lundi 13 juin 2011

Le Film du Lundi: Une séparation d'Asghar Farhadi

Voilà le genre de film qui me plait: Un film qu'il faut vraiment regarder et dont l'histoire, de bout en bout intéresse et rend le spectateur actif. 

On s'attend à voir un mélodrame et on assiste à des drames humains, on pense voir un film sentimental et c'est presque un film policier.

L'histoire, annoncée simple - une femme veut quitter son mari - se complique et devient kafkaienne, par des enchaînements de circonstances. Tout cela permet à Ashghar Farhadi de brosser un portrait distancié de la société iranienne et de ses différences.
Tout en traitant de ces questions sociales, il se place sur un plan plus universel et dépeint la perte de repères - et la difficulté - que l'on peut avoir à s'occuper d'un parent malade d'Alzeimer. 
D'un autre côté, sans rentrer dans le psychologisme, l'enquête policière se passe à deux niveaux, celui d'une réelle enquête de "meurtre", mais également dans une analyse des mobiles, décisions et actions que mènent les deux parents vis-à-vis de leur fille en vue d'un pouvoir (ou d'un amour?) à sauvegarder.

Comme je le disais, c'est un film où il faut être très attentif, car quand il s'achève, on se repose toutes les question... et c'est très bien comme cela. 
Le grand prix qu'il a eu à Berlin, il le vaut totalement, de même que le prix d'interprétation masculine et celui d'interprétation féminine pour l’ensemble de l'équipe (une originalité), le jeu magnifique et tout en finesse des comédiens le justifient mille fois. 

Pour en savoir un peu plus, voici la bande annonce:


Je voudrais revenir sur deux chroniques récentes, celle de "La conquète" pour compléter par une autre suggestion de film à voir sur la thématique du "pouvoir", c'est le superbe film "Le discours d'un roi" de Tom Hooper (oscar du meilleur réalisateur 2011) qui décrit avec intelligence une autre prise de pouvoir, dans le Royaume-Uni, entre les deux guerres mondiales, prise de pouvoir dans le pays, mais aussi sur soi et dans la famille, par le Roi (à venir) Georges V) joué magistralement par Colin Firth (Oscar 2011 du meilleur acteur).

Et pour faire le parallèle avec Asghar Farhadi, qui se pose toujours la question: "Quand peut-on dire qu'un acte est moral ou immoral?", et qui ainsi arrive à un cinéma d'une grande tenue morale, revenir sur le film des frères Dardenne "Le gamin à vélo" et vous inviter, si vous ne l'avez toujours pas vu à courir le voir.
Pour vous convaincre, je citerai deux phrases des Frères Dardenne retrouvées dans Libération.
La première, réponse à la question:

"Pourquoi filmez-vous?
- "Le cinéma peut sauver des gens. Et dans notre film il y a de ça."
Et pour relativiser: "La fiction permet de donner une chance à Cyril. Dans la vraie vie, c'est plus compliqué."


et pour conclure en image, rappeler qu'on est le lundi de pont et que ce pont est celui de la Pentecôte, jour symbolique des "langues", et tout à fait approprié aux films dont je viens de parler (en particulier Le Discours d'un Roi") et en image-prime, je vous offre - symboliquement - les langues bleues, flammes qui auraient permis de comprendre la langue de l'autre. 


Véronica Spicata Royal Candles - Photo: LFDD

Bon cinéma du Lundi.

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