lundi 24 décembre 2018

Mon faux sapin, plein d'anti-étoiles et de pleine lune

Profitons du jour de Noël pour nous pencher sur l'univers...

D'abord le tout petit, un bouton de fleur qui ressemble à un sapin:


Faux sapin vert- Photo: lfdd

Et puis le vrai "Grand Sapin " de Strasbourg avec la Lune en compagne:


Grand Sapin de Stasbourg - Photo: lfdd

Et pour finir un faux sapin rouge, fleur de cactus


Faux sapin rouge - Photo: lfdd


Et en guise de TVA et d'Extraits, quelques paroles du physicien Gabriel Chardin qui nous prépare une nouvelle révolution copernicienne.
Il est vrai qu'il a écrit un livre intitulé non sans humour: "L'insoutenable gravité de l'Univers" qui conte l'histoire des théories de la gravité, d'Aristote jusqu'à Einstein. Aristote qui classait les éléments en quatre catégories, du plus lourd au plus léger: la terre, l'eau, l'air et le feu... Puis les tâtonnements pour arriver de la Terre à la Lune, puis au Soleil pour aux galaxies et pour finir avec la relativité d'Einstein puis Planck, le Big Bang, et les trous noirs.
Dans un article d'Erwan Cario dans Libération du 20 décembre, intitulé "Un autre univers est possible", un entretien avec Gabriel Chardin, nous fait entrevoir un nouveau saut dans la conception de l'univers et du Big Bang qui, il y a 13.66 milliards d'années, aurait duré aurait duré, non pas quelques minutes, mais une trentaine d'année....


Extrait - Gabriel Chardin - Un autre univers est possible


Ce qui est étonnant, c'est que ailleurs, à propos d'un livre de Muriel Fabre-Magnan, "L'Institution de la liberté" à propos de cet essai sur la transforamtion du Droit aujourd'hui interroge les procès, entre autre sur un cas d'annulation de mariage pour cause de promesse de virginité non tenue (c'est véridique et documenté), elle écrit: "Le principe de dignité est une réponse au défi de la condition humaine. Il est nécessaire paarce que l'homme est tel qu'il est, c'est-à-dire imparfait: ni omniscient ni tout-puissant, mais néanmoins libre."

A méditer, de même que l'extrait suivant qui rejoint la relativité de Chardin et d'Einstein..


Extrait - Muriel Fabre-Magnan - L'Institution de la liberté


Bon je ne vais pas vous faire de démonstration, d'autant plus que tout n'est pas prêt, ni calculé, mais à priori,  selon cette option, ce modèle appelé Lambda-CDM (CDM c'est Cold Dark Matter, la matière Noire) dans l'univers, il y aurait 68% d'énergie noire, 27% de matière noire, et le reste le 5% restant, c'es ce que nous pouvons voir....
Alors regardez bien !

Car comme le disait Oscar Wilde, c'était dans une papillotte de Noël:
"La beauté est dans les yeux de celui qui regarde"


Et pour revenir à Noël, je vous mets la petite phrase de Giovanni Manfredi qui constate: "La science n'est pas une religion. Et il n'y a pas d'hérétiques. Mais il y a des écoles de pensée, ce qui fait que les gens sont un peu conservateurs, comme toujours. Pourquoi modifier quelque chose qui marche?
"L
Depuis le Big Bang, la matière s'est tassée dans un coin de l'Univers... qui pourtant est immense, déjà!
Et nous cherchons l'antimatière désespérément.
Mais nous savons déjà depuis Einstein, et c'et John Wheeler qui le dit, que "L'espace-temps indique à la matière comment bouger. La matière dit à l'espace comment se courber."
Eh oui, l'espace est courbe...
Est-ce que cela a une influence sur les bananes ? Qui sait ?
En tout cas pas sur les bananes bleues, mais peut-être sur la Planète bleue que chantait Nougaro en 1997:



Ou la "Chic Planète de l'Affaire Louis Trio:





Et si vous avez un peu peur, faites comme Fiona Apple dans son voyage à travers l'univers: Accros the Universe:




Et en attendant la réponse: Bonnes Fêtes de fin d'année...

La Fleur du Dimanche

dimanche 23 décembre 2018

Dodo disparu, qu'attendons-nous de Noël? La Rose? La Rose de Noël?

La vie est espoir, nous attendons......
Qu'attendons-nous ?
Et qui va nous aider ?
Attendons... et nous verrons ce que cela devient:


Rose de Noël ?  - Photo: lfdd

Et pour nous aider à attendre, à trouver, lisons...
Par exemple le Feuilleton de Claro dans le Monde des Livres, qui parle des Dodos, disparus... comme les critiques littéraires ? 
Et d'ignorance, de rosse, d'étique, du temps, de raconter, de gommettes, de pondre et de couver, de découvreur, d'inanité, de criée... 


Extrait - Feuilleton Claro

Mais heureusement qu'il y a le livre de Maurice Nadeau "Soixante ans de journalisme littéraire" dont le Tome 1 vient de paraître et où il écrit: "Toute oeuvre littéraire importante procède d'une mise en accusation de la littérature, de sa nature, de ses moyens, des conventions et procédés qu'elle utilise."


Extrait - Feuilleton Claro - Maurice Nadeau

Alors..... Vous avez trouvé ?
On verra demain alors....

En attendant, deux chansons pour vous faire patienter:

Etienne Daho (pas Dodo): Le premier jour (du reste de ma vie):




Et un air de Noël endiablé





Bon Dimanche


La Fleur du Dimanche

mardi 18 décembre 2018

Wooshing Machine à Pôle Sud: Réarmer la mémoire: El pueblo unido jamas sera vencido

Avec un titre comme "El pueblo unido jamas sera vencido" qui sonne comme un slogan venu du fond de notre mémoire, nous ne pouvions que nous attendre à voir agité un chiffon rouge. Mais la compagnie "Wooshing Machine" de Mauro Paccanella, avec Alessandro Brenardeschi nous ont surpris sur la scène de Pôle Sud en nous emmenant sur le chemin d'un trio intermittent, genre stroboscopie des souvenirs dans un noir et blanc très hiératique et saccadé.


Pôle Sud - Wooshing Machine - El pueblo unido jamas sera vencido

Dans des tableaux qui appellent à la danse "corporelle", le trio composé des deux compères concepteurs accompagnés de la flexible Lisa Gustone nous présente dans une sorte de soirée diapo animé les variations d'un trio qui interroge très justement cette relation à trois. Dans la vie, dans l'amitié, dans l'amour et dans la société. Comment se soutenir, s'aider, s'aimer, se rejeter, tomber, mourir et revivre à trois... C'est à dire ne pas être seul, ne pas être un couple, en tout cas ne pas le rester, fermé aux autres, à l'autre, dans un vif échange de rôles, de positions, d'attitudes où l'on ne peut rester seul et où ce trois est déjà une société en germe.



Pôle Sud - Wooshing Machine - El pueblo unido jamas sera vencido

Montrer comment dans ce "un, deux, trois", on compte (pour l'autre, les autres), on se prend la main, et on tombe seul, mais les deux autres sont là. Mais si les deux autres tombent, on est seul. Mais ils se relèvent et on fait la ronde, ou un défilé, en levant le poing. Puis dans un grand élan de générosité on embrasse le monde.
Mais, quelquefois, des souvenirs moins gais ressurgissent, violence, prise d'otage, combat, manifestations, soulèvements, rassemblements historiques - I ave a dream - qui basculent dans le rêve, le souvenir.


Pôle Sud - Wooshing Machine - El pueblo unido jamas sera vencido

La troupe tape dans des souvenirs personnels et les mélange dans des carambolages drôles, humoristiques, comme ce rêve de faire partie de la troupe de Pina Bausch, ou plutôt ne danse pas avec les autres parce qu'il est plus célèbre qu'elle parce que passé à la télé, ou cette scène - presque de comique de répétitions - de réactivation de jeux d'enfant "Je te tue, tu me tue" qui se s'achève par une crucifixion psychédélique sur un air de Jefferson Airplane et finit dans le disco. Ou encore cet extrait de danse sur la Rai 4 qui est remplacée par l'enterrement d'Enrico Berlinguer, avec des commentaires totalement décalés. Tout en bougeant magnifiquement les trois interprètes nous questionnent sur nos souvenirs, ce que nous pouvons avoir de commun, nos rêves partagés, nos espoirs et nos chutes également, au propre et au figuré. 


Pôle Sud - Wooshing Machine - El pueblo unido jamas sera vencido

Les rêves ici décrits ont-ils traversé les frontières, sont-ils encore vivaces, ces espoirs et ces luttes nous parlent-ils, ces chants de révolutions sont-ils encore entendus aujourd'hui ou ne sont-ce plus que des airs nostalgiques, comme un chiffon rouge qui s'agite au loin.
Et qui nous pousse à faire tabula rasa, table rase du passé pour réinventer autre chose, d'autres questionnements, d'autres rêves pour demain.
En tout cas, le trio nous aura au moins semé les germes de ces graines de rêve d'union et de victoire pour demain.





Et si vous vous souvenez de celà, vous avez gagné :



La Fleur du Dimanche

El pueblo unido jamás será vencido

A Pôle Sud le 18 décmbre 2018

Conception : Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella
Chorégraphie et mise en scène : Alessandro Bernardeschi en collaboration avec Mauro Paccagnella
Interprétation : Alessandro Bernardeschi, Lisa Gunstone et Mauro Paccagnella
Création lumières et régie : Simon Stenmans
Bande son : Eric Ronsse (en collaboration avec Alessandro Bernardeschi)
Conseil vidéo : Stéphane Broc
Costumes : Fabienne Damiean
Production déléguée : Théâtre Les Tanneurs
Attachée de diffusion : Wendy Toussaint
Un immense grazie à Caterina Sagna  pour ses précieux conseils.
Production : Wooshing Machine / Cie Mauro Paccagnella
Coproduction : Théâtre Les Tanneurs / Charleroi danse, Centre Chorégraphique de Wallonie-Bruxelles / POLE-SUD - CDCN, Strasbourg / CCN de Tours - Direction Thomas Lebrun / Central, Centre Culturel Régional du Centre (La Louvière)
Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Avec le soutien de la Commission Communautaire Française
Accueil studio : CCN de Tours - Direction Thomas Lebrun / La Raffinerie Charleroi danse / Grand Studio

Mauro Paccagnella / Cie Wooshing Machine est artiste associé au Théâtre Les Tanneurs et en résidence artistique à Central, Centre Culturel Régional du Centre (La Louvière), est en résidence administrative au Théâtre Les Tanneurs et est accompagné par Grand Studio, Bruxelles.

dimanche 16 décembre 2018

Hippeastrum, une étoile pour l'hiver blanc et bientôt Noël

Au secours! La Fleur, revient...

Pour ce dimanche de neige d'avant Noël, je vous offre une fleur et un poème pour revenir aux traditions de la Fleur du Dimanche...


Hippeastrum - Photo: lfdd

Beaucoup de questions et de "bruit et de fureur" ces dernières semaines, mais posons-nous et, même si l'extrait que je vous offre parle de "Terreur", partons avec le TVA dans la blancheur de la neige qui dépose son tapis blanc et son silence (comme celui des Dieux dans Thyeste vu au TNS...) sur la ville, la campagne et nous.
Un poème d'Albert Strickler dans son journal 2017 "Ivre de vertige" le 7 janvier..

La neige
Le don du vierge
puis celui des traces

Le vertige de la page blanche
avant l'empreinte des mots
- chaque pas d'ailleurs fait un bruit qui crisse
de branche d'étoile qu'on casse -

Le miroir du silence
embué par l'haleine
du marcheur qui avance
le coeur en heurtoir contre le ciel

Albert Strickler


Avant le texte de Jean-Clément Martin extrait de son livre "Les échos de la Terreur. Vérité d'un mensonge d'Etat", je vous offre une vue de neige en écho au poème d'Albert:


Pas dans la neige - Photo: lfdd



Extrait - Jean-Clément Martin - Les échos de la Terreur"


Et pour la chanson, deux découvertes sur l'amaryllis, 

D'abord Cécile Corbel avec "Sweet Amaryllis"




Et puis Jacques Douai, avec une chanson du temps de Louis XIII: "Tu crois ô beau soleil"

Tu crois, ô beau soleil, qu'à ton éclat rien n'est pareil,
En cet aimable temps que tu fais le printemps
Mais, quoi, tu pâlis auprès d'Amaryllis?

Ores que le ciel est gai durant ce gentil mois de mai!
Les roses vont fleurir, les lys s’épanouir. 
Mais que sont les lys aux yeux d'Amaryllis?

De ses nouvelles pleurs, l'aube va ranimer les fleurs
Mais que fait leur beauté à mon cœur attristé 
Quand des pleurs je lis aux yeux d'Amaryllis?






Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

mardi 11 décembre 2018

Thyeste au TNS: Secret de famille, Silence de mort, noir !

Thyeste de Sénèque mis en scène par Thomas Jolly et créé au Palais des Papes au Festival d'Avignon a fait parler de lui. Autant dire que c'était un peu l'événement du dernier Festival qui arrive au TNS qui a coproduit le spectacle après une halte à la Villette à Paris et une tournée en Belgique et dans de nombreux théâtres en France.
Thomas Jolly qui est artiste associé au TNS en a fait la mise en scène et joue le rôle d'Athrée, le frère de Thyeste par qui le malheur - la malédiction familiale - va se concrétiser, et se continuer.


Thieste -  Sénèque - Thomas Jolly - Photo: Jean-Louis Fernandez

L'histoire que nous conte Sénèque, dans une traduction limpide et claire de Florence Dupont est "irreprésentable" au théâtre nous dit Thomas Jolly. "C'est un attentat à l'humanité et au fonctionnement de l'humanité".
Cependant cette histoire innommable, écho de l'Histoire de Tantale, leur grand-père qui ouvre la pièce est mis en scène dans une justesse incroyable. Sans utiliser des moyens extraordinaires - bien sûr il y a cette tête et cette main énorme, mais il faut bien comprendre que les hommes, même les rois, ne sont que peu de choses - la pièce nous entraîne dans un rythme soutenu, porté et rythmé par la musique efficace en diable de Clément Mirguet qui soutient le récit et les lumières qui savent à la fois jouer des clairs-obscurs et des éclairs que des spots tournant - c'est vrai qu'Apollon joue un grand rôle dans cette histoire. La monstruosité des actes fait fuir les Dieux et plonge le plateau dans le noir.


Thieste -  Sénèque - Thomas Jolly - Photo: Jean-Louis Fernandez

Thomas Jolly nous conte ce récit de la métamorphose d'un homme en un être monstrueux, comme une "expérience poétique et empathique".

Cette monstruosité résonne totalement de nos jours et la réflexion de Thomas Jolly dans le livret du spectacle à propos de Thyeste et quand il cite Sénèque reste à méditer: 
"Les pires monstres sont ceux dissimulés, ceux qui s’ignorent. Atrée est, en quelque sorte banal, c’est pour ça qu’il est dangereux: il n’est pas repérable. Si l’on échappe à sa parole intime, on ne le "voit" pas. Le monstre contemporain n’est pas visible − comme Atrée en son temps. Le théâtre est peut-être fait pour cela : exhiber des monstres pour mieux nous les faire connaître. D’ailleurs "monstre" est lié à monstration, monstrare… le monstre est montré parmi les
hommes parce qu’il bouleverse l’ordre établi. C’est éminemment théâtral. 
....
Un homme seul, Atrée, entraîne toute l’humanité dans le chaos. Cette maladie humaine qui se nourrit d’ambition, de rage, d’égoïsme forcené, etc., Sénèque en parle dans De la colère: "Soyons donc entre nous plus tolérants : méchants, nous vivons parmi nos pareils. Une seule chose peut nous rendre la paix: c’est un traité d’indulgence mutuelle."


Thieste -  Sénèque - Thomas Jolly - Photo: Jean-Louis Fernandez

Et cet Atrée n'est pas pire que son frère, et c'est l'objectif de Thomas Jolly de nous le rendre familier, proche en endossant ce rôle. Et en nous contant une histoire issue de la mémoire des hommes dans une forme qui nous permet d'y adhérer totalement tout en nous laissant bouleversés à l'arrivée.




Si  vous n'avez pas encore vécu cette expérience cathartique, ni à Avignon, ni à Strasbourg, ni ailleurs, cherchez sur le site de La Piccola Familia où vous pourriez aller le voir.

Le Fleur du Dimanche


Thyeste
Texte Sénèque
Traduction Florence Dupont
Mise en scène Thomas Jolly

Avec
Damien Avice Thyeste
Éric Challier Tantale
Émeline Frémont Le Choeur
Thomas Jolly Atrée
Annie Mercier La Furie
Charline Porrone Le Courtisan
Lamya Regragui Le Messager
Et deux enfants

Collaboration artistique Alexandre Dain
Assistanat à la mise en scène et dramaturgie Samy Zerrouki
Scénographie Thomas Jolly, Christèle Lefèbvre
Musique Clément Mirguet
Lumière Philippe Berthomé, Antoine Travert
Costumes Sylvette Dequest
assistée de Magali Perrin-Toinin
Maquillage Élodie Mansuy
Vidéo Fanny Gauthier

Spectacle créé le 6 juillet 2018 au Festival d'Avignon. Le texte est publié aux éditions Actes Sud.
Costumes fabriqués par les ateliers du TNS et La Piccola Familia. Décor réalisé par Le Grand T, théâtre de Loire Atlantique et La Piccola Familia.
Production La Piccola Familia, Festival d’Avignon, Théâtre National de Strasbourg, Comédie de Saint-Etienne, Centre dramatique national

Coproduction ExtraPôle Provence-Alpes-Côte d'Azur, La Villette - Paris, Théâtre de Caen, La Criée Théâtre National de Marseille, Centre dramatique national de Normandie Rouen, Théâtre de l’Archipel Scène nationale de Perpignan, Le Grand T, théâtre de Loire Atlantique, Les Célestins Théâtre de Lyon, anthéa 
    


jeudi 6 décembre 2018

FURIA de Lia Rodrigues au Théâtre National de la Danse - Chaillot : La mort en procession

Dans le cadre du Festival d'Automne à Paris, FURIA de Lia Rodrigues est présenté du 30 novembre au 7 décembre au Théâtre National de Danse - Chaillot et du 12 au 15 décembre au Cent Quatre 

La mort en procession

La pièce commence dans le noir, peu à peu nous voyons un amas dans un coin de la scène, sont-ce des hardes, des vêtements, sont-ce des corps ? Un amoncellement… Sont-ils vivants, sont-ils morts ? La pièce va nous poser ces questions continuellement…
Et là, quelque chose se dresse, monte, est-ce un drapeau, est-ce une arme ? Un bras, puis deux s’y accrochent et, lentement un corps se hisse et essaie de se soulever… Le soulèvement, un autre mobile de la pièce….
Et peu à peu, lentement, très lentement, à nous faire croie que nous rêvons, des corps émergent, se relèvent,  en traînent d’autres, dans un sens et dans l’autre, cherchent une direction, un sens, autre orientation de la pièce.


Furia - Lia Rodrigues - Photo: Sammi Landweer

Et ainsi, sur une musique qui naît, ethnique et incessante, des chants et rythmes traditionnels de Kanaks de Nouvelle-Calédonie, envoûtants, enivrants, hypnotisants. La petite troupe se forme en procession, lente, hiératique, évolutive, traverse la scène au fond, vient vers nous, tourne vers la gauche, revient et retourne tout en changeant de position, de composition, de vêtements, imperceptiblement. Les individus se séparent et se retrouvent par petits groupes ou un seul se dresse, attire le regard, puis se fait oublier… 
Puis ils refont un tour, différent.
Et, de temps en temps, ils se laissent submerger par le rythme, dansent des danses ethniques ou presque comiques descendant du French Cancan.
Et puis la violence sourd, surgit, les affrontements  apparaissent, les armes exhibent la violence, les couteaux s’affutent, le corps souffre, la revanche s’affiche et la mort rôde, l’assassinat est dénoncé.


Furia - Lia Rodrigues - Photo: Sammi Landweer

Le spectacle tout en étant d’une très grande classe esthétique se construit à partir de presque rien,  des hardes, une magie de la transformation devant nos yeux, mais invisible quand même  et une lumière qui dramatise et des mouvements ,des gestes retenus denses magnifiques, des corps qui changent et se transforment et qui nous emmènent dans un grand voyage, une longue procession, un pèlerinage de révolte.
Lia Rodrigues, chorégraphe engagée, dans les favelas où personne n’ose aller parce que là, bouger c’est risquer de mourir, exporte ici cette pièce, cet hymne de révolte et cette demande de justice pour faire entendre la voix de ceux que l’on n’entend pas habituellement... 
Et cela crie très fort dans le silence. Ecoutez et regardez




La Fleur du Dimanche

FURIA
création : Lia Rodrigues 
assistante à la création : Amalia Lima 
dansé et créé en étroite collaboration par : Leonardo Nunes, Felipe Vian, Clara Cavalcanti, Carolina Repetto, Valentina Fittipaldi, Andrey Silva, Karoll Silva, Larissa Lima, Ricardo Xavier
dramaturgie : Silvia Soter 
collaboration artistique et images : Sammi Landweer 
création lumières : Nicolas Boudier 
remerciements : Zeca Assumpçao, Inês Assumpçao, Alexandre Seabra, Mendel.

mercredi 5 décembre 2018

Split de Lucy Guerin: Là où nous mène la division... La danse ensemble d'abord

Il faut remercier le Théâtre de la Ville de Paris de programmer Split de Lucy Guerin (du 4 au 8 décembre au Théâtre des Abbesses).

Ce petit bijou de la chorégraphe australienne, plus connue dans son pays, à New York où elle a débuté ou à Londres, ou même ailleurs dans le monde, arrive à Paris deux ans après son spectacle "Microclimat" (également aux Abbesses) et sa création pour le Ballet de l'Opéra de Lyon "Black Box").
Split exprime également sa sensibilité à l'écologie et au dérèglement climatique, mais c'est surtout une magnifique performance de danse magistralement interprétée par deux danseuses exceptionnelles: Mélanie Lane et Lilian Steiner, cette dernière ayant remporté le Helpmann Award pour sa performance dans Split, pièce elle aussi largement primée partout dans le monde. 


Split - Lucy Guerin - Théâtre de la Ville - Paris


Sur une musique entêtante, rythmée et propice à la transe, par la répétition d'un motif et de sa variation, les deux danseuses, l'une totalement nue, l'autre en robe bleue flottante vont, dans un très bel ensemble coordonné et synchrone imposer sur la scène leur présence et leur ronde sans fin. Dans une richesse de gestes, et une infinie variété d'enchainements, de leur corps tout entier ou dans le détail des gestes de bras, elles nous installent dans une transe hypnotique et nous emportent dans une ronde diabolique. Pour la danseuse nue, son corps nous montre plus la densité du geste, l'effort, le travail des muscles qui affleurent et se tendent, tandis que pour l'autre, en robe et en cheveux, elle est plus légère et plus flottante, même dans les gestes amples des bras qui contrastent, émergeant de la robe.


Split - Lucy Guerin - Théâtre de la Ville - Paris


Alors que la première partie voit ces deux danseuses faire ces gestes en symbiose et sans repos, la danse s'arrête, les danseuses circonscrivent et délimitent le plateau en le divisant en deux par un ruban blanc. 
Et la danse se fera individuelle, opposé, chacune cherchant l'espace qui lui a été pris et le remplissant de gestes, de tournés et d'élans.
Au bout d'un certain temps, plus court bien sûr proportionnellement à la diminution de l'espace, le même procédé de découpe du plateau va encore couper le bout de scène qui reste en deux. Sur ce huitième de plateau, les deux danseuses vont jouer un jeu de séduction-répulsion, d'amour et de violence, de combat et de réconciliation jusqu'à un nouveau découpage de scène avec un espace encore divisé en deux. Elle vont à nouveau essayer de sauvegarder cet espace rétréci et de de l'occuper au maximum. Ce procédé de division répété une dizaine de fois aboutit à un espace où les deux danseuses n'ont plus aucune place, elle sont forcées de monter l'une sur l'autre jusqu'à une mort rituelle.


Split - Lucy Guerin - Théâtre de la Ville - Paris

La parabole de l'augmentation exponentielles de la population terrestre est clairement annoncée ici, avec ses conséquences de montée de violence liées à la raréfaction de l'espace vital et il n'est pas nécessaire de mettre la foule sur le plateau pour le montrer. Le magnifique duo de danseuse fait passer le message en toute beauté.



La Fleur du Dimanche

SPLIT

Théâtre de la Ville / Théâtre des Abbesses
Jusqu'au 8 décembre 2018

CHORÉGRAPHIE Lucy Guerin 
COMPAGNIE Lucy Guerin Inc
COMPOSITION MUSICALE Scanner 
COSTUMES Harriet Oxley 
LUMIÈRES Paul Lim SON Robin Fox 
AVEC Melanie Lane & Lilian Steiner

mardi 4 décembre 2018

Danser Conjurer la peur à Pôle Sud: le texte et le prétexte et le Conseil des Neuf

Traduire l'image en mouvement, la décrypter par le texte sous-jacent ou qui la décrit, creuser et analyser le sens, les sens et les jouer, les déjouer puis les rejouer autrement, voila la proposition de Gaëlle Bourges avec le spectacle "Conjurer la peur" présenté à Pôle Sud ce 4 et 5 décembre 2018.

Elle nous dit: "A partir de la fresque "des effets du bon et du mauvais gouvernement", Conjurer la peur déploie une langue à danser: elle décrit les images absentes et ce faisant les produit, les prolonge, interfère, dévie, ou délire. Mais il s’agit aussi de nous relier à l’histoire des représentations en y plongeant physiquement, et de mesurer ce qu’il nous en reste. La fresque italienne peinte par Ambrogio Lorenzetti était un outil de propagande par la peinture, une proposition de programme politique: résister à la tyrannie, et réapprendre l’art de bien vivre ensemble. C’était à Sienne, en 1338. Hier pour ainsi dire."


Gaëlle Bourges - Conjurer la peur - Photo: Danièle Voisin

Mais après la réalisation de cette fresque de propagande civique peinte par Ambrogio Lorenzetti en 1338-39 et qui fait l'éloge d'une humanité sociale, une ville, Sienne, gouvernée non par un seigneur mais par une assemblée de neufs sages élus pour deux mois, revint la peste tragique, la mort de Lorenzetti et la faillite de la ville. 
De même, le travail chorégraphique de Gaëlle Bourges qui cherche à comprendre et partager cette quête de bonheur va se heurter à la violence et la terreur, à l'horreur.
Cependant, elle creuse les images, le sens, nous les fait lire à l'endroit à l'envers, la Guerre qu'on oublie et qui doit nous faire peur, que nous ne verrons pas de face, et la Paix où se niche le Bonheur, et la Danse. Et les femmes et les hommes réunis, heureux, des plus jeunes au plus vieux, des paysans au chevaliers, au mendiant et à la dame promise au mariage, et la Sécurité qui nous dit que:
"Tout homme peut marcher librement, sans peur,
chacun peut semer et labourer
aussi longtemps que cette commune
conservera cette dame (la Justice) comme souveraine
car aux méchants elle a retiré tout leur pouvoir."

Ainsi, au fur et à mesure, elle, avec ses huit danseurs vont tour à tour nous faire voyager dans le temps, dans les trois tableaux constituant ce chef-d'oeuvre et dans les histoires qu'ils nous révèlent avec les explications qu'elle nous prodigue et qui justifie l'obligation du bien vivre ensemble et du combat contre la domination (du seigneur ou d'un quelconque tyran. Pour arriver à la danse, qui symbolise le vivre ensemble, même si l'acte est vu avec une distance (auto)critique. Ici le "danser" n'est que spectacle, simulation.

Gaëlle Bourges - Conjurer la peur - Photo: Danièle Voisin

Et la chanson qui va dénouer la tension du récit, "Daydreamer" de Radiohead raconte avec la même désillusion cet enjeu:

Dreamers
They never learn
They never learn
Beyond, beyond the point
Of no return
Of no return
...

We are
Just happy to serve
Just happy to serve
You

Les rêveurs 
Ils n'apprennent jamais 
Ils n'apprennent jamais 
Au-delà du point 
De non retour 
De non retour 
...

Nous sommes 
Simplement heureux de 
Juste heureux de 

Vous servir 

Gaëlle Bourges - Conjurer la peur - Photo: Danièle Voisin


Mais il faut continuer à danser.... pour... conjurer la Peur.




.

La Fleur du Dimanche



GAËLLE BOURGES
Conjurer la peur

Pôle Sud le 4 et 5 décembre 2018 

Conception : Gaëlle Bourges
Récit : Gaëlle Bourges, avec des emprunts à Conjurer la peur, Sienne 1338 - Essai sur la force politique des images, Patrick Boucheron, Editions du Seuil, 2013 / Discours de la servitude volontaire, La Boétie, Editions Mille et une nuits, juillet 2016 / Qu’est-ce que le commandement ? Giorgio Agamben, Bibliothèque Rivages, avril 2013 / L’insurrection qui vient, comité invisible, La Fabrique éditions, septembre 2015 / Critique - Patrick Boucheron : l’histoire, l’écriture, Revue générale des publications françaises et étrangères, décembre 2015 ; article « L’histoire à chaud », de Gil Bartholeyns / Le derrière de l’histoire et Nos écrans se regardent, nos écrans s’aiment par Paul B. Preciado, articles dans Libération week-end, 13 janvier et 24 février 2017
Danse de et par : Matthias Bardoula, Gaëlle Bourges, Agnès Butet, Marianne Chargois, Camille Gerbeau, Guillaume Marie, phlaurian Pettier, Alice Roland et Marco Villari
Musique : Stéphane Monteiro alias XtroniK avec la complicité d’Erwan Keravec
Utilisation de l’oeuvre « Daydreaming » de Radiohead (album « A Moon Shaped Pool » - XLRecordings) © Warner/Chappell Music Ltd
Avec l’autorisation de : Warner Chappell Music France
Costumes : Marianne Chargois
Lumière : Abigail Fowler
Régie lumière, régie générale : Ludovic Rivière 
Régie son : Stéphane Monteiro
Production diffusion : Maëva Bergeron
Création les 21 et 22 mars 2017   

Complément bonus, la Fresque de la Paix: les effets du bon gouverement en mouvements


dimanche 2 décembre 2018

Avant, Après : Avant les feuilles, les branches, après les feuilles, les fruits, ou la littérature, la philosophie, la poésie,

C'est le premier dimanche de l'Avent, première bougie, rendez-vous rituel en feuilleton avant Noël, avant la fin de l'année...

Et ce rendez-vous, je vais commencer par la fin, en l’occurrence ce que j'ai vu ce matin (avec retard, bien sûr), un "Extrait" d'une interview de Jean-Yves Jouannais dans Libération du 24 et 25 novembre, alors que j'étais parti pour celui du 29 novembre (Souleymane Bachir Diagne) ou pour le Monde des Livres du 30 novembre: Vivian Gornick, Christine Gicheteau, Gérard Macé et d'autres...) à venir...

Donc, la fin, ma "pomme" que j'avais publiée comme mon "autoportrait", ma nouvelle identité sur Facebook en réaction au fonctionnement de ce réseau "associal":


Autoprortrait - Ma pomme - Photo: lfdd

Et donc voici le premier épisode du feuilleton de l'Avant-Après...


Extrait -  Interview Jean-Yves Jouannais par Frédérique Roussel - Libération

"Le Plagiat, le recyclage, l'écho fondent la littérature depuis Homère." 

Le deuxième extrait est de Vivian Gornick, femme écrivain (féministe ?) américaine enfin traduite en français donc voici l'extrait de son livre "La Femme à part" qui parle de ses déambulations dans Manhattan:

Extrait - Vivian Gornick - Le femme à part


A Suivre...

Et en attendant la suite, je vous offre un portrait-collage de l'auteur de cet extrait, à voir ici (prenez vingt minutes pour vous... et regardez)- suivez le lien :
https://www.centrepompidou.fr/id/cApMnK/rqpbyog/fr


Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche