jeudi 18 mai 2023

Partir à l'Ascension et se demander si le retour est son antonyme

 En ce jeudi de l'Ascension (quarante jours après Pâques), nous allons jouer avec les mots et surtout les interroger avec Céline Flécheux.

On ne va pas jouer aux mots fléchés, mais ça peut servir. On va aussi décliner les roses:

Cas         Singulier     Pluriel
Nominatif rosa     rosae
Vocatif         rosa     rosæ
Accusatif rosam             rosās
Génitif         rosæ             rosārum
Datif rosæ             rosīs
Ablatif         rosā     rosīs


Ou plutôt les églantines:  la rose:

Eglantine - Photo: lfdd



Avant de s'interroger sur l'antonyme de "partir", comme c'est la saison de livraison de nouveaux mots du dictionnaire, pour augmenter votre vocabulaire, passons en revue quelques-uns.
Un de ceux que j'espère qu'il fera long feu (c'est à dire qu'il ratera la marche du succès) c'est le covidé.
On pourrait croire que c'est un étrange croisement entre le bovidé et le corvidé, et rien à voir avec les cervidés, mais il est né il y a trois ans et a ressurgi dans l'actualité grâce au Giro.
Il y a quelques mots qui portent vers des états anxieux ou la méfiance comme l'écoanxiété ou encore la glottophobie ou la grossophobie à ne pas confondre; le premier étant une discrimination linguistique par rapport à la langue ou l'accent et la deuxième à trait au poids. Il y a aussi le cyberharcèlement et le wokisme - un terme qui est plutôt utiliser pour se moquer de ceux qui pourraient l'être; "éveillés"  ou "conscient des problèmes liés à la justice sociale et à l'égalité raciale". Allez savoir...

Déclinaison des églantines:  la rose:

Eglantine - Photo: lfdd



Il vaut mieux être en PLS, autre nouveau mot qui signifie  PLS (Position Latérale de Sécurité) et qui vient du secourisme mais qui a migré dans la langue de la téléréalité avec des candidats que disent qu'ils sont en PLS, c'est-à-dire qu'ils sont choqués ou qu'ils ne se sentent pas bien. 
Il vaut mieux "chiller", un verbe synonyme de se reposer, se détendre. 
Et surtout se méfier des "brouteurs", un mot d’origine ivoirienne désignant une personne pratiquant de nombreuses arnaques sur les réseaux sociaux, de manière illégale. Il y a aussi, en langage de réseau sociaux, les trolls mais sont-ils rentrés dans le dictionnaire?
En abréviation empruntée à l'anglais il y a aussi les NFT - Non Fungible Token, désigne un fichier numérique non reproductible et doté d’un certificat d’authenticité, concernant une œuvre de type morceau de musique, texte, œuvre d’art, etc.  Il est traduit en français par Jeton Non Fongible (JNF). Nous sommes curieux devoir comment cela va évoluer, si c'est comme le métavers ou plutôt comme les cryptomonnaies...

Décliner des églantines:  la rose pâle:

Eglantine - Photo: lfdd



En tout cas, ce qui est sûr c'est que l'on appelle maintenant l'IA - l'Intelligence Artificielle semble avoir le vent en poupe et se répand comme une trainée de poudre. La preuve en est avec Karin Marjorie, une influenceuse qui a utilisé l'IA pour se créer un "double virtuel" qu'elle utilise pour dialoguer avec ses fans - plus de 2 millions d'abonnés sur Snapchat et 200.000 sur Instagram. Discuter avec son double revient à 1 $ la minute...

Vous pouvez toujours yodler, maintenant que le terme est (enfin?) entré dans le dictionnaire.


Décliner les églantines:  la rose pâle:

Eglantine - Photo: lfdd


Mais passons aux choses sérieuses avec Céline Flécheux. Dans son livre Revenir. L'épreuve du retour, elle s'interroge sur le "retour" des tous ces héros ou autres personnages qui tous sont partis. Tous ces "flâneurs, voyageurs, touristes, pèlerins, excursionnistes, globetrotteurs, explorateurs, vagabonds, aventuriers ou, dans des cas plus dramatiques, migrants, exilés, expatriés, réfugiés… " comme les qualifie Robert Maggiori dans l'article «Revenir» a plus d’un retour dans son sac" dans Libération du 18 mai. Il continue:
"Le départ (la partance comme on dit plus rarement) et le trajet lui-même (traversée, vol, promenade à pied, à vélo…) sont si clairs qu’ils attirent tous les regards.
On en retrouve la description détaillée dans des milliers de romans, essais, récits,
documentaires, films, expositions… Mais qu’en est-il des retours ?"
Et donc:
"Chacun sait que, partis de Palos de la Frontera, Christophe Colomb et les marins de la Pinta, de la Niña et de la Santa Maria, arrivent en «Nouvelle Inde». Comment en sont-ils revenus ? On n’a même pas de nom pour désigner ceux qui entreprennent le voyage de retour. Ils feraient tourner les tables ou hanteraient des châteaux s’ils étaient des revenants. Ils n’auraient aucune initiative ou responsabilité s’ils étaient, par besoin ou de force, rapatriés. Ils changeraient d’avis comme tourne la girouette s’ils étaient des retourneurs (de paletot). Pas de mot, pas de chose ? Il serait outrancier de le dire, mais à strictement parler, on ne peut, de revenir, faire le contraire de partir : partir, c’est s’aventurer, aller vers «ce qui est à venir» - comme les phrases d’un texte qu’on écrit sur un écran, qui peu à peu «occupent» l’espace blanc du bas de la page et le font «advenir» ; mais revenir, lui, ne va pas vers le futur, pas plus que la flèche de la souris qui «remonte» le texte pour s’arrêter aux lignes déjà écrites, «passées»."


Décliner des églantines:  la blanche:

Eglantine - Photo: lfdd



Donc, si "Pour partir et revenir on traverse l’espace, mais si partir crée le temps à venir, revenir ne peut le prendre à rebrousse-poil, et ne crée que douleur de ce qui ne reviendra plus - à moins que le retour ne (re) trouve la vertu du (re) commencement. Le retour est toujours une «épreuve».
Car, comme le constate Céline Flécheux: "Pourquoi la silhouette laissée en creux par celui qui est parti ne correspond-elle plus au gabarit de celui qui revient ? 
C’est sur ce dédoublement, cette dissymétrie, ce changement de corps propres à l’épreuve du retour que je souhaiterais que nous nous concentrions, plutôt que sur une histoire
des différentes figures du retour dans l’histoire de la philosophie.»
Et de conclure que dans le "retour" ce n'est pas tant le "voyage" qui est difficile, mais le retour de soi à soi, parce qu'au pire il n'y a plus "ni place ni maison où trouver refuge".

Décliner les églantines blanches et les faire s'envoler:

Eglantine - Photo: lfdd



Et pour finir en chansons; d'abord partir, avec Julien Clerc:



Puis avec Alain Barrière:



Faisons un crochet par Michele Bernard à défaut de "Partir, revenir" pas trouvé, "Qui a volé les mots



Et pour faire l'aller-retour, une petit tour avec Claude Lelouch, vous sous souvenez "Partir, Revenir", à voir jusqu'au bout (ça vous rappellera peut-être un autre film...)



Et puis revenir avec, tout d'abord Martin Luminet:



Et puis avec Raphael qui nous dit Je suis revenu



Et pour finir, je vous offre le clip qui est en totale adéquation avec le TVA: Il va revenir 




Bonne Ascension

la Fleur du Dimanche 

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