mercredi 7 février 2018

Polis d'Emmanuel Eggermont à Pôle Sud: Construire une autre cité - anthracite noire - de la danse

La troupe d'Emmanuel Eggermont se nomme l'Anthracite, qui se réfère au charbon le plus noir, le plus dense en carbone. Et sa pièce, présentée à Pôle Sud, Polis est un voyage dans le noir, non dans l'obscurité, mais dans la couleur du noir avec toutes ses nuances.


Polis - Emmanuel Eggermont - Photo: Jihyé Jung

Le ton est donné au départ avec ce carré de lumière dans le fond de scène dont on découvre que c'est un projecteur plaqué contre le mur et qui ne se retournera qu'une seule fois pour nous aveugler en balayant la cité fragile construite par les danseurs. Mais auparavant, il faudra construire la relation, la vie de la cité, le dialogue entre les cinq danseurs. 
Ceux-ci viennent sur scène les uns après les autres dans un lourd silence qui suit un grondement sourd dans lesquels émerge à peine un air de musique. Puis, doucement, lentement, chaque danseur, au fur et à mesure, développe son expression, son geste, dans ce silence où l'on perçoit à peine le bruit des vêtements des danseurs - en fait trois danseuses (Laura Dufour, Jihyé Jung, et Sonia Garcia) et deux danseurs (Mackenzy Bergile et Emmanuel Eggermont lui-même). 
Ce qui était des silhouettes au départ, des formes, sombres et noires dans un éclairage contrasté et à contrejour se dévoilent doucement, prennent corps. Dans une ambiance de grondement de machines en enfer et de rochers qui dévalent la montagne, se construit un théâtre surréaliste où des personnages sortis d'un tableau de De Chirico jouent des scènes de film expressionniste dans des univers parallèles ou derrière des rectangles occultants.
Puis vint la traversée du miroir en un jaillissement de reflets qui transforme ces êtres hiératiques en fantômes-cosmonautes des temps futurs et éblouissants, pour s'achever en une course de comètes à longue traine étincelante.


Polis - Emmanuel Eggermont - Photo: Jihyé Jung

Les murs entre les êtres semblent être tombés et la ville peut se construire, fragile cependant. Un semblant de vie grégaire se structure et même une culture du vivre ensemble semble possible.
Chacun trouve sa place et s'exprime au plus profond de son corps, de ses mouvements, de son individualité. Et cette addition de caractères et de diversité forme un ensemble magnifique et convaincant. Pour le plaisir des yeux et de notre imagination.





La Fleur du Dimanche


Πόλις (Pólis)
EMMANUEL EGGERMONT
L'ANTHRACITE
Conception, chorégraphie et scénographie : Emmanuel Eggermont
Interprétation : Laura Dufour, Emmanuel Eggermont, Jihyé Jung, Mackenzy Bergile & Sonia Garcia
Collaboration artistique : Jihyé Jung
Créateur lumière : Serge Damon
Compositeur : Julien Lepreux
Consultants : Marine Pagès, Colin Roche
Accompagnement artistique : L’L
Production et diffusion : Sylvia Courty
Administration : Violaine Kalouaz

Production : L’Anthracite (www.lanthracite.com) / Coproduction : L’L, Bruxelles - POLE-SUD, CDCN Strasbourg - Le Vivat d'Armentières, scène conventionnée danse et théâtre - Le Gymnase, CDCN Roubaix, Hauts de France - l’Echangeur, CDCN Hauts de France - CDCN de Toulouse Midi-Pyrénées - le CCN de Tours - l'Agora de la danse Montréal dans le cadre de Correspon-danses - Le PHARE-CCN du Havre Normandie et le réseau Labaye - danse en Normandie / Avec le soutien du Triangle scène conventionnée danse, Rennes, du CN D, Centre national de la danse, accueil en résidence - l'OFQJ / Avec l'aide de la DRAC Hauts-de-France et la Région Hauts-de-France / Le spectacle a été créé le 30 mars 2017 à Roubaix au CDCN Le Gymnase dans le cadre du festival Le Grand Bain.

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