dimanche 28 février 2016

Le corbeau croasse encore, et moi ?

Pour continuer sur la lancée de mon billet de dimanche dernier sur le corbeau, deux pistes se sont ouvertes cette semaine.
Mais tout d'abord, les fleurs de printemps qui profitent du soleil, mais luttent contre le froid:

Elles étaient sorties déjà le 14 février, courageuses et téméraires, même si elles n'ont pas eu à percer la neige :


Perce-neige - Photo : lfdd

D'abord, dès le lundi soir, un nouveau hasard étrange a ressuscité le corbeau. Vous n'allez pas le croire, mais à 19h00, lorsque je je sors dans la cour dans l'obscurité, au loin, j'entends une nuée de corbeaux sur un arbre, croassant de conserve, écho de mon billet de la veille? Et tout à coup, passant dans la nuit au-dessus de moi, un corbeau solitaire qui croasse et se pose sur le toit voisin en continuant son concert .... Que voulait-il me dire?

Le lendemain, allant dans une de mes librairies favorites, face à la caisse, je vois en couverture d'un livre.... un corbeau...
J'achète le livre "La douleur porte un costume de plumes" de Max Porter, dont voici un extrait - le livre donne la parole au père aux deux enfants et au corbeau: 
"CORBEAU
Très romantique, notre première fois. gros malpoli. Croche-piège. Deux chambres à l'étage, duplette, petite erreur effilée, faufile facile dans le mur direction grenier pour voir les deux petits cotonneux dormir sans bruit, ronron enivrant des enfants innocents, ouate, attaque, crac-tac-plac, toute la chambre étouffait sous le deuil, chaque surface Maman morte, chaque feutre, tracteur, manteau, botte, tout couvert d’une pellicule de douleur."

Trois jours après, un article dans Le Monde en parle ainsi:
"C’est un livre à l’image de son personnage principal : un corbeau. Un livre noir et drôle. Ebouriffé, insolent, clownesque, déroutant, poignant, comique, métaphorique, ouvrant ses ailes et sautillant dans toutes les directions. Un livre qui peut faire « kraaa » ou « kron kron kron », parce qu’il ne s’interdit aucune forme d’onomatopée ou d’effet poétique. Qu’il mélange les genres. Qu’il s’amuse même parfois à dérouler verticalement des sortes de calligrammes bizarres, légers et aériens comme des guirlandes de plumes. Bref, c’est un livre qui est là où on ne l’attend pas, comme un oiseau de malheur dont on ne comprend absolument pas comment il a pu rentrer dans la maison."

Le livre fait un parallèle avec Ted Hughes, qui a écrit un livre "Crow" - Le corbeau et dont la femme Sylvia Plath, s'est suicidée.
et dont voici un extrait:

"Qui possède ces petits pieds décharnés ? La mort.
Qui possède ce visage hérissé, comme brûlé ? La mort. 
Qui possède ces poumons qui fonctionnent encore ? La mort. 
Qui possède ce manteau de muscle utilitaire ? La mort. 
Qui possède ces tripes inqualifiables ? La mort. 
Qui possède ce cerveau douteux ? La mort. 
Tout ce sang malpropre ? La mort. 
Ces yeux si peu efficaces ? La mort. 
Cette méchante petite langue ? La mort. 
Cette insomnie intermittente ? La mort.

Donné, volé, ou réservé en attendant le jugement ?
Réservé.

Qui possède toute la terre pierreuse, pluvieuse ? La mort. 
Qui possède tout l’espace ? La mort.

Qui est plus fort que l’espoir ? La mort.
Qui est plus fort que la volonté ? La mort. 
Plus fort que l’amour ? La mort. 
Plus fort que la vie ? La mort.

Mais qui est plus fort que la mort ?
Moi, évidemment.

Admis, Corbeau."


Crocus - Photo: lfdd

D'autre parallèles peuvent être faits avec le livre de Edgar Allan Poe qui a aussi écrit "Le corbeau" illustré par entre autres Edouard Manet et qui commence curieusement aussi - ou plutôt l'inverse - ainsi:
«Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d’une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre. « C’est quelque visiteur, — murmurai-je, — qui frappe à la porte de ma chambre ; ce n’est que cela, et rien de plus.»


Edouard Manet - Le Corbeau

Revenons à nos fleurs pour finir avec les nivéoles de printemps et finissons en chanson.


Nivéoles - Photo: lfdd

D'abord la version de Léo Ferré qui chante d'Arthur Rimbaud "Les Corbeaux":




"Seigneur, quand froide est la prairie,
Quand, dans les hameaux abattus,
Les longs angélus se sont tus...
Sur la nature défleurie
Faites s'abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.

Armée étrange aux cris sévères,
Les vents froids attaquent vos nids !
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et sur les trous
Dispersez-vous, ralliez-vous !

Par milliers, sur les champs de France,
Où dorment des morts d'avant-hier,
Tournoyez, n'est-ce pas, l'hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
Ô notre funèbre oiseau noir !

Mais, saints du ciel en haut du chêne,
Mât perdu dans le soir charmé,
Laissez les fauvettes de mai
Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne,
Dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir,
La défaite sans avenir."
Arthur Rimbaud


Il y a aussi une chanson de Gilles Vigneault chanté ici par Pauline Julien en 1966: "Les Corbeaux"

Pauline Julien - Les corbeaux (de Vigneault)



Et une plus connue, celle de Claude Nougaro, "Je Crois

Je Crois
"Le corbeau croasse 
Et l'herbe croit 
Le crapaud coasse 
Et moi je crois
J'ai pas d'apôtre
J'ai pas de croix
Je crois en l'autre
Je crois en moi"





Et pour faire plaisir à un (très) fidèle lecteur, j'ai déniché une chanson de Julos Beaucarne: "Les Deux Corbeaux", mais elle n'est disponible qu'en ligne (ou sur son disque: "Bornes acoustiques")
http://redmp3.cc/4551452/julos-beaucarne-les-deux-corbeaux.html


Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

jeudi 25 février 2016

Erwin Motor, dévotion.... Volage ? Non, Possédée

Les Liaisons Dangereuses semblent inspirer les auteurs et metteurs en scène ces derniers temps.

En janvier, au TNS, nous avions eu droit à la version de Christine Letailleur avec Dominique Blanc, magnifiquement emportée.
Magali Mougel, elle travaille sur une version "modernisée" si l'on peut dire, depuis quelques temps déjà. En 2011, elle fut lauréate de l’Aide à la Création du Centre National du Théâtre pour l'écriture de la pièce "Erwin Motor, dévotion" dont une "lecture" fut donnée le 5 février 2013 au théâtre du Rond Point à Paris.
Et l'on peut la découvrir jusqu'au 28 février 2016 au TAPS Scala.


Erwin Motor - Magali Mougel - TAPS Scala

La scénographie -inventive - le décor - surprenant - de Fabienne Delude vont permettre de passer de l'usine Erwin Motor à l'appartement de Madame de Merteuil et au garage de Monsieur Volanges tout en fluidité. La vidéo de Laurence Barbier amène dans cet espace dès le début de la pièce un univers qui en enrichit la lecture.
Nous assistons donc à la lente descente de Cécile Volange - très belle et très forte interprétation de Violaine-Marine Helmbold - sous le joug à la fois de séduction de son contremaître Monsieur Talzberg - Philippe Cousin en joue toute la duplicité - et la menace et de l'exploitation de la patronne Madame Merteuil - dont Cécile Gheerbrant nous donne à voir toute la violence de domination doublée d'une conscience que son pouvoir, que ce soit celui de séduction que de pouvoir économique et en train de décliner. Mais ce malheur ne se cantonne pas dans cette "entreprise familiale de sous-traitance automobile. Elle va éclabousser la vie privée de Cécile et l'équilibre de son couple avec son mari Monsieur Volange - Fred Cacheux sidéré - et son garage et son amour, sa jalousie....

Le texte de Magali Mougel navigue entre Marivaux - mais plus dans la négociation patronale, un peu moins dans la séduction paternaliste - et le roman social engagé - on pense à 325.000 Francs de Roger Vaillant - sauf que "l'ennemi de classe" est un peu caricatural.  
Son côté incantatoire et les répétitions nous enferment, pareils aux personnages dans cette spirale de perdition et nous sommes un peu abasourdis et sonnés, sans trouver d'issue. 

Pour en voir un peu:





Et donc jusqu'au 28 février au TAPS Scala à Strasbourg. 



Bon Spectacle

La Fleur du Dimanche

Dieudonné Niangouna au TNS - Le Kung Fu : le conflit du cinéma et du théâtre

Dieudonné Niangouna était en résidence de création à Strasbourg.
Même si la pièce a été crée en juin 2014 aux Laboratoires d'Aubervilliers, le spectacle - véritable support de lien social - est adapté et pour ainsi dire recréé à chaque fois qu'il est rejoué dans un nouveau lieu.
Certains d'entre vous ont peut-être vu l'appel à proposition de rejouer une scène de leur film fétiche, qui avait été lancé à la rentrée par le TNS, le  cinéma Star et quelques autres partenaires.
Le résultat de cette production - en fait une sélection puisqu'il y a eu une vingtaine de films tournés - et totalement intégrée au spectacle de Dieudonné Niangouna "Le Kung Fu" qui passe au TNS jusqu'au 6 mars. 

Kung Fu - Dieudonné Niangouna - TNS

Le spectacle est à l'image de son comédien, metteur en scène, auteur,.... Généreux et volubile, drôle et entraînant, rythmé et alerte.
L’histoire - autobiographique - que Dieudonné a mis trois ans à écrire (elle est parue aux éditions "Les Solitaires Intempestifs) raconte, d'une manière plus ou moins romancée, la trajectoire et les péripéties d'un garçon de Brazzaville qui, passionné par le Kung Fu (au cinéma), voulait absolument l'apprendre au temple Shaolin en Chine. Mais pourra-t-il y aller?
  
Le spectacle va être l'intrication de trois aspects de sa vie:
La partie "Kung Fu" avec tout le côté rythme, souffle, mantras, mouvements et philosophie,apprentissage....
La partie "roman d'apprentissage" avec la trajectoire de ce jeune garçon et de son parcours à travers bien des métiers, et tout son amour du cinéma pour finir au théâtre.
Et le troisième, toutes les facettes de ce métier de "comédien", de l'aspect "cirque" à l'invention d'un style de jeu - le "Big! Boum! Bah:" dans un pays en guerre jusqu'à la création d'un festival international de théâtre - Mantsina - à Brazzaville.

Le plus drôle dans cette pièce est de voir que le rêve de cinéma et de Kung Fu, à priori quelque chose qui est plutôt de l'ordre du geste, du mouvement et de la distance va se révéler dans le langage, l'écriture et surtout la parole.
"De l'endroit d'où je viens ,quand tu veux vraiment arriver à quelque chose, les seules issues sont bien souvent l'exil ou la mort. Et ce que j'ai compris, c'est que ce ne sont ni l'exil, nila mort qui m’intéressent, mais l'esquive.Je suis arrivé au théâtre en faisant une "esquive"."
Ce que semble proposer Dieudonné, ce n'est pas de dire quelque chose mais plutôt de parler. Ce n'est pas le sens, apparemment qui prime, mais la parole, parole qui libère et aussi qui lie, qui construit le vivre ensemble.
Et c'est justement pour cela qu'il propose la réalisation des court-métrages:
"C'est important pour moi d'inviter des gens, dans chaque ville où je joue, à partager et prolonger cette idée de "citation", de transmission. A leur tour, ils vont s'emparer des films qui les ont marqués.
... C'est une manière de partager le temps de la représentation sur ce qui nous a "fondés", eux et moi. Nos rêves, nos rages, nos frustrations , nos désirs."
Et il leur laisse pleinement la parole, le temps du film... Il y a quelques bijoux d'humour ou d'hommages. Citons, pour la qualité de leur travail les élèves du Lycée Jean Sturm avec une magnifique scène du "Dictateur" de Chaplin, avec la caricature du discours d'Hitler. Egalement le travail du CEMEA avec trois films, Grease, Les tontons flingueurs et Hook...
Et la collaboration du réalisateur Wolfgang Korwin qui a mené ce travail de main de maître.

Kung Fu - Dieudonné Niangouna - TNS Strasbourg

Et ne croyez pas que le travail de partage s'arrête à la production du spectacle. Non, et pour vous permettre d'y participer pleinement, je vous propose un extrait du texte du spectacle que je vous conseille de réviser avant d'y aller:
"Ultime technique de saisie: tu coupe et tu décales. Lent et rapide. Doux et violent. Tus glisses t tu coupes. Langoureux et vite. La vitesse, la rapidité, la vitesse, la vitesse, t'as rien vu, la vitesse, et je matraque, plus vite, plus vite, plus vite. Je suis plus vite, plus rapide qu'une balle de kalachnikov. La vitesse, la rapidité, plus vite, plus vite, plus vite, plus vite, t'as rien vu, paf! J'ai frappé. La vitesse. Je reprends la phrase, j'accélère encore , plus vite que l'attaque de la vipère....."

Et vous allez voir que tout est affaire de rythme, de mouvement, de concentration et que derrière se cache - et se révèle une certaine conception du monde: le Kung Fu du comédien du Congo, époustouflant.

En voici le début:
  



Bon spectacle

La Fleur du Dimanche

dimanche 21 février 2016

Le Livre et la Rose sont des ondes fractales. Echo d'Eco et corbeau.

Dimanche dernier, avant le "crash" de mon billet, dans le texte initial, je vous l'avais promis, mais cette promesse s'était perdue dans l'hyper-espace... Après les ondes gravitationnelles, j'avais prévu de vous parler des ondes "littéraires" fractales.

Et de Joyce, Proust, et Eco... et je ne pensais pas vous remettre la roses qui s'est remise de sa tristesse.

La voilà:
Rose ressuscitée - Photo: lfdd
Un peu d'eau et la rose de la Saint Valentin de redresse et revit - un peu, ébouriffée....  

Les ondes sont étonnantes, invisibles et quelquefois mystérieuses:

Prenez le son, par exemple le croassement d'un corbeau. Cela peut être un son familier à la campagne, souvent en automne, quelquefois aussi en ville, où les corbeaux, en prédateur des déchets se retrouvent, heureux et nombreux.
Le corbeau, souvent vu comme oiseau de malheur était d'ailleurs pour les Celtes un oiseau sacré.
Alors, la rencontre, presque en tête-à-tête ce vendredi matin avait quelque chose de mystérieux.
Un - très grand - corbeau croassant sur l'herbe entre les rails du tram et ne s'enfuyant pas à mon approche, croassant de plus belle était-elle un signe?


Et cette rose, ressuscitée, elle aussi?


Rose ressuscitée - Photo: lfdd
Pour la rédaction de ce billet, dont le sujet "La littérature et les ondes fractales" (ce n'est pas un sujet triste, vous allez voir), je revenais vers le texte d'origine...

Et vous allez voir..

L'idée était d'analyser les textes de plus de 100 oeuvres littéraires de grands écrivains et d'analyser leur structure (vous souvenez-vous, l'autre billet qui parlait de la structure des "Best-sellers", le 24 janvier...).

Dans ce cas-ci - je vous met l'extrait de l'article juste ci-dessous - le résultat est étonnant :
"The academics put more than 100 works of world literature, by authors from Charles Dickens to Shakespeare, Alexandre Dumas, Thomas Mann, Umberto Eco and Samuel Beckett, through a detailed statistical analysis. Looking at sentence lengths and how they varied, they found that in an “overwhelming majority” of the studied texts, the correlations in variations of sentence length were governed by the dynamics of a cascade – meaning that their construction is a fractal: a mathematical object in which each fragment, when expanded, has a structure resembling the whole.

Les textes analysés ont une structure "fractale", ce qui signifie que qui leur structure - brisée - se reproduit à l'identique par changement d'échelle, elles se répètent, pour certaines à l'infini.
En ce qui concerne les oeuvres littéraires connues, celles qui vont le plus dans ce sens sont en particulier les oeuvres de Dos Pasos, Virginia Woolf, Marcel Proust et James Joyce.
James Joyce qui dit lui-même de son roman "Finnegans Wake":
"Joyce himself, reported to have said he wrote Finnegans Wake “to keep the critics busy for 300 years”, might have predicted this. In a letter about the novel, Work in Progess as he then knew it, he told Harriet Weaver: “I am really one of the greatest engineers, if not the greatest, in the world besides being a musicmaker, philosophist and heaps of other things. All the engines I know are wrong. Simplicity. I am making an engine with only one wheel. No spokes of course. The wheel is a perfect square. You see what I’m driving at, don’t you? I am awfully solemn about it, mind you, so you must not think it is a silly story about the mouse and the grapes. No, it’s a wheel, I tell the world. And it’s all square.

Je vous rajoute le schéma (visible donc lisible) de la structure de "Finnegans Wake" de James Joyce:



Et puis le schéma comparé de quatre romans en terme de longueur et de structure de phrase: "Guerre et Paix" de Tolstoï, "Les Vagues" de Virgina Woolf, "Les Ambassadeurs" de Henry James et "Finnegans Wake" de Joyce. 



Il est également un roman français intitulé "Arthamène ou le Grand Cyrus" de Madeleine et Georges de Scudéry qui semble donner du fil à retordre aux analystes.
Je vous invite à jeter un coup d'oeil - ou à le lire pour les plus courageux. Le texte est ici:
http://www.artamene.org/


Rose ressuscitée - Photo: lfdd

Avec ces travaux du dimanche, je vous laisse écouter la Chanson de la Rose (que je vous avais proposée le 28 septembre 2014 - allez-y il y a aussi une autre version, un peu plus "moderne"), interprétée par Françoise Hardy et que je vous remets en hommage à Umberto Eco qui est mort ce vendredi; Eco, écho et corbeau... je ne croa pas - mais vous allez rire, au moment même où je termine ce texte, une cohorte d'une vingtaine de corbeaux se met devant nos fenêtres à la chasse de pigeons - autres prédateurs urbains...

"Mon Amie la Rose"

On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l´a dit ce matin
A l´aurore je suis née
Baptisée de rosée
Je me suis épanouie
Heureuse et amoureuse
Aux rayons du soleil
Me suis fermée la nuit
Me suis réveillée vieille

Pourtant j´étais très belle

Oui j´étais la plus belle
Des fleurs de ton jardin

On est bien peu de chose

Et mon amie la rose
Me l´a dit ce matin
Vois le dieu qui m´a faite
Me fait courber la tête
Et je sens que je tombe
Et je sens que je tombe
Mon cœur est presque nu
J´ai le pied dans la tombe
Déjà je ne suis plus

Tu m´admirais hier

Et je serai poussière
Pour toujours demain.

On est bien peu de chose

Et mon amie la rose
Est morte ce matin
La lune cette nuit
A veillé mon amie
Moi en rêve j´ai vu
Eblouissante et nue
Son âme qui dansait
Bien au-delà des nues
Et qui me souriait

Crois celui qui peut croire

Moi, j´ai besoin d´espoir
Sinon je ne suis rien

Ou bien si peu de chose

C´est mon amie la rose
Qui l´a dit hier matin.






Et pour conclure avec Umberto Eco, je vous met un extrait du texte que Le Monde a publié en son hommage:

"Il se préoccupe de la définition de l’art, qu’il tente de formuler dès L’Oeuvre ouverte (Points, 1965), où il pose les jalons de sa théorie, en montrant, au travers d’une série d’articles qui portent notamment sur la littérature et la musique, que l’œuvre d’art est un message ambigu, ouvert à une infinité d’interprétations, dans la mesure où plusieurs signifiés cohabitent au sein d’un seul signifiant. Le texte n’est donc pas un objet fini, mais, au contraire, un objet « ouvert » que le lecteur ne peut se contenter de recevoir passivement et qui implique, de sa part, un travail d’invention et d’interprétation. L’idée-force d’Umberto Eco, reprise et développée dans Lector in Fabula (Grasset, 1985), est que le texte, parce qu’il ne dit pas tout, requiert la coopération du lecteur."


Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

dimanche 14 février 2016

L'espace noir et infini sonne grave: Pascal entend les ondes, enfin rassuré....

Au moment de publier définitivement le billet du jour, une manipulation malheureuse vous a privé(e) (ou libéré(e)), chère lectrice, cher lecteur du billet dominical de la Fleur du Dimanche. Le billet dont la conception et la réalisation s'étaient étalées de dimanche dernier jusqu'à ce midi s'est évaporé dans l'hyper-espace.
Pascal s'est fâché, le trou noir a tout englouti et la Fleur du Dimanche est devenue muette...

Mais place à la Fleur:
Le fleur du dimanche - Rrose - a vu un trou noir - Photo: lfdd

Il était question de Christophe Galfard, d'Albert Einstein, de Gérard Grisey, de Musica, de Musique Contemporaine, de découvertes scientifiques, de Léo Ferré, d'Ondes Gravitationnelles, de Roses, de Dada, de Max Ernst, de trous noirs, de Valentin - et de Valentine - de Yael Naim, de Victoires (de la Musique), de Lettre, de Radio, de Physique, de lumière,  d'astronomie, et d'Amour....
Il était prévu de parler de littérature fractale, mais cela a été reporté à dimanche prochain pour des raisons de cohérence de billet.
Je vais essayé de faire un peu d'archéologie et vous retracer quelques sujets disparus, dont les Victoires de la Musique qui ont eu lieu ce vendredi avec Yael Nain et Léo Ferré pour "La Lettre".

Je vous invite à revenir pour retrouver quelques sujet émergeant du passé.

Pour commencer, je vous offre quelques références autour de la thématique du jour, les Ondes Gravitationnelles...


Le fleur du dimanche - Rrose - a vu un trou noir - Photo: lfdd


Les Ondes Gravitationnelles

Tout était une histoire d'anniversaire. Comme DADA qui avait 100 ans, la Théorie d'Albert Einstein définissant les "Ondes Gravitationnelles avait 100 ans et le 11 janvier, des scientifiques ont fait voir (ou plutôt entendre ce phénomène)
Si vous voulez l'entendre, c'est là:





Et si vous voulez le voir, c'est ici:


Simulation d'une collision entre deux trous noirs par Code_Utah


Et vous avez l'interview de Christophe Galfard sur France Inter la semaine dernière ici:
http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=1127547

Voici ce qu'il en dit: "Pour vous donner une idée de l'énergie dégagée, en 10 ou 20 millisecondes, l'énergie dégagée par la collision correspond à 50 fois l'énergie dégagée par toutes les étoiles de l'univers en entier. Ca a été enregistré le 14 septembre dernier, mais si on était à côté de cet endroit, ça s'est passé il y a 1,3 milliards d'années"

Et une émission de France Culture pour en savoir plus encore:



Ondes G : les traces d'un orgasme cosmique par franceculture
Albert Einstein

Voici les calculs d'Albert Einstein expliquant les ondes Gravitationnelles:
La formule du quadrupôle obtenue par Albert Einstein en 1916 permet de relier l'amplitude de l'onde émise par un système physique à la variation de son moment quadrupolaire Q :
h = \frac{2 G}{c^4 r} \ddot{Q}(t-r/c)
Pour un système continu doté d'une densité volumique de masse \rho(x,y,z), celui-ci est14 Q_{ij}=\int\, \rho(3r_i r_j-\|\vec{r}\|^2\delta_{ij})\, d^3\bold{r} où les indices i,jcorrespondent aux coordonnées cartésiennes x,y,z et \delta_{ij} est le symbole de Kronecker.
La petitesse du facteur 2 G/c^4 \approx 1,65 \times 10^{-44} \rm \; m^{-1} \cdot kg^{-1} \cdot s^2 traduit la grande rigidité de l'espace-temps. Il faut la compenser par de grandes variations du moment quadrupôlaire pour produire des ondes gravitationnelles détectables.
Ceci a plusieurs conséquences importantes. Les systèmes dont la dynamique est à symétrie sphérique (sphère en expansion ou en contraction) ou à symétrie cylindrique (disque en rotation sur son axe) n'émettent pas d'ondes gravitationnelles puisque leur moment quadrupolaire reste constant.

Joseph Bey: 

Curieusement au niveau de l'actualité, les étoiles se retrouvent également sur les toiles des expositions. Vous avez par exemple à la galerie Jean-François Kaiser. Joseph Bey nous parle de l'homme et de l'espace infini (et des espaces "fripés" - sont-ils sujets aux ondes gravitationnelles?) et vous en avez un aperçu dans le billet consacré aux expositions de ce mercredi 10 février).


Gérard Grisey

A propos de trous noirs, nous vous avions déjà proposé lors du festival Musica et que je vous ai fait entendre le 9 octobre 2011.

Revoici donc l'oeuvre "Le noir de l'étoile" de Gérard Grisey qui nous fait entendre le son de deux pulsars, des corps célestes, sorte d'étoiles massives qui ont explosé mais ne sont pas devenus des trous noirs et qui émettent elles aussi des ondes - que vous allez entendre ici:



 

Le fleur du dimanche - Rrose - a vu un trou noir - Photo: lfdd


La Lettre - Léo Ferré:





La Lettre

Ton ombre est là, sur ma table,
Et je ne saurais te dire comment
Le soleil factice des lampes s'en arrange
Je sais que tu es là et que tu
Ne m'as jamais quitté, jamais
Je t'ai dans moi, au profond,
Dans le sang, et tu cours dans mes veines
Tu passes dans mon coeur et tu
Te purifies dans mes poumons
Je t'ai, je te bois, je te vis,
Je t'envulve et c'est bien
Je t'apporte ce soir mon enfant de longtemps,
Celui que je me suis fait, tout seul,
Qui me ressemble, qui te ressemble,
Qui sort de ton ventre,
De ton ventre qui est dans ma tête
Tu es la soeur, la fille, la compagne et
La poule de ce Dieu tout brûlant qui éclaire nos nuits
Depuis que nous faisons nos nuits
Je t'aime, je t'aime
Il me semble qu'on m'a tiré de toi
Et qu'on t'a sortie de moi
Quand tu parles je m'enchante
Quand je chante je te parle
Nous venons d'ailleurs, tous les deux.
Personne ne le sait.
Quand je mourrai tu ne pourras
Plus vivre que dans l'alarme
Tu n'auras plus un moment à toi
Tu seras mienne, par-delà
Le chemin qui nous séparera
Et je t'appellerai
Et tu viendras
Si tu mourais, tu m'appellerais
Je suis la vie pour toi, et la peine,
Et la joie, et la Mort
Je meurs dans toi, et nos morts
Rassemblées feront une nouvelle vie,
Unique, comme si deux étoiles se rencontraient,
Comme si elles devaient le faire de toute éternité,
Comme si elles se collaient pour jouir à jamais
Ce que tu fais, c'est bien, puisque tu m'aimes
Ce que je fais, c'est bien, puisque je t'aime
À ce jour, à cette heure, à toujours,
Mon Amour, mon Amour.


Bon Dimanche 

La Fleur du Dimanche

mercredi 10 février 2016

Quelques exposition entre Strasbourg, Paris et l'Allemagne

En ce début février, La Fleur du Dimanche vous donne rendez-vous pour quelques expositions, à Strasbourg et ailleurs.

Voici, en attendant un panorama un peu plus exhaustif, quelques pistes rapides pour prendre date. Surtout que l'actualité artistique vient de "collisionner" avec l'actualité scientifique...



Et c'est à la Galerie Jean-François Kaiser que cela se passe. 
L'exposition de Joseph Bey qui a débutée le 5 février s'est retrouvée en pleine actualité. 
Son travail d'une très grande épure interroge l'homme et sa place dans l'espace. Nous avons un aperçu de ses premières figures hiératiques et une vue de son parcours qui, après les "retables" interroge l'univers infini et son organisation spatiale. Avec un minimum de moyen, il nous fait toucher du doigt notre fragilité avec modestie. En même temps, il nous replace dans une compréhension scientifique de l'univers par le biais de ses "espaces fripés".
Et sa collaboration avec Robert Cahen avec une installation qui semble prophétique au vu de la révélation scientifique des "Ondes gravitationnelles" qui ont été annoncées cette semaine dans la presse vous encourage à visiter l'expositions... Bravo les artistes!

jusqu'au 27 février 2016.



Retable - Joseph Bey - Galerie Jean-François Kaiser - Photo: lfdd

Retable - détail - - Joseph Bey - Galerie Jean-François Kaiser - Photo: lfdd


Joseph Bey - Galerie Jean-François Kaiser - Photo: lfdd

Joseph Bey - Galerie Jean-François Kaiser - Photo: lfdd

Espaces - Joseph Bey - Galerie Jean-François Kaiser - Photo: lfdd

Espaces - détail - Joseph Bey - Galerie Jean-François Kaiser - Photo: lfdd

Espaces - détail - Joseph Bey - Galerie Jean-François Kaiser - Photo: lfdd


A la Galerie Bamberger, nous retrouvons avec plaisir de travail de Francois Bruetchy avec "Dessins Sens Dessus Dessous" qui nous emmène dans des ballades colorées et rythmées de traces sur le papier ou la toile et que nous suivons bien volontiers dans leur démarche sautillante

Exposition jusqu'au 2 mars 2016.


Jean-François Bruetchy - Galerie Chantal Bamberger



A la Chambre, l'expositions actuelle, "Perspectives XV", dans le cadre d'un programme d'accompagnement à la professionnalisation présente le travail de 5 photographes - Guillaume Chauvin - Thomas Kalinarczyk - Laurent Odelain - Oualid Ben Salem - Baptiste Schmitt - qui ont été suivi et encadrés pendant 8 mois et dont le travail aboutit à cette exposition: 
jusqu'au 28 février 2016.


La Galerie l'Estampe va présenter un hommage à Peter Klasen avec ses peintures à partir du 4 mars
jusqu'au 2 avril 2016.



  
Bertrand Gillig, propose une exposition à l'occasion de la Saint Valentin intitulée "Pas si Love" d'Ayline Olukman qui est maintenant installée à New-York. L’exposition aura pour thème "les paradis perdus", une idée de la luxuriance désuète, de nostalgie de l’été et d’une certaine innocence oubliée.
Exposition du 20 septembre au 18 octobre.

La Galerie Yves Iffrig montre les travaux de Pierre Savatier jusqu'au 5 mars 2016


Fredd Croizer à la Galerie Radial Art Contemporain nous présente à l'occasion du Week-End de la Saint Valentin le livre osé "Assez flirté, baisser culotte" ainsi que des dessins et des portraits et nus petits et grands accrochés aux murs.
Vernissage le 12 février à 18h30.
Exposition les 13 et 14 février 2016.


Le Petit Cabinet du Pont de Pierre, ancienne lieu d'aisance transformé en espace d'accueil pour l'Art, géré par l'Association Envie de Quartier.  propose actuellement - et c'est totalement d'actualité avec l’anniversaire de DADA - voir mon billet du l'installation de Laurent Kohler: "Fontaine, le retour" en hommage à Marcel Duchamp.
Depuis le 4 février 2016. Jour et nuit !


Du côté de Metz, au Centre Georges Pompidou, une nouvelle exposition de Tadeshi Kawamata a démarré le 6 février et 
jusqu'au 15 août 2016. Si vous y allez avant le 28 mars, vous aurez aussi un aperçu sur la relation de l'art et les "esprits avec "Cosa Mentale"

Au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, l'exposition de Valérie Favre , "La Première Nuit du Monde" est visible jusqu'au 27 mars 2016

Et au Musée Tomi Ungerer, vous avec "Fit To print", les "illustres" illustrateurs issus de la HEAR - Arts Déco de Strasbourg et qui ont eu les honneurs du New Yorker, comme Tomi en son tenps...
Et à Paris à Beaubourg, Centre Georges Pompidou, ne ratez pas l'exposition de Wilfredo Lam (jusqu'au 15 février, à découvrir) et surtout le travail d'Anselm Kieffer dans une très exhaustive rétrospective à voir jusqu'au 18 avril

De l'autre côté de la frontière, à Karlsruhe, bientôt Art Karlsruhe, du 18 au 21 février, 

Et à Baden-Baden, ne ratez pas l'exposition de Gerhard Richter au Musée Frieder Burda intitulée "Birkenau", et consacrée à son travail sur l'image du camp, à partir de photographies faites par les "Sonderkommandos juifs" et à partir desquelles il a travaillé sur la "représentation" de l’irreprésentable en 2014.

Je vous en parlerai bientôt...
  
Bonnes expositions

La Fleur du Dimanche 

Fleur du Dimanche.