samedi 29 octobre 2022

S et Corpos de Baile au 104 à Paris - La scène portugaise de danse en magie et en vitalité

 Dans le cadre de la Saison France-Portugal, le Théâtre de la Ville et le 104 à Paris présentent lors d'une soirée deux créations des chorégraphes portugais Tânia Carvalho et Marco da Silva Ferreira, deux pièces dédiées au Ballet national du Portugal.


S

La pièce S de Tânia Carvalho a été créée en 2018 par cette chorégraphe qui développe un univers très personnel depuis plus de vingt ans. Elle a fait de la danse classique très jeune pendant cinq ans puis du contemporain mais elle compose également de la musique et fait du dessin.


S - Tânia Carvalho - Photo: Bruno Simao


S démarre avec un plateau assez sombre, avec comme fond de scène un dessin de forêt de Riu Vasconcelos. Sur des bruitages et des notes de flûte et de bois, une danseuse classique, rejointe par deux autres fait des pointes entre immobilité et courts déplacements dans une géographie mystérieuse de positions, comme dans un rêve lancinant, soutenu par une musique à l'identique. 


S - Tânia Carvalho - Photo: Bruno Simao


La scène curieusement se réitère et s'y rajoute, se superpose même une troupe de six danseuses en justaucorps noir laissant une épaule dénudée, qui font des mouvements d'ensemble ou par deux, trois ou quatre dans une chorégraphie tirant plutôt vers la modern dance... Apparaissent également une troupe de cinq garçons en collants et chemises vertes bouffantes, tels des pages, pour des passages classiques et  romantiques avec des saluts pour les dames en longs tutus. 


S - Tânia Carvalho - Photo: Bruno Simao


Les époques se collisionnent, les strates de danse se superposent et l'ambiance est à la magie et l'onirisme, soutenue pas la composition contemporaine de Diogo Alvim, mélangeant les percussions et bruitages et les parties orchestrales enregistrées par l'Orchestre Symphonique du Portugal. Les lumières de Mafalda Oliviera et Tânia Carvalho, installent une ambiance de sous-bois propice à cet hommage à la Sylphide de Marie Taglioni où l'on achève bien la danseuses classique.



 Corpos de Baile


En deuxième partie, Corpos de Baile de Marco da Silva Ferreira*, une création de 2020, nous emporte dans un déferlement vigoureux de danses de rue sur une scène, presqu'un ring, un grand tapis blanc, la "salle de danse" où les neuf interprètes arrivent au fur et à mesure et se font leur "battle". Une performance tout à fait assumée par ces danseurs du Ballet national du Portugal, tout à fait à l'aise dans cet exercice de virtuosité.

 

Corpos de Baile - Marco da Silva Ferreira


Ils oscillent entre solos et mouvements d'ensemble à 2 ou 3 ou 4 ou avec toute la troupe, entrant dans l'arène - et dans le groupe - sans hésitation, puis ressortant un moment pour revenir toujours pleins d'énergie. A gauche de la scène, la percussionniste italienne, maintenant londonienne, Valentina Magaletti avec son attirail de batteries et de cymbales, soutient en direct par sa fougue et sa puissance de frappe cette tribu en costumes multicolore de breaker, souples et agiles. Un silence se fait, fausse fin car les danseurs se retrouvent, doucement, sur le tapis luminescent pour faire baisser la tension puis repartent en un éclair pour s'achever dans un summum d'énergie, partagée par le public en empathie. 

   

La Fleur du Dimanche


S et Corpos de Baile au 104 à Paris avec le Théâtre de la Ville du 27 au 30 octobre 2022


* Siri, la dernière création de Marco da Silva Ferreira a été présentée à Pôle Sud - CDCN le 18 mai 2022

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