vendredi 26 mai 2023

Wakatt au Maillon: Notre époque d'or et de cendres

 Serge Aimé Coulibaly a les pieds sur deux continents, l'Afrique, à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso où il est né et où il a commencé la danse avec Amadou Bourou et l'Europe où, passant par Nantes avec Claude Brumachon, puis Bruxelles où il a fondé sa troupe Faso danse théâtre et a dansé avec Alain Platel et Sidi Larbi Cherkaoui. Il navigue toujours entre ces deux territoires, tout comme il travaille aussi avec des danseurs amateurs. C'est son engagement d'artiste qui le fait s'interroger sur notre société dans ces créations. Celle présentée au Maillon avec Pôle Sud - CDCN Wakatt signifie d'ailleurs "notre temps" en mooré, l’une des langues principales du Burkina Faso.


Wakatt - Serge Aimé Coulibaly - Photo: Sophie Garcia


Et donc nous parle d'aujourd'hui, un aujourd'hui très marqué par les soubresauts sociétaux, politiques mais aussi sanitaires de ce siècle - la pièce a été crée à la Biennale de la Danse de Lyon en 2020. Et sur son site, il précise bien son intention "Montrer le côté obscur de l'humanité sur scène, cela nous encouragerait-il à ouvrir notre champ de vision, à lutter pour un autre avenir ?" - A vous d'y répondre.


Wakatt - Serge Aimé Coulibaly - Photo: Sophie Garcia


En tout cas la pièce est très pessimiste, peu entraînante. Elle démarre par des tableaux vivants, instantanés de violence qui surgissent d'un genre de caverne arrondie avant de dévoiler un plateau couvert d'une espèce de cendre noire duquel émerge à un moment un personnage perdu au milieu des autres qui restent isolés, immobiles pendant qu'il arpente le plateau en gesticulant, désarticulé et tombant sans cesse dans un état de transe. Les autres personnages, portant des costumes colorés, rouge, verts, jaunes, violets - c'et un peu la seule lueur de la pièce, hormis la musique frénétique que joue en direct le groupe de Magic Malik - imperceptiblement, alors qu'ils nous tournaient le dos, font une rotation sur eux-mêmes et après ce long tour à presque 360 degrés entrent eux aussi dans la transe qui s'étend et prolifère. 


Wakatt - Serge Aimé Coulibaly - Photo: Sophie Garcia


Les mouvements saccadés, les chutes, les gestes de possédés ou des déplacements frénétiques dans tous les sens et quelquefois vers un rocher doré qui trône sur le côté droit de la scène et qui semble être une montagne magique semblent enfermer chaque interprète dans une bulle dont il ne sort que rarement, sauf de temps en temps pour un échange avec une autre danseur. Ou, quelquefois dans de petits groupes de trois ou quatre qui forment un mouvement d'ensemble mais très vite d'autres viennent perturber de leur côté cet essai d'expression, en créant leur petit groupe dissident. 


Wakatt - Serge Aimé Coulibaly - Photo: Sophie Garcia


Pour les mouvements d'ensemble, on a l'impression que chacun reste dans son système, sa logique. Il y a aussi de la violence, même des coups portés. Mais la violence est surtout dans un enfermement traumatique de chacun dans sa folie. Quelques soli laissent cette folie s'épancher. On sent quelques personnalités fortes, en particulier, un peu à part sur la gestuelle du reste de la troupe, la très belle expression de Marion Alzieu qui nous offre un magnifique solo très habité et puissant. 


Wakatt - Serge Aimé Coulibaly - Photo: Sophie Garcia


La musique en direct de Magic Malik à la flûte et au chant, Maxime Zampieri aux percussions et au clavier et Jean-Luc Lehr à la basse nous immerge dans cet univers de claustration par son côté hypnotique et les mélopées magiques de la flûte de Malik. Elles accompagnent les processions et chutes de cette communauté en perdition où peu d'espoir émerge. De mouvements mécaniques, désarticulés, en gestes frénétiques, de processions lugubres en offrandes mystiques, de corps qui chutent et qui vont de la lassitude à l'épuisement, à des violences sourdes et continues, on aboutit à un rocher recouvert de noir et un dernier sursaut suraigu de la flûte qui s'éteint dans le noir complet. Mehr Licht !


La Fleur du Dimanche



Wakatt


Conception et mise en scène : Serge Aimé Coulibaly
Composition et direction musicale : Magic Malik
Création et interprétation : Marion Alzieu, Bibata Maiga, Jean Robert Koudogbo-Kiki, Antonia Naouele, Adonis Nebie, Jolie Ngemi, Sayouba Sigué, Snake, Ahmed Soura, Marco Labellarte et les musiciens Magic Malik, Maxime Zampieri, Jean-Luc Lehr
Dramaturgie : Sara Vanderieck
Assistance à la chorégraphie : Sayouba Sigué
Scénographie et costumes : Catherine Cosme
Lumière : Giacinto Caponio
Régie générale : Dag Jennes
Régisse son : Ralph M'Fah-Traoré
Régie lumière : Hermann Coulibaly
Assistance artistique : Hanna El Fakir
En charge de production : Sandra Diris
Direction technique : Thomas Verachtert
Pré-production : Laure Louvat
Conseil artistique : Thomas Prédour
Coordination : Faso Danse Théâtre / Lies Martens
Communication : Faso Danse Théâtre / Sandra Diris
Production : Faso Danse Théâtre
Coproduction : Théâtre National Wallonie-Bruxelles (BE) / La Biennale de la Danse Lyon (FR) / Ruhrtriennale (DE) / deSingel Anvers (BE) / Kampnagel Hamburg (DE) / Münchner Kammerspiele (DE) / Tanzhaus Düsseldorf (DE) / Les Théâtres de la Ville de Luxembourg (LU)
Diffusion : Frans Brood Productions
Soutiens : Ankata (Bobo Dioulasso, Burkina Faso) et Dreamcity Tunis
Avec l’appui de : La communauté Flamande / La Fédération Wallonie-Bruxelles / Wallonie-Bruxelles International / Le Tax Shelter Belgique

jeudi 25 mai 2023

Harmonies Sonores avec l'OPS: Les vibrations de l'orchestre traversent les siècles

 Pour cette dernière soirée de l'OPS - Orchestre Philharmonique de Strasbourg au PMC - Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg avant l'ultime concert de saison (gratuit) au Jardin des Deux Rives pour la Symphonie des Arts, le programme Harmonies Sonores est alléchant.

Cela commence par la création française de la version pour grand effectif de la pièce Eléments, pour grand orchestre de Nina Senk. La version "restreinte", composée en 2013 ayant été jouée par l'Orchestre symphonique de la Radio-Télévision de Slovénie le 9 octobre 2014. Elle s'inscrit dans une commande à cinq compositeurs de différents pays dans le cadre du projet ONE - Orchestra Network Europe et les réunit autour du thème du Mont-Blanc. Cette montagne, la plus haute d'Euripe que nous gravisson (en pensée) au long de cette (courte) pièce de moins de sept minutes. 


OPS - Harmonies Sonores - Aziz Shokhakimov - Photo: Nicolas Rosès


Les sons divers, cordes et cuivres s'assemblent pour monter en puissance. Les percussions se frayent un passage en petits sons mystérieux, chutes de cailloux au autres. Les éléments se calment à nouveau. Un bruissement, quelques respirations de cordes, un roulement de grosse caisse. Une vague tenue par les cordes, reprises par les vents, un dialogue entre les deux familles, d'une part la nature, les métaux, les vents, et d'autre part l'humanité en mouvement permanent, les cordes. Ca tire vers les aigus et le violon solo donne le dernier souffle (magnifique Philippe Lindecker). Comme le dit Nina Senk: " "l'équilibre parfait que tente d'obtenir l'individu au coeur de la nature".


OPS - Harmonies Sonores - Nina Senk - Photo: lfdd



Le programme continue avec le Concerto pour violon et violoncelle en la mineur, opus 102, dit Double Concerto de Johannes Brahms. Celui-ci offrit la composition au célèbre violoniste Joseph Joachim en signe de réconciliation - il s'était brouillé avec lui en prenant parti pour son épouse lors de la séparation du couple. La pièce est très virtuose et après une courte introduction des cordes, Jean-Guihen Queyras au violoncelle solo entame la présentation de la mélodie, la mélodie est reprise par Isabelle Faust sur un Stradivarius de 1704 surnommé "La Belle au Bois dormant" - le violoncelle de Jean-Guihen Queyras est un violoncelle de Goffredo Cappa de 1696. S'ensuit un duo virtuose puis une reprise par l'orchestre. 


OPS - Harmonies Sonores - Isabelle Faust - Jean-Guihen Queyras - Photo: Nicolas Rosès


Très souvent, les deux interprètes vont ainsi alterner leurs duos chantants, soit en décalage, alternant leur mode de jour, soit dans un unisson joyeux. L'Allegro  rapide se terminant par une fin altière, l'Andante qui suit sera plus calme et lent, plus en rondeurs avec des duos doux et tendres puis le Vivace non troppo se fera dansant, alternant des moments plus calmes avec de belles envolées. On sent une belle complicité entre les deux solistes qui ont l'habitude de jouer ensemble mais aussi avec l'Orchestre philharmonique de Strasbourg et le chef Aziz Shokhakimov qui mène la phalange avec énergie et doigté, et enthousiasme comme à son habitude. La prestation a convaincu le public chaleureux qui a droit à un bis des solistes. 


OPS - Harmonies Sonores - Johannes Brahms - Photo: lfdd


Ce sera une Gavotte de Jean-Sébastien Bach où nous pouvons apprécier un tout autre jeu, différencié et complémentaire, des deux instrumentistes mais tout aussi dansant.


OPS - Harmonies Sonores - Jean-Guihen Queyras - Isabelle Faust - Photo: lfdd


Après l'entracte, au tour de la Symphonie no 3 en ut mineur op. 78, dite "Symphonie avec orgue", une des œuvres symphoniques les plus célèbres de Camille Saint-Saëns dédiée à Frantz List. Une oeuvre majestueuse en quatre parties - mais jouée plutôt en deux parties, dans laquelle on entend, outre l'orchestre en grande formation, un piano joué à quatre mains (pour les deux dernières parties) et bien sûr l'orgue (pour la deuxième et la dernière partie). Ces deux instruments n'ont pas de partie solistes à proprement parler, et sont intégrés dans l'ensemble de l'orchestre. L'oeuvre qui démarre doucement avec l'Adagio, tout en gravité, monte en puissance et fait preuve d'une belle nervosité, de mouvements très rapides et hachés, quelques pizzis et une belle emphase. Dans le Poco Adagio, l'orgue amène délicatement sa touche grave. Pour l'Allegro moderato les mouvements se font plus rapides et plus dansants et nerveux, avec des changements de rythme fréquents .

OPS - Harmonies Sonores - Orgue et piano - Photo: Nicolas Rosès


Et pour le dernier mouvement, Presto, Maestoso – Allegro, avec le retour de l'orgue et du piano à quatre mains, ont monte en emphase et en puissance dans de belles envolées lyrique galopantes. Une oeuvre épique et puissante où toutes les familles de l'orchestre trouvent voix au chapitre. Un beau challenge bien assumé par tous les interprètes sous la baguette avisée et précise d'Aziz Shokhakimov. Une très belle soirée.


OPS - Harmonies Sonores - Camille Saint-Saëns - Photo: lfdd


La Fleur du Dimanche

mardi 23 mai 2023

L'Esthétique de la Résistance au TNS: Le millefeuille de la confusion des engagements

 Le roman de Peter Weiss L'Esthétique de la Résistance, paru en trois volumes en Allemagne entre 1975 et 1982 est une somme qui balaye l'histoire allemande - et européenne - entre 1937 et 1942. Ce récit dont la dernière version qui, rassemblé en 2017 en un seul volume de presque 900 pages, conte l'histoire du narrateur venu d'Allemagne s'engager avec les Brigades internationales en Espagne en 1937 puis partant en Suède pour revenir en Allemagne dans les années 1942 en relation avec un groupe d'opposants au régime nazi, l'Orchestre Rouge. 


L'Esthétique de la Résistance - Peter Weiss - Sylvain Creuzevault - Photo: Jean-Louis Fernandez


Il interroge à la fois les événements historiques et les engagements individuels de militants communistes contre le fascisme tout en  essayant de trouver des clés d'analyse et de lecture de la société dans les arts et la culture pour participer au progrès social. Un roman "de formation" - Bildungsroman - dans la tradition allemande, en quelque sorte. Les seuls personnages de fiction sont le narrateur et sa famille, tous les autre personnages étant des personnages bien réels. 


L'Esthétique de la Résistance - Peter Weiss - Sylvain Creuzevault - Photo: Jean-Louis Fernandez


Sylvain Creuzevault s'est frotté à ce pavé pour interroger l'histoire du communisme par le biais de ce récit. Mais sa démarche n'est pas une simple transposition du livre. Sa démarche a plutôt été d'en sortir ce qu'il appelle des "structures" qui lui permettent d'expérimenter avec les acteurs des approches différentes de ce matériau. Il a donc, avec quelques membres de sa troupe (Boutaïna El Fekkak, Vladislav Galard qui joue entre autre Peter Weiss, Arthur Igual - rôle de Berthold Brecht - et Frédéric Noaille), habitués à sa méthode, travaillé au long cours avec l'ensemble des élèves du Groupe 47 du TNS (entrés en 2020, et qui ont vécu l'épisode du Covid au TNS) et qui présentent donc leur spectacle de fin de formation avec cette pièce fleuve (presque six heures avec les deux entractes) L'Esthétique de la Résistance


L'Esthétique de la Résistance - Peter Weiss - Sylvain Creuzevault - Photo: Jean-Louis Fernandez


Le rythme et les différents épisodes retenus de la pièce sont vraiment très variés et l'on passe de scènes de foule à des moments intimes, de chansons ou de récitals à des déclamations ou du théâtre dans le théâtre, des moments comiques ou intimistes, de la chorégraphie et du récital, des discussions politiques ou concernant l'art et l'engagement, des résumés de situations ou des présentations très claires et pédagogiques de situations complexes. Tout cela sans faiblir dans le rythme et en changeant très souvent de mode de jeu. Le vaste plateau, avec très peu d'accessoires et un éclairage adapté, nous livre des univers variés dans une dominante noir et blanc de cette période (un clin d'oeil à la robe rouge d'Otto Dix dans le cabaret ou le drapeau - antenne radio lors du procès de Boukharine). 


L'Esthétique de la Résistance - Peter Weiss - Sylvain Creuzevault - Photo: Jean-Louis Fernandez


La scénographie fait preuve dune grande inventivité et nous invite à "lire" les oeuvres d'art comme filtre de l'analyse politique. C'est d'ailleurs sous cet angle - esthétique - que débute le roman de Peter Weiss - et également la pièce avec une lecture à la fois historique et politique de la frise de Pergame, son histoire, ses mystères et interrogations, ses lacunes et ses interprétation, tout comme l'histoire des deux camps, fascisme et communisme dont les péripéties et soubresauts qui touchent autant les individus que les nations dont nous allons découvrir certains épisodes et revirements (comme le traité de Berlin ou le pacte Germano-soviétique, qui ne manquent pas d'interroger les protagoniste et nous rappeler la liberté que prennent les dirigeants politiques envers le destin des citoyens. D'autres tableaux (le Massacre des innocents de Breughel, le Tres de Mayo de Goya, le Guernica de Picasso,...) sont à la fois un moyen de pointer et dénoncer les méfaits de la guerre, un acte de soutien de la part des peintres et artistes et un témoin mémoriel de ces violences envers le peuple... Et cette histoire n'est pas terminée, il suffit de prendre pour exemple la récente invasion de l'Ukraine par la Russie à laquelle le geste de l'artiste Jean-Pierre Raynaud a répondu par son oeuvre Guernica - Ukraine exposée face au Guernica de Picasso dans la cour de la Sorbonne à Paris pour l'anniversaire du début de ce conflit. 


L'Esthétique de la Résistance - Peter Weiss - Sylvain Creuzevault - Photo: Jean-Louis Fernandez


Ce premier niveau, d'information et de prise de conscience va se continuer par l'analyse de ce matériau et de l'histoire en construisant des outils de compréhension à la fois de l'oeuvre d'art et du sens et de lecture de l'histoire et de son explication dans le but de pouvoir éventuellement influer sur son destin. C'est ce qui sera l'objectif et du livre, et de la pièce présentée sous nos yeux, sachant toutefois que cette représentation, que ce soit le théâtre brechtien (qui va être convoqué dans la pièce) ou le théâtre documentaire, connait ses limites, tout comme la politique, ce qui amène cette fin où sous une pluie de bombe, le personnage se demande comment mettre fin à ce genre de situation avec le narrateur qui se demande "peut-on faire ou pas l'unité pour créer un pays communiste". Le tout en ayant pleinement conscience des errements des deux régimes, fascistes et communiste auxquels nous avons pu assister plus ou moins de l'intérieur. 


L'Esthétique de la Résistance - Peter Weiss - Sylvain Creuzevault - Photo: Jean-Louis Fernandez


Et nous tirons le chapeau au phénoménal travail de toute l'équipe de Sylvain Creuzevault et les Singes ainsi que les élèves-comédien.ne.s du TNS (toutes et tous méritent un grand bravo pour leur inventivité et la qualité de leur jeu, une pensée particulière pour Gabriel Dahmani pour son Hénorme rôle du narrateur!)  ainsi que toutes les équipes techniques (mise en scène, dramaturgie, décors, lumières costumes, son vidéo) qui ont porté avec tout leur coeur, leur enthousiasme et leur énergie cette lecture artistique d'un morceau de l'histoire du monde. On en sort un peu éreinté mais content et satisfait d'avoir à la fois appris des choses que nous avions un peu oubliées et d'avoir vécu des moments très intense et émouvants.


La Fleur du Dimanche


L'Esthétique de la Résistance


Au TNS du 23 au 28 mai 2023 - Attention à l'horaire: 19h00

A Montpellier le 9 et 10 juin pour Le Printemps de Comédiens

A Bobigny du 9 au 12 novembre à la Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis dans le cadre du Festival d'Automne


CRÉATION AU TNS

Avec les artistes issu·es du Groupe 47 (3e année) de l’École du TNS en sections Jeu, Mise en scène/Dramaturgie, Scénographie-Costumes, Régie-Création et les artistes de la compagnie Le Singe *
D'après le roman de Peter Weiss
Adaptation et mise en scène Sylvain Creuzevault

Avec
Jonathan Bénéteau de Laprairie − Arvid Harnack
Juliette Bialek − Marlène Dietrich, Hélène Weigel, Ilse Stöbe
Yanis Bouferrache − Horst Heilmann
Gabriel Dahmani − le narrateur
Boutaïna El Fekkak * − la mère de Hans Coppi, Ruth Berlau
Hameza El Omari − Hans Coppi, Münzer
Jade Emmanuel − Marcauer, Joséphine Baker, Libertas Schulze-Boyzen
Felipe Fonseca Nobre − Jacques Ayschmann, Kurt Schumacher
Vladislav Galard * − Peter Weiss, Willi Münzenberg, Richard Stahlmann
Arthur Igual * − le père du narrateur, José Díaz Ramos, Bertolt Brecht
Charlotte Issaly − Otto Katz, Karin Boye, Margarete Steffin, Mildred Harnack
Frédéric Noaille * − Max Hodann, Jakob Rosner, Wilhelm Vauck
Vincent Pacaud − un·e associé·e de Katz, Herbert Wehner, Adam Kuckhoff
Naïsha Randrianasolo − la mère du narrateur, Edith Piaf, Anna Krauss
Lucie Rouxel − Charlotte Bischoff
Thomas Stachorsky − Nordahl Grieg, Maurice Chevalier,
Haro Schulze-Boyzen, Harald Poelchau
Manon Xardel − un·e associé·e de Katz, Lise Lindbæk,
Rosalinde von Ossietzky, Elisabeth Schumacher

Scénographie et accessoires
Loïse Beauseigneur
Valentine Lê
Costumes, habillage et maquillage
Sarah Barzic
Jeanne Daniel-Nguyen
Maquillage et perruques
Mityl Brimeur *
Lumière et régie lumière
Charlotte Moussié
en complicité avec
Vyara Stefanova *
Son, musique originale et régie son
Loïc Waridel
Musique originale
Pierre-Yves Macé *
cheffe de choeur
Manon Xardel
Régie plateau, machinerie
et cadrage vidéo
Léa Bonhomme
Vidéo et régie vidéo
Simon Anquetil
cadrage vidéo
Gabriel Dahmani
Régie générale et cadrage vidéo
Arthur Mandô
Dramaturgie
Julien Vella *
Assistanat à la mise en scène
Ivan Marquez

Peter Weiss est représenté par L’ARCHE − Agence théâtrale.
Le roman est publié aux éditions Klincksieck, 2017 (traduction de l’allemand Éliane Kaufholz-Messmer).
« À ceux qui viendront après nous », le poème représenté, écrit par Bertolt Brecht en 1938 pendant son exil, est publié dans le recueil Poèmes Tome 4 chez L’Arche Éditeur, 1966 (traduction Eugène Guillevic).
Le décor, les costumes et les accessoires sont réalisés par les ateliers du TNS.
Toutes les équipes du théâtre, de l’École et de la compagnie Le Singe ont accompagné l’ensemble du Groupe 47.
Production Théâtre National de Strasbourg

Coproduction et production déléguée Compagnie Le Singe
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Remerciements à Jean-Gabriel Périot, réalisateur du court-métrage Under Twilight (2006), musique de Patten (Groupe), qui nous a autorisé à diffuser gracieusement des images de son film.
Création le 23 mai 2023 au TNS



samedi 20 mai 2023

Dernier jour de Musique Action à Nancy: A suivre ....

 Journée spéciale à Nancy, ce samedi 20 mai 2023, dans divers lieux, pour clore définitivement l'aventure Musique Action à Nancy. Ce festival, créé en 1984 au Centre Culturel André-Malraux (maintenant Scène Nationale) de Vandœuvre-lès-Nancy, est un des rares festivals en France qui propose de la musique contemporaine lors d'une manifestation qui lui est dédiée (un autre Festival, Musica de Strasbourg y avait clôturé le sien en octobre 2022). 

Cela commence par une Rencontre Sonore animée par Guillaume Kosmicki avec le compositeur Jean-Philippe Gross à 11h00 à la MJC Lillebonne à Nancy. Elle est suivie d'une Carte Blanche à Barbara Dang qui propose une randonnée musicale autour d'une demi-douzaine de très courtes pièces minimalistes dont des pièces de Tom Johnson, Jurg Frey, Barbara Monk Feldman, Linda Catlin Smith, Cornelius Cardew, Henry Cowell, Alvin Lucier et une improvisation personnelle. 


Musique Action - Barbara Dang - Photo: lfdd

Barbara Dang qui avait déjà présenté le jeudi 18 mai une soirée consacrée au compositeur Tom Johnson nous emmène dans diverses explorations de jeu pianistique, soit avec des accords minimalistes, des boucles de notes qui tournent, un jeu avec les cordes légèrement grattées ou pincées.

Musique Action - Barbara Dang - Photo: lfdd

Musique Action - Barbara Dang - Photo: lfdd

La pièce d'Alvin Lucier est l'occasion de continuer avec une longue improvisation sur une base de vibrations continues où elle fait résonner quelques notes ou accords puis, en implantant des baguettes entre les cordes, en fait un instrument percussif et mélodique avant de les frotter plus ou moins délicatement avec deux galets en alternant avec le frottements de ces baguettes avec un chiffon mouillé au point d'en tirer des résonnances. 


Musique Action - Barbara Dang - Photo: lfdd


Le résultat de cette improvisation qui s'installe dans une ambiance intériorisée est une série de sons tenus et ténus qui nous embarquent dans un voyage hypnotique et relaxant .


Musique Action - Barbara Dang - Photo: lfdd

Musique Action - Barbara Dang - Photo: lfdd

Musique Action - Barbara Dang - Photo: lfdd


 Un autre voyage, tout aussi hypnotique, mais en pleine conscience, c'est le parcours sensoriel et d'écoute né de la rencontre d'Elsa Biston et ses machines vibrantes et l'Ensemble Hanatsu Miroir lors la création de leur expérience Attentifs ensemble à la Ferme du Charmois. Les spectateurs, partagés en deux groupes se font face, de part et d'autre d'un espace occupé par les musiciens de Hanatsu Miroir, Ayako Okubo à la flûte contrebasse, Olivier Maurel aux percussions et Louis Siracusa-Schneider à la contrebasse. 


Musique Action - Hanatsu Miroir- Elsa Biston - Photo: lfdd

Musique Action - Hanatsu Miroir- Elsa Biston - Photo: lfdd

Dans le coin opposé, Elsa Biston pilote ses "machines" et la conscience d'écoute des spectateurs à qui elle projette sur une écran au-dessus de cet espace des réflexions, consignes et remarques sur le déroulé et les états de cette expérience de "partage de l'écoute",  lors de laquelle nous somme attentifs à la fois à ce que nous entendons.


Musique Action - Hanatsu Miroir- Elsa Biston - Photo: lfdd

Musique Action - Hanatsu Miroir- Elsa Biston - Photo: lfdd

Mais aussi à comment nous l'entendons nous-mêmes et également les autres, les voisins ou voisines, proches ou lointains dans une démarche à la fois intériorisée et surplombante. La pénombre est gérée par Raphaël Siefert et Léa Kreutzer. 


Musique Action - Hanatsu Miroir- Elsa Biston - Photo: lfdd

Musique Action - Hanatsu Miroir- Elsa Biston - Photo: lfdd

Nous y entendons des feuilles de platane devenant instruments de percussion, la flûte jouant comme une contrebasse, du papier kaft être à l'origine de tremblements de terre. 


Musique Action - Hanatsu Miroir- Elsa Biston - Photo: lfdd

Musique Action - Hanatsu Miroir- Elsa Biston - Photo: lfdd

Une plaque de métal est à la fois haut-parleur et cloche, vibrante et sonnante et les instruments jouent à se copier ou à se répondre alors que la main de la flûtiste est emballée dans un sachet de plastique qui est également mise à contribution dans la partition. 


Musique Action - Hanatsu Miroir- Elsa Biston - Photo: lfdd

Musique Action - Hanatsu Miroir- Elsa Biston - Photo: lfdd

Tous ces objets, instruments par définition ou par destination nous interrogent sur ce que nous entendons et comment nous l'entendons et nous racontent une histoire parallèle dans une narration imagée et circulaire - la fin nous fait revenir au début pour nous permettre de réentendre, autrement, l'expérience sonore dans laquelle nous étions plongés sans repères, et nous en mesurons le delta. Et nous en sortons avec une conscience un peu plus aiguë de notre statut d'auditeur.



Musique Action - Archipel Nocturne - Violaine Gestalter - Christelle Sery - Louis-Michel Marion - Photo: lfdd

La journée s'achève au CCAM avec la création de la pièce Blanc de neige écrite spécialement par Carol Robinson pour l'ensemble Archipel Nocturne  fondé par Louis-Michel Marion dans le cycle The Weather Pieces. C'est Le fond de l'air II du même cycle, interprété au saxophone soprano par Violaine Gestalder qui débute la soirée. Une lente mélopée dans les aigus est reprise par l'électronique, en dissonances. Les sons se chevauchent, lancinants, lointaines réminiscences d'airs anciens, des paroles semblent émerger, flottent, questionnent, "est-ce qu'il y a vraiment un fond de l'air?" et la musique mystérieuse, orientaliste, a un côté magique. La deuxième pièce, Black on Green pour contrebasse, démarre par des frottements sans sons des cordes par Louis-Michel Marion. Peu à peu un son se révèle, relayé par l'électronique, les basses construisent un univers mystérieux, une voix chuchote des bouts de phrases et l'on entend une respirations de machines souterraines. La troisième pièce, Nacarat pour guitare électrique, composée au départ pour Serge Teyssot-Gay est interprétée avec fougue et classe par Christelle Sery. Toute en variations, saturations, éclats, grondements, distorsions, frappe des cordes et du corp de la guitare, la pièce triture le son et en expérimente les limites. celle de la patience de l'auditeur aussi qui, aurait apprécié plus de concentration. Pour la dernière pièce, la création de Blanc de neige, ce sont donc les trois interprètes avec le dispositif d'informatique musicale qui vont conjuguer saxophone, guitare et contrebasse pour construire un paysage de neige avec des sons cristallins, de bris de glaçons et des clochettes, le souffle du vent, du saxo, du blizzard et  la diffusion singulière. 

Clap de fin pour Musique Action ! Rendez-vous en septembre pour une autre saison à Vandoeuvre ... Et fin août pour à Mulhouse pour les 40 ans du Festival Météo ?


La Fleur du Dimanche

vendredi 19 mai 2023

Elisabeth gets her way avec Jan Martens: La musique de Chojnacka, la maîtresse-femme, incarnée

 C'est à la fois un portrait, un hommage et une lecture de l'interprétation de la musique (toute les musiques) au clavecin par Elisabeth Chojnacka, une maîtresse femme qui n'a pas craint de ruer dans les brancards que nous propose Jan Martens, un autre trublion de la scène* pour cette soirée du Festival Musique Action au Théâtre de la Manufacture de Nancy. Pour Elisabeth gets her way, les différentes pièces que va danser lui-même le chorégraphe belge sont ponctuées d'un montage vidéo très intelligent de Sabine Groenewegen à partir d'archives et d'entretiens, qui nous dévoile la pensée les paroles et les actes de la musicienne. Ainsi, en alternance, nous avons au fur et à mesure les différents aspects et interprétations de sa musique et des bribes de sa vie, de ses réflexions ou de ses prises de position assez révolutionnaire qui complètent très judicieusement les interprétations chorégraphiques des différentes pièces qu'elle joue.


Elisabeth gets her way - Jan Martens


C'est dans un costume - créations de Cédric Charlier - renvoyant au baroque, chemise bouffante à volets et collant "panthère" que Jan Martens nous interprète le Concerto pour clavecin et cinq instruments de Manuel de Falla dans une gestuelle, elle aussi tendant vers le baroque mais qui suit toutes les variations musicales de l'instrument avec une qualité exceptionnelle de transposition gestuelle qui nous rend la musique "visible".


Elisabeth gets her way - Jan Martens


Après un autre extrait vidéo qui laisse à Jan Martens le temps de souffler un peu et de se changer, nous le découvrons en slip pailleté doré dans une danse où l'essentiel du mouvement se passe dans les mains et les bras. Pour "Profil Sonore" pour clavecin et harpe, de Graciane Finzi, il va glisser doucement sur les pieds. Avec Commencement" de Zygmunt Krauze ce sera un style entre le Taï Chi et la boxe.  Au passage, nous assistons aussi à une démonstration d'Elisabeth Chojnacka qui nous prouve toute la virtuosité que Yannis Xenakis lui a demandé de prouver en jouant sur deux claviers avec des séries de notes différentes pour chaque doigt. Elle n'était pas un phénomène du clavier pour rien. 


Elisabeth gets her way - Jan Martens


Disparue en 2017, elle fêterait ses cinquante ans de concert, lors desquels elle a joué autant les classiques - à sa manière - et les compositeurs contemporains qui ont été nombreux, comme Xenakis à lui dédier des créations. Dans une des interviews elle précise qu'elle se changeait entre la première et la deuxième partie, la robe pour le classique et le pantalon (pas très courant à l'époque) pour la deuxième. D'ailleurs et c'est surprenant, la pièce anonyme Uppon La Mi Re” du 16ème siècle commence comme une pièce de minimalistes américains du XXème. 


Elisabeth gets her way - Jan Martens


Pour le reste des pièces chorégraphiques, nous allons à chaque fois découvrir un nouveau costume un autre style de chorégraphie, ou carrément nu comme un ver. Chaque costume et chaque pièce chorégraphique est adapté à chaque composition - il y a encore, entre autres Phrygian Tucket, une pièce super-véloce de Stephen Montague et Continuum de György Ligeti) - de la danse de rue à d'une danse sinueuse et ondulante en passant par le hip hop, ou un tango moderne avec une robe rouge à volants ouverts - Tango for Tim de Michael Nyman). Les lumières d'Elke Verachtert,  spécifiques à chaque tableau, créent un univers particulier, d'une semi-obscurité à une ambiance de boite de nuit avec des stroboscopes qui remplissent l'espace et titillent notre perception.


La Fleur du Dimanche


* voir le billet sur le dernier spectacle de Jan Martens au Maillon à Strasbourg en mars 2022 :  "Any attempt will end in crushed bodies and shatterred bones"

jeudi 18 mai 2023

Partir à l'Ascension et se demander si le retour est son antonyme

 En ce jeudi de l'Ascension (quarante jours après Pâques), nous allons jouer avec les mots et surtout les interroger avec Céline Flécheux.

On ne va pas jouer aux mots fléchés, mais ça peut servir. On va aussi décliner les roses:

Cas         Singulier     Pluriel
Nominatif rosa     rosae
Vocatif         rosa     rosæ
Accusatif rosam             rosās
Génitif         rosæ             rosārum
Datif rosæ             rosīs
Ablatif         rosā     rosīs


Ou plutôt les églantines:  la rose:

Eglantine - Photo: lfdd



Avant de s'interroger sur l'antonyme de "partir", comme c'est la saison de livraison de nouveaux mots du dictionnaire, pour augmenter votre vocabulaire, passons en revue quelques-uns.
Un de ceux que j'espère qu'il fera long feu (c'est à dire qu'il ratera la marche du succès) c'est le covidé.
On pourrait croire que c'est un étrange croisement entre le bovidé et le corvidé, et rien à voir avec les cervidés, mais il est né il y a trois ans et a ressurgi dans l'actualité grâce au Giro.
Il y a quelques mots qui portent vers des états anxieux ou la méfiance comme l'écoanxiété ou encore la glottophobie ou la grossophobie à ne pas confondre; le premier étant une discrimination linguistique par rapport à la langue ou l'accent et la deuxième à trait au poids. Il y a aussi le cyberharcèlement et le wokisme - un terme qui est plutôt utiliser pour se moquer de ceux qui pourraient l'être; "éveillés"  ou "conscient des problèmes liés à la justice sociale et à l'égalité raciale". Allez savoir...

Déclinaison des églantines:  la rose:

Eglantine - Photo: lfdd



Il vaut mieux être en PLS, autre nouveau mot qui signifie  PLS (Position Latérale de Sécurité) et qui vient du secourisme mais qui a migré dans la langue de la téléréalité avec des candidats que disent qu'ils sont en PLS, c'est-à-dire qu'ils sont choqués ou qu'ils ne se sentent pas bien. 
Il vaut mieux "chiller", un verbe synonyme de se reposer, se détendre. 
Et surtout se méfier des "brouteurs", un mot d’origine ivoirienne désignant une personne pratiquant de nombreuses arnaques sur les réseaux sociaux, de manière illégale. Il y a aussi, en langage de réseau sociaux, les trolls mais sont-ils rentrés dans le dictionnaire?
En abréviation empruntée à l'anglais il y a aussi les NFT - Non Fungible Token, désigne un fichier numérique non reproductible et doté d’un certificat d’authenticité, concernant une œuvre de type morceau de musique, texte, œuvre d’art, etc.  Il est traduit en français par Jeton Non Fongible (JNF). Nous sommes curieux devoir comment cela va évoluer, si c'est comme le métavers ou plutôt comme les cryptomonnaies...

Décliner des églantines:  la rose pâle:

Eglantine - Photo: lfdd



En tout cas, ce qui est sûr c'est que l'on appelle maintenant l'IA - l'Intelligence Artificielle semble avoir le vent en poupe et se répand comme une trainée de poudre. La preuve en est avec Karin Marjorie, une influenceuse qui a utilisé l'IA pour se créer un "double virtuel" qu'elle utilise pour dialoguer avec ses fans - plus de 2 millions d'abonnés sur Snapchat et 200.000 sur Instagram. Discuter avec son double revient à 1 $ la minute...

Vous pouvez toujours yodler, maintenant que le terme est (enfin?) entré dans le dictionnaire.


Décliner les églantines:  la rose pâle:

Eglantine - Photo: lfdd


Mais passons aux choses sérieuses avec Céline Flécheux. Dans son livre Revenir. L'épreuve du retour, elle s'interroge sur le "retour" des tous ces héros ou autres personnages qui tous sont partis. Tous ces "flâneurs, voyageurs, touristes, pèlerins, excursionnistes, globetrotteurs, explorateurs, vagabonds, aventuriers ou, dans des cas plus dramatiques, migrants, exilés, expatriés, réfugiés… " comme les qualifie Robert Maggiori dans l'article «Revenir» a plus d’un retour dans son sac" dans Libération du 18 mai. Il continue:
"Le départ (la partance comme on dit plus rarement) et le trajet lui-même (traversée, vol, promenade à pied, à vélo…) sont si clairs qu’ils attirent tous les regards.
On en retrouve la description détaillée dans des milliers de romans, essais, récits,
documentaires, films, expositions… Mais qu’en est-il des retours ?"
Et donc:
"Chacun sait que, partis de Palos de la Frontera, Christophe Colomb et les marins de la Pinta, de la Niña et de la Santa Maria, arrivent en «Nouvelle Inde». Comment en sont-ils revenus ? On n’a même pas de nom pour désigner ceux qui entreprennent le voyage de retour. Ils feraient tourner les tables ou hanteraient des châteaux s’ils étaient des revenants. Ils n’auraient aucune initiative ou responsabilité s’ils étaient, par besoin ou de force, rapatriés. Ils changeraient d’avis comme tourne la girouette s’ils étaient des retourneurs (de paletot). Pas de mot, pas de chose ? Il serait outrancier de le dire, mais à strictement parler, on ne peut, de revenir, faire le contraire de partir : partir, c’est s’aventurer, aller vers «ce qui est à venir» - comme les phrases d’un texte qu’on écrit sur un écran, qui peu à peu «occupent» l’espace blanc du bas de la page et le font «advenir» ; mais revenir, lui, ne va pas vers le futur, pas plus que la flèche de la souris qui «remonte» le texte pour s’arrêter aux lignes déjà écrites, «passées»."


Décliner des églantines:  la blanche:

Eglantine - Photo: lfdd



Donc, si "Pour partir et revenir on traverse l’espace, mais si partir crée le temps à venir, revenir ne peut le prendre à rebrousse-poil, et ne crée que douleur de ce qui ne reviendra plus - à moins que le retour ne (re) trouve la vertu du (re) commencement. Le retour est toujours une «épreuve».
Car, comme le constate Céline Flécheux: "Pourquoi la silhouette laissée en creux par celui qui est parti ne correspond-elle plus au gabarit de celui qui revient ? 
C’est sur ce dédoublement, cette dissymétrie, ce changement de corps propres à l’épreuve du retour que je souhaiterais que nous nous concentrions, plutôt que sur une histoire
des différentes figures du retour dans l’histoire de la philosophie.»
Et de conclure que dans le "retour" ce n'est pas tant le "voyage" qui est difficile, mais le retour de soi à soi, parce qu'au pire il n'y a plus "ni place ni maison où trouver refuge".

Décliner les églantines blanches et les faire s'envoler:

Eglantine - Photo: lfdd



Et pour finir en chansons; d'abord partir, avec Julien Clerc:



Puis avec Alain Barrière:



Faisons un crochet par Michele Bernard à défaut de "Partir, revenir" pas trouvé, "Qui a volé les mots



Et pour faire l'aller-retour, une petit tour avec Claude Lelouch, vous sous souvenez "Partir, Revenir", à voir jusqu'au bout (ça vous rappellera peut-être un autre film...)



Et puis revenir avec, tout d'abord Martin Luminet:



Et puis avec Raphael qui nous dit Je suis revenu



Et pour finir, je vous offre le clip qui est en totale adéquation avec le TVA: Il va revenir 




Bonne Ascension

la Fleur du Dimanche