mercredi 29 juin 2011

L'expo du mercredi: Trois au CEAAC de Strasbourg

 Si vous n'avez pas le courage d'aller jusque dans les Vosges du Nord à Meisenthal, voir l'exposition de Stephan Balkenhol, et toutes les autres expos dont j'ai parlé les derniers mercredis (et montré des images ce dimanche), je vous propose d'aller au 7 rue de l'Abreuvoir à Strasbourg, au CEAAC - Centre Européen d'Actions Artistiques Contemporaines qui propose deux expositions, ou plutôt une exposition et une "double" exposition.

La première exposition (la bien nommée d'ailleurs, vous verrez plus loin), qui clôt la séquence de commissariat invitée de Bettina Klein est consacrée à Steven Pippin et retrace une large partie de son travail artistique. Sa réflexion se porte sur la photographie, qu'il interroge à la fois sous l'angle philosophique et sur sa matérialité même. Ce qui intéresse Steven Pippin, c'est l'acte photographique, ce qui nous vaut quelques films décalés, des situations qui convoquent le comique des films muets pour arriver à des sténopés faits avec une baignoire et une confrontation de la photographie analogique et numérique. Des appareils photo qui défient les lois de l'optique, véritables défis au réel sont exposés, et on termine par à la mise mort photographiée de l'appareil, avec les reliques de ces appareils et même l'exposition du dispositif qui a été construit inventé par l'artiste. Le résultat photographique est très intéressant, beau et poétique à la fois. La rencontre de la balle et de son image est une idée très subversive et fait penser à un texte de Marguerite Duras, dans son film, "Le Camion", où elle dit, avec Gérard Depardieu:
"Que le monde aille à sa perte.C'est la seule politique"


Une double exposition a lieu à l'espace international, au premier et deuxième étage. Elle présente les travaux de résidence de deux artistes. La première, invitée à Strasbourg, c'est l'artiste coréenne Kim Bom qui nous offre son regard décalé et émerveillé sur Strasbourg, la ville et les habitants au travers de dessin minutieux - qu'elle appelle peintures.Son "Walking to the Ill" nous rend touriste de notre ville qui en devient "fabuleuse".
La deuxième, Gaëlle Lucas, présente avec "Ornement" un travail personnel et intime réalisé lors de sa résidence à Budapest. Les oeuvres, très délicates et quelquefois "couvertes de fleurs", nous décrivent avec beaucoup de grâce et de finesse et une certaine poésie, le journal d'une maternité que l'on devine heureuse.

Bonnes expos
La Fleur du Dimanche

lundi 27 juin 2011

Le film du Lundi: L'affaire Rachel Singer

Pas grand chose de neuf (en tout cas d'intéressant) à se mettre sous les dents au ciné cette semaine.
A voir, mais pas encore vu "Pater", l'anti-"conquête" d'Alain Cavalier.
En neuf, des films dispensables, je ne parlerai pas de la famille "Tuche" qui aura son public, mariage princier oblige, ni de "Omar m'a tuer" de Roschdy Zem, qui nous remet en mémoire une vieille histoire, mais arrive très mal à nous impliquer et à nous faire adhérer au sujet et à la cause, même si on y croit.

Reste "L'Affaire Rachel Singer" histoire d'espionnage bien tenue, qui nous pose quelques questions intéressantes sur la vengeance, la fidélité et l'engagement.

Le film dont le titre original est "The Debt" est un remake par John Madden du film éponyme d'Assaf Bernstein que je n'ai pas vu. Cela m'intéresserait bien de le voir pour vérifier si le discours tenu sur les juifs y est aussi foncièrement négatif que dans cette version "américaine".

Bon cinéma

La Fleur Du Dimanche

dimanche 26 juin 2011

Pétales de fleurs, ailes d'anges ou de papillons

Petit retour sur le passé proche...

Un concert (privé) donné par Geneviève Charras sur le thème des Anges* et sa performance dansée et chantée à l'occasion de la lecture poétique "Rêver les étoiles" avec Daniel Boch, Françoise Fehrati et les "étoiles" de Sylvie Lander** dans la cadre de la "Nuit de Lumière" du vendredi 24 juin m'ont inspiré.


Bouquet de fleurs d'église - Photo: lfdd


Le chant étant source de méditation, on se surprend à regarder les bouquets de fleurs dans les églises, et également les fleurs peintes sur les bancs....


Fleurs de bancs d'église - Photo: lfdd

Comme il est question d'anges, le TVA du jour appelle l'Ange, et qui mieux que Rainer Maria Rilke a su parler des anges?


"Engel! o nimms, pflücks, das kleinblütige Heilkraut.
Schaff eine Vase, verwahrs! Stells unter jene, uns noch nicht
offenen Freuden; in lieblicher Urne
rühms mit blumiger, schwungiger Aufschrift:
"Subrisio Saltat"."

"Ange! Oh, prend-la, cueille-la, cette petite fleur d'une herbe médicinale.
Apporte un vase et garde-la!
Dépose-là parmi ces joies, qui ne nous sont ouvertes pas encore; et que sur l'urne belle, une inscription toute fleurie et tout élan, la salue:
"Subrisio Saltat"."

Le texte est dans les Élégies de Duino, je vous en présente le début de la première, pour vous vous donner envie de lire la suite ou, si vous l'avez déjà lu, de le relire..

"Qui, si je criais, qui donc entendrait mon cri parmi les hiérarchies des Anges? Et cela serait-il même, et que l'un  d'eux soudain me prenne sur son coeur: trop forte serait sa présence et j'y succomberais. 
Car le beau n'est que le commencement du terrible...."


Je vous avais annoncé des ailes d'anges et de papillon en titre, eh bien, pour compléter mes fleurs de verre du 2 juin, je vous propose les pétales de verre qui de fleurs deviennent papillon.

Papillon sur pétale de verre - Photo: lfdd

Et de l'aile du papillon à l'aile des anges, il n'y a qu'un pas - ou un battement d'aile... Nous voila revenus dans la thématique des anges, avec la question du sexe des anges, que pose Stephan Balkenhol dans l'exposition qui lui est dédiée et que je vous avais invité à visiter le 15 juin. Allez à Meisenthal et vous y verrez l'Ange comme vous ne l'avez jamais vu:

Ange de Stephan Balkenhol - Exposition Halle Verrière Meisenthal

L'exposition dans la Halle Verrière vaut le déplacement et si vous êtes sur place, profitez-en pour visiter le Musée du verre et du cristal et le Centre International d'Art Verrier et voir le travail des artisans en direct.


Exposition de Stephan Balkenhol -  Halle Verrière Meisenthal

Bon dimanche, bonnes visites


La Fleur du Dimanche

* Nous espérons un prochain concert et ne manquerons pas de vous prévenir quand ce sera programmé
** Les toiles d'étoiles "Outre ciel" de Sylvie Lander ne sont plus visible, mais elle travaille sur un nouveau "plafond" pour une église et vous en serez informés de l'inauguration.

mercredi 22 juin 2011

L'expo du mercredi: La suite du paysage

Pour continuer et compléter le mot de mercredi dernier sur le paysage, je reviendrai sur l'exposition "Le goût du paysage" à Colmar au Musée Unterlinden. Elle présente de manière très documentée ce qu'on peut appeler "l'invention du paysage", c'est à dire le développement de la représentation du paysage entre la naissance de la photographie et la diffusion de la gravure et l'arrivée de la chromolithographie de la fin du 18ème siècle à celle du 19ème. Représentation du paysage qui débute par le reconnaissance d'un lieu pour aboutir au développement du tourisme et des loisirs et même le témoignage de l'industrialisation.

Une autre exposition également sur la thématique du paysage, non pas en Alsace, mais en Picardie (eh oui, le paysage intéresse ailleurs qu'en Alsace), à la Maison de la culture d'Amiens, du 15 juin au 20 octobre. 13 photographes interrogent notre planète dans cette exposition intitulée "Documents terre" et l'on y retrouve Nathalie Savey dont j'avais cité les "montagnes rêvées" et Jean-Louis Hess, autre photographe strasbourgeois. Le commissaire de l'exposition est Paul Kanitzer, lui-même photographe, mais qui ne s'y montrera pas, il faudra attendre août pour le voir exposer à Sélestat, puis septembre-octobre à Mulhouse avec d'autres photographes en Alsace. Sa dernière expo "New York City" vient de s'achever à Mulhouse.

L'ultime exposition d'Erwin Heyn s'étant également close ce week-end, je vous offre un bonbon pour que vous ne regrettiez pas de l'avoir ratée. L'artiste étant très sympathique, vous pouvez toujours le contacter directement pour qu'il vous présente ses travaux en privé. Ce bonbon est un détail d'une oeuvre assez grande, faite d'assemblage de gravures, comme il excelle à retravailler ses gravures sur bois, intitulée "La gourmandise", qu'il a spécialement créée pour l'exposition à Ertsein, ville du sucre comme chacun sait.

La gourmandise (détail) - collage de gravures sur bois - Erwin Heyn

Bonnes expositions

La Fleur du Dimanche

lundi 20 juin 2011

Kung Fu Panda 2 contre Mike: des histoires d'orphelin

Il n'y a pas grand chose en commun entre Kung Fu Panda 2 et Mike, sinon que ces deux personnages sont des orphelins. Ils partagent cette caractéristique, d'une façon plus symbolique avec un autre personnage de film: Marius, le gamin de "Monsieur Papa" qui, lui aussi, est à la recherche de son père.
Faut-il croire que la recherche du père, ou l'absence de celui-ci ou de la mère est un moteur cinématographique?
En tout cas, ce "moteur"-là ne suffit pas. Il peut vous emmener sur des pistes si diverses...

Pour le Panda Po, cette quête, qui est en même temps un combat de libération d'un pays contre un tyran - arrivé à cet état par la faute de parents peu aimants (tiens, tiens !) - est une leçon d'apprentissage de la coopération (on est plus fort à plusieurs) et également une nécessité de se trouver soi-même (trouver la sagesse en soi, ce qui ne semble pas facile pour ce Panda distrait). Le film, magnifiquement réalisé en 3D amène à penser qu'en faisant un bon effort, on y arrive... La morale est sauve.

Ce n'est pas le cas de "Mike", film de Lars Blumer tourné en Alsace dans des lotissement très typés et esthétisants avec le chouchou de ces filles, Marc-André Grondin. 
Le réalisateur, venu de la pub, nous propose une histoire inspirée d'un fait divers dont qu'il avait entendu à la radio quand il était en Alsace. Et donc, pour son premier film, six ans après, il nous propose un exercice de style entre l’esthétisme (paysages urbains traités dans un style photographique très à la mode), une description d'un milieu social qui hésite entre une distanciation froide, un comique pas forcément bien placé - est-ce l'influence des scénaristes Grégoire Vigneron et Laurent Thirard ? - et une critique (sans vraie profondeur d'analyse) des relations familiales ou des structures "officielles" (police, agences pour l'emploi,..). Bref, on se prend à rire jaune mais le grain est grossier et on se dit qu'avoir raison contre tous pour en mourir est "très con".

On pourrait croire que le film de Kad Merad, outsider dans ce combat de paons, pourrait finalement très bien s'est sortir avec quelques vérités bien assénées avec un calme qui est la caractéristique de Robert Pique joué par Kad Merad himself, mais le film reste un peu trop sage (gentil?) et bien pensant car les rêves sont forcément bridés et les quelques révoltes des gesticulations inutiles qui laissent dubitatif même un enfant.

Bon cinéma.

La Fleur Du Dimanche

dimanche 19 juin 2011

L'Appel du 18 juin ou la Fête des Pères: drôles de fleurs


La fête des pères qui succède à l'appel du 18 juin m'amène à vous offrir deux drôles de fleurs.

Le première, qui est à fleur d'eau, rend hommage au père, ancien pêcheur qui glissait en barque sur les bras morts du Rhin pour récolter dans les nasses le butin fretin ou les anguilles pêchées sur les lignes posées la nuit.
Hommage à ces bras morts à l'eau claire où l'on voyait ondoyer les herbes vertes fines ou plus rustiques, comme des cheveux d'Ophélie et où les barques en bois à fond plat étaient aussi silencieuses que le cours lent de l'eau. A cette époque on ne connaissait pas encore la chanson de Gainsbourg "La noyée" et Carla Bruni ne chantait pas encore. Et au début de l'été, après les iris et avec les nénuphars, certaines de ces herbes-chevelures fleurissaient aussi.

Fleurs d'eau à fleur d'eau - Photo: LFDD

La deuxième, concernant cet appel, de drôle de fleur aussi, qui a devancé l'appel, est celle du châtaigner, en avance d'un mois, et qui en ce 18 juin est totalement en adéquation avec l'appel du 18 juin/joint tout à fait d'actualité.

Fleurs de châtaigners - Photo: LFDD


Tout à fait d'actualité aussi le souvenir de Raymond (pour des raisons de confidentialité, les prénoms on été changés, d'autant plus que Raymond est plus connu sous son simple nom de famille) puisque c'est son anniversaire aujourd'hui - alors Bon Anniversaire Raymond !
Raymond est aussi un homme de l'eau. Il adore les fleurs à fleurs d'eau mais par contre a évité (ou échappé à) la fleur et la feuille de l'appel du 18 joint. Il avait devancé l'appel lui aussi, mais pour le peuple de l'herbe et depuis il s'intéresse de très près à ce qui vit dans l'herbe et dans l'eau.... Il a tout à fait raison, c'est une très sage attitude!


Comme double TVA, je vous offre les paroles de la chanson de Serge dont je vous ai parlé plus haut. Vous pourrez entendre les deux version M+F en cliquant sur le nom des artistes.


La Noyée

Tu t'en vas à la dérive
Sur la rivière du souvenir
Et moi, courant sur la rive,
Je te crie de revenir
Mais, lentement, tu t'éloignes
Et dans ma course éperdue,
Peu à peu, je te regagne
Un peu de terrain perdu.

De temps en temps, tu t'enfonces
Dans le liquide mouvant
Ou bien, frôlant quelques ronces,
Tu hésites et tu m'attends
En te cachant la figure
Dans ta robe retroussée,
De peur que ne te défigurent
Et la honte et les regrets.

Tu n'es plus qu'une pauvre épave,
Chienne crevée au fil de l'eau
Mais je reste ton esclave
Et plonge dans le ruisseau
Quand le souvenir s'arrête
Et l'océan de l'oubli,
Brisant nos cœurs et nos têtes,
A jamais, nous réunit.


Serge Gainsbourg


et comme le premier qui a lancé son appel le 18 juin c'est le grand Charles, voici un florilège de ses "pensées" pour l'occasion:

"Comme un homme politique ne croit jamais ce qu'il dit, il est tout étonné quand il est cru sur parole."

"Comment voulez-vous gouverner un pays qui a deux cent quarante cinq variétés de fromages?"

"La grandeur a besoin de mystère. On admire mal ce qu'on connaît trop bien."

"La pire calamité après un général bête, c'est un général intelligent"

"Tout Français désire bénéficier d'un ou de plusieurs privilèges. C'est sa façon d'affirmer sa passion de l'égalité".

Charles de Gaulle.


Bon dimanche

La Fleur du Dimanche

mercredi 15 juin 2011

L'expo du mercredi: le Goût du paysage

Cela flotte dans l'air, est-ce le printemps un peu chaud? Le soleil qui donne envie de sortir?
En tout cas, le paysage a le vent en poupe.
En Alsace, les Musées de Strasbourg, mais aussi de Colmar (jusqu'au 26 juin) l'ont mis à l'ordre du jour.
Au Musée d'Unterlinden, sous le titre de "L'invention d'un paysage" sont présentés des paysages (peintures, gravures) alsaciens du XIXème Siècle. Et à Strasbourg, au Musée des Beaux-Arts, c'est le "Goût de la nature" qui offre un accrochage de paysages du fonds du Musée (jusqu'au 15 août).
Sur un versant plus contemporain, la galerie strasbourgeoise Nicole Buck offre ses cimaises à des artistes locaux et nationaux qui eux aussi se sont frottés à ce sujet.
On peut y voir de grandes toiles de Dan Steffan dont on est plus habitué à des petits portraits intimistes. De Marie-Amélie Germain, une série de délicats dessins au fusain et des peintures de champs avec des fruitier très colorés et gais. Jacques de Loustal, de son côté, nous emmène dans les univers de songes avec une touche entre la bande dessinée et le croquis. Patrick Loste nous offre une contemplation assez zen, alors que Mistuo Shiraishi qu'on attendrait sur ce terrain dépeint plutôt un univers à la limite du fantastique avec une finesse de trait, même sur ses toiles. Et pour finir, pour illustrer le versant photographique, Nathalie Savey nous offre ses "montagnes rêvées", où nos repères se perdent quelquefois.
Pour rester dans le registre de la photographie, également de paysage, on ne peut pas oublier l'association "La Chambre" (place d'Austerlitz) qui expose depuis quelques temps des paysages également et dont la dernière exposition de Vanessa Chambard (hasard?) intitulée "Far East" ne nous emmène pas en Asie, mais dans une Bulgarie un peu onirique et brumeuse. Il ne faut pas oublier l'Association Appolonia, qui (autre hasard) expose à l'occasion de l'achat de deux photographies de Claire Chevrier par l'Artothèque de Strasbourg (j'en reparlerai sûrement) ces paysages essentiellement urbains (jusqu'au 13 juillet) d'une urbanisation industrielle de mauvaise qualité, mais où la trace de l'homme et de la nature arrivent encore à percer sinon quelquefois à avoir le dessus.

Pour compléter ce tour d'horizon-catalogue, je vous invite à plonger directement dans le paysage des Vosges du Nord, dans la vallée de Meisenthal pour voir l'exposition de sculptures de Stephan Balkenhol à la Halle Verrière (jusqu'au 4 septembre 2011)*.
Et cap vers le sud de Strasbourg, à Erstein, où, pas loin du Musée Würth qui montre Anselm Kieffer jusqu'au 25 septembre, à l'Etappenstall, on peut voir les oeuvres d'Erwin Heyn - je n'y étais pas encore mais, connaissant son travail, je penses que cela vaut le coup. Y aura-t-il des "paysages" abstraits?
Pour finir avec l'abstrait et une autre galerie strasbourgeoise pilotée par une femme, l'exposition André Debono "Les grands monochromes" où d'autres oeuvres non monochromes se sont immiscées, sur les murs de la Galerie Bamberger jusqu'au 9 juillet.

Bonnes expositions

La Fleur du Dimanche.

* pour avoir quelques vues de l'exposition, rendez-vous à la page du dimanche 26 juin 2011.

lundi 13 juin 2011

Le Film du Lundi: Une séparation d'Asghar Farhadi

Voilà le genre de film qui me plait: Un film qu'il faut vraiment regarder et dont l'histoire, de bout en bout intéresse et rend le spectateur actif. 

On s'attend à voir un mélodrame et on assiste à des drames humains, on pense voir un film sentimental et c'est presque un film policier.

L'histoire, annoncée simple - une femme veut quitter son mari - se complique et devient kafkaienne, par des enchaînements de circonstances. Tout cela permet à Ashghar Farhadi de brosser un portrait distancié de la société iranienne et de ses différences.
Tout en traitant de ces questions sociales, il se place sur un plan plus universel et dépeint la perte de repères - et la difficulté - que l'on peut avoir à s'occuper d'un parent malade d'Alzeimer. 
D'un autre côté, sans rentrer dans le psychologisme, l'enquête policière se passe à deux niveaux, celui d'une réelle enquête de "meurtre", mais également dans une analyse des mobiles, décisions et actions que mènent les deux parents vis-à-vis de leur fille en vue d'un pouvoir (ou d'un amour?) à sauvegarder.

Comme je le disais, c'est un film où il faut être très attentif, car quand il s'achève, on se repose toutes les question... et c'est très bien comme cela. 
Le grand prix qu'il a eu à Berlin, il le vaut totalement, de même que le prix d'interprétation masculine et celui d'interprétation féminine pour l’ensemble de l'équipe (une originalité), le jeu magnifique et tout en finesse des comédiens le justifient mille fois. 

Pour en savoir un peu plus, voici la bande annonce:


Je voudrais revenir sur deux chroniques récentes, celle de "La conquète" pour compléter par une autre suggestion de film à voir sur la thématique du "pouvoir", c'est le superbe film "Le discours d'un roi" de Tom Hooper (oscar du meilleur réalisateur 2011) qui décrit avec intelligence une autre prise de pouvoir, dans le Royaume-Uni, entre les deux guerres mondiales, prise de pouvoir dans le pays, mais aussi sur soi et dans la famille, par le Roi (à venir) Georges V) joué magistralement par Colin Firth (Oscar 2011 du meilleur acteur).

Et pour faire le parallèle avec Asghar Farhadi, qui se pose toujours la question: "Quand peut-on dire qu'un acte est moral ou immoral?", et qui ainsi arrive à un cinéma d'une grande tenue morale, revenir sur le film des frères Dardenne "Le gamin à vélo" et vous inviter, si vous ne l'avez toujours pas vu à courir le voir.
Pour vous convaincre, je citerai deux phrases des Frères Dardenne retrouvées dans Libération.
La première, réponse à la question:

"Pourquoi filmez-vous?
- "Le cinéma peut sauver des gens. Et dans notre film il y a de ça."
Et pour relativiser: "La fiction permet de donner une chance à Cyril. Dans la vraie vie, c'est plus compliqué."


et pour conclure en image, rappeler qu'on est le lundi de pont et que ce pont est celui de la Pentecôte, jour symbolique des "langues", et tout à fait approprié aux films dont je viens de parler (en particulier Le Discours d'un Roi") et en image-prime, je vous offre - symboliquement - les langues bleues, flammes qui auraient permis de comprendre la langue de l'autre. 


Véronica Spicata Royal Candles - Photo: LFDD

Bon cinéma du Lundi.

dimanche 12 juin 2011

La fleur du Jour: Le nénuphar ou la Nymphe des étangs

Pour ce deuxième pont (faux pont car solidarité oblige !) quoi de plus approprié que de vous offrir un univers de fleur aquatiques.

Pour commencer, les nénuphars des étangs des Vosges du Nord (si vous voulez vraiment les voir dans leur état sauvage, allez à celui qui se nomme Welschkobert (merci à Hugues le Peintre Paysan pour son tuyau). Pour les citadins, allez dans les parcs de vos villes, à Strasbourg, le Jardin Botanique et la cour de l’École des Arts Décoratifs devraient vous convenir.

Nénuphars en Fleur - Photo: LFDD
Curieux hasard, ce matin à la radio, France Inter pour ne pas la citer, notre jardinier de Versailles parle des nénuphars et précise qu'il ne faut pas les confondre avec le faux nénuphar - nénuphar jaune (Note de Béatrice la botaniste: ce "nénuphar jaune" qui se plaît sur nos petites rivières à cours lent est le "nuphar lutéa" aussi appelé jaunet), ceux qui ont éclairé mon enfance, comme les iris. il ne faut pas les confondre non plus avec les renoncules (et les populages des marais dit Christine).

Populage des marais - famille des renoncules - Photo: LFDD

Alain Baraton disait également qu'il existait une variété de nénuphars qui avaient le particularité de changer de sexe en un nuit. Et c'est la nuit, quand le fleur se referme, qu'elle retient prisonnière un papillon qui, après avoir butiné le pollen à plus soif, au lever du jour, en partant fertilise la fleur en laissant en passant quelques poussières sur l'organe qui est devenu mâle.

Nénuphar du soir - Photo: LFDD


Est-ce cette histoire qui à inspiré à Théophile Gautier le TVA du jour:

"C'est la nuit que les Elfes sortent
Avec leur robe humide au bord,
Et sous les nénuphars emportent
Leur valseur de fatigue mort."
Théophile Gautier

Ou qui a créé la légende d'Hercule qui a donné le nom aux Nymphaeas. C'est l’histoire d'une nymphe qui aimait Hercule d'un amour passionné mais fatal. Hercule l’avait cruellement repoussée, mais pour éterniser sa mémoire il la changeât en fleur.

En TVA bis, je vous offre un aphorisme:

Le nénuphar: radeau de la grenouille.

Rainette sur feuille de nénuphar - Photo: LFDD


et pour sourire, si on pose la question sur internet (Yahoo), on vous répond: "Je suis médusé par une telle question."


Et comme je sais que vous appréciez l'art et les artiste, je vous le fais en (TVA)ter :

"J’ai mis du temps à comprendre mes nymphéas… Je les cultivais sans songer à les peindre… Un paysage ne vous imprègne pas en un jour… Et puis, tout d’un coup, j’ai eu la révélation des féeries de mon étang. J’ai pris ma palette. Depuis ce temps, je n’ai guère eu d’autre modèle." (Claude Monet)

Bon dimanche (de pont)

La Fleur Du Dimanche

mercredi 8 juin 2011

L'expo du mercredi: Montez à l'Escalier avec Robert Stephan

L'exposition de cette semaine vous permettra de voir à la fois de belles fleurs et des oeuvres d'art qui vous émerveilleront.
Elle se tient à la galerie de l'Escalier à Brumath et les travaux que vous verrez - essentiellement des sculptures - sont visible tout l'été jusqu'au 18 septembre, tous les jours sauf le lundi et le mardi, de 14 heures à 18 heures.

Atelier de Robert STEPHAN
L'artiste qui a égrené ses oeuvres dans la galerie, en haut de l'escalier, mais aussi dans la cour à côté du jardin, est un habitué de la maison. Il était déjà venu ici en 2007* et a exposé en voisin à Haguenau lors de l'exposition "De la forêt à l’atelier" avec Christian Melaye et François Klein dans la chapelle des Annonciades. François Klein et Robert Stephan, dont il s'agit içi ont également tous les deux exposé récemment au Lézard à Colmar.
Cette nouvelle exposition est en quelque sorte une rétrospective du travail de Robert Stephan sur plus de vingt ans, depuis ses "échelles" et ses "escaliers" (prédestinés) jusqu'à ses plus récents travaux, les bouts de bois emballés en passant par ses "maisons" et ses "planches taillées".
Vous l'avez deviné - ou vous le savez peut-être déjà, ce qui fascine Robert Stephan, c'est le bois, le bois dans la forêt et le bois en tronc qu'il débitait à la tronçonneuse, puis plus tard qu'il entaillait dans un rituel de méditation, et que maintenant donc, il emballe dans du tissus pour "protéger" ce bois et la forêt. La pièce consacrée à ce travail tout récent, avec toutes ses variations, montre la grande qualité d'émerveillement dont fait preuve cet artiste.


Chaise de Robert STEPHA
Les oeuvres de Robert Stephan ont quelque chose de mystique et de reposant, elles dégagent à la fois un grande sagesse et de la sérénité et nous confrontent à notre responsabilité d'Homme.
Souvenez-vous de son installation devant le centre administratif de Strasbourg qui symbolisait la "hauteur" que devaient (ou devraient) prendre les élus qui siègent là. Et également la fragilité de ce pouvoir - le bois, comme les hommes, est fragile et s'est fait attaquer par des insecte parasites, ce qui a valu à l'installation de disparaître.
Mais pour le moment, vous pouvez encore voir les travaux de Robert Stephan à la Galerie de L'Escalier à Brumath et une oeuvre qu'il a réalisé avec les enfants de Haguenau devant la médiathèque.


Une vidéo qui retrace ce travail est visible ici:

*Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seul, Pascal-Henry Poirot, le complice de Robert Stephan à l'Escalier en 2007, sort lui aussi du bois pour exposer ses "Paysages-fictions", bois imaginaires sur toiles à l'Espace Lezard à Colmar (qui avait accueilli les 1001 de Corinne Kleck et Véronique Moser auparavant) jusqu'au 25 juin (attention aux horaires- voir sur le site du Lezard ici:
http://www.lezard.org/expos/index.html

Bonne(s) Expo(s) du mercredi..

La Fleur Du Dimanche

lundi 6 juin 2011

Rendez-vous raté avec le pouvoir: La Conquête - feuilleton quotidien.

C'était un suspense, mais tout le monde en  connaissait la fin...
Et qu'en reste-t-il, sinon des numéros d'acteurs qui essaient - et arrivent très bien à ressembler à des personnages connus du monde politique. Et pourtant il est bien dit: "Ceci est une fiction, toute ressemblance avec un personnage réel existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence."

L'on joue de cette coïncidence alors que, malheureusement la réalité dépasse la fiction et que la fiction fait croire que la réalité se décide. Comme ces "petites phrases" devraient nous faire croire que c'est grâce à elles que l'on gagne une élection. Mais ce n'est pas Nicolas qui a commencé...
Le film de Xavier Durringer nous donne l'illusion que nous nous souvenons du passé et que l'histoire (avec un petit h) n'est que le début de l'Histoire avec un H majuscule.

Sur ce terrain, Nanni Moretti avec "Le Caïman" nous avait habitué à plus de talent. Et curieusement, en comparant les affiches des deux films, on se dit que l'un a quelque chose que l'autre n'as pas... Alors on se dit aussi qu'on attendra peut-être son "Habemus Papam" pour voir de la "politique" au cinéma. Et qu'on évitera de regarder le spectacle de la politique à la télévision.

dimanche 5 juin 2011

Rendez-vous aux jardins des Fleurs et de l'Art

Les deux derniers week-ends, c'étaient les artistes qui ouvraient leurs ateliers en Alsace, ce week-end, ce sont les jardiniers, et ils accueillent aussi, quelquefois des artistes, alors, avant un petit extrait de programme en fin de page, retour sur les fleurs d'artistes.


La première, fleur de verre, vue jeudi 2 juin ici même, c'est l'entrée de l'Atelier des éditions Ergastule. La suivante, dans la même philosophie, c'est chez Anne-Sophie Tschiegg. "Miroir, oh mon beau miroir"... Suis-je éternelle?

Miroir, Oh mon beau miroir - Photo: lfdd

Le vert lui va si bien ! Et chez Christine Colin, la robe mauve vin - c'est elle qui avait habillée la bouteille des 20 ans du CEFPPA - de la clématite fait écho avec son mur de fausses vignes.

Fleur de plume ou de vin ? - Photo: lfdd


Christine, elle, était fleurie à même la peau, comme l'étaient les dames de Pôle Sud lors du festival Nouvelles Danse Strasbourg (voir dimanche 22 mai).

A fleur de peau - Photo: lfdd

Avant le programme des réjouissances, le TVA (Texte à Valeur Ajoutée) du jour, complète celui de jeudi.
C'est toujours André du Bouchet qui parle:

"Ma faiblesse est de vouloir que ce que je dis soit vu"

et plus sérieusement encore:

"Lorsque la place réservée au poète est vide, elle est dangereuse".


... A vérifier lorsque vous irez dans les jardins où passent les poètes.... 

Donc, comme promis le programme des festivités et sorties :

« Dans le cadre des animations Art et Balade organisées à Murbach le week-end de l’Ascension, Albert Strickler propose le dimanche 5 Juin à 16 heures dans le jardin d’Angèle une lecture de poèmes tirés du cycle  La Lumière la mort.
Le livre, à paraître,  a été réalisé avec la plasticienne Dan Steffan qui donnera, quant à elle, un aperçu de ses œuvres figurant dans l’ouvrage à la Grange de Marie-Laure Collange. »

Il y aura plein d’autres artistes, et animations dans Murbach.
Donc, si vous ne savez pas quoi faire de ce long pont, et que Murbach dans le Haut-Rhin vous tente, allez-y.

Ou à Uttenhoffen, où démarre la nouvelle exposition de Joseph Kieffer - Pierre Gangloff a décroché, vous ne pourrez plus le voir que là :
et dans pleins d’autres jardins, dont celui de Catherine Kern,à Boersch, mais aussi au jardin de l’Escalier qui accueille Robert Stephan dans la galerie en haut dudit escalier et dont je parlerai sûrement prochainement.
Alors, allez voir les fleurs puisque ce week-end elles vous donnent rendez-vous aux jardins.

Bon dimanche

La fleur du dimanche.

jeudi 2 juin 2011

Vatertag - C'est la fête des pères à Christi Himmelfahrt - Ascension

Tout un symbole !
40 jours après Pâques, le jeudi de l’Ascension est férié et ce jour est choisi en Allemagne pour fêter les pères - eh oui, Jésus, lui, aurait bien rejoint le sien ce jour-là*.

Alors, c'est presque dimanche et je vous offre ma fleur - en relation avec cette symbolique: la fleur de verre, avec le ciel derrière.

Fleur de Verre - Photo: lfdd
 

 Et en hommage au père, la fleur de l'eau, lui qui adore les oiseaux, aquatiques aussi.


Fleur d'eau - Photo: lfdd



Et pour TVA, avec sa suite dimanche, en symbiose avec les photographies, une phrase du poète André du Bouchet:

"L'homme est muet, c'est l'image qui parle."




Bonne fête des Pères en avance.


La Fleur du Dimanche

*pour les histoires de religion, je vous renvoie à ma chronique "Le film du lundi : "Le chat du Rabbin" que je vous conseille d'aller voir.

L'expo du mercredi : (im)possible à voir: Anish Kapoor au Grand Palais

Exceptionnellement, je vais parler d'une exposition que je n'ai pas vue, mais qu'il ne faut pas rater et je remercierai celui ou celle qui pourra me dire: "Je l'ai vue" et m'en parler.

Parce que je j'aurais aimé la voir et expérimenter cette installation Monumenta(le) dans la nef du Grand Palais.
Mais il y a peu d'élus.... Déjà les expositions précédentes avaient le succès qui permettait à l'amateur qui acceptait d'attendre quelques quarts d'heures, sinon quelques demi-heures, de "vivre" des expériences mémorables. Je repense avec émotion à Anselm Kiefer et ses "abris bunker" et ses "Tableaux-fleurs-herbes-buissons", ou à cette montagne de vêtements brassée par une grue géante à l'arrière de ces 69 carrés de vêtements étalés dans toute la nef avec les battements de coeur en fond sonore des "Personnes" de Christian Boltanski, et surtout la "cathédrale" de métal de Richard Serra* qui étreignait le coeur à sa confrontation "hénaurme".

Donc, si vous êtes à Paris avant le 23 juin, et que vous êtes patient(e), allez voir l'exposition d'Anish Kapoor, ce très grand artiste britannique (né à Bombay) qui vous permettra de vivre l'expérience de l'espace, de la couleur et de la méditation. Anish Kapoor a représenté la Grande-Bretagne à la Biennale de Venise en 1990 et j'ai eu la chance de voir quelques expositions de lui, dont une des premières à Londres 1998 à Hayward, son oeuvre pour l'exposition "La Beauté" en 2000 à Avignon et la celle de "Estuaire" à Nantes en 2007, entre autres, je peux vous confirmer que la fréquentation des ces (ses) oeuvres est bénéfique.

Courrez au Grand Palais et si vous en avez la possibilité, faites-le en nocturne (du jeudi au dimanche jusqu'à minuit !), en attendant d'admirer sa prochaine sculpture pour les Jeux Olympiques de Londres, une revisitation déstructurée de la tour Eiffel haute de 120 mètres. 

Pour ceux qui n'y pourraient  aller, j'offre à la contemplation la plus petite sculpture d'Anish Kapoor - 5 centimètres - l'édition réalisée à l'occasion de la manifestation "La Beauté" en Avignon en l'an 2000.

Anish Kapoor "I am beautiful" - La Beauté 2000 Avignon
* Je signale l'exposition qui se tient actuellement à la Fondation Beyeler à côté de Bâle "Brancusi & Serra" jusqu'au 21 août.
Comme nous en sommes dans les annonces, et qu'il y une "certaine" relation avec Kapoor, je vous invite à voir SDC dans le spectacle du Ballet du Rhin "Trilogie Russe" - jusqu'au 5 juin à l'Opéra du Rhin à Strasbourg.
Cette relecture "moderne" et mixed média du ballet "Le Sacre du printemps" d'Igor Stravinski secoue et décoiffe autant qu'elle enchante. La chorégraphie de Garry Stewart qui mêle la vidéo en direct, avec toutes ses potentialités (gestes cadrés en gros plan, image multipliée, superposition de poses et de mouvements) donnent une nouvelle dimension à la pièce. Les danseurs et danseuses, "sapés" en survêtement orange (ici le lien avec Kapoor) ne sapent pas la musique, ils la désacralisent et lui insufflent une énergie qui va dans la brisure (break)  qu'aurait aimé Igor, je pense.
Dans le même programme, une autre pièce de Stravinski "Le baiser de la Fée" chorégraphié avec beaucoup de délicatesse (et un discret hommage à Pina Baush) par Michel Kelemenis et "Chout" de Prokofief, dont Virginia Heinen qui convoque le cinéma avec les films comiques dans son mouvement "un homme, deux femmes et un canapé"  et l’expressionnisme allemand plus tard. Le tout dans un décor qui serait sorti tour droit de l'exposition "1001 sucres" dont j'ai parlé le 18 mai.

Camion en sucre - Photo: lfdd


Bonne expo et bon spectacle, le cas échéant.

La Fleur Du Dimanche