vendredi 19 septembre 2025

Alexander Schubert et son Eternal Dawn ouvre le Festival Musica au Maillon: Le temps - et le chant - des cyborgs

 Avec Eternal Dawn, Alexander Schubert revient au Maillon à Strasbourg pour l'ouverture du Festival  Musica. Quatre ans après Astérism, son "spectacle total" et fleuve (plus de trente six heures de musique et de performances), il signe cette "Aube éternelle" dont la durée est plus raisonnable (entre une heure dix et une heure et demie) mais qui interroge aussi le temps, la présent et le futur, de même que l'essence du spectacle et le futur de l'homme. Avec les musicien.nes du Decoder Ensemble et des performeur.euses qui sont déjà installé.es sur le plateau, nous assistons au "lancement" de la 1.576ème "itération" de ce concert - spectacle - performance qui nous installe dans un passé - présent - futur mouvant. 


Alexander Schubert - Eternal Dawn - Festival Musica - Maillon - Photo: Thaïs Breton


Les "enfants du futur" rejouent à la fois une sorte de Métropolis et un semblant de crucifixion (dont la croix n'est qu'une extension des bras du comédien - chef d'orchestre). La partition est constituée des sons captés sur les corps, les machines et les voix altérées, transformées en direct par une Intelligence Artificielle, ce qui donne un curieux décalage. Des nappes musicales accompagnent aussi tout le cérémonial de transformation hybridation et les moments plus intériorisés. 


Alexander Schubert - Eternal Dawn - Festival Musica - Maillon - Photo: Thaïs Breton


La lumière et ses effets changeants, traçant des parcours ou encerclant ou "scannant" littéralement les interprètes, jouant sur les contrastes ou fulminant en éclairs stroboscopiques, est à elle seule un élément central de la dramaturgie, soulignant ou cachant les corps et focalisant l'attention, transformant l'atmosphère. 


Alexander Schubert - Eternal Dawn - Festival Musica - Maillon - Photo: Thaïs Breton


Les extensions corporelles, prothèses molles ou dures en plastique ou en tissus qui recouvrent les corps, les pansant ou les transformant et les pièces rapportées - ajouts en métal (comme des ailes rigides d'albatros) ou copies de membres, bras multipliés et articulés interrogent notre corps qui a déjà ses "pièces de rechange". Elles nous propulsent dans un futur déjà en train de se jouer. Tandis que les tubulures de perfusion mettent en scène dans un premier temps un simulacre de communication ou de transfert d'énergie vitale puis, dans une scène oscillant entre le politique et le symbolique, lors d'une cérémonie tribale de communication, dans une union des forces, soit de coopération ou d'un possible asservissement. 


Alexander Schubert - Eternal Dawn - Festival Musica - Maillon - Photo: Thaïs Breton


La lecture est ouverte, et même multiple. Tout comme les robot en tant que tels. Que ce soit le bras articulé central sur le "podium" ou le chien-robot, tous les deux dépositaires non pas de caméras auquel on s'attendrait, mais d'un écran lumineux, et qui peuvent être inoffensifs, mais aussi représenter un danger sournois - d'enveloppant et caressant le corps de sa lumière, le bras peut aussi être un risque par ses mouvements incontrôlables et imprévisibles. 


Alexander Schubert - Eternal Dawn - Festival Musica - Maillon - Photo: Thaïs Breton


Cette cérémonie du temps (présent mais aussi passé et qui, faute de s'arrêter - parce qu'au lieu de finir, boucle une nouvelle itération - oblige les spectateurs de sortir de la salle, pour une cérémonie future) nous interroge sur le réel et sa transformation. Sur notre corps et sa finitude, et les moyens d'y pallier. Et en même temps questionne le concept même de spectacle et notre relation à la représentation et à la musique. Celle d'aujourd'hui et son futur. Et notre position de spectateur ... et d'acteur de notre avenir.


La Fleur du Dimanche


Alexander Schubert - Eternal Dawn - Festival Musica - Maillon

Au Maillon

Vendredi 19/09/2025 et samedi 20/09/2025 - 19h00

Dimanche 21/09/2025 à 15h00


Composition et mise en scène : Alexander Schubert
Chorégraphie : Colette Sadler
Avec musicien·nes du Decoder Ensemble : Leopold Hurt, Andrej Koroliov, Sonja Lena Schmid, Jonathan Shapiro
Performance : Michael Mahar, Si-Ying Fung, Tasha Hess-Neustadt
Scénographie : Christian Wiehle
Développement des personnages, costumes : Felina Levits
Assistante costumes, robotique et plateau : Esther Heltschl
Direction technique : Lars Kracht
Conception lumières : Diego Muhr
Production : Gregory (Grischa) Popov, Elisabeth Brunmayr
assisté·es de : Clara Brezinka, Ludmilla Mercier
Développement musical : GRAME Lyon, Max Bruckert
Conception et réalisation de prothèses robotiques : Neue Farben GbR (Paul Geisler, Fabian Nitschkowski, David Unland)
Assistance avec l’impression 3D : Liqtra GmbH Hamburg, HoFaLab Hamburg
Hamburg University of Technology, Institute for Mechatronics in Mechanics : 
Conception robotique et programmation : Kyrillos Adeeb, Inderawes Khalil
Conception automatisation et programmation : Dr. Mohammad Sadeghi
Financé par : Kulturstiftung des Bundes (Fondation culturelle fédérale allemande) et Beauftragte der Bundesregierung für Kultur und Medien (Commissaire du gouvernement fédéral pour la culture et les médias)
Commande : Kampnagel, avec le soutien de Ernst von Siemens Musikstiftung
Avec le soutien de : ZEIT STIFTUNG BUCERIUS / Kampnagel Hamburg / Festival Musica / ligeti zentrum Hamburg / IRCAM Paris / GRAME Lyon / Claussen-Simon-Stiftung / Proberaumfonds des Dachverbands freie darstellende Künste Hamburg (DfdK)

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