samedi 22 juin 2024

Robyn Orlin et le Garage Dance Ensemble avec Ukhhoikhoi au Festival Montpellier Danse - Des fleurs par milliers

Quand nous entrons dans la salle pour voir le nouveau spectacle de Robyn Orlin How in salts desert it is possible to blossom (ou bloom c'est selon) nous avons droit à une explication de texte du contexte projetée sur le grand écran au fond de la scène: Elle parle d'O'okeip, dans le Nord-Ouest de l'Afrique du Sud, une ancienne cité minière (on y extrayait du cuivre et des pierres semi-précieuses) où elle est retournée. 


Robyn Orlin - How in Salts Desert is it possible to blossom - Festival Montpellier Danse - Photo: Laurent Philippe



Mais la petite ville a été abandonnée à sa décrépitude et les problèmes d'apartheid y sont doublement présents. Comme elle le dit, les métis, "Coloured " de là-bas ne sont (toujours) pas acceptés par les (descendants de colons) blancs et ils ne sont pas suffisamment noirs non plus. Elle avait donc envie de leur donner la parole. Et ce d'autant plus que, d'une part elle avait déjà travaillé avec le groupe de musique Ukhoikhoi, la chanteuse Anelisa Stuurman et Yogin Sullaphen (voir le billet sur "Wheels..") qui en vient. Et que d'autre part elle est très proche d'Alfred Hinkel, un des pionniers engagé de la danse contemporaine en Afrique du Sud et qui manage cette troupe, le Garage Dance Ensemble. Elle avait aussi envie de leur donner la parol Il se trouve qu'eux-mêmes n'avaient pas envie de parler de ces soucis et ces problèmes, les ancêtres, les origines, toujours irrésolus, mais ils voulaient parler d'eux et porter un regard positif et heureux, confiant en l'avenir. 


Robyn Orlin - How in Salts Desert is it possible to blossom - Festival Montpellier Danse - Photo: Laurent Philippe


Un autre élément à l'origine du projet est aussi cette sorte de miracle de la nature, qui est cité dans le titre, à savoir les plus de 2500 espèces de marguerites sauvages qui fleurissent au printemps d'août à septembre.
Et cela donne un spectacle très joyeux, très coloré, à la fois dans les tissus qu'ils et elles portent et qu'il font voler en l'air au fur et à mesure. Il y a aussi le traitement vidéo original d'Eric Perroys qui s'affiche en grand en fond avec quelques effets spéciaux du plus bel effet. Ainsi de ces cordes qui en transpositions forment une frise verticale à motif floral ou ces effets de rotoreliefs à la Duchamp qui sont autant de fleurs mouvantes. 
La pièce est  rythmée par les morceaux de musique du duo Ukhhoikhoi. La première est une chanson en zoulou qui rappelle les revendications de ce peuple pour leur terre (déjà entendue dans le précédent spectacle) et les suivantes sont chantées en Afrikaans, mais dans le parler adapté de cette région. Anelisa Stuurman a vraiment une voix magnifique et Yogin Sullaphen l'accompagne des ses multiples instruments (guitare, luth, guitare électrique, percussions, boucles, synthé,..) donnant aux danseur et danseuses et à la comédienne un tapis musical et rythmique pour leur danse et performance. Nous y retrouvons quand même quelques scènes de violences - même un viol - inscrites dans les mémoires. Et une belle piéta sublimée par la vidéo, tout comme des séquences de selfie autosatisfaisantes ou des rituels de processions. Les danseuses et les danseurs ont une très bonne maîtrise des mouvements et l'énergie diffuse vers la salle. 


Robyn Orlin - How in Salts Desert is it possible to blossom - Festival Montpellier Danse - Photo: Laurent Philippe


D'ailleurs, pour couronner le tout, le podium sur lequel jouaient les musiciens qui était en fond de scène et auquel étaient attachées les cordes, pour finir, va se faire tirer vers l'avant par les danseuses et danseurs habillés des couleurs de l'arc en ciel. Et la rencontre de la troupe et de l'orchestre avec le public se fera, dans le couronnement des saluts et l'invitation sur scène de quelques-un(e)s dans une belle idée de fraternité.
Pour Robyn Orlin, la philosophie du partage et de la collaboration, à la fois pour offrir la parole à ceux qui ne l'ont pas forcément, de la réorganiser et de la passer, de la traduire et de la transmettre n'est pas éteinte, même si elle n'est plus sur scène, ou justement parce qu'elle n'y est plus mais garde son regard vigilant et son sens de la création dans un collectif complémentaire.


La Fleur du Dimanche  




Au Festival Montpellier Danse - Montpellier le 22 et 23 juin 2024 

Un projet de Robyn Orlin avec Garage Dance Ensemble
et uKhoiKhoi
Avec 5 danseurs de la compagnie Garage Dance
Ensemble : Byron Klassen, Faroll Coetzee, Crystal
Finck, Esmé Marthinus et Georgia Julies
Musique originale et interprétée par uKhoiKhoi avec
Yogin Sullaphen et Anelisa Stuurman
Costumes : Birgit Neppl
Vidéo : Éric Perroys
Conception lumière : Vito Walter
Directeur technique : Thabo Pule
Traduction : Maurice Salem – ACI
Administration et diffusion : Damien Valette
Production de tournée et logistique : Camille Aumont
Production : City Theater & Dance Group et Damien
Valette Prod
Garage Dance Ensemble
Fondateur / Mentor : Alfred Hinkel
Directeur des créations : John Linden
Chorégraphe résident : Byron Klassen
Production : Nicolette Moses
Coproduction : Festival Montpellier Danse 2024, City
Theater & Dance Group, Festival de Marseille, Chaillot,
Théâtre national de la danse, Paris, Théâtre Garonne,
Scène européenne, Toulouse.
Avec le soutien de la Direction régionale des affaires
culturelles d’Île-de-France
Avec le soutien de Dance Reflections by
Van Cleef & Arpels

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