mardi 27 septembre 2022

Avec Musica et le Maillon: La Femme au Marteau, le fossile est dans le lit...

Galina Ustvolskaja ou Galina Oustvolskaïa a traversé le XXème siècle de Leningrad à Saint-Pétersbourg. En fait elle était née à Saint-Pétersbourg en 1919, c'est juste que la ville a changé de nom entre 1924 et 1991. Et à sa mort en 2006 le nom était redevenu celui de la ville de sa naissance. C'est dire qu'elle vécu en plein dans le régime communiste. Elle fut par ailleurs, à partir de 1949, l'élève de Dimitri Chostakovitch. Mais que l'on ne s'y trompe, elle n'a pas été influencée par son style, d'ailleurs il lui dit: "Ce n'est pas toi qui es influencée par moi, au contraire, c'est moi qui le suis par toi." Et c'est vrai qu'il cite quelques thèmes d'elle dans ses composition. Par contre il la défend auprès des collègues de l'Union des compositeurs soviétiques. Son style, très reconnaissable dans la pièce La Femme au Marteau contient des blocs de sons homophoniques répétés (très violents, d'ailleurs, à la limite du supportable quelquefois) qui lui valent d'ailleurs ce surnom que lui a attribué le critique néerlandais Elmer Schönberger. 


Musica 2022 - La Femme au Marteau - Galina Ustvolskaja - Sylvia  Costa - Photo: Simon Gosselin

Mais elle ne manie pas que le marteau - heureusement pour le pianiste Marino Formenti qui pour cette pièce interprète les six sonates pour piano (écrites entre 1947 et 1988) et s'en sort sûrement épuisé sinon en sueur. Les pièces sont assez ressemblantes et il n'y a pas une énorme différence de composition entre les anciennes et les dernières, la composition étant déjà très moderne dès le départ. Elle nos sont pas totalement dans la force et vont des registres extrêmes. Il y a des moments d'une douceur et d'une délicatesse, à la limite de l'audible presque tant le clavier n'est qu'effleuré. Les pièces naviguent entre cette brutalité et un calme très réparateur. Un challenge pour le pianiste qui doit passer d'un doigté de fée à des appuis renforcés de tout l'avant-bras sur le clavier. A propos de cette musique, le pianiste dit"

"La musique est une vilaine bête. On ne peut pas l'interpréter et il ne suffit pas de la jouer. Mais de toutes les bêtes, Galina est la plus vilaine. Ici, nous ne tentons pas de mettre en image sur cette musique: nous essayons de l'imaginer". 

 

Musica 2022 - La Femme au Marteau - Galina Ustvolskaja - Sylvia  Costa - Photo: Simon Gosselin

Et a Silvia Costa, metteuse en scène et scénographe, de nous faire imaginer cette musique. Pour cela elle nous plonge dans un univers sombre, d'où émergent des silhouettes de femmes autour de lits - il y en a quatre successifs, dont un à baldaquin - peuplé de personnages étranges. Tout au début une chauve-souris famélique issue d'une gravure de Goya ou d'Arnold Böcklin, des femmes liées à ces lits comme à un cordon ombilical, les déplaçant, les enjambant, se glissant dedans et dessous, les quittant pour faire un tour du monde ou accueillir une petite fille et son cerceau.


Musica 2022 - La Femme au Marteau - Galina Ustvolskaja - Sylvia  Costa - Photo: Simon Gosselin


Et puis toute une panoplie de vêtements, que ce soient ceux, dans une valise,  pour un voyage, une robe de mariée ou des vêtements intimes ou de nuit. Cet univers entre le léthargique et le cathartique, complété par la musique qui nous envahit au plus profond font de cette pièce un voyage au coeur des sensations.


La Fleur du Dimanche


La Femme au marteau


Au Maillon - présentée avec le Musica - le 27 et 28 septembre


Galina Ustvolskaja Sonate no 1 à 6
interprétées par Marino Formenti
mise en scène et scénographie | Silvia Costa
avec Hélène Alexandridis, Marief Guittier, Anne-Lise Heimburger, Rosabel Huguet Dueñas, Pauline Moulène ainsi que la participation de Bruneau Rousseau et pour la petite fille Maya Quintes (le 27) et Nava Kunz (le 28).
costumes | Laura Dondoli
création sonore | Nicola Ratti
lumière | Marco Giusti
textes | Umberto Sebastiano
assistanat | Rosabel Huguet Dueñas

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