dimanche 21 février 2016

Le Livre et la Rose sont des ondes fractales. Echo d'Eco et corbeau.

Dimanche dernier, avant le "crash" de mon billet, dans le texte initial, je vous l'avais promis, mais cette promesse s'était perdue dans l'hyper-espace... Après les ondes gravitationnelles, j'avais prévu de vous parler des ondes "littéraires" fractales.

Et de Joyce, Proust, et Eco... et je ne pensais pas vous remettre la roses qui s'est remise de sa tristesse.

La voilà:
Rose ressuscitée - Photo: lfdd
Un peu d'eau et la rose de la Saint Valentin de redresse et revit - un peu, ébouriffée....  

Les ondes sont étonnantes, invisibles et quelquefois mystérieuses:

Prenez le son, par exemple le croassement d'un corbeau. Cela peut être un son familier à la campagne, souvent en automne, quelquefois aussi en ville, où les corbeaux, en prédateur des déchets se retrouvent, heureux et nombreux.
Le corbeau, souvent vu comme oiseau de malheur était d'ailleurs pour les Celtes un oiseau sacré.
Alors, la rencontre, presque en tête-à-tête ce vendredi matin avait quelque chose de mystérieux.
Un - très grand - corbeau croassant sur l'herbe entre les rails du tram et ne s'enfuyant pas à mon approche, croassant de plus belle était-elle un signe?


Et cette rose, ressuscitée, elle aussi?


Rose ressuscitée - Photo: lfdd
Pour la rédaction de ce billet, dont le sujet "La littérature et les ondes fractales" (ce n'est pas un sujet triste, vous allez voir), je revenais vers le texte d'origine...

Et vous allez voir..

L'idée était d'analyser les textes de plus de 100 oeuvres littéraires de grands écrivains et d'analyser leur structure (vous souvenez-vous, l'autre billet qui parlait de la structure des "Best-sellers", le 24 janvier...).

Dans ce cas-ci - je vous met l'extrait de l'article juste ci-dessous - le résultat est étonnant :
"The academics put more than 100 works of world literature, by authors from Charles Dickens to Shakespeare, Alexandre Dumas, Thomas Mann, Umberto Eco and Samuel Beckett, through a detailed statistical analysis. Looking at sentence lengths and how they varied, they found that in an “overwhelming majority” of the studied texts, the correlations in variations of sentence length were governed by the dynamics of a cascade – meaning that their construction is a fractal: a mathematical object in which each fragment, when expanded, has a structure resembling the whole.

Les textes analysés ont une structure "fractale", ce qui signifie que qui leur structure - brisée - se reproduit à l'identique par changement d'échelle, elles se répètent, pour certaines à l'infini.
En ce qui concerne les oeuvres littéraires connues, celles qui vont le plus dans ce sens sont en particulier les oeuvres de Dos Pasos, Virginia Woolf, Marcel Proust et James Joyce.
James Joyce qui dit lui-même de son roman "Finnegans Wake":
"Joyce himself, reported to have said he wrote Finnegans Wake “to keep the critics busy for 300 years”, might have predicted this. In a letter about the novel, Work in Progess as he then knew it, he told Harriet Weaver: “I am really one of the greatest engineers, if not the greatest, in the world besides being a musicmaker, philosophist and heaps of other things. All the engines I know are wrong. Simplicity. I am making an engine with only one wheel. No spokes of course. The wheel is a perfect square. You see what I’m driving at, don’t you? I am awfully solemn about it, mind you, so you must not think it is a silly story about the mouse and the grapes. No, it’s a wheel, I tell the world. And it’s all square.

Je vous rajoute le schéma (visible donc lisible) de la structure de "Finnegans Wake" de James Joyce:



Et puis le schéma comparé de quatre romans en terme de longueur et de structure de phrase: "Guerre et Paix" de Tolstoï, "Les Vagues" de Virgina Woolf, "Les Ambassadeurs" de Henry James et "Finnegans Wake" de Joyce. 



Il est également un roman français intitulé "Arthamène ou le Grand Cyrus" de Madeleine et Georges de Scudéry qui semble donner du fil à retordre aux analystes.
Je vous invite à jeter un coup d'oeil - ou à le lire pour les plus courageux. Le texte est ici:
http://www.artamene.org/


Rose ressuscitée - Photo: lfdd

Avec ces travaux du dimanche, je vous laisse écouter la Chanson de la Rose (que je vous avais proposée le 28 septembre 2014 - allez-y il y a aussi une autre version, un peu plus "moderne"), interprétée par Françoise Hardy et que je vous remets en hommage à Umberto Eco qui est mort ce vendredi; Eco, écho et corbeau... je ne croa pas - mais vous allez rire, au moment même où je termine ce texte, une cohorte d'une vingtaine de corbeaux se met devant nos fenêtres à la chasse de pigeons - autres prédateurs urbains...

"Mon Amie la Rose"

On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l´a dit ce matin
A l´aurore je suis née
Baptisée de rosée
Je me suis épanouie
Heureuse et amoureuse
Aux rayons du soleil
Me suis fermée la nuit
Me suis réveillée vieille

Pourtant j´étais très belle

Oui j´étais la plus belle
Des fleurs de ton jardin

On est bien peu de chose

Et mon amie la rose
Me l´a dit ce matin
Vois le dieu qui m´a faite
Me fait courber la tête
Et je sens que je tombe
Et je sens que je tombe
Mon cœur est presque nu
J´ai le pied dans la tombe
Déjà je ne suis plus

Tu m´admirais hier

Et je serai poussière
Pour toujours demain.

On est bien peu de chose

Et mon amie la rose
Est morte ce matin
La lune cette nuit
A veillé mon amie
Moi en rêve j´ai vu
Eblouissante et nue
Son âme qui dansait
Bien au-delà des nues
Et qui me souriait

Crois celui qui peut croire

Moi, j´ai besoin d´espoir
Sinon je ne suis rien

Ou bien si peu de chose

C´est mon amie la rose
Qui l´a dit hier matin.






Et pour conclure avec Umberto Eco, je vous met un extrait du texte que Le Monde a publié en son hommage:

"Il se préoccupe de la définition de l’art, qu’il tente de formuler dès L’Oeuvre ouverte (Points, 1965), où il pose les jalons de sa théorie, en montrant, au travers d’une série d’articles qui portent notamment sur la littérature et la musique, que l’œuvre d’art est un message ambigu, ouvert à une infinité d’interprétations, dans la mesure où plusieurs signifiés cohabitent au sein d’un seul signifiant. Le texte n’est donc pas un objet fini, mais, au contraire, un objet « ouvert » que le lecteur ne peut se contenter de recevoir passivement et qui implique, de sa part, un travail d’invention et d’interprétation. L’idée-force d’Umberto Eco, reprise et développée dans Lector in Fabula (Grasset, 1985), est que le texte, parce qu’il ne dit pas tout, requiert la coopération du lecteur."


Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

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