Trois hurluberlus colorés déboulent de derrière le rideau de fond de scène, en habits tout colorés, rouge, vert et violet. Ils s'installent sur le devant de la scène sur des tabourets, comme sur une estrade de salle de classe, face à une salle remplie de petites têtes blondes. Nous sommes ce mercredi à Pôle Sud à une représentation "famille" du spectacle de Jean-Baptiste André Les jambes à son cou. En introduction il a été rappelé au public majoritairement (très) jeune (plus de 7 ans) les règles du bon spectateur: "Je me prépare à vivre une aventure", "Je peux exprimer mes émotions, mais je n'oublie pas que devant moi les artistes m'entendent, Et aussi les autres personnes assises autour de moi." Armés de ces bonnes résolutions le spectacle (ou la leçon) peut commencer. Même si les (petits) spectateurs et les jeunes spectatrices expriment quelquefois avec force leur étonnement, rires et joie. Parce qu'effectivement on se laisse emporter par le flot débridé et délirant, quelquefois presque surréaliste de ces trois artiste. Et en fait cela pourrait commencer comme une leçon ou un exposé. Par exemple sur le sens du titre du spectacle. Petite introspection interrogation des acteurs: Qui l'a inventé? Que signifie-t-il? A quoi cela correspond-t-il? Après ce moment de recentrage et de concentrations, on assiste presque à une leçon de français. Qu'est-ce qu'une expression? Que signifie "Prendre ses jambes à son cou?", "Quelles autre expressions utilisent des parties du corps?" Et le public, engagé, lève (ou pas) le doigt pour participer activement.
Les jambes à son cou - Jean-Baptiste André - Photo: Nicolas Lelièvre |
L'effet escompté est atteint: le public est concentré, il suit avec intérêt ce qui se passe sur la scène et regarde avec attention ce que la danseuse Fanny (Alvarez) et les deux danseurs (Jean-Baptiste (André) et Quentin (Folcher) - qui se sont présentés - vont interpréter devant eux. Parce qu'il s'agit effectivement, au sens littéral, d'interprétation: une traduction en geste comme si l'on traduisait une langue dans un autre. Les comédiens danseurs, un peu circassiens aussi - on a droit à de magnifiques acrobaties et des figures périlleuses et drôles - vont littéralement décliner en de multiples figures comment on peut "prendre ses jambes à son cou". C'est poétique et gracieux - ou surprenant, voire presque dangereux, à tout le moins risqué. Les corps se tordent et se plient. Ils vont, au gré des variations, expérimenter avec leurs corps les multiples possibilités d'y arriver, en torsion ou élongations, seuls, en version comparée ou en choeur et en mouvement d'ensemble ou alors dans des constructions surréalistes où les jambes de l'un sont sur le cou de l'autre en constructions verticales ou en largeur.
Les jambes à son cou - Jean-Baptiste André - Photo: Nicolas Lelièvre |
Les possibilités explorées sont très nombreuses et surprenantes. Et l'on explore aussi d'autres expressions par une série de rébus visuels où les spectateurs sont tout aussi impliqués que les deux compères qui doivent deviner des expressions comme "les bras m'en tombent", "croquer à pleines dent",... que mime l'un(e) des leurs. Et qui sont aussi l'occasion de chorégraphies drôles et surprenantes et imagées. Plus sérieusement "avoir les mains baladeuses" est l'occasion d'un récit prenant et émouvant d'un voyage dans le bus (51) qui rend attentif à l'intégrité du corps et aux limites qu'il ne faut pas franchir. Et qui montre des solutions possibles, comme demander de l'aides à un adulte...
Les jambes à son cou - Jean-Baptiste André - Photo: Nicolas Lelièvre |
Au fur et à mesure du spectacle, le rythme s'accélère, les costumes changent, toujours aussi colorés, les dansent se servent de et sur les portants de vêtements des deux côtés de la scène qui font office de coulisses et tout finit dans une danse endiablée où l'on révise toutes les expressions qui ont été présentées au cours du spectacles ou qu'on aurait aussi pu explorer. Et tout cela se finit dans un bel élan de joie et de bonne humeur. Pas triste la leçon !
La Fleur du Dimanche
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