mercredi 1 février 2017

"Erich von Stroheim" au TNS: Le tourniquet d'un trio (un) peu ban(c)al

Stanislas Nordey le dit lui-même: "Je me sens en devoir de ne pas creuser toujours le même sillon". Le directeur du TNS, après ses deux propositions - "Je suis Fassbinder" de Falk Richter (qui a d'ailleurs participé à la mise en scène) et "Incendies" de Wajdi Mouawad, se devait de prendre un nouveau chemin et une proposition originale pour la pièce qu'il propose au TNS actuellement.
C'est avec l'assentiment d'Emmanuelle Béart, artiste associée au TNS à qui il avait proposé à la lecture ce texte de Christophe Pellet qu'ils sont tombé d'accord sur ce choix qui répond à leur désir commun de découverte - Elle le dit dans l'entretien avec Fanny Mentré le 23 avril 2016 : "Je n'ai aucune idée de la forme théâtrale que va engengendrer Erich von Stroheim. C'est d'ailleurs ce qui a succité mon désir."  
Et c'est à la fois ce désir d'un "endroit différent" en même temps que le désir et la relation entre un homme et une femme ou un homme et un homme qui va se jouer sur la grande scène du théâtre.
Parce que ce texte, à priori parlant de l'intime, de la sexualité et de tout le mystère des relation à deux, multiplié par trois, qui est en jeu dans "Erich von Stroheim". 

Le couple de l'Amour avale l'autre et le recrache changé

Sur la scène, un imposant dispositif en triangle, avec une photographie d'un couple d'acteurs de film en noir et blanc adossé l'un à l'autre mais qui se sépaerra au moment où le dispositif s'ouvre, annonce ce qui est en jeu dans la pièce: comment deux personnes - homme et homme ou homme et femmes font-ils pour être ensemble et le rester. Dans la pièce, il semble que le fait d'être trois donne plus d'assises à ces trois couples qui tournent et alternent sur la scène, comme avalés par la chambre-baleine, à chaque pontuation de scène, quand les lourds apnneaux se ferment sur l'un des protagonsite pour en recracher un autre...

Stanislas Nordey et ses trois comédiens: Emmanuelle Béart, Elle - Laurent Sauvage (et en alternace Victor de Oliveira), l'Un - et Thomas Gonzalez, l'Autre, vont sur la scène dans un décor impressionnant, aux hauts murs d'une chambre, espace de leurs relations intimes, jouer tout en finesse ce drame épique qui mène vers la mort. 
Le texte est intimiste, mais se déploie avec un force puissante sur ce plateau où il y aura forcément un perdant, un meurtre presque, comme dans les films noirs. Mais c'est plutôt le constat d'un certain état de notre société que fait Christophe Pelet, et avec lui le metteur en scène et les comédiens qui nous mettent en face de certains types de relations sociales qui émergent très finement de ce jeu.
Il y est bien sûr aussi question du désir et du sexe, et du travail, présenté avec une certaine élégance dans la mise en scène où beaucoup de choses sont vues et montrées, tout en jouant sur un fil ténu. Comme le dit encore Stanislas Nordey: "...le corps est présent mais pas complètement visible,... le lieu du désir et de son accomplissement existe, tout en restant ouvert à d'autres choses."
Mais il est aussi beaucoup question de désenchantement au point que l'un des protagoniste dise "Je suis fatigué de tout ce commerce"...

Erich von Stroheim, imposture ou fable désanchantée où les héros sont fatigués du sexe et du pouvoir ? Elle peut-être pas.... 


Erich von Sstroheim - TNS  Photo: Jean-Louis Fernandez



Bon spectacle

La Fleur du Dimanche    

ERICH VON STROHEIM

PRODUCTION

Texte Christophe Pellet
Mise en scène Stanislas Nordey
Collaboratrice artistique Claire ingrid Cottanceau

Avec
Emmanuelle Béart* - ELLE
Thomas Gonzalez - L’AUTRE
Laurent Sauvage* - L’UN
Victor de Oliveira (en alternance)

Scénographie Emmanuel Clolus
Lumière Stéphanie Daniel
Son Michel Zurcher
Vidéo Claire ingrid Cottanceau, Stéphane Pougnand

Production Théâtre National de Strasbourg
Coproduction Théâtre National de Bretagne – Rennes

Création le 31 janvier 2017 au Théâtre National de Strasbourg

Le décor et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS
* Emmanuelle Béart et Laurent Sauvage sont artistes associés au TNS

Le texte est publié chez L’Arche Éditeur

Tournée : 
Rennes du 14 au 25 mars 2017 au Théâtre National de Bretagne
Marseille du 4 au 6 avril 2017 au Théâtre du Gymnase

Paris du 25 avril au 21 mai 2017 au Théâtre du Rond-Point


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