Saccades et Métamorphoses, c'est ce que nous promet le programme de l'Orchestre Philhamonique de Strasbourg ce vendredi soir au Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg avec, pour commencer le poème symphonique L'Apprenti sorcier (1897) de Paul Dukas.
OPS - Saccades - Paul Dukas - l'Apprenti Sorcier - Photo: lfdd |
La pièce, adaptée du poème Der Zauberlehrling de Goethe est archi-connue et popularisié par le dessin animé de Walt Disney qui a bercé notre enfance et qui continue d'abreuver la jeunesse avec cette magnifique court-métrage plein d'humour et de rythme. Ici nous n'avons pas le film mais le plaisir de voir l'orchestre interpréter cette courte pièce et se concentrer sur la composition et la distribution des rôles: Les flûtes et clarinettes, accompagnées du glockenspiel pour l'apprenti sorcier téméraire et les bassons - et un contrebasson bien lourd pour le et les balais qui, d'abord lui obéissent pour chercher l'eau à la rivière puis, comme il a oublié le moyen de stopper le prodige, dépassent sa volonté et le débordent. Nous assistons au début à des essais, très expressifs, de mise en place de ce processus et très vite à la marche sautillante et allègre du jeune apprenti et deu balais, soutenu par les violons. Le phénomène prend de l'ampleur et les percussions marquent les rebondissements et tout s'emballe jusqu'à la fin quand la flûte désespérée tente de se sauver mais que les quatre coups finaux sont assénés. L'orchestre sous la baguette vive et expressive de Pierre Bleuse, chef invité qui ne ménage pas son engagement.
OPS - Saccades - Philippe Manoury - Pierre Bleuse- Emmanuel Pahud - Photo: lfdd |
La deuxième pièce, Saccades, pour flûte et orchestre (2018) de Philippe Manoury, a la forme d'un concerto pour flûte écrit pour Emmanuel Pahud, soliste à l'Orchestre Philharmonique de Berlin et François-Xavier Roth, Generalmusikdirektor à la Philhamonie de Cologne où la pièce a été créée en 2018. Philippe Manoury qui a eu un long compagnonnage avec le Festival Musica et a créé à Strasbourg l'Académie de composition s'est installé dans la ville et fête ses soixante-dix ans. Il fait se côtoyer autant la musique instrumentale que la musique électronique. Son travail sur la modifications en temps réel de la musique jouée est très abouti et très intéressant. Pour Saccades, pour flûte et orchestre, cependant, rien d'électronique mais une réelle virtuosité de la part d'Emmanuel Pahut qui nous fait dès le départ un solo avec du "Flaterzunge" (frullato en italien) où son mouvement de langue produit des trémolos que vient soutenir une note tenue par les violons. Philippe Manoury avoue beaucoup aimer que le son de la flûte ne soit pas "pur" mais haché - "Shakuhachi" en Japonais, quand il a plus de matérialité et d'aspérités. Puis il part en trilles et les violons jouent des pizzicatos alors que les percussions et le célesta jouent des notes aiguës. Un dialogue s'instaure entre l'orchestre, essentiellement les cordes qui répondent ou reprennent les phrases jouées par le soliste et de longues séquences où la flûte trace son chemin sont soutenues par un tapis de cordes alternent avec des éclats de l'orchestre. Et la flûte termine seule après avoir "éteint" les différents pupitres, après avoir prouvé sa sensualité et sa virilité (aux dires de Philippe Manoury).
OPS - Saccades - Philippe Manoury - Pierre Bleuse- Emmanuel Pahud - Photo: lfdd |
OPS - Saccades - Philippe Manoury et ses jeunes fans - Photo: lfdd |
Après l'entracte, place à un autre anniversaire, celui de César Franck avec un autre poème symphonique, Psyché ((1888) pour célébrer le bicentenaire de la naissance de ce musicien virtuose. Ses compositions sont plutôt d'inspiration religieuse mais ce long poème symphonique avec choeur (cinquante minutes), rarement joué avec les choeurs voit dans leurs rangs à la fois les Choeurs de l'Opéra National du Rhin et le Choeur Philharmonique de Strasbourg, choeur amateur animé par Catherine Bolzinger qui n'a pas a rougir de son niveau de qualité. Ils assurent pleinement et avec une belle puissance (soixante-dix chanteuses et chanteurs) les deux parties chantées de Sicard et Louis de Fourcaud inspiré d'un des épisodes des Métamorphoses d'Apulée où Psyché peut rencontrer l'Amour à la condition de ne jamais le voir... et bien sûr...
OPS - Saccades - César Franck - Psyché - Photo: lfdd |
La pièce s'étale toute en délicatesse et chante l'amour qui s'étire et se répand, servie par des bois qui se relaient pour des soli et ponctuée de moment plus altiers avec sonneries de trompettes. Et c'est un plaisir de voir le chef d'orchestre mener cette large troupe en balançant entre délicatesse et moments de puissance éclatante et virile.
La Fleur du Dimanche
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