dimanche 23 juin 2024

Deepstaria de Wayne McGregor à Montpellier Danse: Le fond du trou noir et la légèreté de la danse

 Pour Deepstaria de Wayne McGregor créé au Festival Montpellier Danse, pas de décor ou plutôt un décor censé s'effacer et absorber les danseuses et les danseurs. Mais la matière est rétive et l'idée de Wayne Mac Gregor de faire surgir les corps dans un univers absolument noir, comme un utérus, se heurte autant à l'air qu'à la lumière. Souhaitons-lui de réaliser ce rêve dans la deuxième partie du diptyque avec un écran "post-cinéma" à 360°. Bien sûr les apparitions - disparitions des interprètes, surgis de nulle part apportent une certaine étrangeté et des surprises renouvelées et à certains moment nous ne savons plus vraiment où se trouve cet énorme carré noir recouvert de "Vantablack" au centre de la scène. 


Wayne McGregor - Deepstaria - Photo: Ravi Deepres


Mais quelquefois nous nous demandons dans les lumières rasantes pourquoi les pieds des danseurs disparaissent un peu dans une semi-pénombre alors qu'il font de belles pointes. Parce qu'en terme de technique, les neuf danseuses et danseurs sont au top de leur art et de leur mouvements, navigant entre post-moderne et post-romantique avec une gestuelle au couteau, cassures et brisures du corps et des jambes souvent et très facilement levées au plus haut, en grand jetés en pointe aussi. Une danse bien réglée et interprétée sans accroc, impeccable, que ce soit en solo, en duo, rarement en trio ou en mouvements d'ensemble. Tout ce beau monde composé de corps athlétiques semble jouer une partition graphique dont la musique de l'oscarisé Nicolas Becker, interagissant avec eux, fait l'environnement. Les figures, mouvements, postures, attitudes sont impeccables, allant quelquefois vers une redécouverte du mouvement en réinventant la marche des flamants roses ou de beaux décalages des bras. 


Deepstaria -  Wayne McGregor - la méduse


Les danseuses et danseurs sont magnifiques, la beauté du corps éblouit, que ce soit dans les premières tenues, sous-vêtements ou ensembles de bains noirs, maillots pour les hommes et bikini pour les femmes qui exhibent la finesse de la silhouette musclée, ou avec les maillots blanc légers qui les couvrent et les éclairent, ou, pour finir ce genre de volants - nuisettes en tulle ultra légères qui flottent merveilleusement dans l'air et qui font encore meilleure impression que le noir qui devrait nous aspirer dans l'espace, car ici il n'y a plus de pesanteur. Les interprètes flottent dans l'air - ou dans l'espace. Les lumières de Teresa Baumgarten sont inventives, quelquefois (volontairement) agressives et ce sont elles qui construisent l'espace de la représentation, entre lasers et couleurs immersives, allant même dans une illusion parfaite amener une pluie de lumière en bande, assez impressionnante. Ces échappées magistrales, spectaculaires, même sur ce plateau immense du Corum en mettent plein la vue puis cela devient fuligineux pour s'achever dans un ultime et très sensible solo final. Le public semble ravi.


La Fleur du Dimanche


Deepstaria

Distribution / Production

Company Wayne McGregor

Concept, direction, chorégraphie et design : Wayne McGregor

Crée avec et dansé par les interprètes de la compagnie Wayne McGregor : Rebecca Bassett-Graham, Naia Bautista, Salvatore De Simone, Jordan James Bridge, Chia-Yu Hsu, Hannah Joseph, Jasiah Marshall, Salomé Pressac, Mariano Zamora Gonzalez

Conçue en collaboration avec :

Set : Benjamin Males

Lumière : Theresa Baumgartner

Costume : Ilaria Martello

Bijouterie : Hannah Martin

Composition sonore : Nicolas Becker et LEXX

Généré par Bronze

Dramaturgie : Uzma Hameed

Direction des répétitions : Odette Hughes

Collaborateur lumière : Ben Kreukniet

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