Ca y est, c'est la rentrée !
Mais celle de Pôle Sud, cette année, est un peu exceptionnelle. Pourquoi ? me direz-vous ?
Mais tout simplement parce que c'est la dernière saison de Joëlle Smadja, sa directrice au long cours, celle qui a amené cette MJC (Maison des Jeunes et de la Culture) vers un CDCN (Centre de Développement Chorégraphique National). Bien sûr elle n'a pas été seule - elle a bien sûr cité l'équipe (des anciens et des nouveaux) qui l'a accompagnée sur ce parcours. Il y a eu aussi Alain Py qui lui a mis le pied à l'étrier et lui a lâché la bride et donné les rênes pour qu'elle caracole vers son destin. Elle a non seulement nourri notre soif de danse de toute sorte pendant des années mais aussi accueilli et suivi des chorégraphes, élargi les collaborations entres les structures soeurs en France et à l'étranger (par exemple le Réseau Grand Luxe) et su s'adapter à l'évolution de la danse contemporaine et à celle de la société. Ses innovations, dont le festival Nouvelles sous deux formes en juin qui s'est transformé en un coup de projecteur sur les chorégraphes féminines "L'année commence avec elles".
Nous lui devons de belles découvertes et un compagnonnage avec des chorégraphes qui revenaient ou reviennent régulièrement, comme Mark Tompkins, Robyn Orlins, Daniel Larrieu, Georges Appaix, Régine Chopinot, Olga Mesa ou Mathile Monnier, pour n'en citer que quelques-un(e)s.
Le programme de cette année reflète à la fois cette ouverture et cette fidélité envers des valeurs sûres qui continuent de créer et nous enchanter mais aussi envers de jeunes artistes révélés ici et qui sont en train de faire leur chemin dans le milieu et auprès du public. Je vous parlerai de la programmation en fin de billet, mais place à la danse, puisque c'est la fête et que la soirée, en plus d'être une présentation de saison, conviviale et festive propose aussi deux courts spectacles - deux belles découvertes.
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Fantasie Minor - Marco da Silva Ferreira - Photo: Martin Agyroglo |
La première pièce, Fantasie Minor de Marco da Silva Ferreira confronte deux danseurs, Anka Postic et Chloé Robidoux, issus du hip-hop à une musique inspirée de la Fantaisie en F mineur de Schubert, que Rui Lima et Sérgio Martins transforment et triturent. Les deux interprètes, souples et agiles, bondissent, sautent, délimitent tout en le dépassant le petit plateau carré au centre du public assis sur des bancs en extérieur dans le soleil couchant.
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Fantasie Minor - Marco da Silva Ferreira - Photo: Martin Agyroglo |
Tout en glissements, décalages, déplacements, tremblements, assauts et effusions, dans une précision rythmique étonnante, par superpositions et hybridations, tout comme la musique classique qui se transforme et de temps se fait envahir par des bpm d'ultrabasse, la danse varie, du classique hybridé à des danses urbaines pleines d'énergie dans une précision étonnante. La marge, le débordement, la fusion, la superposition sont interrogés avec plein d'énergie et d'élégance moderne mais aussi avec une corporalité affirmée.
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Cercle - Olé Khamchanla - Photo: Ben Becker |
Après un retour dans la grande salle pour la présentation de la saison 2025-26 par Joëlle Smadja, place à Olé Khamchanla pour son solo Cercle, formidable démonstration d'énergie intérieure que nous offre le danseur chorégraphe. Dans une économie de gestes, en des déplacements lents, répétés mais qui évoluent en variations infinitésimales, il pose un espace imaginaire tandis qu'émane de son corps une puissance qui rayonne et se transmet à nous. D'abord en contrejour, nous nous concentrons sur le geste de ses mains reliées qui tracent des battements d'ailes ou des mouvements enveloppants, variations subtiles et hypnotiques. Puis, la lumière se diffusant autour de lui, ces mouvements et cette énergie se transmet à l'ensemble du corps et ce sont les bras qui brassent cette énergie enveloppante en gestes ondulants, mouvements doux et tendres, et déplacements enroulants. Les attitudes et les gestes alternent entre simulations de gestes de boxe qui se fondent dans des mouvement qui pourraient ressembler à du Tai-Chi ou des sports de combats asiatiques, au ralenti.
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Cercle - Olé Khamchanla - Photo: Ben Becker |
Nous sentons qu'Olé Khamchanla, originaire du Laos, s'est ancré dans la gestuelle des arts martiaux et des danse traditionnelles du pays pour les intégrer dans une sorte de cérémonie mystérieuse qui force l'attention. Sa concentration est visible et il le fait sentir à certains moments quand il nous démontre que celle-ci est fragile, que l'énergie et le fil ténu qui le relie à nous peut se briser en lâchant un instant cette densité de relation, pour nous inclure de plus belle dans son parcours. Un voyage mémorable et intrigant. En tout cas une performance impressionnante.
Découvrir la programmation faire ses choix
La saison 2025-2026 propose 26 spectacles plus les 8 du festival l'Année commence avec elles en janvier 2026. Pour vous aider à faire vos choix ou pour mieux connaître le travail des artistes invités, je vous propose quelques pistes sur la programmation et des liens vers des billets sur les spectacles de chorégraphes que j'ai déjà vus (certains d'entre eux seront aussi programmés). Vous pourrez les lire avant ou après avoir vu les spectacles.
Pour commencer, en tout honneur, Sylvain Riéjou, artiste associé qui l'était déjà et qui rempile. Vous avez peut-être vu un de ses spectacles, et il en présente trois cette année, Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver, Le Poisson qui vivait dans les arbres… (avec le dessinateur Hervé Walbecq) et Je badine avec l'amour.
Vu en 2022: Je rentre dans le droit chemin (qui comme tu le sais n’existe pas et qui par ailleurs n’est pas droit)
et en 2024 Je badine avec l'amour
La saison commence par une collaboration avec le Festival Musica, d'une part Rage d'Anna Gïotto et Último helecho de Nina Laisné, François Chaignaud et Nadia Larché, présenté avec et au Maillon. François Chaignaud étant déjà venu à Musica en 2019 (salle de la Bourse) et en 2024 à Metz (avec Mirlitons).
Suit Marco d'Agostin avec Astéroïde - il est passé avec Gli Anni (Les Années) en 2023.
Puis Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna avec Señora Tentación. Nous avions vu A vue du duo en 2020.
How in salts desert is it possible to blossom... avait été présenté au Festival Montpellier Danse en 2024
De Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero qui présentent Amours Aveugle, nous avions vu Lamenta en 2021.
Avec l'Année commence avec elles, nous avons des chorégrapher et danseuses que nous avions déjà vues à Pôle Sud: Marcela Santander Corvalan et Hortense Belhôte qui créent chacune un spectacle, et Louise Vanneste quant à elle nous avait montré son travail en cours en 2024. Betty Tchomanga nous l'avions vue avec Mascarade. Le même soir il y avait Bryana Friz dans le solo Submission Submission et cette année elle danse avec Solène Wachter que nous avions vu dans For you / Not for you en 2024.
Bonus pour ceux qui l'auraient raté, Leila Ka revient avec le superbe spectacle Maldonne.
Olivia Grandville que nous avions vu dans Débandade revient avec Le Cabaret Discrépant
Autre revenante et fidèle de Pôle Sud, Lisbeth Gruwez, avec Maarten Van Cauwenberghe qui nous annoncent Tempest. Elle était venue au moins en 2015, 2017 et 2023
Idem pour Thomas Lebrun qui nous offre Sous les Fleurs et vu en 2022 et 2024 dans des proposition totalement différentes
Pour Emmanuel Eggermont, venu en 2018, 2021 et 2025, il sera en mai à l'Opéra du Rhin avec la pièce All Over Nymphéas dansée par le CCN Ballet de l'Opéra National du Rhin.
La liste n'est pas complète, mais je conclus avec celui qui a été en résidence à Pôle Sud et y a présenté au moins sept pièces depuis 2017: Amala Dianor avec Quelque part au milieu de l'infini, The Falling Stardust, Trait d'union, Pas seulement, Siguifin, Man-Rec et M&M et qui va nous surprendre avec Dub.
Voilà, vous avez le choix, bons spectacles et bonne pioche!
La Fleur du Dimanche
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