lundi 10 octobre 2022

Deal au Point d'Eau: les corps qui se cherchent noise ne tournent pas rond

 Quand on entre dans le dispositif scénique du spectacle Deal présenté au Point d'Eau avec Pôle Sud, on a comme l'impression de rentrer dans une cage. Cet espace carré entouré de grilles et de panneau procède autant du cirque que du ring. Et quand, une fois les lumières éteintes, un corps tourne à l'envers (dans le sens inverse des aiguilles d'une montre), comme un cheval seul sur la piste, le cirque devient encore plus présent. Le cirque, un univers dont sont effectivement issus les deux comédiens danseurs Jean-Baptiste André et Dimitri Jourde. 

Deal - Jean-Baptiste André - Dimitri Jourde - Pôle Sud - Le Point d'Eau


Mais tourner en rond n'est pas leur choix. Un corps va se mettre en travers, faire dévier d'une ligne droite imaginaire et heurter celui qui marche et devrait ne rien chercher. Ce n'est pas le cas,  celui qui marche rencontre l'autre, et cela va faire des étincelles, des chocs, des accrocs, se concrétiser d'abord par un affrontement, des coups, des prises, déclinées en de nombreuses variations, de la "battle" de hip-hop aux arts martiaux orientaux en passant par des approches plus sportives, ou le catch - et la cloche qui de temps en temps sonne une pause salutaire. Car l'engagement est total, les empoignades et les embrassades sont viriles autant qu'elles sont esthétiques. Le cirque et les acrobaties rejoignent le geste dansé. 


Deal - Jean-Baptiste André - Dimitri Jourde - Pôle Sud - Le Point d'Eau


La beauté du mouvement et la force des collisions, les esquives et les retrouvailles, les montées en puissance et les plages de respiration alternent dans un équilibre pesé. Même le face à face tranquille, l'un couché, l'autre debout sur les mains est un répit, une pause, tout comme la petite chanson fredonnée couché sur le sol. Et tout cela soutenu par le texte poétique de Bernard-Marie Koltès qui nous parle de solitude, d'amour et de dépendance, de désir et de rencontre. Dans cette chorégrapie faite d'enroulés, de déroulés, à la fois liés et disjoints dans une lutte incessante pour se retrouver et se quitter, s'aimer et se repousser, jusqu'à n'en plus pouvoir, car comme il est dit:

"Deux hommes qui se croisent n'ont pas d'autre choix que de se frapper avec la violence de l'ennemi ou la douceur de la fraternité"

Le spectacle est une belle métaphore de cette rencontre.


La Fleur du Dimanche

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire