dimanche 9 avril 2023

Le lapin, le castor et le philosophe de Pâques

 En 2014, pour Pâques, je vous avais offert un lièvre là peint dans l'herbe, aujourd'hui, je vais vous parler des trois lièvres et d'autres animaux, et de philosophie.

Mais pour commencer, comme c'est vraiment le Printemps et aussi Pâques, je vous offre les fleurs du jour. Pour commencer les fleurs de poirier :


Fleurs de poirier du jour - 9 avril 2023 -Photo: lfdd


En TVA (Texte à Valeur Ajoutée), j'ai pas mal de choses à vous dire (et à vous demander). Je commence avec le lapin (ou lièvre?) de Pâques. Je vous rappelle que le lièvre n'est pas un lapin et que ça pose problème (d'ailleurs j'ai parlé du Problème lapin ici en février 2022). Pour faire court, le lièvre est plutôt sauvage et court plus vite que le lapin (45-50 km/h contre 30-40). Et le lièvre n'est pas domestique. 

Est-ce pour cette raison que le "lièvre de Pâques" (tradition germanique) est devenu le lapin de Pâques. En France c'étaient les "cloches" qui apportaient les oeufs... Pâques fait référence dans les langues anglo-saxones à la divinité Eostre, qui a donné Ostern en Allemand et Eastern en Anglais, déesse de la fertilité (tout comme le lièvre) et du Printemps. Ma quête du lièvre a débuté par le questionnement d'un ami qui recherchait des informations sur le restaurant "Aux trois lièvres" de Strasbourg, rue du Parchemin, aujourd'hui disparu.




Si vous avez des images ou des souvenirs sur ce restaurant, je vous remercie de me les transmettre. Moi-même j'ai connu et ai mangé dans cette winstub traditionnelle.


Voici les deux lapins de Jacques van Maerlant (Der naturen bloeme (détail), vers 1340-1350, 35 x 55 mm, Bibliothèque royale, Utrecht) qui attendent le troisième:


Jacques van Maerlant - Der naturen bloeme (détail) - Bibliothèque royale, Utrecht


Ces recherche m'ont fait découvrir le Blog de Michel Terrier (ça ne s'invente pas), un Spinalien qui chasse les trois lièvres, et trois Anglais du Devon - où se trouvent pas mal de représentations de cette image des trois lièvres qui ont leurs oreilles en commun: Tom Greeves (archéologue et historien), Sue Andrew (chercheur) et le photographe Chris Chapman. 


3 lièvres, 3 oreilles, aucun n'en a perdu une


On apprend que la première représentation connue de cette figure se trouve dans la grotte Mogao en Chine et date des années 581-618, Dynastie Suy. D'autres se trouvent dans les civilisations aisiatiques ou peut-être sur une céramique du Pakistan. Le voyage de l'Est (East/Ost-ern) vers l'Europe s'est fait plus tard et l'on trouve des traces de ces trois lapins autant dans l'iconographie juive que chrétienne.


Le Vitrail aux 3 lièvres de la cathédrale de Paderborn 

On en trouve des exemples en Ukraine, en Allemagne (à la Cathédrale de Paderborn), en France (pas mal dans les Vosges) ou le Devon en Angleterre (où c'était l'emblème des mineurs d'étain). 

Surtout ne vous fiez pas à l'IA Chat-GPT qui vous raconte qu'il y en a dans la civilisation péruvienne Mochica ou sur la "maison des 3 lièvres" à Dijon (en fait le bâtiment est nommé "maison aux trois visages" ou aussi aux trois pignons), par contre il y en a à Luxeuil - la Carte Postale faisant foi:




Alors, trinité, éternité, ou cycle du jour et de la vie, à vous de voir...

Pour ma part, je penche pour la "collaboration" ou l'écoute de l'autre... Ne dit-on pas "prête moi une oreille" et ces lapins se les prêtent à volonté.

Et en guise de symbole du renouveau de la nature, je vous offre les fleurs de pommier du jour:


Fleurs de pommier du jour - 9 avril 2023 - Photo: lfdd

Pour continuer avec les TVA et en sautant du coq à l'âne ou plutôt de l'oeuf du lapin (de Pâques), ou de la poule du coq, je passe à la queue, que le castor a ronde:


Où est la queue du castor ? - Photo: lfdd


Si vous avez vu la queue d'un castor sur la photo ci-dessus, je vous offre des oeufs de Pâques (il y a quand même des trace de castor).


A propos du castor et du philosophe, il ne s'agit pas de Sartre (et de Simone), mais de Baptiste Morizot qui replace l'homme à sa juste et modeste place dans la nature et qui remplace le terme "l'homme" par "l'humain". Il ne faut pas oublier que si on met l'existence de la terre sur une échelle d'une journée (24 heures), la vie n'est apparue qu'à la dernière minute et l'homme à la dernière seconde... Tout est relatif comme dirait Albert Einstein. Et pour ce qui est du castor, cet animal qui a un cerveau de la taille d'une noix, "l'homme" qui se croit supérieur à toute entité vivante parce qu'il a relativement le plus gros cerveau, ferait bien de s'associer avec cet animal pour "guérir" la terre de certains maux qui le menacent. En particulier le manque d'eau, domaine dans lequel le castor excelle. "Le castor a transformé la plupart des milieu de plaines depuis des millions d'années: il crée des barrages et, ce faisant, ralentit l'eau sur la terre, la stocke dans les sols et la partage avec toutes les formes de vie. Il se trouve que les sciences hydrologiques contemporaines, confrontées aux sécheresses du changement climatique, défendent l'idée qu'il faut changer de paradigme dans notre gestion des rivières: passer de l'ère du drainage, où l'on a évacué l'eau vers la mer pour assécher les zones humides vers une ère de la réhydratation des continents, pour garder cette eau précieuse sur les terres. La beauté de cette affaire, c'est que ce programme d'action scientifique n'est ni plus ni moins que ce que fait le castor depuis sept millions d'années - quand on le laisse revenir et activer sa médecine spontanée."

Baptiste Morizot sait de quoi il parle, il revient d'une mission sur les rivières aux Etats-Unis et vient de sortir un livre L'inexploré qui lui vaut d'être l'invité de Jérémie Cousson dans le Télérama du 29 mars 2023

Sa pensée est intéressante, et plutôt que d'opter pour une "boussole" qui serait une "pensée unique", il préfère pour la philosophie un "art de fabrication de cartes multiples, ajustées chaque fois à des problèmes, pour mieux comprendre où nos sommes et où aller dans les grands enjeux du temps."

Il cite Camus:

"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde."

Et complète avec Flaubert:

"La meilleure manière de critiquer quelque chose, c'est de le décrire."

Avec comme exemple: "Décrivez le format économique dans lequel nous vivons, avec ses inégalités de revenus et de patrimoine, ses milliardaires qui se construisent des fusées pour faire du tourisme spatial dans un monde qui doit mettre fin aux énergies fossiles... Vous n'aurez même pas à forcer le trait pour rendre visible de l'injustice inacceptable de ce système."

Et dire qu'il y en a qui se trompent encore de cible (ou les ignorent).

Ou qui pensent qu'ils ne peuvent rien faire dans leur vie quotidienne.  C'est comme pour la biodiversité, dont tout un chacun est responsable à son niveau, il suffit de "décrire" et puis de "réfléchir" un petit peu pour "s'engager" aussi un petit peu (ou plus...). Pour rappel, la sauvegarde de la biodiversité est aussi un levier contre le réchauffement climatique. Et Baptiste Morizot rappelle que "les abeilles portent sur leurs frêles épaules la pollinisation permettant les trois quart de notre alimentation, et que nos pratiques agricoles détruisent cette alliance ancienne".

Pour celles et ceux qui douteraient qu'il faut, à un moment, changer de paradigme, je vous mets deux "extraits" de la réflexion de Baptiste Morizot.

Le premier concerne la philosophie et le castor:




Et le deuxième concerne notre "attitude" "juste":




En guise de conclusion, je vous offre, non pas la queue du castor, ni les queues de cerises, mais les fleurs qui attendent d'être pollinisées:


Fleurs de cerisier du jour - 9 avril 2023 - Photo: lfdd


Bon dimanche

La Fleur du Dimanche

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