vendredi 4 novembre 2022

JAZZDOR 2022: Les frontières (du Jazz) sont ouvertes avec Holland, Potter, Loueke et Harland

 Le Festival JAZZDOR pour sa trente-septième édition ouvre avec la première date de la tournée européenne du quartet Holland, Potter, Loueke, Harland. Le festival qui propose une grosse vingtaine de concerts à Strasbourg, en Alsace et même en Allemagne, dont quelques-uns gratuits reçoit, maintenant que les frontières se sont (un peu) rouvertes cette superbe formation avec un programme Aziza que ce dynamique quatuor garde au chaud depuis 2016, ayant déjà, cette année-là enregistré un disque éponyme. 


Jazzdor 2022 - Holland - Potter - Loueke - Harland - Photo: lfdd


Le titre  de la soirée n'est pas un hommage à Daniel Balavoine mais fait référence à une divinité d'Afrique de l'ouest, une déesse ou une fée bienfaisante et protectrice. C'est tout naturellement Lionel Loueke, né au Bénin, n'ayant commencé à jouer de la guitare qu'à 17 ans - il chantait et faisait des percussions - quand il est parti en Côte d'Ivoire étudier à l'Institut et reparti à 21 ans à Paris à American School of Modern Music. Il démarre avec Aziza (qu'il a composé), tout seul marquant le rythme sur sa guitare magique qui pulse et danse en transe. 


Jazzdor 2022 - Holland - Potter - Loueke - Harland - Photo: lfdd


A la batterie, la plus jeune recrue du groupe, l'Américain Eric Harlan qui a joué avec les plus grands du jazz (McCoy Tyner, Dave Holland, Joshua Redman, et Charles Lloyd) le rejoint discrètement, suivi par un accompagnement tout aussi discret de Dave Holland puis le son grave du saxophone ténor de Chris Potter pour une belle ballade africaine. Le deuxième titre, plus enlevé voit Chris Potter avec ses deux saxophones le ténor et le soprano nous emmener dans des envolées vers les aigus alertes. Une autre pièce, rapide et chantante nous propose encore une autre atmosphère. Et celle où il traite le son de son saxophone avec une très grande douceur, entre la clarinette et le hautbois, on se croirait dans un concert de musique classique...


Jazzdor 2022 - Holland - Potter - Loueke - Harland - Photo: lfdd


Les compositions de l'un et de l'autre des musiciens se succèdent, tout comme les dialogues entre eux et les petits soli que chacun s'offre. Dave Holland, hiératique et majestueux à sa contrebasse, des kilomètres de rythme inventif  avalés depuis qu'il s'est fait remarquer (et embarquer) par Miles Davis en 1968 après avoir commencé la basse en autodidacte puis rejoint la scène de la musique improvisée à Londres, est également un magicien du rythme et du son. Ses mélodies de basse tournoient et donnent le ton, plus ou moins rapide. 


Jazzdor 2022 - Holland - Potter - Loueke - Harland - Photo: lfdd


Lionel Loueke sur son tapis avec ses sneakers rouges psalmodie en silence les notes qu'il joue sur sa guitare, joue aussi à l'économie, même si on sent la force qui de temps en temps déborde de son corps agile. Et curieusement aussi, on entend des réminiscences des sons milesdavisisiens, bien qu'il n'ait jamais joué avec lui. Dans ce groupe, presqu'autogéré, chacun a droit à sa composition et son tour de piste, passant d'une composition un peu plus douce à un jeu ragaillardi. 


Jazzdor 2022 - Holland - Potter - Loueke - Harland - Photo: lfdd


Après plus d'une heure de concert, le dernier morceau, Sleepless Night est annoncé. Composé également par Lionel Loueke, plus électrique et plus rapide, il démarre par une guitare nerveuse, frappée avec rythme suivi par la batterie énergique d'Eric Harland qui nous offre un superbe solo de batterie époustouflant.


Jazzdor 2022 - Holland - Potter - Loueke - Harland - Photo: lfdd


La salle, comble, est conquise et réclame frénétiquement un bis que le généreux quatuor offre avec délicatesse. Dave Holland nous tisse un air sur de petites touches délicates, dansant à souhait, soutenu par le saxophone soprano et bien sûr la guitare de Lionel Loueke qui clôt avec magie la soirée.


Jazzdor 2022 - Holland - Potter - Loueke - Harland - Photo: lfdd



La Fleur du Dimanche


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire