dimanche 13 mars 2016

Donner du crédit à votre savoir, c'est esquis !

Le voyage d'hiver est terminé, et je vous en ai rapporté des fleurs, pleines de soleil:


Fleurs soleil - Photo: lfdd

Pour rester de (fin) de saison, je lance un clin d'oeil aux skieuses et aux  skieurs et leur confirme que l'on peut changer d'avis (et de ski et de chaussure de ski)... avec un poème de Pierre Gamarra:

Le ski

Un garçon glissant sur ses skis,
disait : "Ah ! le ski, c'est exquis,
je me demande bien ce qui
est plus commode que le ski."
Comme il filait à toute allure,
un rocher se dressa soudain.
Ce fut la fin de l'aventure.
Il s'écria, plein de dédain :
"Vraiment, je ne suis pas conquis,
je n'ai bu ni vin, ni whisky
et cependant, je perds mes skis.
Non, le ski, ce n'est pas exquis."
Lorsqu’une chose nous dérange,
Notre avis change.

Fleurs soleil - Photo: lfdd


Pour s’élever un peu (pas dans les montagnes), je vous propose un extrait de l'interview de Julia Kristeva par Robert Maggiori et Anastasia Vécrin dans Liberation du 24 février 2016, au sujet du "croire" et du savoir, et de l'importance du lien et du faire. 

"Depuis une dizaine d’années, je me suis intéressée à la composante anthropologique préreligieuse qu’est «cet incroyable besoin de croire». Freud le relie au «sentiment océanique» de l’enfant dans les bras de sa mère: la reliance maternelle s’ensuit; et à la reconnaissance réciproque, affective et protectrice, avec le premier tiers, le père. Le besoin de croire est l’aube du lien, le degré zéro de son écriture. Au départ, croire veut dire : «je donne mon cœur en attente de restitution»; il a donné credo, foi, et crédit bancaire. Le besoin de croire satisfait, je suis capable de savoir. Les deux mouvements, croire et savoir sur le chemin de l’autonomie, sont nécessaires pour la construction de la personnalité. Mais si l’enfant est un questionneur, l’adolescent est un croyant. Il a besoin d’idéaux. Si cette quête n’est pas reconnue par lui et par les autres, elle s’inverse en punition et autopunition, vandalisme et destruction, en «maladie d’idéalité». A la Maison des adolescents, à l’hôpital Cochin, une équipe interculturelle et ethnopsychiatrique accueille des jeunes qui tentent le suicide, plongent dans l’anorexie ou adhèrent, secrètement, à des thèses complotistes contre les «impurs», pouvant se pervertir en «mal radical». Ils trouvent dans l’islam, une revanche, la «pureté» comme seule issue à leur mal-être, avec, «en prime», une communauté offensive et la jouissance morbide de la vengeance par le sacrifice. Pour les aider à investir le goût de la vie, l’équipe réinterroge le religieux, la soumission à l’«orthodoxie de masse» (Abdennour Bidar) qui, en ignorant la personne, en réduisant la femme à une proie, répand dans l’islam une culture de mort. 

Q: Contre quoi faut-il se battre ?

Contre le nihilisme. J’appelle ainsi le déni de la personne, la banalisation du raisonnement et le culte intégriste de la pulsion de mort portés par les prouesses de la technique et les ravages de la spéculation financière globalisée. Ce nihilisme culmine dans le mal radical, qui consiste à instrumentaliser le religieux pour déclarer certains humains superflus et les exterminer froidement. J’ose reprendre le mot usé d’«humanisme», à savoir une refondation continue de cette culture des Lumières, qui s’est détachée des religions pour fonder une morale universelle.


Par-delà et avec cette rupture, les sciences humaines affinent, inlassablement, les moyens d’élucider les croyances et les logiques des faits religieux. Mais au nom d’une paix sociale mal comprise, nous n’osons pas dénoncer, dans l’espace public, ces plis de l’islam qui flattent la pulsion de mort. Il est urgent de le faire, sans ostracisme ni caricature, en analysant comment ces logiques et dérives nous concernent. Si nous sommes incapables de les déconstruire, nous sommes complices du nihilisme.
...."

Bon, j'allais oublier la chanson, je l'ai trouvée, ce sont les Frères Jacques tout en beauté et en blanc!

 



Bon Dimanche

La Fleur du Dimanche

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