mardi 20 septembre 2022

Musica nous emmène en voyage: intime, en bateau, en fusée dans un tuba ou dans l'univers virtuel

 Curieusement les propositions de concerts du Festival Musica, après le pan Aperghis et Saariaho (voir les billets sur Migrants, Derrière le Miroir et Eblouissements) nous embarquent encore dans des voyages. 


MUSICA 2022 - Alssandro Bosettti - Journal de bord - Photo: lfdd


Le premier, avec Journal de Bord d'Allessandro Bosetti au TJP le 20 septembre sera, après un court vol de Milan dérouté, un voyage au long cours en bateau de Gibraltar à Lanzarotte. Le journal de bord de la mère d'Allessandro sert de matière - même sonore puisque le texte est dit à la fois par la mère et par le fils dans une composition chorale à deux voix, rythmée et accompagnée par la guitare électrique et le shamisen de Kenta Nagai, la clarinette et la voix de Carol Robinson et les percussions et la voix d'Alexandre Babel et quelques effets électroniques ou remixages d'Allessandro Bosetti. 

MUSICA 2022 - Alssandro Bosettti - Journal de bord - Photo: lfdd


Celui-ci nous offre également une chanson, presque sous la forme d'une comptine à partir de la seule partie 'intime" de ce journal où elle dit à la fois son désir, son amour et sa haine envers son mari qu'elle vient de quitter pour faire ce voyage-retraite sur ce bateau. Sinon le voyage est rythmé par les dates des jours de navigation, avec description des étapes, rencontres mais surtout les tâches concrètes de la navigation, les quarts, les changements de voile, de la pêche et surtout les résultat des courses et de cette pêche, donc de la gastronomie qui semble très importante. Et la météo qui régit tout cela. 


MUSICA 2022 - Alssandro Bosettti - Journal de bord - Photo: lfdd


Le texte, avec cette poésie prosaïque nous emporte dans un demi-songe éveillé - la lumière, discrète et la composition musicale soutenant les propos y contribuant largement, entre farniente ou calme plat et épisodes tempêtueux et tendus. Une belle croisière vécue sans les inconvénient de la pluie et des grains.


MUSICA 2022 - Simon Steen-Andersen - Transit - Photo: lfdd


Le deuxième voyage, au Maillon se fait sous la forme presque d'un voyage dans l'espace - nous avons droit au count-down d'un lancement de fusée. Mais c'est dans les entrailles d'un tuba que Simon Steen-Andersen nous emmène grâce à une caméra endoscopique pour Transit. Nous assistons à la remontée de la tuyauterie du pavillon jusqu'à l'embouchure. Le personnel mobilisé est presque aussi nombreux que pour un lancement de fusée. Les moyens mis en oeuvre relèvent de la superproduction, en miniature, avec les équipes caméra, éclairage et accessoires; sans compter les musiciens de l'ensemble Musikfabrik. 


MUSICA 2022 - Simon Steen-Andersen - Transit - Photo: lfdd


En tout, quatorze personnes qui entourent Melvyn Poore censé jouer un concerto pour tuba, mais qui ne peut que souffler - et pas jouer - de son instrument pour ainsi dire désossé. Le voyage - au centre du tuba - est assez mystérieux et les décors font illusion. Et l'on s'accommode de ce désir d'enfant de casser son jouet et d'en visiter les entrailles.


Hyper Concert


Le troisième voyage sera majoritairement dans un monde virtuel, entre le clip et le jeu vidéo avec Hyper Concert par l'Ensemble Imaginaire le 21 septembre à la Pokop.  Hyper Concert c'est l'alliance à travers les frontières de l'ensemble L'Imaginaire de Strasbourg, actif depuis de nombreuses années et de la formation Hyper Duo, de Bienne composée du pianiste Gilles Grimaitre (présent depuis quelques temps au sein de L'Imaginaire et du batteur Julien Mégroz. La soirée devait se dérouler en deux parties se répondant mais l'absence pour des raisons de santé de Julien Mégroz a vu le programme un peu transformé, mais pas moins inintéressant.


MUSICA 2022 - L'Imaginaire - Hyperroxic - Maling Bang - Photo: lfdd


La première pièce, Hyperoxic (2011) de Malin Bång était inspirée de l'air sous toutes ses formes, à la fois comme élément, souffle et matière avec des accessoires évindents et d'autres moins. Bien sûr la flûte jouée ou plutôt "soufflée" par Keiko Murakami, mais également un pompe à vélo ou une siréne, une baudruche dont on carresse la matière - et dont on ne sort pas, curieusement de son strident.

MUSICA 2022 - L'Imaginaire - L'adieu aux sirènes - Hibiki Mukai - Photo: lfdd

MUSICA 2022 - L'Imaginaire - L'adieu aux sirènes - Hibiki Mukai - Photo: lfdd

MUSICA 2022 - L'Imaginaire - L'adieu aux sirènes - Hibiki Mukai - Photo: lfdd


La deuxième pièce, L'Adieu aux sirènes (2022) de Hibiki Mukai soutenue par une vidéo aux images quelquefois lêchée ou qui se fractionnent ou se diluent et se défait alterne des plages ondulantes et des instants saccadés et bruissants. Nous aons toujours à la flûte Keiko Murakami, au saxophone Philippe Koerper et aux claviers Gilles Grimaitre qui nous propose un belle dynamique de percussions. La pièce s'achève par une folle danse disco.


MUSICA 2022 - L'Imaginaire - Toxic Box - Daniel Zea - Photo: lfdd

MUSICA 2022 - L'Imaginaire - Toxic Box - Daniel Zea - Photo: lfdd


Avec Toxic Box , de Daniel Zea nous avons une nouvelle version 2022 de la pièce qui avait déjà été présentée lors de l'édition 2020 de Musica. Nous sommes toujours dans l'univers du jeu vidéo et du morphing des trois musiciens animés en direct sur l'écran - c'est Gilles Grimaitre avec son clavier qui en jouant certaines notes fait apparaître, se positionner et bouger les trois musiciens en gros plan ou en buste. Et modifie leurs expressions et grimaces. Le style graphique a eu un "lifting" pour se rapprocher des univers de jeu vidé plus récents, moins vintage. Il reste cependant daté et de ce fait garde une distanciation vis-à-vis du spectateur. La partition est enlevée, et à travers de multiples et courtes séquences, un portrait chinois des musiciens se dessine. Les musiciens en habits de lumière, la clarinette et le saxophone assez minimaliste et le synthé en chef d'orchestre rythmique nous offrent un ensemble vigoureux non dénué d'humour.


En deuxième partie, c'est le film Cadavre Exquis réalisé par Emmanuel Vion-Dury à partir de la composition expérimentale, concue sur le principe du cadavre exquis - un échange entre les deux musiciens Gilles Grimaitre et Julien Mégroz rebondissant à partir des dernières notes de la composition précédente - construisent une pièce de douze séquences "à l'aveugle". Musicalement le résultat est très intéressant - les musiciens se connaissent bien et ont l'habitude de jouer ensemble, de plus ils ont de l'humour et donne une belle dynamique. Le film d'Emmanuel Vion-Dury se présente comme une succession de 12 vidéo-clips, tous différents et eux aussi liés par des images de transition inventives. Le rythme ne faiblit pas et l'on passe de concerts déjantés dans une abbaye, à l'intérieur d'une voiture, un parc avec un marchand de glace et plein d'autres lieux avec de courtes histoires comiques, humoristiques ou carrément surréaliste qui nous transportent sans faiblir dans une folle chevauchée.

Je vous en offre le teaser:



Bonne suite..


La Fleur du Dimanche

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