vendredi 30 juin 2017

Les 17èmes Rencontres d'Eté de Musique (fin): Improvisations dans les règles

Dernière soirée des 17èmes Rencontres d'Eté de Musique de Chambre de Strasbourg, avec les deux animateurs de l'ensemble Accroche Note - Françoise Kubler et Armand Angster - et leur deux invités de classe: Claude Tchamitchian et Lê Quan Ninh

Le programme du jour est une alternance entre la musique contemporaine (de 1956 à 2015) et des improvisations ou des création des musiciens, qui vont présenter une riche palette de leurs talents.


Accroche Note - Armand Angster - Claude Tchamitchian - Françoise Kubler - Lê Quan Ninh - Photo: lfdd


Deux improvisations du quatuor encadrent le concert. Armand Angster à la clarinette, Claude Tchamitchian à la contrebasse, Lê Quan Ninh aux percussions et Françoise Kubler en diva rockeuse qui maîtrise totalement les improvisation voix, cris, sons, onomatopées et soupirs et qui trouve toute sa place au milieu des autres musiciens  nous emmènent en ballade entre le contemporain et le free jazz.


Accroche Note - 17èmes Rencontres d'Eté - Armand Angster - Photo: lfdd


Le Jazz est d'ailleurs l'inspiration d'Ivan Fedele qui rend hommage à Miles Davis avec la pièce High (In Memorian Miles David). La pièce était d'ailleurs écrite pour la trompette au départ (en 1996) et Fedele en a fait une version pour clarinette basse en collaboration avec Armand Angster en 2015. Et même si l'on n'entend pas la trompette en sourdine, nous entendons l'âme de Miles Davis revivre.


Accroche Note - 17èmes Rencontres d'Eté - Claude Tchamitchian - Françoise Kubler - Photo: lfdd


Pour Fontana mix de John Cage, l'ensemble se cale sur des enregistrements qui ponctuent et rythment la pièce et laissent libre cours une fois encore à une richesse de langues, d'expressions et de sentiments que la voix de la Diva incarne, entourée de son trio complice.

Suivent deux pièces des musiciens. D'une part une composition de Claude Tchamitchian pour la contrebasse: Another Childhood, où un air léger et aérien devient rythme, respiration de plus en grave pour repartir dans la légèreté. 

Puis une composition d'Armand Angster, Suite pour Clarinette basse et Contrebasse avec des airs de jazz léger et plaisant. 

Accroche Note - 17èmes Rencontres d'Eté - Claude Tchamitchian - Françoise Kubler - Photo: lfdd


Avec Sequenza III pour voix de Luciano Berio, nous avons encore la démonstration de toute la variété et la maîtrise des émotions dont Françoise Kubler nous gratifie dans cet hommage de Berio au clown Grock, personnage à la fois drôle et pathétique.




Accroche Note - 17èmes Rencontres d'Eté - Lê Quan Ninh - Photo: lfdd


La deuxième pièce de John Cage C composed improvisations for snare drum est une "improvisation composée" où l'interprète - Lê Quan Ninh - va tirer au sort les règles qu'il devra appliquer pour composer - et s'efforcer d'interpréter,  parce que c'est un challenge de tenir le pari de la composition aléatoire - la pièce en huit minutes chrono. Une nouvelle pièce à chaque concert.



Accroche Note - Partition de John Cage - C composed improvisation for sanre Drum - Lê Quan Ninh - Photo: lfdd

En définitive, le parti pris de l'ensemble Accroche Note de décaler les limites et de mélanger les genres de cette série de trois concerts d'été est un bon choix qui ouvre à la fois les oreilles et les esprits. 
On en redemande !


La Fleur du Dimanche

Ivan Fedele High (2005) pour clarinette
John Cage Fontana mix (1958) pour voix, clarinette, contrebasse et percussions 
Claude Tchamitchian Another Childhood pour contrebasse 
Armand Angster, Suite pour Clarinette basse et Contrebasse
Luciano Berio Sequenza III (1965) pour voix
John Cage C composed improvisations for snare drum (1990) pour caisse claire seule

Improvisations
Françoise Kubler, soprano / Armand Angster, clarinette / Claude Tchamitchian, contrebasse / Lê Quan Ninh, percussions



mercredi 28 juin 2017

Les 17èmes Rencontres d'Eté de Musique (suite): Entre romantisme, cabaret et contemporain...

Deuxième soirée des 17èmes Rencontres d'Eté de Musique de Chambre de Strasbourg, avec les piliers de ces rencontres: Françoise Kubler, Armand Angster, Christophe Beau, Wilhem Latchoumia et Emmanuel Séjourné. 
Le programme est toujours un savant dosage de la musique de fin XIXème, début XXème siècle et de compositeurs contemporains, dont une création d'Ivan Fedele.

Pour commencer, la Sonate opus 120 n°1 (1894) pour clarinette et piano de Johannes Brahms interprétée en totale complicité par Wilhem Latchoumia au piano et Armand Angster à la clarinette: Un pur moment de plaisir où les deux interprètes dialoguent à merveille pour une pièce tendre et romantique qui inclut des moments de danse enjouée et paysanne. 

Accroche Note - 17èmes Rencontres d'Eté - Armand Angster - Wilhem Latchoumia - Photo: lfdd

Autre duo complice - une complicité de cabaret - habitée et totalement incarnée par Françoise Kubler qui nous interprète les "chansons d'amour" de Cabaret songs d'Arnold Schoenberg en Allemand, drivée au piano par la touche féline de Wilhem Latchoumia (une des chansons parle d'ailleurs du "chat noir de mon amie" et de "sa fourrure crépitante"):

Meine Freundin hat eine schwarze Katze 
Mit weichem knisterndem Sammetfell,
Und ich, ich hab' eine blitzblanke Glatze,
Blitzblank und glatt und silberhell.

Meine Freundin gehört zu den üppigen Frauen,
Sie liegt auf dem Divan das ganze Jahr,
Beschäftigt das Fell ihrer Katze zu krauen,
Mein Gott ihr behagt halt das sammtweiche Haar. 

Und komm' ich am Abend die Freundin besuchen,
So liegt die Mieze im Schoße bei ihr,
Und nascht mit ihr von dem Honigkuchen
Und schauert, wenn ich leise ihr Haar berühr.

Und will ich mal zärtlich tun mit dem Schatze,
Und daß sie mir auch einmal "Eitschi" macht,
Dann stülp' ich die Katze auf meine Glatze,
Dann streichelt die Freundin die Katze und lacht.

Une belle énergie et une belle expressivité...

Accroche Note - 17èmes Rencontres d'Eté - Wilhem Latchoumia - Françoise Kubler - Photo: lfdd


Changement de registre pour le  Trio Rombach (1998) pour clarinette, violoncelle et piano de Pascal Dusapin.
Toujours le plein d'énergie, toujours Latchoumia et Angster auquels se joint Christophe Beau au violoncelle. La pièce alterne des passages énergiques, eux aussi, avec des échappées et des trilles, des glissades de sons en rebondissements et envolées alternant avec des passages plus calmes, pontués de silences, pour finir sur une douce note tenue et apaisée. Du beau Dusapin...

Accroche Note - 17èmes Rencontres d'Eté - Armand Angster - Wilhem Latchoumia - Christophe Beau - Photo: lfdd


Et pour clore la soirée, la création de la pièce d'Ivan Fedele, Hara Haiku écrite en 2016 et qui se compose de 19 haikus de printemps (une suite est prévue pour les autres saisons). Les différents haikus alternent un duo voix - Françoise Kubler qui chante en Japonais (avec quelquefois la traduction française du poème à venir) et percusion - avec Emmanuel Séjourné - et les haikus plus "mélodiques" avec l'ensemble voix, clarinette basse, violoncelle et percussions. Les pièces sont concises et expressives, la voix de Françoise Kubler toujours convaincante, avec sa petite pointe d'humour et les petits bijoux de haikus nous font voyager du lac à la plage, des fleurs de pruniers aux magnolias.

"Une grenouille a plongé dans le petit lac
On écoute le son"
...
"La dent de Lion sur la plage
le pissenlit s'ouvre."
...
"Les gens âgés ressentent la durée de la journée
et se lamentent"

Accroche Note - 17èmes Rencontres d'Eté  - Strasbourg - Emmanuel Séjourné - Photo: lfdd


Les spectateurs, eux, n'ont pas vu passer la soirée et en redemenderaient....

Rendez-vous demain !  


Programme de la soirée: Mercredi 28 Juin
Johannes Brahms Sonate opus 120 n°1 (1894) pour clarinette et piano
Arnold Schoenberg Cabaret songs (1900) pour voix et piano
Pascal Dusapin Trio Rombach (1998) pour clarinette, violoncelle et piano
Ivan Fedele Haru Haiku (2016) pour soprano, clarinette basse, violoncelle et percussion – création

Françoise Kubler, soprano / Armand Angster, clarinette / Christophe Beau, violoncelle / Wilhem Latchoumia, piano / Emmanuel Séjourné, percussion


Jeudi 29 Juin

Ivan Fedele High (2005) pour clarinette
John Cage Fontana mix (1958) pour voix, clarinette, contrebasse et percussions
Claude Tchamitchian Another Childhood pour contrebasse
Luciano Berio Sequenza III (1965) pour voix
John Cage C composed improvisations for snare drum (1990) pour caisse claire seule

Improvisations

Françoise Kubler, soprano / Armand Angster, clarinette / Claude Tchamitchian, contrebasse / Lê Quan Ninh, percussions


La Fleur du Dimanche

mardi 27 juin 2017

Les 17èmes Rencontres d'Eté de Musique de Chambre de Strasbourg: Enjouées et raffraichissantes pour commencer...

Comme chaque année à la fin du mois de juin, l'ensemble Accroche Note animé par Françoise Kubler et Armand Angster propose trois soirées dédiées à la Musique de Chambre dans l'église du Bouclier à la Petite France à Strasbourg.

Trois soirées qui sont l'occasion de parcourir le répertoire et de faire se rencontrer des pièces qui ne se côtoient guère.


Accroche Note - 17èmes Rencontres d'Eté  - Strasbourg - Photo: lfdd


Pour la première soirée, ils nous ont carrément transportés au long de cinq siècles de musique avec quatre pièces qui se répondaient avec humour et entrain. Des pièces plus connues et quelques-unes bien rares.

 Pour commencer, le Quatuor en do majeur K 171 (1777) pour flûte et trio à cordes de Mozart bien enjoué où la flute de Christel Rayneau nous a enmenés sur un rythme bien entrainant.


Accroche Note - 17èmes Rencontres d'Eté  - Strasbourg - Photo: lfdd


Les Scènes villageoises (1924) pour voix et piano de Béla Bartók chantée en hongrois par Françoise Kubler accompagnée au piano par Cécile Steffanus ont montré que Francoise Kubler avait plus d'une corde linguistique à son arc (ce dont nous étions déjà convaincus). Les mélodies traditionnelles des paysans collectées par Bartock et réécrits par Bartock donnent à ces scènes villageoises un caractère très moderne et l'énergie des cinq airs continue à énergiser la soirée.


Accroche Note - 17èmes Rencontres d'Eté  - Strasbourg - Photo: lfdd


Les Songs of Innocence and Experience (2004) pour soprano, clarinette et accordéon de Victoria Poleva, sur des poèmes de Willian Blake sont la seule pièce contemporaine de la soirée. Mais elle est totalement dans la tonalité du programme avec une énergie et une fraicheur que lui donne le trio accordéon, Marie-Andrée Joerger, Clarinette, Armand Angster et voix, Françoise Kubler, qui joue aussi du xylophone jouet et qui se termine dan un éclat de rire.


Accroche Note - 17èmes Rencontres d'Eté  - Strasbourg - Photo: lfdd


Le rire est aussi ce qui pourrait caractériser l'Octuor opus 6 (1832) pour flûte, clarinette, quintette à cordes, piano de Józef Krogulski, qui bien que musique de chambre bien sérieuse, ressemble par certaines parties très descriptives et narratives à de la musique de cinéma muet comique avant l'heure. Les musiciens s'en donnent à coeur joie et l'on sent une très forte écoute et une remarquable complicité dans cette pièce où le piano dialogue avec le reste de l'ensemble et où les bonds et les rebonds des uns et des autres sont autant de parties de plaisir musical et très rythmés.


Superbe Concert... 


Le programme:
W.A. Mozart Quatuor en do majeur K 171 (1777) pour flûte et trio à cordes
Béla Bartók Scènes villageoises (1924) pour voix et piano
Victoria Poleva Songs of Innocence and Experience (2004) pour soprano, clarinette et accordéon
Józef Krogulski Octuor opus 6 (1832) pour flûte, clarinette, quintette à cordes, piano


Françoise Kubler, soprano / Christel Rayneau, flûte / Armand Angster, clarinette / Nathaëlle Marie, violon 1 / Guillaume Latour, violon 2 / Laurent Camatte, alto / Christophe Beau, violoncelle / Jean-Daniel Hégé, contrebasse / Marie-Andrée Joerger, accordéon / Eliane Reyes et Cécile Steffanus, piano


Nous attendons la suite avec impatience:

Mercredi 28 Juin
Johannes Brahms Sonate opus 120 n°1 (1894) pour clarinette et piano
Arnold Schoenberg Cabaret songs (1900) pour voix et piano
Pascal Dusapin Trio Rombach (1998) pour clarinette, violoncelle et piano
Ivan Fedele Haru Haiku (2016) pour soprano, clarinette basse, violoncelle et percussion –création

Françoise Kubler, soprano / Armand Angster, clarinette / Christophe Beau, violoncelle / Wilhem Latchoumia, piano / Emmanuel Séjourné, percussion

Jeudi 29 Juin
Ivan Fedele High (2005) pour clarinette
John Cage Fontana mix (1958) pour voix, clarinette, contrebasse et percussions
Claude Tchamitchian Another Childhood pour contrebasse
Luciano Berio Sequenza III (1965) pour voix
John Cage C composed improvisations for snare drum (1990) pour caisse claire seule

Improvisations
Françoise Kubler, soprano / Armand Angster, clarinette / Claude Tchamitchian, contrebasse / Lê Quan Ninh, percussions


La Fleur du Dimanche

dimanche 25 juin 2017

Lire, écrire, réfléchir, aimer, partager, les idées, les fleurs, la beauté, les chansons

L'été s'approche et ce blog va prendre des vacances bientôt - le Blog, pas le "Blob"*.
Comme chaque année, je lance un appel à dons : donnez, partagez** vos fleurs, vos pensées, vos chansons préférées pour nourrir le blog de La Fleur du Dimanche.
Et vous pourrez encore, chaque dimanche d'été, même si vous êtes en vacances, vous délecter et vous délasser en visitant le Blog où que vous soyez....

Et comme l'atmosphère est estivale, je vous offre des images de ciel bleu et d'orchidées et autres fleurs de soleil:


Orchidée - Photo : lfdd


Pour le TVA du jour, je vous propose quelques paroles d'un écrivain, prix Nobel de Littérature en 2010, et dont la première phrase de son discours de réception*** était celle-là:
"J'ai appris à lire à l'âge de cinq ans, dans la classe du frère Justiniano, au collège de La Salle à Cochabamba (Bolivie). C'est ce qui m'est arrivé de plus important dans la vie."

Dans ce discours qu'il a intitulé "Éloge de la lecture et de la fiction", il disait aussi:
"Nous serions pires que ce que nous sommes sans les bons livres que nous avons lus; nous serions plus conformistes, moins inquiets, moins insoumis, et l'esprit critique, moteur du progrès, n'existerait même pas. Tout comme écrire, lire, c'est protester contre les insuffisances de la vie."
...
"Sans les fictions nous serions moins conscients de l'importance de la liberté qui rend vivable la vie, et de l'enfer qu'elle devient quand cette liberté est foulée aux pieds par un tyran, une idéologie ou une religion. Que ceux qui doutent que la littérature, qui nous plonge dans le rêve de la beauté et du bonheur, nous alerte, de surcroît, contre toute forme d'oppression, se demandent pourquoi tous les régimes soucieux de contrôler la conduite des citoyens depuis le berceau jusqu'au tombeau, la redoutent au point d'établir des systèmes de censure pour la réprimer et surveillent avec tant de suspicion les écrivains indépendants."

Orchidées - Photo : lfdd


Vous avez trouvé de qui il s'agissait? 
A l'occasion de la sortie en France de la traduction de son livre "Aux cinq rues, Lima", il donne un entretien à Télérama (les propos sont recueillis par Nathalie Crom).
Voici donc quelques réflexions d'aujourd'hui de Mario Vargas Llosa:  
" Ma préoccupation majeure vient du constat que les idées semblent tenir moins de place qu'auparavant. Les cercles intellectuels n'ont certes pas disparu, mais ils occupent aujourd'hui une position marginale dans la vie collective, et le public n'a pas accès à ce qui s'y passe, ce qui s'y pense. Le fossé se creuse entre les élites et l'opinion publique. Et pour le grand public, la culture de l'image a remplacé les idées. Or on ne peut pas substituer ainsi les images aux idées, ce qui est pourtant la prétention de la culture mainstream. L'image véhicule un message superficiel, éphémère, souvent frivole, qui ne peut pas participer à l'élaboration de l'esprit critique nécessaire à la vie démocratique. Et la fin de l'esprit critique est la porte ouverte à la manipulation des esprits par le pouvoir, qu'il soit politique, économique ou autre. Il faut toujours se méfier du pouvoir par principe. Et demeurer vigilant face aux dangers qui menacent les démocraties aujourd'hui: le populisme et la corruption."


Orchidée - Photo : lfdd


Quelques pistes positives que propose Mario Garcia Llosa:
"Le cosmopolitisme est toujours une valeur résolument positive à mes yeux. Avec les guerres de religion, le nationalisme a été pendant des siècles, et demeure encore, à la source de la plus grande catastrophe de l'histoire de l'humanité. Tout ce qui peut affaiblir ce sentiment est donc le bienvenu. La globalisation, l'ouverture des frontières, le dépérissement de l'idée de nation... tous ces phénomènes sont pour moi constructifs.
...
La construction européenne demeure pour moi une idée formidable, une utopie réaliste et démocratique, qui, depuis sa mise en oeuvre, a généré sept décennies de paix pour la première fois dans l'histoire du continent." 


Orchidées - Photo : lfdd

En guise de chansons aujourd'hui, je vous offre quelques extrait de concerts "live" des images brutes, prises sur le vif et dans la durée mais sans fioritures, avec toute les émotions qu'elles véciculent, même si ce n'est pas en "live", vivant face à l'artiste.

D'abord Neil Young jeune qui chante "Old Man" en direct en 197:






Puis Nina Simone en direct au Festival de Jazz à Montreux, qui parle de David Bowie (dont j'ai parlé - et présenté le clip "Let's Dance" à l'occasion de Festival du Cinéma Aborigène Australien
Elle chante STARS( Live at Montreux, 1976)






Vous voulez la suite ?
Elle est là, magnifique: Nina Simone - Feelings (1976)


Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

* Dimanche prochain, je vous offre l'histoire du "Blob" sur ce blog..

** Vous pouvez envoyer vos contributions par mail à lafleurdudimanche(at)gmail.com  ou via facebook à : 
https://www.facebook.com/lafleur.dudimanche

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lundi 19 juin 2017

L'autre Saison au TNS finit par un hommage à Avignon... à Vie

La Saison 2017 du TNS étant achevée, l'Autre Saison s'achève aussi, par un hommage, une lettre d'amour à Avignon de Pascal Rambert: Avignon à Vie.
Seul sur scène, le livre à la main, Denis Podalydès lit ce poème d'amour avec passion, emphase et énormément de simplicité.
Ce texte de Pascal Rambert, écrit comme un poème d'Amour à la Ville du Festival est un voyage, voyage dans le temps, voyage dans la mémoire, voyage dans l'histoire de la Ville, des auteurs, acteurs et actrices, danseurs et danseuses, metteur en scènes et chorégaphes et de toutes les pièces qui sont réinvesties et qui ressurgissent du passé par l'invocation de leur nom, du nom des pièces qui ont marqué cette ville et l'histoire du Théâtre en France. 
Jean Vilar, Claude Régy, Antoine Vitez, Bausch, Pina Bausch, Jean-Pierre Vincent, Bernard Faivre d'Arcier, Alain Crombecque et tous les auteurs, metteurs en scène se rappellent à nous. Les lieux ressurgissent, la Palais des Papes, la Presqu'île de la Bartelasse, les Jardins Vergers d'Urbain V, le Cloître des Carmes, le Cloître des Célestins, la carrière Boulbon, la Cour d'Honneur, tous ces lieux aussi reprennent vie au long de ce cérémonial où l'on invoque les esprits des lieux et des personnes...


Avignon à Vie - Pascal Rambert - Denis Podalydès -  Photo: Jean-Louis Fernandez


La prière, sous forme d'une longue antienne nous emporte vers la Ville au Sud, au chaud, en été, au tréfonds de nos souvenirs, tout en s'évadant sur des chemins de traverses. 
Au long d'un trajet toujours recommencé, haché et repris, de la Gare de Lyon jusqu'à l'arrivée, après le dernier canyon où, dans un dernier virage, surgit la ville dans la lumière d'or, le texte nous tansporte dans et hors de ce compartiment de TGV, dans le temps et dans l'espace, dehors dans le paysage et au plus près des autres voyageurs - et voyageuses, dans leur vies réelles ou inventées.
On pose un regard dans les champs que l'on traverse, dans les bistrots imaginaires ou du passé, dans les villes de jeunesse ou sur les quais de gare où l'on (se) perd. On arrive à déceler le processus de création de l'auteur dans les histoires inventées, vécues ou fantasmées dans ce cinéma ambulant, machine à remonter le temps - et à mélanger les espaces et les gens - qu'est un compartiment de train.
Denis Podalydès nous berce de ce rythme de lecture vivant, donne corps et matière à ce texte et à ces fantômes et navigue à vue sur scène en nous guidant vers la célébration de la fête du théâtre.
Et cette invitation à faire le voyage ensemble, nous y souscrivons pleinement.

Un billet aller ! C'est ici:

http://www.theatre-video.net/embed/DTiQuvFY

Bon Spectacle

La Fleur du Dimanche


Avignon à Vie
Au TNS le 19 juin 2017
Texte et mise en espace Pascal Rambert
Avec Denis Podalydès de la Comédie-Française

Production Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique national de création contemporaine

Création le 20 juillet 2013 dans la Cour d’honneur du Palais des papes dans le cadre de la 67e édition du Festival d’Avignon.
Les 22 et 23 novembre 2013 au Théatre de Gennevilliers, centre dramatique national de création contemporaine

Le texte est issu d’une commande de France Culture, enregistré en public et en direct le 14 juillet 2011 à Avignon. 

Le texte est édité aux Solitaires Intempestifs.


ART de Yasmina Reza, TG STAN et Dood Paard au Théâtre de la Bastille: Une révolution iconoclaste dans l’Art de la représentation (théâtrale).


On ne présente plus Yasmina Reza, une des auteures de théâtre contemporain dont les pièces, en particulier "Art", ont été jouées dans le monde entier.  La traduction en plus de trente-cinq langues de cette pièce est un fait qui ne peut que contribuer à cette constatation.  
Créée en 1994, elle avait d’ailleurs l’année d’après permis de remporter deux Molière, celui de l’auteur de théâtre francophone et le Molière du Théâtre privé. Le collectif belge d’Anvers tg STAN, fondé en 1989, est également connu en France, même si ce n’est pas sur le même registre. En ce qui concerne la compagnie Dood Paard, littéralement "Cheval mort", fondée en 1993 à Amsterdam et dont le leitmotiv est une constante mise en question de la représentation, est un peu moins connue en France.

Que Yasmina Reza accepte* que le trio, constitué par Kuno Baker (Serge), Gillis Biesheuvel (Yvan), tous les deux de Dood Paard, et Frank Verkcruysen (Marc), un des quatre fondateurs de tg STAN, s’empare de la pièce est à la fois une surprise, mais également un acte intrinsèquement en phase avec le message, la pensée de la pièce.

Art - Yazmina Reza- tgSTAN - Doode Paard - Photo: Sanne Peper


Nous assistons donc à un chantier de déconstruction du théâtre et de la représentation, tout en partageant avec les comédiens le déroulé de la pièce Art, qui, en substance pose la question de l’oeuvre d’Art et de sa "valeur", des références et du marché, de même que celle des relations humaines et de ce qui en est le moteur. En particulier tout ce qui concerne la reconnaissance, le pouvoir, l’amitié, les relations sociales et ses règles, et les simulacres sociaux que cela peut induire: sorties entre amis, poids des traditions (mariage, réussite, emploi, argent,..) et la culture comme vecteur de reconnaissance – ou, et c’est le fond de la pièce: la valeur d’une peinture (en l’occurrence un tableau blanc, en apparence)  face à sa matérialité, son aura, sa valeur culturelle – ou marchande et en opposition à une longue amitié de quinze ans - et les bases sur lesquelles elle est fondée, elle repose et elle est mise en danger.


Art - Yazmina Reza- tgSTAN - Doode Paard - Théâtre de la Bastille


On pourrait s’attendre à de grands discours ou à des caricatures d’échanges sur l’Art et le marché. Il n’en est rien, la pièce, magistralement rythmée et follement interactive avec le public nous fait toucher du doigt les failles de chacun et les essais pour garder à la fois un semblant d’amour-propre et de dignité tout en nous amusant follement de ce cirque dans lequel chacun est le clown de l’autre.

Une grande leçon d’humanisme et d’humanité dont l’administration est sans douleur, même si elle nous met en face de nos travers et de nos lâchetés.



Un spectacle réussi (rassurez-vous ile est en Français) dont on sort en se disant: "Lis Sénèque !".

Bon Spectacle


La Fleur du Dimanche

ART 
YASMINA REZA
TG STAN
DOOD PAARD
De et avec Kuno Bakker, Gillis Biesheuvel et Frank Vercruyssen

Du 2 au 30 juin 2017 à 20h00

* Note de Yazmina Reza au sujet de ce spectacle et de cette mise en scène (extrait du programme):
"J'ai donné mon accord pour que ma pièce "Art" soit interprétée par les tg STAN selon leur modalités, c'est à dire des interventions dan le corps du texte. Je dois préciser cependant que j'accepte ces conditions à titre exceptionnel, étant donné la nature spécifique de leur travail et l'admiration que j'ai pour lerus créations.

dimanche 18 juin 2017

L’acanthe, l'attente de l’hirondelle qui griffe le ciel et ce qui nous lie...


En mars dernier, j’avais cité deux fois Jean-Michel Maulpoix, la première à propos de son livre "L’instinct de Vie", la deuxième pour la sortie de "L’hirondelle rouge" consacrée à la mort de son père. Le TVA du jour va être l’occasion d’aller plus loin avec l’hirondelle...
Mais avant, une fleur discrète, plus connue comme motif architectural et ne se fait pas remarquer par ses couleurs criardes - c’est le moins que l’on puisse dire : L’acanthe.

Acanthe Ooreca - Photo: lfdd


La plante est un arbuste nommé branc-ursine. Son nom, tiré du grec ἂκανθος, d'après wikipédia, dérive peut-être des deux mots ἂκανοϛ, désignant la tête épineuse de certaines plantes, et de ἂνθοϛ, fleur. Dans le langage des fleurs, acanthe signifie: 
"Amour de l'art. Rien ne pourra nous séparer.

Acanthe Ooreca - Photo: lfdd


Dans la mythologie grecqueAcanthe (Akantha) était une nympheApollon (dieu du soleil) voulut l'enlever et elle le griffa au visage. Pour se venger, il la métamorphosa en une plante épineuse qui aime le soleil, et qui porte depuis son nom.

Acanthe Ooreca - Photo: lfdd


Je vous rappelle que les hirondelles, je les ai attendues longtemps cette année. Je les ai vues loin de chez nous et elles ne sont arrivées que timidement. Cette semaine, elles ont failli rentrer par la fenêtre, tellement elles rasaient les murs en remontant de leur piqué. Je dois cependant avouer que ce ne sont pas des hirondelles, mais des martinets (de ville), Apus apus. Vous savez, ces oiseaux qui ne se posent presque jamais. Ils dorment même en vol. Le titre du livre de Jean-Michel Maulpoix vient d’un tableau de Miro. Il en parle ainsi :
"Rouge sur fond de ciel excessivement bleu, c’est ainsi que Miro a peint Hirondelle amour que l’on peut voir à Barcelone.
Il pense avec des couleurs. Rouge, l’énergie, le désir, la force: "le soleil rouge ronge l’araignée", "l’arête rouge transperce les plumes bleues de l’oiseau au pâle bec", "la tige de la fleur rouge pousse vers la lune ", "une hirondelle joue de la harpe à l’ombre des pissenlits ".
- Ce que je cherche, en effet, écrit-il, c’est un mouvement immobile, quelque chose qui soit l’équivalent  de ce que l’on nomme éloquence du silence."
Plus loin :
"Que  pourrais-je opposer d’autre à la détresse que l’amour ? La couleur même de notre vie et la force de résistance de nos attaches. L’hirondelle amour revient avec le printemps. Quelques grammes d’encre au coeur."
...
"Poème: l’endroit sensible de la langue. Là où ça fait mal quand on appuie, là où c’est difficile, où la phrase parfois se dérobe comme le sol sous les pas, où les mots viennent à manquer."
...
"Poids de chair contre poids de terre, quel chant, pour quelle voix encore capable de répéter: être ici est magnifique !"


Acanthe Ooreca - Photo: lfdd


Vous avez peut-être aussi suivi les épreuves de bac de philo, sinon je vous propose quelques sujets à la réflexion :

En Série L : Littéraire
1er sujet : Suffit-il d’observer pour connaître ?
2ème sujet : Tout ce que j’ai le droit de faire est-il juste ?

En Série ES : Economique et sociale (Coef. 4)
Sujet 1 : La raison peut-elle rendre raison de tout ?
Sujet 2 : Une oeuvre d’art est-elle nécessairement belle ?

En Série S : Scientifique (Coef. 3)
Sujet 1 : Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts ?
Sujet 2 : Peut-on se libérer de sa culture ?

Pour les Séries Technologiques (Coef. 2), certains sujets ont fuité, mais les questions restent.
Sujet 1 : Y a-t-il un mauvais usage de la raison ?
Sujet 2 : Pour trouver le bonheur, faut-il le rechercher ?

Pour terminer en chansons, quelques trouvailles sur l’acanthe

Un clip d'Acanthus PV:



La chanson de Maxence Cyrin - Feuilles d'acanthe:



Et également la chanson du film de Cédric Klapisch "Ce qui nous lie"  qui vient de sortir, chantée par Camélia Jordana - Ce qui nous lie est là: 



Je vous en mets quelques autres en bonus...
Camélia Jordana - Dans la peau:



Et Bertrand Belin - Le mot juste (Le beau geste) - avec Camélia Jordana:

Et si vous avez le temps, un concert à la bougie de Camélia Jordana et Gaël Faure - une petite heure de musique:




Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

vendredi 16 juin 2017

Le Cinéma Aborigène Australien fait son 2ème Festival au Cinéma des Cinéastes à Paris

Un des plus jeunes cinémas de la planète de la plus ancienne culture du monde est à découvrir pendant quatre jours à l’occasion du festival – le deuxième – qui lui est consacré ce week-end à Paris.

Avec Jindalee Lady, en 1992, réalisé par Brian Syron, on peut considérer que c’est le premier film tourné, réalisé par un aborigène australien qui entre dans l’histoire du cinéma. D’autres films ont déjà montré cette culture ancestrale d’Australie, certains ethnologiques, d’autres montrant les danses de cette culture. 
C’est d’ailleurs un court-métrage documentaire, "Let’s Dance Bowie Down Under" (2015) de Rubika Shah qui enquête sur le contexte du tournage du clip de David Bowie "Let’s Dance" en Australie profonde, chez les "rednecks" (les péquenots) qui s’en souviennent, qui fait la soirée d’ouverture. Et dans ce clip engagé – et également le plus connu et vu de David Bowie – ce dernier met en scène deux jeunes aborigènes qui traversent le film dans leur innocence, leur fraicheur et leur provocation face aux blancs.

La soirée d’ouverture, placée sous le patronage de l’ambassadeur d’Australie, est aussi l’occasion de donner la voix à cette culture grâce à un chant cérémonial Gadigal "Dali Mana Gamarada", littéralement magnifique interprété par Debora Chhetam qui accueille et "embrace" le public.

Goldstone - Ivan Sen - David - Gulpilil in Cobbold Gorge 

Le long métrage qui suit est un film policier "Goldstone" d’Ivan Sen (2016) qui a récolté de nombreuses récompenses. Il conte plusieurs histoires et destins qui se croisent, en particulier celle de deux policiers, l’un blanc, qui est chargé de l’ordre dans une contrée désertique du Queensland où une entreprise minière fait sa propre loi en exploitant les richesses des autochtones, et l’autre, un aborigène, personnage haut en couleur – magnifiquement interprété par Aaron Pedersen – à la recherche d’un jeune chinoise disparue dans ce désert. Le personnage, alcoolique et mutique a cependant de la réserve.  Le film nous emmène dans de magnifiques décors qui donnent envie de prendre un vol aller immédiat et l’ambiance qui s’installe a des aspects à la fois mystique et nous fait penser à quelques ambiances wimwedersiennnes. Le film noir tient ses promesses jusqu’au bout tout en soulevant quelques questions à la fois écologiques, sociales et politiques sans lourdeurs.




Le festival fait la part belle à la danse, entre "Ella" (2015) de Douglas Watkin, documentaire qui raconte l’histoire d’Ella Havelka, première femme aborigène ayant intégré l’Australian Ballet, "Showing Melbourne to Maningrida" (1973) documentaire de l’acteur danseur David Gupilil, ou "Spear" (2015) du chorégraphe aborigène Stephen Page.
Nous avons aussi l’opéra de la chanteuse, compositrice et libretiste Deborah Cheetham qui nous a accueillis par son chant "Pecan Summer" qui revient sur l’histoire de cette culture vielle de soixante mille ans et qui s’est vue spoliée au vingtième siècle et dont la projection aura lieu en présence de la réalisatrice ce samedi à 19h30. 
Il faut saluer l'engagement et le travail de l'équipe du festival, pilotée par la réalisatrice et directrice du festival Greta Morton Elangué de nous ouvrir ainsi une fenêtre sur un monde trop soubvent ignoré. 



Bons films

La Fleur du Dimanche

Le programme complet est disponible sur le site du festival et du Cinéma des Cinéastes qui accueille le manifestation