dans l’anorexie ou adhèrent, secrètement, à des thèses complotistes contre les «impurs», pouvant se pervertir en «mal radical». Ils trouvent dans l’islam, une revanche, la «pureté» comme seule issue à leur mal-être, avec, «en prime», une communauté offensive et la jouissance morbide de la vengeance par le sacrifice. Pour les aider à investir le goût de la vie, l’équipe réinterroge le religieux, la soumission à l’«orthodoxie de masse» (Abdennour Bidar) qui, en ignorant la personne, en réduisant la femme à une proie, répand dans l’islam une culture de mort. 

Q: Contre quoi faut-il se battre ?

Contre le nihilisme. J’appelle ainsi le déni de la personne, la banalisation du raisonnement et le culte intégriste de la pulsion de mort portés par les prouesses de la technique et les ravages de la spéculation financière globalisée. Ce nihilisme culmine dans le mal radical, qui consiste à instrumentaliser le religieux pour déclarer certains humains superflus et les exterminer froidement. J’ose reprendre le mot usé d’«humanisme», à savoir une refondation continue de cette culture des Lumières, qui s’est détachée des religions pour fonder une morale universelle.


Par-delà et avec cette rupture, les sciences humaines affinent, inlassablement, les moyens d’élucider les croyances et les logiques des faits religieux. Mais au nom d’une paix sociale mal comprise, nous n’osons pas dénoncer, dans l’espace public, ces plis de l’islam qui flattent la pulsion de mort. Il est urgent de le faire, sans ostracisme ni caricature, en analysant comment ces logiques et dérives nous concernent. Si nous sommes incapables de les déconstruire, nous sommes complices du nihilisme.
...."

Bon, j'allais oublier la chanson, je l'ai trouvée, ce sont les Frères Jacques tout en beauté et en blanc!

 



Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

dimanche 6 mars 2016

Je suis venu te dire que je m'en vais.. ailleurs... Winterreise

Eh oui, je m'en vais.... comme l'hiver est revenu et chasse les fleurs, et comme dit si bien Verlaine au vent mauvais, je laisse la place à la fleur blanche qui gèle et se bat contre l'hiver:


Fleurs blanches rue Goethe - Photo: lfdd

Je m'en vais et prends mes distances, et vous offre une fleur rare:
 
Fleurs blanches rue Goethe - Photo: lfdd

Egalement l'annonce de mon départ - comme un adieu à Serge: "Je suis venu te dire que je m'en vais"


 


Je suis venu te dire que je m'en vais
Et tes larmes n'y pourront rien changer
Comm' dit si bien Verlaine au vent mauvais
Je suis venu te dire que je m'en vais
Tu t'souviens de jours anciens et tu pleures
Tu suffoques, tu blémis à présent qu'a sonné l'heure
Des adieux à jamais
Ouais je suis au regret
D'te dire que je m'en vais
Oui je t'aimais, oui mais
Je suis venu te dire que je m'en vais
Tes sanglots longs n'y pourront rien changer
Comm'dit si bien Verlaine au vent mauvais
Je suis venu te dire que je m'en vais
Tu t'souviens des jours heureux et tu pleures
Tu sanglotes, tu gémis à présent qu'a sonné l'heure
Ouais je suis au regret
D'te dire que je m'en vais
Car tu m'en as trop fait.
Je suis venu te dire que je m'en vais
Et tes larmes n'y pourront rien changer
Comm' dit si bien Verlaine au vent mauvais
Je suis venu te dire que je m'en vais
Tu t'souviens de jours anciens et tu pleures
Tu suffoques, tu blémis à présent qu'a sonné l'heure
Des adieux jamais
Ouais je suis au regret
D'te dire que je m'en vais
Oui je t'aimais, oui mais
Je suis venu te dire que je m'en vais
Tes sanglots longs n'y pourront rien changer
Comm'dit si bien Verlaine au vent mauvais
Je suis venu te dire que je m'en vais
Tu t'souviens des jours heureux et tu pleures
Tu sanglotes, tu gémis à présent qu'a sonné l'heure
Ouais je suis au regret
D'te dire que je m'en vais
Car tu m'en as trop fait.


Je suis venu te le dire et te le répète avec Jo Lemaire et Flouze qui le chantait ainsi dans les années 80: "Je Suis Venue Te Dire Que Je M'en Vais":




Et qui est revenue le dire dans les années 90 (en 1995 précisément):





Et mes fleurs blanches saignent rue Goethe:


Fleurs blessées rue Goethe - Photo: lfdd


Et de Goethe à Wilhelm Müller il n'y a qu'un pas, un pas d'hiver invitant au voyage et à la méditation. Et donc, Schubert Winterreise - Der Leiermann - Thomas Quasthoff / Daniel Barenboim





Bon Dimanche

La Feur du Dimanche