Des fantômes errent dans des couloirs dans la pénombre,
démultipliés par leurs reflets sur les parois vitrées d’un labyrinthe qui les
canalise et les entrave. Des bruits sourds de machines enflent et la lumière
doucement éclaire une espèce d’espace open space vide de presque tout tandis
que trois hommes et trois femmes s’aventurent dans ce dédale vitré, entre
détermination et valse-hésitation. Ils et elles commencent à prendre possession
de ces bureaux-nomades en y installant des objets familiers – ordinateur et
autres matériel de bureau et des victuailles et boissons.
Maguy Marin - Ramdam |
Au fur et à mesure
que la lumière vient sur cette scène, nous distinguons mieux ces six
personnages affairés, téléphonant et mangeant tout en rangeant – façon de
parler – les multiples objets-livraisons qu’ils rapportent des coulisses dans
un immuable parcours en zigzags dans les étroites allées de verre où,
quelquefois ils s’immobilisent, tremblent sur place ou font quelques pas en
arrière. A trois, à deux ou seuls, ils se croisent, se suivent et s’évitent de
justesse, les bras chargés à chaque voyage qui se termine immuablement par un
dépôt – empilement dans leur espace ou un autre qu’ils s’approprient en trop
plein. Les couleurs des emballages, primaires de rouge, vert et jaune font écho
aux vêtements des femmes jaunes, rouges et mauve avec des variantes de vert.
Et
inlassablement, inexorablement l’espace se remplit d’objets divers et variés,
la lumière varie et les gestes et déplacements des danseurs se répètent avec
quelques variations d’accessoires, et même de tenue, jusqu’à la nudité.
L’empilement, l’accumulation visuelle et sonore qui nous confronte frontalement
à l’abondance, au surplus, à la surconsommation et aux gestes frénétiques et
inconscients vis-à-vis de nos habitudes sociales, de communication et de
consommation nous amènent à une surcharge, une saturation qui devient
oppressante et où l’on se demande qui va craquer en premier.
Ce seront les danseurs,
exténués, entravés dans leurs déplacement, tels des robots en game over ne faisant plus que des allers-retours frénétiques, trois pas en avant, trois pas
en arrière, qui marquent la fin de la partie. A nous d’en tirer les conclusions.
En tout cas, les six danseurs se sont magnifiquement tirés de cette épreuve pire
que les mythes de Sisyphe et des Danaïdes réunis. Et pour sa nouvelle création,
Maguy Marin et sa compagnie Ramdam avec Ulises Alvarez, Françoise Leick, Louise Mariotte, Cathy Polo, Ennio Sammarco et Marcello Sepulveda n’ont rien perdus de leur regard acerbe et critique sur notre société
contemporaine. Sans oublier Charlie Aubry pour le son et le dispositif scnéique et bien sûr Albin Chavignon et Balyam Ballabeni pour la réalisation du dispositif scénique, Alexandre Beneteaud pour la lumière, Nelly Geyres pour les costumes et Chloé Barbe pour la régie son.
Biennale de la Danse de Lyon - Ligne de Crète - Maguy Marin - saluts - Photo: Scèneweb |
La Fleur du Dimanche
Ligne de Crète a été créé lors de la 18ème Biennale de la Danse de Lyon le 11 septembre 2018
Représentations
du 11 au 15 sept Théâtre national populaire - Villeurbanne
Tournée :
25 septembre au 06 octobre 2018 - Théâtre des Abbesses - Paris
12 au 14 octobre 2018 - Théâtre Gérard Philipe - Saint-Denis
06 et 07 février 2019 - Humain trop humain - CDN Montpellier
30 mars 2019 - Salle Jacques Brel - Fontenay en Scènes - Biennale de danse du Val de Marne
04 avril 2019 - Théâtre Edwige Feuillère - Vesoul
09 avril 2019 - Le Dôme de Gascogne - CIRC - Auch
11 avril 2019 - Le Parvis Scène Nationale Tarbes-Pyrénées
du 22 au 24 mai - Théâtre Garonne, scène européenne - Toulouse
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