dimanche 26 février 2017

Les éranthes dorées luisent sous le grand arbre, Todorov s'éteint, et dépeint l'âme des poètes russes

L'âme se cache-t-elle dans le jaune des fleurs ? Les enfants jadis s'éclairaient la naissance du cou avec des boutons d'or en caresse lumineuse et beurrée.
Pour le printemps qui s'annonce - bien que les températures nous mettent en garde contre un optimisme béat - elles nous apportent la lumière de dessous les grands arbres.

Dans le Jardin Botanique de Strasbourg, même fermé, les éranthes éclairent le grand arbre en miroir du soleil d'hiver. Et le tapis blond en fait une flaque de soleil bienvenu:


Eranthes sous le grand arbre - Photo: lfdd

Eranthes sous le grand arbre - Photo: lfdd


Eranthes sous le grand arbre - Photo: lfdd

Eranthes sous le grand arbre - Photo: lfdd


Après ce déferlement de soleil, je ne pouvais que vous parler d'étoiles. Ou plutôt de planètes qui pourraient ressembler à la terre. C'est la découverte récente d'un système de 7 planètes de la taille de la Terre munies d'atmosphères dont la moitié situées en "zone habitable" autour de leur étoile qu'une équipe d'astronomes vient de découvrir autour d'une étoile naine rouge TRAPPIST-1 située à 39 années-lumière de la terre.
Vous en saurez plus ici:
http://www.ca-se-passe-la-haut.fr/2017/02/decouverte-de-7-planetes-telluriques.html 
Et là:
Seven temperate terrestrial planets around the nearby ultracool dwarf star TRAPPIST-1

Mais je vais vous parler plutôt de Tzvetan Todorov qui vient de mourir le 7 février. Ce linguiste (mais pas que..), disciple de Roman Jacobson a jeté un regard - et écrit quelques livres très intéressant sur la Russie - qu'il a par chance qu'il a quitté - et pu analyser, en particulier la vie et le parcours des artistes poètes et autres artistes révolutionnaires (qui n'ont pas duré longtemps dans ce pays après la révolution).

Je cite Marina Tsetaeva (qui se pend en 1941): 
"Le communisme, en chassant la vie vers l'intérieur, a donné une issue à l'âme."

Et Maïakovski:
"Nous nous sommes jetés vers l'avenir avec trop de fougue et d'avidité pour pouvoir garder un passé. Le lien des temps s'est déchiré. Nous avons trop vécu par le futur, trop pensé à lui, cru en lui, nous n'avons plus la sensation d'une actualité qui se suffit à elle-même, nous avons perdu le sentiment du présent."

Et Kasimir Malevitch, inventeur du suprématiste (dont l'exposition chez Beyeler en novembre 2015 fêtait les 100 ans):
"L'art est immobile car il est parfait. L'art n'a pas de but et ne doit pas en avoir, car il est absolu. Au contraire, il peut être le but de tout ce qui se meut, car se meut ce qui est imparfait."



Pour finir en chanson, voici les "Ames errantes" de et par Molodoï pour rester dans l'ambiance:


 

J'ai marché sur toutes les routes 
Comme Rimbaud en d'autres temps 
Parmi les ruine de Beyrouth 
A la poursuite du néant 
J'ai erré dans des cafés 
Comme Verlaine bien avant 
Au Printemps, Automne, comme Eté 
Même les Hivers cinglants 

Et rappelez-vous que Nadja disait chez André Breton: 
"Sur le point de m'en aller, je veux lui poser une question qui résume toutes les autres, une question qu'il n'y a que moi pour poser, sans doute, mais qui, au moins une fois, a trouvé une réponse à la hauteur: "qui êtes vous?" et elle, sans hésiter: "je suis l'âme errante".



Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

samedi 25 février 2017

Flexible Silence de Saburo Teshigawara à Chaillot: le silence est d'or, adoré...

Comment imaginer un spectacle de danse qui célèbre le silence quand en plus celui-ci est créé avec des pièces de deux compositeurs de musique moderne et contemporaine: Olivier Messiaen et Rihoko Takemistu? 


Flexible Silence - Saburo Teshigawara - TND Chaillot


Il faut toute la qualité de chorégraphe du silence de Saburo Teshigawara et celle d'interprétation de ses danseuses (Rika Kator, Chiara Mezzadri, Junya Okazaki, Rihoko Sato) et d'Eri Wanikawa et de lui-même comme interprètes de ce silence flexible.

Olivier Messiaen et Rihoko Takemistu: maîtres du silence ?

Dans la grande salle du Théâtre de Chaillot, si ce n'avait été l'hiver, nous aurions entendu les mouches voler, tellement la concentration était intense, autant sur scène que dans la salle. Chacun était attentif à sa propre respiration.


Flexible Silence - Saburo Teshigawara - TND Chaillot

En première partie, sur la partition de la "Fête des belles eaux" d'Olivier Messiaen (1937) magnifique pièce en volutes et en canon jouée sur six ondes Martenot jouée par Imsu Choi, Aurore Dallamaggiore, Cécile Lartigau (élèves du CNSMD de Paris) et Nathalie Forget, Valérie Hatrmann-Claverie, Augustin Viard, la chorégraphie est plutôt chorale, avec un passage de relais entre les danseurs, quelquefois en duo ou trio, souvent portés, emportés par leurs mouvements de bras, par leurs mains qui tracent l'espace. Très dynamiques, bousculés d'un espace à un autre et se passant le relais, pour finir dans des mouvements d'ensemble et quelquefois retrouvant le sol.
Il faut aussi noter la sobriété, en même temps que la force de la mise en lumière créée également par Saburo Kashiwara, qui joue sur un espace fragmenté, ou plutôt circonscrit par des cercles plus ou moins larges, se chevauchant et s'élargissant ou se rétrécissant, glissant de l'un à l'autre pour faire passer le geste d'un danseur/seuses à un(e) autre. Pour finir dans une lumière qui s'élargit et déborde en flaque sur la scène et pousse la ligne de crête de cette fête des eaux.


Flexible Silence - Saburo Teshigawara - TND Chaillot

Pour la deuxième partie, même jeu sur la lumière, qui, cette fois-ci va quadriller ou plutôt découper au scalpel lumineux les duos de danseurs qui dialoguent toujours dans le même silence sur les sept pièces tout en délicatesse et d'une légèreté presque silencieuce de Toru Takemitsu interprétées en solo ou en formation de chambre par les musiciens de l'Ensemble Interconteporain: Odile Aubouin (alto), Frédérique Cambreling (harpe), Jérôme Combe (Clarinette), Gilles Durot (percussion), Hideki Nagano (piano), Emmanuelle Ophèle (flûte), et Jean-Marc Zvellenreuther (guitare).
Il faut saluer la magnifique interprétation tout au long de Rihoko Sato tout en élégance et d'une altière énergie intériorisée. Et pour clore ce duo où les deux se cherchent tout du long, enfin, ils vont se retrouver en toute douceur dans un tableau final.


Bon spectacle

La Fleur du Dimanche

Flexible Silence Saburo Teshigawara / Ensemble intercontemporain
Au Théâtre National de la Danse à Chaillot
jusqu'au 3 mars 2017

Chorégraphie, décor, lumières, costumes: Saburo Teshigawara
Assistante artistique: Rihoko Sato
Coordination technique, assistant lumières: Sergio Pessanha
Musique: Olivier Messiaen - Fête des belles eaux (1937) et Toru Takemitsu - Air (1995), And then I knew t'was Wind (1992), Toward The Sea (1981), Les Yeux clos II (1988), For Away (1973), Rain Spell (1980).
Avec: Rika Kato, Maria Chiara Mezzadri, Junya Okazaki, Rihoko Sato, Saburo Teshigawara, Eri Wanikawa (danseurs)
Et Odile Auboin (alto), Frédérique Cambreling (harpe), Jérôme Comte (clarinette), Gilles Durot (percussion), Hideki Nagano (piano), Emmanuelle Ophèle (flûte), Jean-Marc Zvellenreuther (guitare) de l’Ensemble intercontemporain.
Et Imsu Choi, Aurore Dallamaggiore, Cécile Lartigau (élèves du département des disciplines instrumentales classiques et contemporaines du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris), Nathalie Forget, Valérie Hartmann-Claverie, Augustin Viard (ondes Martenot). 
Production et coordination: Karas Co Ldt & Richard Castelli – Epidemic. 
En partenariat avec le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (Bruno Mantovani, directeur)

Coproduction: Chaillot – Théâtre national de la danse / Ensemble intercontemporain
Crédits photo: Akihito Abe et Karas

Tree of Code de Wayne McGregor avec Olafur Eliasson à l’Opéra de Paris: virtuose et éblouissant

Pour Tree of code de Wayne McGregor, en création française ces derniers jours à l’Opéra de Paris (au Palais Garnier) – après la création mondiale en juillet 2015 lors du Festival international de Manchester – le chorégraphe britannique s’est  s’inspiré du roman de l’Américain Jonathan Safran Foer qui a ciselé son récit en découpant les pages du livre de Bruno Schulz, The Street of Crocodiles. Il en fait un véritable palimpseste chorégraphique. 

Tree of code - Wayne McGregor

L’apport de l’artiste danois Olafur Eliasson, premier artiste invité à la Fondation Louis Vuitton participe à cette lecture multiple et éblouissante du travail chorégraphique de la troupe de la Company Wayne McGregor et aux danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris.  La musique entrainante de  Jamie xx à la lisière de la pop et de l’électronique dynamise tout cela et le spectacle de plus d’une heure et quart ne perd pas le rythme et vous emporte en fulgurances, envolées et contorsions époustouflantes qui ne vous lâche pas du début à la fin.

Tree of code - Wayne McGregor

Démarant presque dans le noir, quelques petites lumières aux articulations, les danseurs nous aiguisent nous sens dans la découverte du corps et du mouvement  puis des mains tendues multipliées nous invitent à suivre une chorégraphie de plus en plus enjouée, et surtout des mouvements d’une extraordinaire souplesse de la part de ces danseurs virtuoses. Nous sentons l’attrait de Wayne MacGregor vers les technologies, mais aussi les limites du corps et du mouvement. Sa collaboration avec Olafur Eliasson dans une scénographie à la fois simple et complexe rend hommage au travail littéraire de caviardage et de palimpseste de Jonathan Safran Foer. Les multiples plans, reflets brisés et miroirs démultiplient les points de vues ou les perspectives du spectateur – spectateur qui quelquefois est inclus dans la scénographie à son insu, élément de décor vivant. 

Tree of code - Wayne McGregor

Les jeux de miroir et de lumière dévoilent toute la polysémie des mouvements des danseurs
et notre regard est littéralement mis en espace. Le dispositif scénique, très ludique et coloré, d’Olafur Eliasson nous emporte dans un tourbillon et le rythme des danseurs ne nous laisse pas de répit. Les nombreux tableaux musicaux de Jamie xx en crescendo de rythme contribuent à nous entraîner dans ce tourbillon virevoltant qui nous portera à l’unisson jusqu’à l’épuisement de cette pièce magnifique.




Bon Spectacle

La Fleur du Dimanche

Musique
Jamie xx
Chorégraphie
D'après Jonathan Safran Foer
Danseurs (Ballet de l'Opéra)
Marie-Agnès Gillot
Lydie Vareilhes
Lucie Fenwick
Jérémie Bélingard
Sébastien Bertaud
Julien Meyzindi
Danseurs (Studio Wayne McGregor)
Catarina Carvalho
Travis Clausen-Knight
Alvaro Dule
Louis McMiller
Daniela Neugebauer
James Pett
Fukiko Takase
Po-Lin Tung
Jessica Wright
Mise en scène
Wayne McGregor
Scénographie
Olafur Eliasson
Lumières
Rob Halliday
Son
Nick Sagar
Musique enregistrée
Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra national de Paris
Et les danseurs de la Company Wayne McGregor

Commande de l’Opéra national de paris, du Manchester International Festival, de Park Avenue Armory, de Faena Art, du Sadler’s Wells et de Aarhus, Capitale européenne de la Culture 2017.

Production du Manchester International Festival, du Ballet de l'Opéra national de Paris et du Studio Wayne McGregor


lundi 20 février 2017

Bon Anniversaire la Fleur: Admettons, admettons la vie !

C'est l'anniversaire de la Fleur du Dimanche.
Le premier texte sur internet est paru le 20 février 2011 et était l'occasion de creuser un peu le sens de certains mots comme:
Site, paysage, pensée, simple, patience,....  

Je vous invitais aussi à réfléchir et à "regarder", entre autres les fleurs, bien sûr, vis-à-vis desquelles, je l'ai encore précisé récemment (voir quelques billets de ces derniers temps), il faut faire preuve de modestie, de même qu'avec les animaux - nous ne sommes pas les "maîtres du monde".



6eme Anniversaire - Lafleur du Dimanche - Photo: lfdd


Je profite de ce billet pour rendre un hommage via le TVA à une personne chère qui disait souvent un mot que je mettrais en "emblème" de ce billet d'anniversaire:  

Admettons (admettre)

Voici les quelques significations possibles - la personne en question ne connaissait pas forcément toutes - que je lui affecte volontiers pour une ouverture d'esprit et d'accueil:
  - Recevoir quelque chose ou accueillir quelqu'un en raison de ses qualités ou de sa qualification - Admettre, accueillir)
- Reconnaître la valeur d'une chose. Reconnaître pour vrai ou digne d'adhésion ou Reconnaître comme existant, Tolérer.
- Admettre que : Accepter l'idée que quelque chose existe, a existé, ou existera  - ou Formuler l'hypothèse provisoire que quelque chose puisse être

Une autre version de définition :
Recevoir. Laisser entrer. Considérer quelque chose comme vrai ou valable. Permettre, tolérer.



6eme Anniversaire - Lafleur du Dimanche - Photo: lfdd



En termes de bilan, en ce jour anniversaire, je peux vous dire que sur ces 6 ans, 704 billets ont été publiés.
Ils ont été lus au moins 125.000 fois (Google minore le calcul des "pages vues, je ne sais pour quelle raison), ce qui fait une moyenne de lecture d'au moins 177 vues par billet - c'est le nombre de vues atteint à la fin du mois de mars 2011 par les 12 billets premiers publiés jusque-là.

Le billet le plus lu est toujours celui du 10 novembre 2013 "La Fleur du Dimanche paresse sous la pluie", indétrôné et vu 1.370 fois!
Et une surprise: les récents billets sur les concerts, dont l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg et la 9ème symphonie de Mahler, ainsi que celui sur le spectacle "Neige" au TNS sont entrés au top 10 des pages vues avec plus de 500 lecteurs en moins d'un mois !

Pour finir en chanson, je vous offre une chanson très sensible et poétique - et d'actualité - "Manha De Carnabal" (matin de carnaval) de Luiz Bonfá and Antonio Maria chantée par Astrud Gilberto dans le film "Orfeu Negro" de Marcel Camus en 1959, palme d'Or la même année.





Bonnes lectures à venir

Et merci à toutes et à tous pour votre fidélité et votre intérêt.

La Fleur du Dimanche 

dimanche 19 février 2017

Bois gentil nouveau et gentille coccinelle, avec une fin en poisson (la maman est gentille aussi)

La chronique de ce dimanche a failli ne pas avoir lieu pour diverses raisons.
Le billet de cette Fleur du Dimanche presque anniversaire (la Fleur du Dimanche est parue la première fois sur le web le 20 février 2011)  a rencontré sur sa route cette semaine pas mal d'obstacles (pas de fleur, pas de TVA - Texte à Valeur Ajoutée, pas le temps, pas bon le moment,...).

Elle est tout de même là pour vous et vous présente la Fleur capturées de justesse, avec une coccinelle cachée, découverte aujourd'hui:


Bois gentil avec coccinelle noire - Photo: lfdd


La coccinelle est noire, mais puissse-t-elle aussi vous apporter le bonheur dans les jours qui viennent..


Coccinelle noire - agrandissement - Photo: lfdd


En guise de TVA, un texte "pêché" au dernier moment, en fait une mise en parallèle de deux textes sur les livres qui répondaient à ma question de "certitude" et qui ont été le premier déclencheur de cette "levée d'obstacles" pour notre rendez-vous.

Je vous le livre (en extraits) tel quel.
Tout d'abord quelques lignes d'Eric Chevillard pour son "feuilleton" dans le Monde des Livres de ce vendredi, "Fiction sans Friction" qui commence ainsi:
"La chronologie de nos vies n'est pas toujours facile à suivre. Mais notre destin prend forme  quand nous lisons un roman. Quand nous nous soumettons à son ordre. Enfin une trajectoire nette. Pour avancer droit, tourner les pages est plus sûr que mettre un pied devant l'autre...
Les récits les plus extravagants ont néanmoins une cohérence tout à fait appréciable pour le naufragé qui dérive sur son esquif. 
....
Le lecteur... préfère à son tour méditer sur cette question: vaut-il mieux dans la vie trouver à s'employer ou rester prêt à tout ?


Le deuxième texte nous vient de Roger-Pol Droit (tout juste en dessous de celui d'Eric Chevillard) et il s'intitule "Eloge de l'inachèvement perpétuel":

En voici aussi des morceaux choisis à mixer avec le précédent:
"Il n'y a pas qu'une seule manière d'exister. Une table, Hamlet, un électron, une racine carrée existent, mais différemment. Ce qui importe, dans ces multiples existences dissemblables, ce sont d'abord les manières. On ne les confondra pas avec les regards que portent les observateurs."
...
Autour de chaque chose réelle se profile en permanence une foule de bribes, de bordures, une nuée de potentialités: l'arche du pont est cassée, mais la courbe se poursuit invisiblement au-dessus du vide.
....
Dès lors, le monde a beau être plein, il est toujours inachevé. Mieux: chaque chose, parfaitement existante, se révèle, virtuellement, en voir de métamorphose. Vu sous cet angle, l'inachèvement n'est pas un manque, une marque d'incomplétude... 
Il est tapi dans ces "Existences moindres" qui entourent toute chose comme un halo, et font basculer son existence en une autre."


Pour ne pas être tout à fait déprimé, une chanson qui fera à la fois souvenir et sourire: 
Allez Boby ! Une petite pointe d'humour !



Et une un autre clin d'oeil avec Bourvil et Louis de Funès:


 


Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche  

P.S. Je partage une pensée émue avec tous ceux qui récemment ont perdu une personne proche....

mardi 14 février 2017

Val valant Valantine: La rose et le chardon: la rose a des épines, le chardon d'amour des piquants

Je vous ai annoncé des chardons dimanche dans mon billet: Réminiscences d'été: bouquets d'été sur chardons dardants, ils arrivent pour la Saint Valentin !
Pour pimenter le bouquet, la rose étant fanée, un peu de piquant pour la soirée des amoureux.


Rose rouge pour Valentine - peinture décolorée- photo: lfdd

En compensation de la rose rouge décolorée, je vous offre des chardons bleus éblouissants sous l'ardant soleil dardant de l'été en montagne:


Chardons bleus pour Valentine - photo: lfdd

Chardons bleus pour Valentine - photo: lfdd

Chardons bleus pour Valentine - photo: lfdd

Et je vous souhaite un belle soirée tout en pensant à ceux qui ne vont pas manger en tête-à-tête au restaurant, en vous offrant ces quelques chansons d'amour à contre-courant:

Tout d'abord "Mon amie la rose" de Françoise Hardy:




On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l'a dit ce matin
A l'aurore je suis née
Baptisée de rosée
Je me suis épanouie
Heureuse et amoureuse
Aux rayons du soleil
Me suis fermée la nuit
Me suis réveillée vieille

Pourtant j'étais très belle

Oui j'étais la plus belle
Des fleurs de ton jardin

On est bien peu de chose

Et mon amie la rose
Me l'a dit ce matin
Vois le dieu qui m'a faite
Me fait courber la tête
Et je sens que je tombe
Et je sens que je tombe
Mon coeur est presque nu
J'ai le pied dans la tombe
Déjà je ne suis plus

Tu m'admirais hier

Et je serai poussière
Pour toujours demain.

On est bien peu de chose

Et mon amie la rose
Est morte ce matin
La lune cette nuit
A veillé mon amie
Moi en rêve j'ai vu
Eblouissante et nue
Son âme qui dansait
Bien au-delà des nues
Et qui me souriait

Crois celui qui peut croire

Moi, j'ai besoin d'espoir
Sinon je ne suis rien

Ou bien si peu de chose

C'est mon amie la rose
Qui l'a dit hier matin. 


Nous ne sommes pas grand chose et même, comme le chante si bien Sophie Hunger, quelquefois nous sommes personne: "Niemand", dans sa Valse pour "personne"  - Walzer Für Niemand


Sophie Hunger - Walzer Für Niemand (Live at Kesselhaus, Berlin)


Oui, les histoires d'amour finissent mal en général, mais quelquefois ce sont de vrais contes de fées (même au pays du Lider Maximo, Cuba). C'est celle d'Evelyne Pisier (la soeur de Marie-France pour les peoples cinéphiles) qui a vécu son "histoire d'amour", une vraie passion, avec Fidel Castro en personne dans les année 1964 (Evelyne vient de mourir la semaine dernière...).



En ces temps de Valentinades, un conseil pour ceux qui ne veulent pas suivre le flot, un conseil: Allez à la soirée "lecture" d'Hélène Schwaller qui vous fait la "Muse" avec des textes de James Joyce et de Hakim Mouhous. C'est à la Galerie Philippe Descorde à partir de 20 heures ce mardi 14 février, dans le cadre de l'exposition de dessins de Hakim Mouhous.


Et pour finir, un hommage à une pianiste chanteuse canadienne qui adore les fleurs et qui nous fait avec ses accolytes Nicolas Bédard - Contrebasse et Mark Nelson - Batterie - un beau moment de bonheur autour de la fleur bleue:


Le trio Luce Bélanger - "Chardon bleu"


Bonne Saint Valentin

La Fleur du Dimanche 

dimanche 12 février 2017

Réminiscences d'été: bouquets d'été sur chardons dardants

L'hiver se traîne en grisaille et froidure. Un crachin, bruine presque neigeuse, nous projette dans la neige des montagnes pour le ski ou mieux, à l'ardant soleil de l'été.

Pour s'en remémorer ou sauter directement à l'été prochain, quelques fleurs de haute montagne pour nourrir l'envie de partir loin, là-haut:


Fleurs de Montagne - Photo: lfdd


Et un poème dont je vous laisse deviner l'auteur:

Je vis, et ton bouquet est de l’architecture:
C’est donc lui la beauté, car c’est moi la nature;
Si toujours la nature embellit la beauté,
Je fais valoir tes fleurs... me voilà trop flatté.


Fleurs de Montagne - Photo: lfdd

Pour poursuivre, un autre poème du même auteur, vous devinerez sûrement qui c'est, je vous l'ai proposé en chanson en octobre 2014.


Voici venir les temps où vibrant sur sa tige 
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir; 
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir;
Valse mélancolique et langoureux vertige!

Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir;
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir. 

Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige, 
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige. 

Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir, 
Du passé lumineux recueille tout vestige!
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!


Pour continuer sur la lancée, je vous laisse vous envoler sur la route (avec Sophie):


Sophie Hunger - Le Vent nous portera


"Je n'ai pas peur de la route
Faudrait voir, faut qu'on y goûte
Des méandres au creux des reins
Et tout ira bien
Le vent l'emportera"


La suite en chanson, avec Imany:


Imany - T'es beau 


Pour information, Imany a été nommée dans la catégorie artiste féminine de l'année aux Victoires de la Musique 2017.

Et pour se décaler un peu, et rendre hommage à un chanteur allemand qui fait sa tournée d'adieu - son concert à Karlsruhe hier soir était complet... 
Il nous donne aussi envie de voyager - en tout cas de bouger:



Hannes Wader - Heute hier, morgen dort


Bon dimanche 

La Fleur du Dimanche

dimanche 5 février 2017

Mais où sont les neiges d'antan: Blanche neige et roses rouges

La neige est partie, reviendra-t-elle ? Il me semble... Elle tombe aussi dans la pièce éponyme au TNS (salle Gruber) dans un spectacle à ne pas rater (j'en ai parlé hier dans mon billet) .

Mais vous attendez les fleurs... En cette saison, à part quelques rares primevères (je vous en ai servies dimanche dernier), et des roses de Noël (j'en ai fait quelques variations les années précédentes..), il n'y a que dans les intérieurs et les galeries qu'on en trouve... quelquefois en bouquet séchés:



Bouquet de galerie - Photo: lfdd


Ou sur toile de Buffet - au Musée de Montmartre à Paris - il habitait à côté un moment:



Bouquet de roses de Buffet - Photo: lfdd

Les neiges d'antan sont chantées par les poètes:


Nuit de neige de Guy de Maupassant

La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d’un bois.

Plus de chansons dans l’air, sous nos pieds plus de chaumes.
L’hiver s’est abattu sur toute floraison;
Des arbres dépouillés dressent à l’horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu’elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s’empresse à nous quitter.

Et froids tombent sur nous les rayons qu’elle darde,
Fantastiques lueurs qu’elle s’en va semant;
Et la neige s’éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées;
Eux, n’ayant plus l’asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu’au jour la nuit qui ne vient pas.



Bouquet de roses de Buffet - détail - Photo: lfdd


Après on peut faire un petit Carême: 


Il a neigé


Il a neigé dans l'aube rose

Si doucement neigé,
Que le chaton croit rêver.
C'est à peine s'il ose
Marcher.

Il a neigé dans l'aube rose

Si doucement neigé,
Que les choses
Semblent avoir changé.

Et le chaton noir n'ose

S'aventurer dans le verger,
Se sentant soudain étranger
A cette blancheur où se posent,
Comme pour le narguer,
Des moineaux effrontés.

Maurice Carême


Et pour finir en chansons, la neige vue par Brel, Dionysos et Adamo:


Jacques Brel - Il neige sur Liège:




Dionysos - Neige:





Salvatore Adamo: Tombe la neige:

 



Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

samedi 4 février 2017

Neige au TNS: K. - Ka - Kar - Kars

La programmation du TNS est riche cette année, entre la programmation de la saison et les manifestations Off de "l'Autre Saison" avec quelquefois de vrais spectacles dont l'entrée est gratuite sur réservation. Le dernier, "La fonction Ravel" de et par Claude Duparfait, en collaboration avec Célie Pauthe et au piano François Dumont était une très belle réussite...


TNS Strasbourg - Neige - Ohran Pamuk - Blandine Savetier Photo: Jean-Louis Fernandez


Et pour ne pas mettre les petits plats dans les grands, pendant que se joue "Erich von Stroheim" à la salle Koltes - voir mon billet du 1er février - à la Salle Gruber démarre le lendemain "Neige" d'Ohran Pamuk, une pièce-fleuve de quatre heures - entracte compris! 
La pièce, adaptée du roman éponyme par Waddah Saab et Blandine Savetier avec l’aide amicale d'Orhan Pamuk lui-même et mise en scène par Blandine Savetier trouve ici sa bonne durée, en tout cas pour ceux qui n'ont pas le le roman.
Le roman d'Ohran Pamuk, écrit entre 1999 et 2001 et publié en 2012, en France en 2005 (Prix Médicis étranger, alors que Pamuk se voit remettre le Prix Nobel de Littérature en 2006) raconte l'histoire du poète Ka qui revient en Turquie après douze années d'exil en Allemagne. Il part pour un journal d'Istanbul enquêter sur le suicide de jeunes femmes voilées et sur les élections municipales à Kars, ville à l'Est, près de la frontière arménienne.  
Ka espère aussi retrouver la belle Ípek, qu'il a naguère connu et qui vient de divorcer. La neige qui s'abat sur la ville et bloque les accès.

TNS Strasbourg - Neige - Ohran Pamuk - Blandine Savetier Photo: Jean-Louis Fernandez


K. - Ka - Kar - Kars

La pièce commence comme une enquête journalistique, continue comme un roman d'amour, se change en histoire policière pour finir en spectacle de théâtre brechtien mitonné d'espionnage.
Le personnage de Ka renvoie bien sûr à Kafka et les situations, que ce soit la surveillance policière, ou quelques personnages en peu hors de la réalité, et même une scène d'assassinat dans un café dans une mise en scène alternée entre l'action, une scène d'amour (de retrouvailles) et un dialogue prémonitoire entre un directeur d'école et son "éxécuteur" islamiste.


TNS Strasbourg - Neige - Ohran Pamuk - Blandine Savetier Photo: Jean-Louis Fernandez


La neige baigne de son atmosphère étouffée le décor - notez les "images mentales" d'atmosphère de la vidéo pour certaines tournées dans la ville sous la neige et soyez attentifs aux "fondus" entre les plans, qui quelquefois en font y surgir des fantômes. N'oubliez pas non plus qu'en Turc, la neige se nomme "Kar" (titre original du roman.
La pièce est magnifiquement interprétée, en particulier par Sharif Andoura (Ka) et la belle Ipek (Mina Kawani), Julie Pilod (Kadife), mais aussi Raoul Fernandez pour ses nombreux rôles, ainsi que Cyril Gueï, Mina Kavani, Sava Lolov, Philippe Smith ,Irina Solano et Souleymane Sylla. Elle nous met au coeur d'une problématique qui est redevenue d'une brûlante actualité (on pourrait même dire qu'Ohran Pamuk avec Neige a fait preuve d'une écriture visionnaire.



TNS Strasbourg - Neige - Ohran Pamuk - Blandine Savetier Photo: Jean-Louis Fernandez

Les différentes séquences et péripéties nous permettre de rentrer au coeur de réflexions sensibles traitées avec intelligence, comme la question du voile, de la religion et de la laïcité, du patriotisme, du coup d'état et de la dictature, de la liberté et de l'art, de l'identité, du pouvoir et de l'amour bien sûr...

Pour Blandine Savetier, "sa force est de donner la parole à tous les courants de pensée, il ouvre un "entre-deux", une rencontre."
"Tout le roman est traversé par la question de l'engagement. Dans une société en crise grave, presque au bord de sombrer, alors que des changements politiques menacent de remettre en question les conditions mêmes de toute expression artistique, peut-on continuer à faire l'art qu'on a toujours fait, comme si de rien n'était ?"
Le résultat cependant n'a rien d'un discours politique, mais trouve un rythme enlevé qui, au fil des péripéties de chaque personnage rencontré rebondit pour nous happer dans le déroulement de cette fable politique. Et nous permet de mûrir notre réflexion sur ce sujet brûlant (comme la neige ?)...


Bon spectacle

La Fleur du Dimanche


NEIGE
du 1er au 16 février au TNS Strasbourg

D’après le roman de Orhan Pamuk
Traduction Valérie Gay-Aksoy - Blandine Savetier - Waddah Saab
Mise en scène Blandine Savetier

Adaptation Waddah Saab - Blandine Savetier avec l’aide amicale de
Orhan Pamuk

Avec
Sharif Andoura
Raoul Fernandez
Cyril Gueï
Mina Kavani
Sava Lolov
Julie Pilod
Philippe Smith
Irina Solano
Souleymane Sylla

Dramaturgie et collaboration artistique
Waddah Saab

Assistanat à la mise en scène
Florent Jacob

Scénographie
Ludovic Riochet
en collaboration avec
Blandine Savetier et Florent Jacob

Accessoires et assistanat à la scénographie
Heidi Folliet

Lumière
Daniel Lévy

Musique
SAYCET

Vidéo
Victor Egéa

Costumes
Léa Gadbois-Lamer

Dessins et graphisme
Jérémy Piningre

Stagiaire mise en scène
Marina Dumont

Réalisation des films
Johan Legraie et Blandine Savetier (à Kars) | Claire Rouvillain, Morganne Shelford et Sarah Tcheurekdjian (à Paris) | Montages Cécile Dubois | Effets spéciaux Stef Meyer
Témoignages audio
Baya Belal et Laurent Papot

Blandine Savetier est metteure en scène associée au TNS

Le décor et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS
Le roman Neige est publié aux éditions Gallimard

Équipe technique de la compagnie : Régie générale Romain Crivellari

Production Théâtre National de Strasbourg, Compagnie Longtemps je me suis couché de bonne heure
Coproduction La Filature – Scène nationale de Mulhouse, Théâtre des Quartiers d’Ivry – La Manufacture des Œillets, Le Liberté – Scène nationale de Toulon, La Criée – Théâtre national de Marseille, Maison de la Culture de Bourges, La Comédie de Saint-Étienne – Centre dramatique national
Avec le soutien de la DGCA, de La Colline – théâtre national, du TARMAC – La Scène internationale francophone, de la Gaîté Lyrique et des Plateaux Sauvages, de la Friche la Belle de Mai, de Rencontres à l’échelle pour les résidences de création
Avec l’aide de la DRAC Hauts-de-France et du Conseil Départemental du Pas-de-Calais
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Avec la participation filmée du public des Plateaux Sauvages, Paris
Le spectacle fait partie du programme CircleS de l’Institut Français

D’après le livre Neige de Orhan Pamuk – Copyright 2002, Iletism Yayincilik A.S All rights reserved

Création le 1er février 2017 au Théâtre National de Strasbourg