samedi 8 juin 2024

Foreshadow de Vantournhout au Maillon: prescience et précision des mouvements fous

 Dernière étape  du "Paysage" Vantournhout / not standing  au Maillon à Strasbourg avec ForeshadowAprès Through the Grapevine, le duo avec Axel Guérin, la Carte Blanche avec ses invités et ses projet et son solo VanThorhout,  voici la poursuite des sommets avec une équipe de huit danseurs rompus aux acrobaties circassiennes: Noémi Devaux, Axel Guérin, Patryk Kłos, Nick Robaey, Josse Roger, Emmi Väisänen, Esse Vanderbruggen et Chia-Hung Chung.


Foreshadow - Alexander Vantournhout - Photo: Bart Grietens


Le démarrage progressif, d'abord à trois, puis à quatre, puis cinq, puis sept, en lignes qui s'emmêlent et se traversent, offrent l'exposé d'une série de variations de mouvements liés et déclinés qui vont ressurgir au fur et à mesure du spectacle. La danse s'apparente à ce que ferait en musique Steve Reich ou Phil Glass. Une sorte de minimalisme construit qui se développe et se transforme, amenant une effet hypnotique. Pour la musique d'ailleurs ils s'accompagnent d'une bande son du groupe The Heat, un groupe britannique des années 80, entre le poste punk et le rock progressif, dont les morceaux choisis permettent soit des ambiances intrigantes, soit de rythmer en synchro les mouvements des groupes de danseurs sur des figures assez acrobatiques et souples. La musique n'est bien sûr pas toujours présente et l'on se plonge quelquefois avec les danseurs dans une concentration où l'on s'immerge carrément dans leurs vibrations, rebonds, courses avec rebonds, effets ciseaux, vrilles en rythme et révolutions variées avec toute la virtuosité et la concentration que cela nécessite.


Foreshadow - Alexander Vantournhout - Photo: Bart Grietens


On imagine aisément un ballet d'électrons plus ou moins libres qui parcourent la scène. Et, qui, quelquefois se retrouvent sur le mur de fond de scène dans des positions et situations assez originales et surprenantes. Par exemple une série de contorsions autour d'une main plaquée contre le mur avec un déplacement en traversée de scène. Parce que ce n'est pas juste le plateau qui leur sert d'espace d'expérimentation, ce mur de fond de scène par la magie des positions des corps semble basculer à 90 ou 180 degrés, au point que nous perdons les repères de bas et de haut, de position assise ou debout. Rien que par une bascule ou un geste qui nous fait lire l'espace sous un autre angle, le danseur peut être à l'horizontale et subitement debout,  comme vu de haut. 


Foreshadow - Alexander Vantournhout - Photo: Bart Grietens


La petite troupe va d'ailleurs utiliser ce mur de fond et une certaine adhérence pour nous proposer toute une série de sculptures de style "tableau vivant" comme s'ils étaient "collés" sur une feuille blanche. Pour les figures au sol, également ils jouent à la fois sur l'équilibre et les constructions d'équilibristes, de même que quelques sauts et roulades, culbutes et cabrioles. Les interprètes sont très sollicités, réalisant des mouvements symétriques ou complémentaires par petits groupes au point que nos regards aussi doivent être agiles.


Foreshadow - Alexander Vantournhout - Photo: Bart Grietens


Agiles aussi, tous les mouvements et toutes les constructions qu'ils vont faire sur ce mur de fond en bravant les lois de la pesanteur, pour aboutir - après une brève respiration salutaire - à un feu d'artifice final où l'agitation est à son comble et où quelques-uns restent accrochés tout en haut de ce mur de bien cinq mètres de haut avec suspensions, balancements, escalades et retournements dans des figures synchrones savamment orchestrées. Et le public, haletant et ébahi, les remercie d'une longue ovation debout. On se dit qu'une nouvelle expression artistique est née, entre danse, cirque, musique, un univers singulier et magique, mélange d'un travail physique et d'une précision millimétrée nécessitant une attention de chaque instant tout en faisant preuve d'une imagination et d'une qualité esthétique du geste et mouvement individuel et collectif pour arriver à ce formidable résultat. Une sacrée performance.


La Fleur du Dimanche

2 commentaires:

  1. Ah oui alors, une sacrée performance. Ça a l air si facile et nous on arrive à peine à rester suspendus à une barre sans rien faire...c est fou, bravo les artistes! Manamimatoon

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