vendredi 28 avril 2023

Derrière l'image - 20160428 - Purity - Secret

 Catalogue des oeuvres : Derrière l'Image - Oeuvre N° 2

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 Sources: 

Le Monde des Livres - 28 avril 2016 – Sans Titre – Sergio Aquindo - Frantzen lève le secret – Florence Noirville  - Purity - Jonanthan Frantzen - Le roman est une forme vivante qui doit s’adapter à la technologie - Corinne Lesnes


Oeuvre - Ardoise:

Face:


Dos :


Dos ouvert :


Texte Final


L’expérience de ce que signifie « être vivant »

Comment construit-on la proximité ? En partageant des secrets.

Ce n’est pas seulement du gouvernement dont nous devons nous méfier désormais, mais aussi des Apple, Google, Facebook, Microsoft, Amazon…

Lecteur, je me sens beaucoup plus proche de Proust ou d’Edith Wharton que de beaucoup de gens que je croise tous les jours.

La démocratie numérique est là.

Le gouvernement est l’ennemi.

Et ça, ce n’est déjà plus un secret.


Texte intermédiaire:


Doorstopper

Jadis, il suffisait d’écrire Le bruit et la fureur ou Le soleil se lève aussi. Mais à présent, la taille est essentielle. L’épaisseur, la longueur… (2)

Ce miroir qu’on promène le long du chemin. (Stendhal)

Je veux faire passer dans le langage l’expérience de ce que signifie « être vivant » J.F.

En gardant certaines choses pour toi. C’est le secret qui te permet de savoir que tu as un for intérieur. Un exhibitionniste est une personne qui a renoncé à son identité. Mais l’identité au milieu du vide est dénuée de sens. Tôt ou tard, l’intérieur de toi a besoin d’un témoin. Sinon tu n’es qu’une vache, un chat, une pierre. Pour avoir une identité, tu dois croire que d’autres identités existent. Tu as besoin de proximité avec d’autres. Et comment construit-on la proximité ? En partageant des secrets. (2)

Et ça, ce n’est déjà plus un secret. (1)

Purity est un livre sur l’idéalisme de jeunesse. Et la marque de l’idéalisme quand on est jeune, c’est l’obsession pour toute forme de pureté.

Ce n’est pas seulement du gouvernement dont nous devons nous méfier désormais, mais aussi des Apple, Google, Facebook, Microsoft, Amazon… (3)

 Ce qui m’attire, c’est de créer une réalité identifiable pour raconter une histoire captivante. (3)

Lecteur, je me sens beaucoup plus proche de Proust ou d’Edith Wharton que de beaucoup de gens que je croise tous les jours. (3)

Dans le roman du XIXème siècle, l’histoire repose souvent sur un élément d’information qui n’est pas connu. Que devient ce type de narration au XXIème siècle quand aucune information ne peut plus rester secrète ? (3)

La Silicon Valley nous a promis un monde meilleur. Les défenseurs des réseaux sociaux, comme la fraction libertarienne de la Silicon Valley, nous l’assènent : la démocratie numérique est là. On peut s’adresser directement au peuple. Plus besoin d’experts en politiques publiques. Ce qui se passe aux Etats-Unis est la conclusion logique d’une idéologie qui s’est développée non seulement à droite, mais aussi du côté de ce qu’on penserait être la gauche. L’idée que la démocratie directe via les réseaux sociaux et Internet est supérieure à la politique traditionnelle. Le gouvernement est l’ennemi. Quand on entend cette expression, on ne sait plus si on est en plein milieu de l’Alabama ou à Mountain View, Californie (siège de Google). Ces gens disent exactement la même chose. Le gouvernement est l’ennemi. Le résultat ? Donald Trump. (3)



1. Frantzen lève le secret – Florence Noirville - LMDL

2. Purity - Jonanthan Frantzen

3. Le roman est une forme vivante qui doit s’adapter à la technologie - Corinne Lesnes – LMDL - Entretien


Le catalogue complet des oeuvres "Derrière l'image" est disponible ici:

Catalogue des oeuvres "Derrière l'Image"


mardi 25 avril 2023

Pour Arsmondo Slave un concert A l'air libre: Linea libère les frontières et parle d'enfermement

 Le titre du concert de l'Ensemble Linea dans le cadre du Festival Arsmondo A l'air Libre fait référence à la pièce homonyme composée par Frédéric Durieux en résistance à l'enfermement de la musicienne biélorusse Maria Kalenikava actuellement emprisonnée pour s'être opposée au régime en place. Elle a été condamnée à onze ans de prison après avoir déchiré son passeport pour empêcher un exil forcé. On lui a décerné le prix des droits de l'homme Václav-Havel et elle a reçu de nombreux soutiens. Pour Frédéric Durieux, le soutien prend la forme d'une pièce dont la deuxième séquence est crée à l'occasion de ce concert par l'ensemble Linea qui apporte ainsi aussi son soutien.


Arsmondo Slave - Linea - Photo: lfdd


Le programme parcourt autant les pays que les siècles avec par exemple des pièces du compositeur polonais Adam Jarzebski mort en 1649 à Varsovie. Trois de ses pièces: Canzon prima, a quattro voci, Canzon quarta, a quattro voci et Canzon quinta, a quattro voci ponctuent le concert au début, au milieu et à la fin, dans des arrangements de Pawel Malinowski. Le style est plutôt baroque et les trois pièces sont jouées sur des instruments anciens, par exemple le hautbois d'amour (Heidi Braesch) ou la sacqueboute (Thierry Spiesser) ou encore le théorbe (Caroline Delume). La première pièce fait plutôt balade médiévale en deux mouvements , le second plus dansant. La deuxième Canzon prend des airs de musique de jardin et la dernière a une atmosphère plus sylvestre.

La deuxième pièce, Dusk (crépuscule) d'Elena Rikova, une compositrice russe en exil dont c'est la création voit Thomas Quinquenel au contrebasson et au basson dialoguer avec Thierry Spiesser au trombone via des sons lents et grave, trainants et étouffés qui donnent une curieuse ambiance sombre et mystérieuse.


Arsmondo Slave - Aleksandra Dzenisenia - Photo: lfdd


Viktor Voïtsik, le compositeur biélorusse, avec Aquarelle pour cymbalum propose une pièce plus mélodique où Aleksandra Dzenisenia montre toute sa maîtrise de la frappe et du pincement des cordes de cet instrument typique de la musique slave. Elle va avoir la possibilité de prouver qu'avec un cymbalum on peut jouer autant une Rhapsodie - la composition d'un autre musicien biélorusse Andrey Tsalko - où l'on se rend compte que sur ce petit instrument sur trois pieds qui sonne comme un grand, Aleksandra Dzenisenia arrive à remplir l'espace. Ou encore avec Variations sur une chanson populaire, de Valery Zhivalevsky nous avons une délicate suite de variations musicales d'un gracieux air populaire bélarusse. qui finit tout en douceur.


Arsmondo Slave - A l'air Libre - Keiko Murakami - Photo: lfdd


La pièce A l'air Libre de Frédéric Durieux, va elle permettre d'apprécier un autre talent, celui de Keiko Murakami à la flûte basse pour la première séquence puis à la flûte pour la deuxième. L'oeuvre est impressionnante, prenante. Toute en tension, elle mérite l'attention, jouant sur le souffle, les sons ténus et tenus, les sons discrets.  Keiko Murakami nous livre ici une superbe interprétation toute en finesse et en variations de mode de jeu - souffle battement, sons tenus, sifflements,...  Dans la deuxième séquence, plus énergique, elle pousse les aigus vers le haut, l'accompagnant d'un élan de tout son corps. Mais on sent une lassitude prendre le dessus, entrecoupée d'éclats stridents. La résistance ne doit pas faiblir... 


Arsmondo Slave - Frédéric Durieux - Keiko Murakami - Photo: lfdd


Et c'est ce que Frédéric Durieux nous confirme à la fin de cette composition dont on espère avec lui qu'elle ne durera pas trop longtemps et que la libération de la jeune musicienne de 41 ans y mettra fin bientôt.


Arsmondo Slave - Linea - Photo: lfdd


L'Adagio sostenato du jeune compositeur polonais Pawel Malinoski voit à nouveau les six musiciens jouer tous ensemble sous la direction de Jean-Phiippe Wurtz. La pièce se déroule tout en douceur, les sons s'étirent, le théorbe voit ses cordes pincées et frottées par l'archet, des frottements, des bruissements apparaissent, disparaissent, comme un paysage qui défile en toute quiétude. 


Arsmondo Slave - Linea - Photo: lfdd


Autre paysage, Po Jjezeru (par le lac) de la slovène Nina Senk qui arrive à nous installer un climat mystérieux avec quelques chuchotis à la flûte, une corde frottée au théorbe et quelques sons qui arrivent du trombone. Une série de sons minimalistes qui tout à coup soudain semblent vouloir prendre corps et se densifier mais qui d'évaporent.

La soirée à permis de découvrir des musique de pays que l'on a pas trop l'habitude d'entendre et qui pourtant gagneraient à être plus jouées, surtout avec la qualité d'interprétation que l'on a pu apprécier ce soir autant chez les solistes que pour les pièces d'ensemble où chaque chaque interprète a trouvé sa juste place, autant avec les instruments anciens que contemporains.


La Fleur du Dimanche


A l'Air Libre 

Ensemble Linea

Les Artistes

Flûtes Renaissance et modernes : Keiko Murakami
Hautbois moderne, baryton et hautbois d’amour : Heidi Braesch
Contrebasson, basson : Thomas Quinquenel
Trombone : Thierry Spiesser
Théorbe et guitare : Caroline Delume
Cymbalum, cimbalom : Aleksandra Dzenisenia
Direction : Jean-Philippe Wurtz

Programme

Adam Jarzębski – Canzon prima, a quattro voci (arr. Paweł Malinowski)
Elena Rykova – Dusk, création 2022
Viktor Voïtsik – Aquarelle
Adam Jarzębski – Canzon quarta, a quattro voci (arr. Paweł Malinowski)
Frédéric Durieux – À l’air libre
Paweł Malinowksi – Adagio sostenuto
Andrey Tsalko – Rhapsodie
Nina Šenk – Po jezeru
Valery Zhivalevsky – Variations sur une chanson populaire
Adam Jarzębski – Canzon quinta, a quattro voci (arr. Paweł Malinowski)



dimanche 23 avril 2023

Bonkassa, mais pas bon, Kafka. Le doute l'habite, tout comme Tal

 En ce jour anniversaire du mariage pour tous - dix ans - on se rend compte que les mentalités ont (un peu) changé. Mais il y a toujours le doute. D'ailleurs le doute est bénéfique et nécessaire. Mais c'est bien aussi d'arrêter de douter de temps en temps...

Et puis célébrons le printemps et la nature qui revit et fructifie :


La Fleur du dimanche 23 avril 2023 - Photo: lfdd


Je ne vais pas dire que j'ai les boules, ni que je n'aime pas les gens qui doutent, puisque pour Noël 2020 je vous offrais la chanson d'Anne Sylvestre qui nous avais quitté "J'aime les gens qui doutent" interprétée par Loulou, alors que je me battais contre les douteurs professionnels conséquence de l'agnotologie*.

Bon à propos du titre et de Kafka (dont on célèbrera sûrement les cent ans de sa mort l'année prochaine - je prends un peu d'avance) je fais référence à un article de Philippe Lançon dans le supplément Littérature de Libération intitulé "Sur les pas d’un admirable bon à rien, Franz Kafka" et qui commence comme cela: 

"On n’en finit pas avec Kafka, puisque lui-même n’en finit jamais avec rien. Sa manière de ne pas en finir, c’est d’écrire. Bon qu’à ça, comme dira Beckett, mais «ça», c’est justement ce qui lui rappelle sans cesse à quel point bon, il trouve qu’il ne l’est pas. Kafka est tout de même celui qui, présenté à un éditeur de Leipzig en 1912 par son ami Max Brod pour qu’il édite ses premiers textes, dit, rappelle son biographe Reiner Stach, «cette phrase que nul éditeur n’a jamais entendue ni n’entendra jamais de la bouche d’aucun auteur : Je vous serai toujours plus reconnaissant […] si vous me renvoyez mes manuscrits que si vous les publiez.»"

Fin du 1er TVA !


La Fleur du dimanche 23 avril 2023 - Photo: lfdd


Pour le deuxième, j'en réfère à Tal Madesta, qui, dans la Newslettter L de Libération dit:

L'amitié n'est pas rentable d'un point de vue économique. Elle ne produit rien d'autre qu'elle-même. Mais c'est aussi ce qui en fait sa beauté.

Fin du deuxième TVA !


La Fleur du dimanche 23 avril 2023 - Photo: lfdd


Bon je vais quand même expliciter un tout petit peu. Tal Madesta est un écrivain et journaliste qui, semble-t-il, il y a trois ans s'appelait Océan et un peu plus tôt - en 2018 - s'appelait Océannerosemarie. Iel était venu.e à Strasbourg au cinéma Star pour présenter un film - en fait une série de reportages où l'on assistait à son changement de sexe, de genre. Maintenant, sous le nom de Tal Madesta, il a écrit un livre La Fin des monstres. Récit d’une trajectoire trans qui rend compte de son parcours et il dit, dans un article dans le supplément L de Libération qu'il a beaucoup douté:

"Je ne me suis pas levé un matin en me disant «OK, on y va !». Je sentais que quelque chose bloquait dans ma vie, j’ai tenté autre chose. Le doute est indissociable de la transition. C’est un parcours de doute, mais qui s’apaise avec le temps. Les conséquences sont tellement lourdes (poids médical, regard des autres, perte d’un emploi, rejet familial…) que forcément, on se dit qu’on est en train de faire un truc horrible, on intériorise le discours de nos opposants.

 avril J’ai beaucoup hésité à décrire dans mon livre ces moments d’hésitation tant j’avais peur qu’ils se retournent contre nous. Nous sommes déjà tellement vus comme des individus instables ! Je pense au contraire qu’il est important d’arrêter cette uniformisation des discours («tout petit déjà, je me sentais autre…») qui est dommageable pour nous et pour la compréhension de nous-mêmes par les autres."

Comme il l'avoue à Cécile Daumas qui l'interroge:

"Tal Madesta a mis vingt-sept ans à accepter qu’il n’était pas une femme. Devenir un garçon ne faisait pas partie de son imaginaire tant la masculinité le renvoyait à ce père qui les brutalisait, sa mère et lui. «Petit, j’étais terriblement conscient d’être une fille», écrit-il intentionnellement au début de son récit."

Sur le rapport à la masculinité et à la féminité il dit:

Le féminin a toujours été très inféodé chez moi à la figure paternelle. J’ai grandi dans un milieu familial tellement violent que je n’avais pas le temps de me demander quel rapport j’entretenais avec la féminité ou la masculinité. Tous les jours, je me disais qu’on allait mourir. C’était une violence abominable. J’étais dans un mode de survie pur qui n’admet pas de questionnements existentiels.

Je pensais que la féminité était mon destin et ma prison. Ma mère est très féminine. L’apprentissage du féminin avec elle a été le socle de notre lien. Elle a voulu me donner les clés pour m’en sortir en tant que femme. J’ai appris tous ces codes, je les ai embrassés à 100 % comme la seule façon de m’en sortir, jusqu’au moment où j’ai eu l’impression d’étouffer

Je ne rêvais pas d’être un homme, parce que j’étais entouré d’hommes malfaisants et violents. C’est pour cela que j’ai mis tant de temps à comprendre que j’étais un homme. Je souhaitais un autre rapport à mon corps."


Et concernant la "transition", il témoigne:

"Quand les parents apprennent la transition de leur enfant, ils disent souvent : «Mon enfant est mort, j’ai perdu mon enfant». Ils coupent souvent les ponts pour la seule raison que cet enfant a une présentation sociale différente. Mais nous sommes pourtant les mêmes personnes : nous avons simplement une autre trajectoire de vie, différente de la projection parentale. Les parents voient une mort à l’endroit où nous ressentons un soulagement énorme. Le décalage est violent.

Le deuil, c’est aussi la perte de son autonomie corporelle. Durant un long moment, des années parfois, notre vie est inféodée aux décisions d’autres personnes qui ne nous connaissent pas : les juges, les médecins, les psychiatres."


Pour finir en chanson on va commencer par Antoine - Petite fille ne croit pas:



Continuer avec Higelin - Dans mon lit :



On rajoute Isabelle Adjani - Je ne peux plus dire je t'aime:



On revient à Nicole Croisille : Une femme avec toi.



Et l'on termine avec Pomme avec Pierre Lapointe: Tel un seul homme:




Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche


* si vous ne savez plus ce qu'est l'agnotologie, cliquez sur le lien de Noël 2020 




samedi 22 avril 2023

La saison slave d'Arsmondo est lancée: expositions, musique, conférences et le Jazz ukrainien de Fuz4tet

 La manifestation Arsmondo, coordonnée par l'Opéra National du Rhin, avec de nombreux partenaires, cette année autour des pays slaves a débuté avec une exposition au Patio de l'Université de Strasbourg autour des livres: Livres interdits. Livres impossibles. Livres évadésDes livres, publiés en langue russe mais interdits à l'époque par le pouvoir. A voir ! 

Puis, la grande fête de lancement du Festival à l'Espace Apollonia avec l'exposition de photographies A l'image et à la dissemblance avec une vingtaine de photographes qui ont déjà régulièrement collaboré et ont été montrés par cette association. Un concert de chansons slaves a déjà donné le ton de départ.


Arsmondo - Fuz4tet - Photo: Klara Beck


Le concert du quartet de jazz Fuz4tet, créé par Yuliia Vydovska, une chanteuse ukrainienne arrivée à Strasbourg en 2019 (elle ne parlait pas un mot de français) avec ses collègues du Conservatoire de Strasbourg, Lucas Habe,  Nello Dronne et Maxime Epp continue ce parcours. Leur style ce sont des chansons traditionnelles ukrainiennes interprétées dans un jazz contemporain. Yuliia introduit la première chanson Tchetche voda (L'eau coule) au violon puis chante cet air populaire bien rythmé. La chanson Yo na Yvana (le fête de l'eau) qui suit conte une traditions du pays où les jeunes filles tressent des couronnes de fleurs pour les confier à la rivière et l'homme qui récupère la couronne est promis à la belle. Yuliia Vydovska avec sa veste et son pantalon sombre, et ses lunettes rondes qui lui donnent un air de d'étudiante d'un collège britannique, passe du chant traditionnel à des vocalises jazz sans effort. Suit une pièce de Wayne Shorter Infant Eyes que le groupe joue en son hommage (il vient de mourir ce 2 mars 2023). Avec Ritchen'ka (petite rivière), nous partons sur un morceau plein d'énergie où Yuliia enchaine les airs slaves et des improvisations vocales originales. Te daryu (pardonne-moi) est une composition du pianiste Nello Dronne qui raconte comment on peut éconduire un amoureux sans lui dire brutalement non: 

"Va-t'en où tu veux, 
Ne pense plus à moi,
Souris sans douleur.
Je vais prendre ton aster
Comme un écho d'amour.
Pardonne-moi, pardonne-moi
Pardonne-moi d'avoir refusé."  

Pour Plyve katcha (Hommage), c'est Maxime Epp qui introduit le morceau à la batterie, suivi par Lucas Habe qui frotte son archet à la contrebasse tandis que le piano distille quelques notes, avant cette chanson grave et émouvante qui fut l'hymne de la place Maïdan.


Arsmondo - Fuz4tet - Photo: lfdd


Son Outro (Sommeil) verra deux versions, la première, plus traditionnelle, introduite au violon, douce et triste que tous les musiciens vont chanter avec Yuliia. Après, Oy u gayu pry Dounayu (Dans une clairière) nous conte le chant du rossignol et monte en énergie avec un refrain entêtant. L'air s'accélère au fur et à mesure pour se calmer à nouveau. La deuxième version de Son Outro est presque rock, Yuliia Vydovska tombant sa veste pour découvrir un bustier noir et le groupe libère son énergie. Et ce encore plus avec Oy garna ya garna (Je suis jolie) interprétée comme une salsa, où Yuliia se déhanche et le public est invité à danser et à reprendre le refrain pour faire monter la chaleur dans cette salle Ponnelle.


Arsmondo - Fuz4tet - Photo: lfdd


Un bis avec A gnaly hurale ovtse permet de compléter avec le dernier morceau de leur disque Potitchok qui vient de sortir en janvier 2023. On leur souhaite bon vent et encore de beaux voyages.

Pour partir avec eux sur les rives du Danube, je vous offre leur chanson Oy u gayu




Et au Festival Arsmondo une belle édition à venir


La Fleur du Dimanche 


Fuz4tet jouera le vendredi 28 avril à 20h00 à la Maison des œuvres à Sainte-Croix-aux-Mines 

Et le 17 mai à 19h30 au Sunset à Paris 

jeudi 20 avril 2023

La Mémoire et la Mer au PMC: Les hauts et les bas de la marée: révolution musicale et résistance à la guerre

 L'Orchestre Philharmonique de Strasbourg propose une soirée La Mémoire et la Mer lors de laquelle une oeuvre de Bruno Mantovani, Memoria, commande de l'OPS sera jouée en création mondiale avant deux pièces célèbres qui ont révolutionné la musique de l'époque.


Memoria - Bruno Mantovani - Photo: Grégory Massat


L'oeuvre est dédiée aux cordes de l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg dont Bruno Mantovani note la "chatoyance" et la "densité". L'effectif ne comporte que des cordes - 16 premiers violons, 16 seconds violons, 12 altos, 12 violoncelles et 8 contrebasses. C'est Charlotte Julliard, violon super solo qui va nous interpréter les variations micro-tonales que Bruno Mantovani dans une grande cadence insérée au milieu de la pièce dans la partition pour la soliste. Memoria est dédiée à quatre étudiants de l’Université française d’Arménie, tués en 2020 lors de la guerre du Haut-Karabagh, ainsi qu’ "à tous leur camarades tombés", et chante "un pays de mémoire dont l’histoire a été faite d’épreuves et de drames".  Elle se présente comme un seul grand mouvement avec un grand crescendo et un diminuendo. Le début, léger , léger, aux contrebasses résonnent comme des avions au loin ,un bombardement?, une tension qui monte et nous prend. Une agitation, une foule qui crie, s'agite avec les violons. Les mouvements des archets sont rapides, violents puis tout se calme. Un air qui commence dans les graves puis monte dans les aigus, essaie de s'élever, casse, claque, devient suraigu. Quelques tentatives puis un nouvel élan ascensionnel. Ca fuse dans tous les sens puis s'apaise. Une nouvelle attaque de coups redoublés et une fuite vers le lointain. A nouveau des coups qui claquent. Des cris suraigus d'oiseaux. Une voix seule qui s'élève sur un son tenu puis le silence. Ce ballotement incessant entre plaintes stridentes et agitation. Et puis l'impression que cela va se calmer.. Cela bruisse, sourd, claque .. et meurt...


Memoria - Bruno Mantovani - Aziz Shokhakimov -  Photo: Grégory Massat


Changement de plateau et d'effectif pour le Concerto pour piano N°3 en do majeur op. 27 de Sergueï Prokofiev. Au piano, le virtuose Alexei Volodin à la technique époustouflante: ses doigts courent sur le clavier, ses mains se superposent, elles passent à droite et à gauche sans prévenir et ses doigts véloces avalent les touches à toute vitesse. On dirait un acrobate du clavier. 


Concerto pour piano N° 3 -Sergueï Prokofiev - Alexei Volodin -  Photo: Grégory Massat


Il exécute avec brio ce concerto où il dialogue avec l'orchestre et les solistes. Pour le premier mouvement, ce sont deux clarinettes qui envoient l'air repris par l'orchestre puis le virtuose, qui gagne à la course. Le deuxième mouvement voit un duo de flûtes et de clarinettes également présenter le début des thèmes. Il y aura cinq variations, de quoi montrer l'étendue du talent du pianiste - et des solistes. Et pour le troisième mouvement, ce sont les bassons qui dialoguent avec les cordes.  


La Mémoire et la mer  - Aziz Shokhakimov -  Photo: Grégory Massat


La magnifique oeuvres de Prokofiev est magistralement interprétée par l'orchestre dirigée avec tout son engagement par Aziz Shokhakimov qui, comme à son habitude fait totalement cops avec la partition. Un torrent d'applaudissements pour le pianiste prodige lui font offrir deux bis virtuoses au public.


OPS - Prokofiev - Concerto pour piano N° 3 - Alexis Volidin - Photo: lfdd 


Après l'entracte, ce sera la célèbre composition de Claude Debussy, pièce postimpressionniste et presque symphonique. Dans le premier mouvement, De l'aube à midi sur la mer, ce sont les harpes qui émergent, puis un dialogue entre fleûtes et violons suivi d'un autre entre les vents et les cordes. Dans le deuxième Jeux de vagues,  un skerzo assez rapide voit le chef toujours très engagé. Et pour le troisième mouvement, Dialogue du vent et de la mer, après un dialogue des contrebasses avec les vents, il y aura un retour des deux harpes puis de la clarinette. Les éléments naturels sont présents dans toute cette belle composition qui nous submerge de bonheur.


OPS - Debussy - La Mer - Aziz Shokhakimov - Photo: lfdd


La Fleur du Dimanche


Le concert a été enregistré par France Musique et sera diffusé le lundi 29 mai 2023 à 20h00 

lundi 17 avril 2023

Comment les fleurs sèment au Curieux Festival: bal(l)ade botanique et mathématique au Vaisseau

 Les sciences, les arts, la musique, la chanson, le théâtre, les conférences, la danse, l'humour et les étoiles se retrouvent par des aspects divers dans un grand mélange brassé dans ce Curieux Festival dont je vous ai déjà parlé à l'occasion du concert commenté Botanica de Lovemusic.   

Aujourd'hui, c'est l'occasion de découvrir les fleurs et les mathématiques pour savoir si l'amour est mathématique et si les fleurs ont un coeur à travers une balade en chansons et en poésie algébrique dans le spectacle Comment les fleurs sèment.


Curieux Festival - Comment les fleurs sèment - Photo: lfdd



Emma Daumas, chanteuse talentueuse qui a tutoyé les stars dans la bien nommée Star Academy en 2002 et qui par la suite a produit quelques disques (7 albums et 16 singles) , dont Tu seras, disque d'or en 2004, a travaillé avec de nombreux musiciens, dont Maxime Leforestier. Elle s'est ressourcée au Brésil et vient de sortir d'une résidence de création dans les jardins de Wesserlin où elle a, avec Laurent Derobert, chercheur, mathématicien, musicien et poète des "Mathématiques existentielles", exploré le coeur des plantes et leurs sentiments.

Curieux Festival - Comment les fleurs sèment - Photo: lfdd


Dans un très équilibré dialogue entre chanson et guitare et mathématiques et poésie, sciences et harmonie, les deux protagonistes nous emmènent dans un parcours parsemé de chansons douces et nostalgiques, tendres et sentimentales et de réflexions scientifiques sur les théories de l'évolution de Darwin ou la prédestination à la chute, sans aucune sentimentalité de la pomme de Darwin. Les oiseaux chantent autour de nous et les arbres sont en train de fleurir pour être raccord dans le décor.  

Et l'on passe donc effectivement de Ti' naftoS'agapo, la chanson du film Boy on a Dolphin - Ombres sous la mer chantée originellement par Sophia Loren et qui interroge la nostalgie - une fleur peut-elle être nostalgique - "Est-ce qu'une fleur s'aime ou se sème?"  à une composition personnelle (une des plus récentes): Les jeunes filles en fleurs sur les sentiments adolescents:

Sentent le parfum
Quand s'ouvrent leurs cœurs
Au petit matin
Voyez les cueilleurs
Au bord des chemins
Piqués par l'odeur
Qui tendent la main
Jeune et jolie fille
Toi qui va sans peur
Hors de ta coquille
Fleur fatale
Si jeune et jolie
Marguerite ou jonquille
Gare aux arracheurs
De pétales.


Curieux Festival - Comment les fleurs sèment - Photo: lfdd



On découvre aussi en passant, racontées par Laurent Derobert, des bribes de théories de Darwin, la destinée d'Alexandre Grothendieck*, le plus grand mathématicien du XXe siècle, qui s'est isolé dans son jardin dans un lieu reculé des Pyrénées en Ariège pour ne plus parler qu'avec ses fleurs, de Jean-Henry Fabre, entomologiste et poète, plus connu en Russie et au Japon qu'en France ou Georges Charpac. 


Curieux Festival - Comment les fleurs sèment - Photo: lfdd



Tous ces grands scientifiques qui humblement se sont rapproché de la nature et ont considéré que l'homme a besoin de l'amour de la nature et que les fleurs, même si elles sont séductrices, permettent l'équilibre de l'écosystème et participent à la nourriture des humains. 


Curieux Festival - Comment les fleurs sèment - Photo: lfdd



Par exemple avec le clin d'oeil humoristique, la "Salade de fruits", chanson qui unit petits et grands avec son refrain. Tout comme l'abeille zumzum soulage la peine des petits enfants. 
La délicate voix d'Emma Daumas, tendre et enveloppante, passe d'une langue à l'autre avec brio, nous conte l'alliance de la Rose et du Résédas écrit par Aragon et mis en musique par Bernard Lavilliers et des chansons d'Amérique du Sud comme Cada ou Domingo a las doce.


Curieux Festival - Comment les fleurs sèment - Photo: lfdd



Et elle nous fait entonner un chant de fertilisation d'Amazonie Et Ilé bombo quand, après avoir chacun(e) pris une graine dans le bocal, nous l'avons planté pour le futur pour que dans deux cents ans, les visiteurs puissent réentendre l'épopée chantée de cet après-midi que les fleurs du futur pourront transmettre à nos successeurs dans ce jardin.


La Fleur du Dimanche

*  sur Alexandre Grothendieck voir mon billet du 17 janvier 2016 : Je suis nous - qui suis-je? Je ne suis pas... Grothendieck

vendredi 14 avril 2023

La 9ème de Beethoven pour les 60 ans du Traité de l'Elysée: Une soirée d'émotion et de partage

 Quelle belle et juste initiative de Rainer Wüstenhagen de l'Orchesterverein de Stuttgart et de Catherine Bolzinger du Choeur Philhamonique de Strasbourg d'avoir concrétisé ce projet commun de concert à Strasbourg et à Stuttgart pour célébrer les soixante ans de la signature du Traité de L'Elysée en 1963. Signé par Konrad Adenauer - à l'origine de l'idée - et le Général de Gaulle, il a marqué le début d'une collaboration active entre nos deux pays frères. Le concert se place aussi dans la lignée des 70 ans de la création du Parlement Européen par Robert Schuman et du jumelage entre Stuttgart et Strasbourg en 1962.  C'est dire que cet événement a beaucoup de parrains et de marraines qui veillent sur sa destinée. Et un public nombreux qui remplit l'église Saint Paul à Strasbourg pour assister à cet événement mémorable. Et magnifique.


Choeur du Philhamonique - OVStuttgart - Dona Nobis Pacem - Peteris Vasks - Photo: lfdd


Le concert commence avec le  Dona Nobis Pacem pour chœur mixte et cordes (1996) du compositeur letton Pēteris Vasks, dirigé avec brio par Catherine Bolzinger. Les cordes jouent une mélodie grave et lente puis se font plus aiguës, plaintives, alors que le choeur composé de plus de soixante choristes emplit de sa puissance tout l'église Saint Paul. Les chanteuses et les chanteurs sont placés au fond du choeur, derrière l'Orchesterverein de Stuttgart qui regroupe des musiciens amateurs (dans tous les sens du terme), et des professionnels qui leur prêtent main forte. 


Choeur du Philhamonique - OVStuttgart - Dona Nobis Pacem - Peteris Vasks - Photo: lfdd


La puissance monte encore, complétée par les cordes. Tout comme le ton monte en gamme. Et on arrive à une apothéose quand les violons crient leur dissonance. Et tout s'achève par la phrase, répétée Dona nobis Pacem. (Donnez nous la paix). Cette prière, réitérée par Pēteris Vasks lui-même dans le programme où il dédie ce chant en particulier aux Ukrainiens, disant "Je souhaite que le Dona Nobis Pacem retentisse avec chaleur et ferveur - plein d'espoir et de d'amour. La lumière l'emporte toujours sur les ténèbres." Le message est passé avec force.


Choeur du Philhamonique - OVStuttgart - 9ème Symphonie - Beethoven - Photo: lfdd


Nous arrivons à la pièce en majesté de Ludwig Van Beethoven, dont l'Ode à la Joie bien connue est devenu l'hymne européen. 

C'est le chef d'origine philippine basé à Stuttgart et qui est à la direction artistique de l'Orchesterverein depuis 2012, Alexander G. Adiarte qui prend en main la direction de l'orchestre et des choeurs pour ce monument de la musique symphonique.


Choeur du Philhamonique - OVStuttgart - 9ème Symphonie - Beethoven - Photo: lfdd


L'allegro ma non troppo, un poco maestroso démarre effectivement majestueusement, avec l'air léger des flûtes, qui s'y intercale. Le mouvement monte en ondoiements avec une puissance qu'insuffle le chef très expressif dans sa direction. Il fait corps avec la musique. Les cors, puis les hautbois reprennent l'air précédent.


Choeur du Philhamonique - OVStuttgart - 9ème Symphonie - Beethoven - Photo: lfdd


Le deuxième mouvement molto vivace démarre avec fracas par sa célèbre entrée et son rythme rapide et entraînant qui caracole et s'envole.

Puis l'adagio molto e cantabile - Andante moderato continue en douceur et langueur, comme un air dansé. Puis résonnent les trompettes, l'heure devient grave, et la suite est annoncée.


Choeur du Philhamonique - OVStuttgart - 9ème Symphonie - Beethoven - Photo: lfdd


Cette suite, le célèbre quatrième mouvement où interviennent les solistes et les choeurs avec l'Ode à la joie de Schiller.  D'abord les contrebasses dialoguent avec les trompettes et la timbale, puis ce sont les violoncelles et l'ensemble des vents qui annoncent les choeurs. L'air, émouvant émerge doucement, d'abord les contrebasses, puis les altos et les violoncelles s'étend à toutes les cordes, repris à l'unisson. Enfin la magnifique voix de baryton de Damien Gastl entonne l'air magnifique avec un "O Freude" puissant. Il emplit l'église et un frisson parcourt le public. Le choeur reprend la strophe, ainsi que les trois autres solistes, la soprano Andreea Soare, l'alto Belinda Kunz et le ténor Glen Cunningham. Toute la puissance du magnifique Choeur du Philharmonique éclate à la reprise de la strophe. Suit la célèbre marche Allegro assai vivace (alle marica) popularisé par Stanley Kubrick dans Orange Mécanique dans la version de Wendy Carlos, ici interprété avec fouge par le ténor Glen Cunningham:

Freude, schöner Götterfunken,
Tochter aus Elysium,
Wir betreten feuertrunken,
Himmlische, dein Heiligthum!
Deine Zauber binden wieder
Was die Mode streng geteilt;
Alle Menschen werden Brüder,
Wo dein sanfter Flügel weilt.

Joie, belle étincelle divine,
Fille de l'assemblée des dieux,
Nous pénétrons, ivres de feu,
Céleste, ton royaume !
Tes magies renouent
Ce que les coutumes avec rigueur divisent;
Tous les humains deviennent frères,
Là où ta douce aile s'étend.


Choeur du Philhamonique - OVStuttgart - 9ème Symphonie - Beethoven - Photo: lfdd


La suite des mouvements s'enchaînent dans un tourbillon entre l'orchestre, le choeur et les solistes, dont les très belles voix de la soprano Andreea Soare et de l'alto Belinda Kunz qui s'entrelacent en canon. Le chef Alexander G. Adiarte est complètement immergé dans la monumentale partition de Beethoven qu'il partage avec une fougue sans égale avec son orchestre, les chanteuses et les chanteurs. 


Choeur du Philhamonique - OVStuttgart - 9ème Symphonie - Beethoven - Photo: lfdd 


Partage qui touche au plus profond le public présent qui éclate en applaudissements à la note finale et ne lâche pas son enthousiasme au point que le chef reprend en bis une strophe de l'Ode à la Joie, invitant l'ensemble du public à se joindre aux musiciens, chanteurs et choristes pour un dernier élan partagé et émouvant. Ce que font toutes et tous en se levant pour communier dans cette paix désirée, cette joie, belle étincelle des dieux.


La Fleur du Dimanche  

jeudi 13 avril 2023

Print marque le Jazzlab#5 de son empreinte durable

 Pour la cinquième édition de Jazzlab, ce ne sont pas moins que Jazzdor, le Conservatoire de Strasbourg et l'Académie Supérieure de Musique de Strasbourg-Hear qui se sont mobilisés sous la coordination de Michael Alizon pour mettre en place sur une semaine des Master-classes, des concerts, et des rencontres dans différents lieux de Strasbourg: The People Bar, La Péniche Mécanique le Blue Note Café et la Cité de la Musique et de la Danse. Les premiers concerts du DJEMI ont eu lieu à la CMD et au Blue Note café pour le JazzLab voix et à La Péniche Mécanique pour le "répertoire". Le JazzLab batterie sous la direction de Luc Issenmann aura lieu au People Bar à la Krutenau le 14 avril à 20h30 mais la plupart des ateliers et concerts se passent au CMD. Les deux soirées AJC - Association Jazz Croisé ont eu lieu à la Cité de la Musique et de la Danse - Mamie Jotax + Haleïs le mardi 11 et Noé Clerc trio + Ishkero le mercredi 12.

La soirée du jeudi est l'occasion de faire un focus sur Sylvain Cathala avec un programme en deux parties. Pour commencer la restitution de la master class qu'il a encadrée avec les élèves du Djemi - Département Jazz et Musique Improvisée.

Un premier trio d'élèves: Piano, Saxophone et batterie interprète deux pièces, la première sur un rythme lent très marqué par la batterie que vient alléger un peu le jeu du pianiste puis la deuxième, plus cool avec un saxophone qui se lâche un peu.


JazzLab#5 - Master Class DJEMI - Sylvain Cathala - Photo: lfdd

JazzLab#5 - Master Class DJEMI - Sylvain Cathala - Photo: lfdd


Le deuxième groupe, un quintette d'élèves que vient renforcer Benjamin Moussay au piano semble un peu plus à l'aise dans son jeu. le contrebassiste fait de belles variations, tout comme la guitare électrique. Les trois saxophonistes se relaient dans des solos intéressants et le batteur se fait plaisir et dialogue bien avec ses complices, allant dans une belle accélération lors du deuxième morceau.


JazzLab#5 - Master Class DJEMI - Sylvain Cathala - Photo: lfdd

JazzLab#5 - Master Class DJEMI - Sylvain Cathala - Photo: lfdd


La deuxième partie de la soirée donne champ libre à la formation de Sylvain Cathala, Print qui célèbre déjà ses vint-cinq ans et se compose donc du saxophoniste fondateur, de son complice contrebassiste Jean-Philippe Morel, du saxophoniste alto Stéphane Payen et du batteur Fanck Vaillant. Benjamin Moussay, cette fois au piano et au piano modulaire, complète ce quartet originel. La première pièce se construit note à note en dialogue de saxophones et mène son chemin rejoint par la batterie et les autres comparses. Le piano met sa touche, laisse aller puis reprend. Pour le deuxième morceau, plus court, le rythme se fait décalé avec une très belle prestation du batteur Franck Vaillant. 


JazzLab#5 - Print - Photo: lfdd

JazzLab#5 - Print - Photo: lfdd

Suit une pièce qui laisse la bride au cou de Benjamin Moussay qui triture son piano modulaire en lui faisant faire des boucles qui s'envolent, s'arrêtent puis repartent. Les morceaux se succèdent, des compositions des musiciens ou quelques " Studies" pour tester comment le groupe joue ensemble. On peut dire qu'il joue vraiment bien. Les deux saxophonistes, Cathala au sax ténor et Stéphane Payen au jeu plus démonstratif et impliqué dialoguent, se complètent et se relayent à merveille. 


JazzLab#5 - Print - Photo: lfdd

JazzLab#5 - Print - Photo: lfdd


A la contrebasse, Jean-Philippe Morel sait poser sa ligne mélodique et discrètement tirer l'archet, marquer aussi le rythme sur la caisse de son instrument et en ce qui concerne Franck Vaillant, son jeu est limpide et mesuré, pile à sa place sans esbrouffe, une très belle rythmique, adaptée au jeu de ses partenaires, net et précis, ses coups tombant à pic sous ses baguettes, balais ou mailloches ou de sa pédale sur sa grosse caisse qu'il ne manque pas d'ajuster finement tout au long de ce concert.


JazzLab#5 - Print - Photo: lfdd


 Benjamin Moussay, lui nous surprend avec son piano modulaire dont il use comme synthétiseur - dont un drolatique duo avec la batterie - ou pour multiplier le son joué. Son doigté volubile et agile s'insère bien dans ce Print qui impressionne par l'inventivité de son jeu. Un vrai plaisir d'écoute et l'on remercie ce groupe et son leader généreux et inspiré. On en redemande.


La Fleur du Dimanche