jeudi 29 mars 2018

Arsmondo, la suite: Une soirée à l'Opéra... avec le Ballet de l'Opéra et Linea

Le Festival Arsmondo initié par l'Opéra National du Rhin (voir mon billet du 23 mars 2018) continue sur sa lancée à Strasbourg avec une soirée dédiée à la danse et au troisième épisode du "Regard sur la création musicale japonaise contemporaine".


Le Japon, la Danse contemporaine, ses chorégraphes et ses danseurs.

Pour commencer, dans le studio strasbourgeois du Ballet de l'Opéra National du Rhin, salle Ponnelle, une "conférence dansée" va nous faire rencontrer des danseurs du Ballet et une chorégraphe-danseuse qui est en train de produire une des prochaines création. Le tout animé par un réalisateur et critique Atsukiho Wanatabe.
L'occasion de mieux connaître les individus-danseurs qui viennent du pays du soleil levant ou qui y sont passés et d'avoir un aperçu de leur travail et une expression de leur ressenti de leur travail et de leur expérience.
Riku Ota, jeune danseur de 18 ans qui a déjà dansé dans plusieurs spectacles depuis le début de saison nous présente un extrait du pas de deux de Don Quichote de Marius Petipa, pièce à concours.
Misako Kato présente un bout de la chorégraphie Nicht qu'elle avait créée à Eisenach en hommage à Bach et à l'accueil en Europe - l'Allemagne d'abord, après ses études au Bolchoï et puis un séjour au Canada et un retour au pays natal, et Mulhouse après...
Monica Barbotte, danseuse dont la mère est japonaise enrichit ce panorama d'un autre approche et elle nous propose un extrait de Chaplin dont elle tenait le rôle-titre.

Un court panorama de la danse contemporaine au Japon et des relations historiques des chorégraphes japonais, bien vivantes - une film est en cours de réalisation par Atsukiho Wanatabe sur la danseuse Hannah O'Neill, entrée au Ballet de l'Opéra par concours externe et promue première danseuse en moins de trois ans - se termine par un extrait du film sur le spectacle de Hiroaki Umeda "Holistic Strata"  



Avant de clore la conférence par un échange avec le public, Thusnelda Mery qui a travaillé avec Pina Bausch (entre autre dansé dans "Ten Chi", un de ses spectacles inspirés du Japon) nous partage son expérience vécue dans la proximité de travail avec Pina, et également sa propre expérience lors d'une résidence de création à Tokyo. 
Et Bruno Bouché, directeur du Ballet de l'Opéra National du Rhin rebondit sur la réponse de Monica Barbotte à la question d'une spectatrice concernant la formation "classique" des danseurs où elle parle du travail avec Ohad Naharin et la danse Gaga, pour présenter la diversité à laquelle s'ouvre le Ballet, et qui va du classique au yoga en passant par toutes sortes de techniques, preuve de l'ouverture de la maison.  



Le Japon, la Musique contemporaine et ses compositeurs.

La soirée enchaîne immédiatement avec le troisième volet du "Regard sur la création musicale japonaise contemporaine" avec l'ensemble Linéa qui met à l'honneur une compositrice, Misato Mochizuki et deux compositeur, Toru Takemitsu et Toshio Hosokawa.


Ensemble Linea - Marie-Andrée Joerger - Antoine Pecqueur - Photo: lfdd


C'est une composition de ce dernier, In der Tiefe, qui ouvre le concert, sur un air d'accordéon (Marie-Andrée Joerger) et de Basson (Antoine Pecqueur), un dialogue où l'accordéon tire et tiens les sons, soutenus, tenus et ténus quelquefois, et le basson est plus dans une énonciation expressive et volubile.
Atem Lied du même Hosokawa est l'occasion pour Keiko Murakami de montrer toute la force, le puissance et la retenue, l'inspiration variable qu'elle peut avoir à la flûte dans cette pièce physique et métaphysique, au temps suspendu et circulaire où l'on croit entendre les esprits chuchoter.


Ensemble Linea - Keiko Murakami - Photo: lfdd


Pour Rain Spell de Toru Takemitsu on sent bien l'admiration du compositeur pour Debussy dans une pièce bucolique et reposante, où seule la harpe (Geneviève Létang) apporte quelques accents japonisants dans cet ensemble de flûte, clarinette (Andréa Nagy), vibraphone (Victor Hocquet), piano (Reto Staub) et harpe.

Une danse de Giovanni Antonio Bertoli qui a inspiré Misato Mochizuki est offerte en introduction de Pas à Paspièce virtuose, dansante et pleine d'humour pour accordéon et basson. La compositrice qui a fait des études à Paris (CNSMP et IRCAM) et dont le travail a été reconnu par de nombreux prix était d'ailleurs présente pour l'occasion.


Ensemble Linea - Jean-Philippe Wurtz - Photo: lfdd


Le concert s'est achevé par une troisième pièce de Toshio Hosokawa Smow Dance interprétée par un petit orchestre (flûte, clarinette, piano, violon - Marco Fusi - violoncelle - Johannes Brughoff - et percussion sous la direction de Jean-Philippe Wurtz. La pièce démarre par un silence, renouvelé à plusieurs reprises et qui se remplit au fur et à mesure, qui éclate, rebondit sur la mémoire des sons qui sourdent des instruments. Murmures, frottements et tintements qui se tendent avant une montée en tension, trouée d'éclats brefs mais surprenants, et finissent à nouveau dans un silence sous lequel, au loin, un tram s'éloigne....
Et la soirée s'achève par un échange autour de la création musicale au Japon animé par Eva Kleinitz, initiatrice du festival avec Misato Mochizuki et le chef d'Orchestre Sylvain Camberling.


La Fleur du Dimanche

mardi 27 mars 2018

SIENA au Maillon: Vénus nue nous regarde danser

Quand nous sommes entrés dans la salle, Vénus était là, nue et nous regardait.
Nous la regardions, mais pas vraiment; elle était là, pas lasse, ni salace, alanguie, oui, et complice. Consentante, mais qu'on s'entende bien, il y avait un beau brouhaha dans la salle, de ci, de là, les doigts courant sur les écrans de portables, ou les dernières péripéties vécues dans le tram racontées aux ami(e)s, au point que la venue sur scène d'une spectatrice, plutôt d'une visiteuse est passée inaperçue.
Elle a bien fait le tour de cette salle de musée, avec sur le mur du fond, cette "Vénus d'Urbino" des Offices de Florence, pas loin de Sienne, et, quand elle s'est assise, subitement, après avoir tourné une dizaine de minutes sur le plateau, soudain, le silence...
Il y a des choses comme cela, on ne les explique pas...
La pièce peut commencer vraiment !


SIENA - Marcos Morau -  Phot: Jesús Robisco

Marcos Morau et sa troupe de La Veronal nous proposent pendant plus d'une heure un subtil mélange de danse, de texte, de lumière, de musique et de mise en scène qui vont complètement nous décaler. et nous interroger sur notre position de spectateur et sur ce que nous voyions ou croyons voir.
C'est à la fois un théâtre de l'absurde et de l'étrange, surréaliste et irréel, tendre et sucré, fluide et désarticulé.
La lumière sculpte les décors et les corps, rythme les séquences ou très tendrement affine le regard, en particulier celui de la Vénus qui se fait amical.


SIENA - Marcos Morau -  Phot: Jesús Robisco

La danse monte en puissance au fur et à mesure avec une troupe de jeunes femmes escrimeuses - d'abord deux puis trois, pour arriver à sept, sans oublier les hommes, deux qui rejoignent ce groupe et un autre, le "gardien du musée" qui était venu dès le départ en Monsieur Loyal en costume noir, lui aussi décalé et démembré.
Les gestes alternent entre une version très esthétisante et réussie d'un mélange de break dance et d'acrobatie en souplesse, mais disloquée et de moments de danse gestuelle et de contact soit par duos ou en mouvements d'ensemble, très réussis. Les danseuses et les danseurs ont vraiment une qualité de mouvement extraordinaire et une capacité de démenbrement et de dislocation époustouflante.
La bande son, subtil et bien dosé mélange de musiques, de textes et de sons naturels contribue à soutenir une ambiance propice à ce décalage et les textes nous mettent en face de ce que nous ne voyons pas et sommes obligés d'imaginer.


SIENA - Marcos Morau -  Phot: Jesús Robisco

Parce qu'en fait, nous sommes à la fois regardeurs et regardés, regardant, point de vue et voyants. Et ce que nous ne voyons pas, nous nous l'inventons, comme le texte le fait aussi pour nous faire croire une réalité que nous ne vivons pas et nous permettre "d'attraper la partie cachée de l'essence humaine".  
Et qu'en même temps que nous nous interrogeons sur comment regarder une oeuvre d'art (et nous avons le temps de la regarder - on nous la montre d'ailleurs du doigt), nous assistons à un magnifique spectacle qui nous subjugue. 







La Fleur du Dimanche


SIENA
Au Maillon Strasbourg le mardi 27, mercredi 28 et jeudi 29 mars 2018 à 20h30
Présenté avec POLE-SUD et dans le cadre du Parcours Danse

Direction et chorégraphie : Marcos Morau
Assisté de : Tanya Beyeler
Chorégraphie : Marcos Morau en collaboration avec les danseurs
Texte et dramaturgie : Pablo Gisbert – El Conde de Torrefiel, Roberto Fratini
Danseurs : Cristina Facco, Laia Duran, Cristina Goñi Adot, Anna Hierro, Ariadna Montfort, Lorena Nogal, Lautaro Reyes, Manuel Rodríguez, Marina Rodríguez, Sau-Ching Wong
Enseignante : Cristina Facco
Design d’espace et lumière : La Veronal et Enric Planas
Photographie : Jesús Robisco, Edu Pérez et Quevieneelcoco
Costumes : Octavia Malette
Voix off : Victoria Macarte et Benjamin Nathan Serio
Directeur de production : Juan Manuel Gil Galindo
Coproduction : La Veronal / Mercat de les Flors / Hellerau European Center for the Arts
En collaboration avec : Modul-Dance / El Graner / La Caldera / Centro de Artes Performativas do Algarve Faro / Duncan Dance Center Athens / Dance Ireland Dublin
Avec le soutien de : INAEM – Ministerio de Educación / Cultura y Deporte de España and ICEC – Departament de Cultura de la Generalitat de Catalunya

Crée dans le cadre : du projet Européen modul-dance, avec le soutien du Programme culture de l’Union européenne

1993 au TNS: Voyage dans le temps à travers une trouée de l'Histoire

Les spectateurs du TNS installés dans la salle savent à quoi ils vont s'attendre.
D'une part, on revient en arrière dans le temps avec le texte 1993 d'Aurélien Bellanger que nous propose le metteur en scène Julien Gosselin (qui semble aimer les dates - cf le spectacle 2666 vu au Maillon l'an dernier), et, sur l'écran au-dessus de la scène, un texte-programme de Francis Fukuyama nous explique la "fin de l'Histoire".
Et, curieusement, ce texte va s'incruster dans nos yeux et se transformer en lignes blanches fantômes qui annoncent la première partie de la pièce:

Le choeur "antique" moderne, en contre-jour devant des panneaux dont les lignes clignotantes préfigurent les spectacles de la fin du XXème siècle et qui nous décrit l'état du monde d'après la "fin de l'histoire".
"La fin de l’histoire, veloutée et fluo, a traversé le ciel européen dans le milieu des années 1990. On disait autrefois que les aurores boréales étaient signes de guerre. On a vu le ciel tourner au vert et au rose en 1915 et en 1938. On a longtemps gardé l’habitude, dans les campagnes, à l’ombre des villes rougeoyantes de la reconstruction, de surveiller le ciel. La prophétie a failli se réaliser, pendant la Guerre Froide, chaque fois qu’une tempête solaire était confondue, sur les écrans radars, avec une attaque nucléaire. Puis la menace a disparu.


1993 - TNS - Julien Gosselin - Aurélien Bellanger - Photo: Jean-Louis Fernandez


La traversée de l'espace et du temps, immense tunnel circulaire qui franchit les frontières du CERN et qui accélère les particules vers l'infini.
"La fin de l’histoire s’est abattue ici, à l’ouest du lac Léman. Ou plutôt la fin de l’histoire, événement autrefois cataclysmique et définitif — le heurt au son mat et bref de la Terre contre le mur du temps — s’est ici volatilisée, comme un astéroïde sublimé dans les hautes couches de l’atmosphère"

La construction du tunnel sous la Manche, près de Calais, dans le "Pas de Calais" qui va après la "Fin de l'Histoire" et qui est le centre de cette histoire, là où tout se joue, se déjoue et se révèle.... Et autour de quoi la pièce tourne (même en images) sans pénétrer.
Pour le spectateur, nous y pénétrons comme dans un grand passage vers une immense salle de concert où le rythme, la musique, la pulsation va nous emporter vers une Eurodance communautaire.

Mais comme le dit Julien Gosselin, tout cela n'est qu'illusion: 
"On peut imaginer l'Europe occidentale comme premier continent de la douceur.
Je trouve cela à la fois beau et violent de parler d'une période de l'histoire où l'on a cru en cela. (la chute du mur de Berlin, etc.) 
Tout était fini - dans le sens d'abouti. 

Le décalage sera encore plus grand lorsque les jeunes acteurs, multipliant les points de vue (d'écoute) vont citer le discours de réception du Prix Nobel de la Paix 2012 attribué à l'Union Européenne et prononcé par les présidents de la Commission européenne (José Manuel Durão Barroso), du Conseil européen (Herman Van Rompuy) et du Parlement européen (Martin Schulz) et où l'on se rend compte du gouffre entre le discours et la réalité.... d'aujourd'hui.


1993 - TNS - Julien Gosselin - Aurélien Bellanger - Photo: Jean-Louis Fernandez


Cette réalité va se jouer sur le plateau en mode "téléréalité" avec la génération post-Erasmus où "Nous sommes tous Charlie Martel" fait face à une Jeanne d'Arc tricolore, mais où les corps sont happés par l'écran et disparaissent presque de la scène.
Julien Gosselin nous dit:
"Cela crée un paradoxe passionnant et très puissant poétiquement: on voit la violence de ces êtres, on saisit leur côté vivant, leurs muscles, leurs fluides, mais leur éloigenement crée un étrange rapport au temps. C'est comme, déjà, du passé."


1993 - TNS - Julien Gosselin - Aurélien Bellanger - Photo: Jean-Louis Fernandez


Et effectivement, après la fête, la jeunesse plie bagage sans demander son compte et nous errons en tournant dans le no man's land autour du tunnel - barrière pour quelques-uns.
Silence.... On en sort abasourdi... de ce voyage dans le monde d'après la fin de l'histoire...


La Fleur du Dimanche   

1993

Au TNS à Strasbourg jusqu'au 10 avril 2018

Tournée: 
Gennevilliers du 9 au 20 janvier 2018 au T2G-Théâtre de Gennevilliers - Centre dramatique national de création contemporaine
Hambourg du 24 au 25 janvier 2018 au Thalia Theater
Valenciennes les 16 et 17 mars 2018 au Phénix - Scène nationale
Liège du 17 au 21 avril 2018 au Théâtre de Liège
Lausanne du 16 au 18 mai 2018 au Théâtre Vidy
Athènes les 7 et 8 juin 2018 au Festival d'Athènes

PRODUCTION

Texte Aurélien Bellanger
Mise en scène Julien Gosselin
Avec Quentin Barbosa, Genséric Coléno-Demeulenaere, Camille Dagen, Marianne Deshayes, Roberto Jean, Pauline Lefebvre-Haudepin, Dea Liane, Zacharie Lorent, Mathilde Mennetrier, Hélène Morelli, Thibault Pasquier, David Scattolin
Scénographie Emma Depoid, Solène Fourt

Musique Guillaume Bachelé
Costumes Salma Bordes
Son Hugo Hamman, Sarah Meunier
Lumière Quentin Maudet, Juliette Seigneur
en collaboration avec Nicolas Joubert
Vidéo Camille Sanchez
en collaboration avec Pierre Martin
Assistanat à la mise en scène Eddy D’Aranjo, Ferdinand Flame
Assistanat mise en scène en tournée  Colyne Morange
Régie plateau Jori Desq
Régie générale et cadrage vidéo Valentin Dabbadie


Administration tournée, diffusion Eugénie Tesson
Logistique tournée Emmanuel Mourmant
Assistanat administration pour la tournée Paul Lacour-Lebouvier

Julien Gosselin est metteur en scène associé au TNS et au Phénix, Pôle Européen de création
Le décor et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS
Spectacle créé le 3 juillet 2017 au Festival de Marseille.

Production Théâtre National de Strasbourg
Production exécutive Si vous pouviez lécher mon coeur
Coproduction Festival de Marseille-Danse et Arts multiples


Spectacle créé avec des artistes formés à l'École du TNS


dimanche 25 mars 2018

Bonnet Blanc et chapeau noir pour l'heure d'été

Petite entorse à l'arrêt de la Fleur du Dimanche à l'occasion du passage à l'heure d'été, un bonnet blanc d'hiver sur une fleur blanche, un extrait poème à tiroir et une énigme pour rattraper l'heure perdue* - et deux chansons en prime à découvrir:


Bonnet blanc sur fleur blanche - Photo: lfdd


L'extrait de poème de Ales Steger (dans "Le Livre des choses"

Qui habite sous le chapeau ? 
Sous le chapeau qui est trois ? 
Trois chapeaux 


L'énigme : Chapeau noir ou chapeau blanc ?

Trois hommes sont l’un derrière l’autre. Chacun porte un chapeau sur la tête tiré au hasard parmi 3 chapeaux noirs et 2 chapeaux blancs. Ils ne savent pas eux-mêmes quel chapeau ils ont sur la tête.

L’homme C voit les deux autres, l’homme B ne voit que l’homme A, et l’homme A ne voit personne.

On demande à l’homme C s’il connait la couleur de son chapeau. Celui-ci répond que non. On pose la même question à l’homme B qui lui non plus dit ne pas savoir la couleur de son chapeau. Même question pour l’homme A qui lui sait quelle est la couleur de son chapeau.


Comment a-t-il fait ?


Les deux chansons (clip) de Forever Pavot - une de mes fleurs préférées:


Ivresse de Pacotille:



Et clin d'oeil aux vegans (c'est d'actualité) :




Allez, une prime pour vous calmer, Agnes Obel: Riverside





Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

* pour l'heure d'été, vous référer à mon billet du 5 mai 2013
http://lafleurdudimanche.blogspot.fr/2013/05/pouvez-vous-me-preter-lheure-me-donner.html


Blanc sur bleu - Photo: lfdd


Et pour la solution de l'énigme... c'est.... Noir

Pourquoi ?

Parce que l’homme A a pu déterminer la couleur de son chapeau grâce aux réponses des deux autres hommes.

L’homme C voit les deux autres chapeaux. S’ils étaient blancs tous les 2, son propre chapeau serait forcément noir et il aurait trouvé. Donc au moins un des 2 chapeaux suivants (A ou B) est noir. Puisqu’un des 2 chapeaux suivant est noir, si le l’homme B voyait que le suivant (A) était blanc, son propre chapeau serait forcément noir. Donc, le chapeau A est forcément noir.

samedi 24 mars 2018

Festival Arsmondo à Strasbourg: Mishima, Murakami, Mayuzumi en texte en notes et en images

L'ONR - Opéra National du Rhin lance cette année un festival pluridisciplinaire autour d'oeuvres lyriques qui permettront d'éclairer la connaissance et l'ouverture vers d'autres cultures.
Cette année, en recréant l'Opéra "Le Pavillon d'Or" de Toshiro Mayuzaki avec le livret de Claus H. Hennenberg d'après le roman de Yukio Mishima créé le 23 juin 1976, c'est l'ouverture vers le Japon qui guide le programme.

L'opéra en création française sous la direction de Paul Daniel et la mise en scène d'Amon Miyamoto sera présenté à Strasbourg et à Mulhouse avec l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg.
Mishima s'est inspiré d'un fait divers réel - un jeune moine bouddhiste met le feu au "Pavillon d'Or", un temple exceptionnel de Kyoto.




De nombreuses manifestations - expositions, rencontres, concerts, conférences, danse, cinéma vont contribuer à donner un coup de projecteur sur cette culture du Pays du Soleil levant et de la floraison des cerisier au printemps.

Le programme complet est sur le site du Festival Arsmondo, sachez que le cinéma Odyssée propose un cycle de films japonais d'hier et d'aujourd'hui et qu'à la BNU une exposition présente des documents et estampes autour de Mishima

L'ensemble Hanatsu Miroir propose un concert "Regard sur la création musicale contemporaine japonaise 2" dans la cadre du festival "Musiques éclatées" - comme quoi deux manifestations peuvent se rejoindre - le 24 mars à 17h00 à l'ONR.

Un premier Regard sur la création musicale contemporaine japonaise complété par une lecture d'extraits du livre de Mishima par Stanislas Nordey, directeur du TNS a permis pendant presque trois heures de se familiariser avec l'histoire de Misogushi à travers cinq épisodes lus avec force et passion par le comédien qui vient à peine d'arrêter une autre pièce-fleuve au TNS: Le récit d'un homme inconnucf mon billet du 8 mars 2018.
Chaque épisode - Naissance du sentiment de vengeance avec Uiko - La mort du père et le couvent - La visite du Pavillon d'Or par le soldat américain et la prostituée - L'amitié du pied-bot - L'incendie - alterne avec une pièce de musique courte: 
- Lo-Shu VI / 5 Haikus (flûte et violoncelle) de Hans Zender, petit bijou de haiku musical
Bunraku (violoncelle) de Toshiro Mayuzumi où le violoncelle excelle à imiter la voix humaine chantée, mais aussi parlée et criée dans le pur style japonais
- Cosmos Haptic (piano) de Jooji Yuasa où la musique et le temps, la durée nous font perdre les repères
SEN I (flûte) de Toshio Hosokawa qui permet au flutiste Nathanaël Carré de prouver sa virtuosité en jouant de la flute et en chantant en même temps 
Orion (piano et violoncelle) de Toru Takemitsu qui est un magnifique dialogue entre le piano et le violoncelle.
L’ensemble Saito, composé de Francis Gouton (violoncelle), Nathanaël Carré (flûte) et Saoli Saito (piano) a réussi à nous plonger dans cette soirée à l'ambiance nippone que l'on n'a presque pas vu passer.


L’ensemble Saito - Francis Gouton - Nathanaël Carré - Regard sur la création musicale contemporaine japonaise - Arsmondo


A vous de découvrir la suite


La Fleur du Dimanche

http://www.festival-arsmondo.eu/

mardi 20 mars 2018

C'est l'printemps avec Léo


Aujourd'hui, "C'est le printemps" avec Léo Ferré...


Lilas du printemps - Photo: lfdd






C'est Le Printemps

y a la natur' qu'est tout en sueur
dans les hectar's y a du bonheur

c'est l'printemps

y a des lilas qu'ont mêm' plus l'temps
de s'fair' tout mauv's ou bien tout blancs

c'est l'printemps

y a du blé qui s'fait du mouron
les oiseaux eux ils dis'nt pas non

c'est l'printemps

y a nos chagrins qu'ont des couleurs
y a mêm' du printemps chez l'malheur

y a la mer qui s'prend pour Monet
ou pour Gauguin ou pour Manet

c'est l'printemps

y a des nuag's qui n'ont plus d'quoi
on dirait d'la barbe à papa

c'est l'printemps

y a l'vent du nord qu'a pris l'accent
avec Mistral il pass' son temps

c'est l'printemps

y a la pluie qu'est passée chez Dior
pour s'payer l'modèl' Soleil d'Or

y a la route qui s'fait nationale
et des fourmis qui s'font la malle

c'est l'printemps

y a d'la luzerne au fond des lits
et puis l'faucheur qui lui sourit

c'est l'printemps

y a des souris qui s'font les dents
sur les matous par conséquent

c'est l'printemps

y a des voix d'or dans un seul cri
c'est la Sixtin' qui sort la nuit...

y a la natur' qui s'tape un bol
à la santé du rossignol

c'est l'printemps

y a l'beaujolais qui la ramène
et Mimi qui s'prend pour Carmen

c'est l'printemps

y a l'îl' Saint-Louis qui rentre en Seine
et puis Paris qui s'y promène

c'est l'printemps

y a l'été qui s'point' dans la rue
et des ballots qui n'ont pas vu

Qu'c'était l'printemps...


La Fleur du Dimanche 

jeudi 8 mars 2018

Le récit d'un homme inconnu au TNS: L'occupation.. de l'espace... sur un pas de danse

Nous avions déjà pu "expérimenter" le travail d'Anatoli Vassiliev au TNS à Strasbourg l'année dernière avec Médea-Materiau. Ce metteur en scène à part, et formidable pédagogue selon les dires des comédiens qui travaillent avec lui, nous revient par la grâce de Valérie Dréville, artiste associée au TNS et interprète du précédent spectacle pour une création "fleuve":

A partir de la nouvelle d'Anton Tchekhov "Le récit d'un homme inconnu" qui au départ s'appelait "Sans titre" et "Une nouvelle sans nom" - en France elle est éditée sous l'intitulé "Le récit d'un inconnu" - Anatoli Vassiliev arrive à constituer un matériau qui va nous emmener dans un voyage de plus de trois heures. Mais ce voyage et sa durée sont nécessaires et importants pour vivre ce qui arrive aux protagonistes qui occupent l'espace de théâtre transformé par le metteur en scène. Et pour bien comprendre la, ou plutôt les transformations que vont subir les trois protagonistes de la pièce.
Le récit d'un homme inconnu" est d'ailleurs également découpé en trois parties.


Le récit d'un homme inconnu - Anton Tchekhov- Anatoli Vassiliev - TNS - Photo: Jean-Luois Fernandez

La première décrit les relations entre Zinaïda (Valérie Dréville toute en variations) qui, ayant quitté son mari, rejoint le comte Orlov (Sava Lolov tout en splendeur, en ironie et en cynisme) qu'elle aime. Ce sera l'occasion d'un magnifique ballet de séduction, de va et vient, d'amour et d'indifférence qui se traduit par des pas de danse sensuelle, des déplacements de chaises comme sur un échiquier, pour une occupation de l'espace stratégique et un ballet de dessertes avec ou sans service à café que l'"Inconnu" - Stepan, allias Vadimir Illitch (Stanislas Nordey d'un sobre discrétion dans cette partie) - promène sur le plateau.


Le récit d'un homme inconnu - Anton Tchekhov- Anatoli Vassiliev - TNS - Photo: Jean-Luois Fernandez

La deuxième partie va projeter Sanislas Nordey dans un long monologue où Stepan va se dévoiler et révéler ses ambitions de terroriste anarchiste décidé d'en découdre avec le pouvoir en place, en l'occurrence l'oncle d'Orlov, sous couvert d'un anonymat poussé à l'extrème dont je vous laisse la surprise du dénouement

Pour la troisème partie, nous changeons de décor et de situation.
Le fonds de scène qui montrait une rouge vue de Saint Peterbourg tombe pour laisser place à une vue de Venise et de ses canaux vert-de-gris dans cette dernière partie où va se jouer une autre histoire. Nous y retrouvons Vladimir Illich et Zinaïda qui, pendant que des images-souvenir de promenade en gondole d'une insouciance joyeuse sont projetées sur un voile étendue, vont danser une autre danse d'amour. Celle-ci sera plus noire et rouge. Sur la scène découpée en deux espaces disjoints, d'autres va-et-viens et d'autres séductions avortées se dessinent. 


Le récit d'un homme inconnu - Anton Tchekhov- Anatoli Vassiliev - TNS - Photo: Jean-Luois Fernandez

Et nous comprenons effectivement la remarque d'Anatoli Vassiliev qui dit dans le  livret du spectacle:
"Ce qui m'a frappé à la lecture de cette nouvelle, ce qui m'a le plus touché, c'est la fin. Tout va vers le nul, le néant. D'où vient cette immense fatigue, cette vieillesse du coeur prématurée qui fait que tout peut être anéanti, dans une indifférence générale?"

La grande force de cette mise en scène, et de la scénographie où les spectateurs sont en partie impliqués, est bien de nous emmener dans ce processus et de nous permettre de le vivre totalement avec les comédiens et la force de leur interprétation.


La Fleur du Dimanche


Jusqu'au 21 mars au TNS à Strasbourg

Tournée:

Bobigny du 27 mars au 8 avril 2018 à la MC93 - Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis dans le cadre de la programmation hors les murs du Théâtre de la Ville

Rennes du 13 au 21 avril 2018 au Théâtre National de Bretagne

Le récit d'un homme inconnu

Nouvelle de Anton Tchekhov
Version scénique Anatoli Vassiliev
Traduction de la version scénique Natalia Isaeva
Mise en scène, conception de la scénographie et des lumières Anatoli Vassiliev
Avec Valérie Dréville, Sava Lolov, Stanislas Nordey et Romane Rassendren

Collaboration artistique,interprétariat Natalia Isaeva
Assistanat à la mise en scène Hélène Bensoussan
Scénographie Philippe Lagrue
Lumières Philippe Berthomé
Costumes Vadim Andreev, Renato Bianchi
Accessoires, maquillage Vadim Andreev
Collaboration artistique: Mouvement et improvisation Jerzy Klesyk

Équipe du film
Réalisateur Anatoli Vassiliev
Chef opératrice Alexandra Kulak
Assistant chef opérateur Alessio Nardin
Avec Stanislas Nordey et Valérie Dréville

Valérie Dréville est actrice associée au TNS
Le décor et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS
Le tournage du film a été réalisé en collaboration avec la commune de Venise – Venice Film Commission 

Production Théâtre National de Strasbourg
Coproduction MC93 - Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Théâtre national de Bretagne - Rennes, Théâtre de la Ville – Paris

Création le 8 mars 2018 au Théâtre National de Strasbourg