Suite de notre escapade nancéenne avec le Festival Musica (voir ce vendredi au CCAM à Vandoeuvre) pour un samedi culturel* et une offre musicale très variée.
A table avec Claire Diterzi
Musica à Nancy - la Manufacture - Claire Diterzi - Photo: lfdd |
Il ne s'agit pas de manger, mais de partager un moment de proximité conviviale et très agréable pour un concert tout en finesse, en délicatesse et en tendresse avec Claire Diterzi et sa complice Lou Renaud-Bailly. La table, dressée au centre d'une petite salle du Théâtre de la Manufacture est entourée par un public où l'âge peut bien descendre sous les 8 ans. Un bric-à-brac d'instruments divers, cloches, sifflets, kalimbas, boites à musique, toupies, jouets sont très bien rangés devant les deux musiciennes qui se font face, Claire Diterzi prend sa guitare acoustique et chante sa première chanson "69 battements par minute" .. "Les claques se perdent/Y' a des portes qui claquent/Bienvenue dans mon cloaque " en toute simplicité.
Musica à Nancy - la Manufacture - Claire Diterzi - Photo: lfdd |
D'autres suivent, fleuries, un peu surréaliste et alertes. Elle, accompagnée de Lou, sur une piste très minimaliste: un son de ci, un son de là, de temps en temps un tremblement de clochette ou un piano à bouche, un miniscule synthétiseur, des verres en cristal tournés qui résonnent. les airs se suivent et varient, une chanson douce, une plus humoristique, l'autre plus dansante, un genre de toccata ou de sonatine, un duo en grégorien. Elle se promène derrière le public en faisant tourner une boite à musique minuscule puis reprend une autre chanson, des lambeaux de poésie s'envolent ou des dictons: "je hais les gens qui généralisent..., "on est le centre du monde...", "Connais-toi moi-même", "j'en ai marre des bras d'honneur..", "Si ma guitare sonne comme une casserole, c'est que je te cuisine le son de l'amour ..".
Musica à Nancy - la Manufacture - Claire Diterzi - Photo: lfdd |
Une petite heure de bonheur et de chaleur humaine se termine, en toute simplicité. Cette manifestation a permis de faire se croiser le public de Musica avec celui du festival Micropolis, ouvert sur des paysages imaginaires et des territoires réels.
Proverbs avec l'Ensemble Ictus à la Salle Poirel
Le programme des réjouissances se poursuit dans la magnifique salle Poirel, près de la gare de Nancy, avec au plafond son extraordinaire vitrail de Louis-Charles-Marie Champigneulle. Cette belle salle de concert accueille l'Ensemble Ictus et les Synergy Vocals pour un programme intitulé Proverbs et qui voit de manière ininterrompue se succéder l'oeuvre de Charles Ives The Unanswered Question (1908) et deux oeuvres de Steve Reich Proverbs (1995) et Tehillim (1981) encadrant The Sinking of the Titanic (1972) de Gavin Bryars. La pièce de Charles Ives, écrite en 1908, révisée dans les années 1930 et créée en 1946 est curieusement moderne. Et surprenante de par son dispositif. Le chef, seul sur scène dirige et l'on entend, étouffé le son de l'orchestre de cordes qui joue ailleurs -.. en tout cas pas sur scène - une lente plainte informe qui s'étire et l'on imagine une bande son venue du passé quand soudain le trompettiste, en plein milieu du public dans la salle entonne une phrase musicale tout aussi lente, répétée plusieurs fois avant que la partie vent (flûte, etc.,..) du haut du balcon lance de stridentes volées de sons presque discordants et en décalage. Cela se répète plusieurs fois jusqu'à un dernier silence... Quelle était la question?
Musica à Nancy - Salle Poirel - Proverbs - Steve Reich - Photo: lfdd |
S'enchaine sans nous laisser le répit d'y répondre la composition Proverbs de Steve Reich qui fait chanter trois sopranos, superbes voix et deux ténors qu'accompagnent bientôt deux orgues électriques très discrètes et deux vibraphones. Les airs, répétés et doux se tuilent et se succèdent dans une composition en canon qui croît, entrecoupés de solos de basses. Une superbe composition de Steve Reich magnifiquement interprétée par les Synergy Vocals. Pour la dernière pièce, Tehillim, leurs voix sont amplifiées et soutenues à la fois par les instruments, la clarinette, les cordes mais aussi des claquements de mains qui donnent un rythme à la pièce, ainsi que les tambourins. Elle commence par une seule voix qui chante ces Psaumes très rytmés, et l'effectif des voix s'accroit jusqu'à quatre voix de femmes et les deux ténors, avec des changements de phrasés et de rythmes. La pièce en cinq mouvements qui se complètent, le dernier reprenant les premiers nous offre presque une demi-heure de bonheur cathartique.
Musica à Nancy - Salle Poirel - The Sinking of the Titanic - Gavin Bryars - Photo: lfdd |
La pièce de Gavin Bryars The Sinking of the Titanic voit quant à elle arriver sur scène les cordes de l'orchestre de l'Orchestre de l'Opéra National de Lorraine au moment où l'on entend des bruits de cloches rappelant les alertes au naufrage de ce bateau en 1912 ainsi que des bruits de moteurs et de craquements et autres bruits sous-marins. Les violons, très lents, jouent l'air que l'orchestre encore à la toute fin du naufrage, dans la nuit du 14 janvier, quand le bateau était à la verticale, jouaient sur le pont du navire. Des voix émergent dans ce lamento, celles des rescapés qui resurgissent pour cette commémoration. Les airs lents des violons se retrouvent en écho, comme sous l'eau pour l'éternité et finalement se dissolvent dans des derniers craquements.
Musica à Nancy - Salle Poirel - Tehillim - Steve Reich - Photo: lfdd |
Rendez-vous près du feu
NOX - Nancy Opera Xperience nous donne ensuite Rendez-vous près du feu dans une proposition de Mathieu Corajod en lien avec le Jardin éphémère intallé sur la Place Stanislas sur la thématique du feu également. La représentation d’opéra descend dans la rue - ou au moins est visible de la place publique) avec cette création musicale interprétée par la soprano Viktoriia Vitrenko et les artistes du Chœur et les musiciens de l’Orchestre de l'Opéra de Nancy. Un mapping sur la façade, des projections d'images, une mise en scène des musiciens qui jouent derrière les fenêtres du bâtiment, mais dont le son est projeté sur la place: une forme qui se veut populaire et qui surprend et interpelle le public, nombreux ce samedi soir et qui passe ou s'arrête écouter les musiciens et la chanteuse ainsi que les mots du poète Dominique Quélen. un peu d'humour dans la mise en scène (un musicien cycliste au balcon ou un arrosoir qui descend du ciel) et des effets spectaculaires (la maisons brûle !) intriguent les badaux qui se laissent happer.
Rendez-vous... Encore
Le dernier rendez-vous de la soirée est à trois pas, dans les locaux de la MJC Lillebonne, un ensemble architectural historique avec ses couloirs, escaliers cours et recoins où c'est plutôt la ête qui devra rassembler les festivaliers et les visiteurs. Et c'est en même temps le lancement du festival Nancy Jazz Pulsation avec un set électro du duo strasbourgeois électro Encore qui occupe une salle à l'étage et la remplis de lasers et de beats lourds et de puisssantes pulsations qui remuent les entrailles. Le public jeune apprécie, les oreilles moins mais les portes sont ouvertes et les couloirs l'occasion d'explorer les recoins et de faire des rencontres sympathiques. Demain est un autre jour...
A suivre ....
La Fleur du Dimanche
*Nancy en guise de bienvenue pour les festivaliers de Musica qui on fait le voyage offre les entrées gratuites dans les Musées de la Ville - l'occasion de voir ou revoir de belles choses et de refaire un tour autour de l'Art Nouveau et l'école de Nancy. De plus les transports en communs de Nancy sont gratuits le samedi et le dimanche...
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