Le Festival de Micro-Théâtre ne remplit pas le Zenith mais fait le plein à la cave de la Maison Bleue

 Un Festival de Micro-Théâtre c'est comme le Festival d'Avignon, mais qui vous permet de voir beaucoup plus de pièces qu'à Avignon. Par exemple, si vous faites la totale, vous pouvez voir 15 pièces et des concerts en trois soirées.

Comment çà ? Et bien parce que la formule de ce Festival de Micro-Théâtre c'est "15 m², 15 spectateurs, 15 minutes". Vous n'avez pas à craindre de devoir sortir avant l'entracte si cela ne vous plait pas. D'ailleurs vous serez entraîné dans la dynamique et la diversité des pièces proposées et serez impatients de voir la suite.

Le premier soir du Festival Equinoxe vous pouviez assister autant à un spectacle entre le clown et le cabaret, une lecture musicale sensible, partager des moment intimes entre frère et soeur ou collaborer à la fabrication d'un dessert participatif. Le dispositif incite aussi au échanges entre spectateurs soit entre deux pièces, soit au bar ou sur la terrasse où l'on peut déguster crêpes sucrées ou salées.

Et tout cela se passe à Strasbourg Neudorf, à la Maison Bleue, un lieu culturel qui offre surtout une programmation musicale alternative et qui devient ici le pôle de rencontre et de brassage entre public et professionnels du théâtre.  

Les troupes, si l'on peut dire, car les spectacles c'est une ou deux acteur-trices, viennent de France et même d'ailleurs, Myriam Sutton qui propose Katarin-Hair nous vient du Québec. Elle nous emporte dans un spectacle décoiffant et ébouriffant qui mélange revue et cabaret dans un délire autour de la coiffure, bien sûr.

Avec la pièce De mon ciel avec Thomas Lelo - sorti de l'école du TNS cette année) nous sommes dans un univers mystérieux ou une femme dialogue avec son compagnon disparu au pied d'un arbre, un olivier, symbole de la renaissance et de la réconciliation. C'est un récit d'apaisement et d'espérance.

Autre ambiance avec la troupe lyonnaise La Compagnie des 4 murs et leur pièce 6ème sens, jouée et mise en scène par Estelle Couret avec Mikael Mittelstadt. C'était mon coup de coeur (partagé par d'autres) de la soirée. Nous nous retrouvons assistant à la fête d'anniversaire des 30 ans de jumeaux, une soeur et un frère comme si nous la vivions dans la vraie vie - nous sommes spectateurs de moment à la fois délicats et surprenants qui peuvent émerger à cette occasion. C'est tellement réaliste et interprété avec un naturel à nous tromper, nous faisant presque sentir des intrus  au point que pour la chute finale, nous sommes obligés de nous pincer pour nous vérifier que nous étions bien présents à cette scène qui se déroulait sous nos yeux et qui nous a littéralement bluffé.

Autre ambiance avec Là où les couleurs dansent, avec Laura Mirande qui fait une lecture de histoire personnelle d'une jeune femme qui revient sur les étapes de sa vie, son évolution, sa découverte d'elle-même de ses désirs et des autres, accompagnée de nappes sonores et d'ambiances colorées passant du bleu froid au rouge incendiaire en passant par le rose de la révélation.

Autre pièce intéressante, Le repas perché, référence au Baron Perché d'Italo Calvino, où dans un dispositif de repas, les ambiances sonores, puzzles de mots d'enfants ou bouts d'émissions de radio font avancer une narration entre gastronomie et écologie. L'atelier culinaire participatif éveille nos sens et satisfait notre gourmandise. Un ingénieux dispositif démarre de la nappe mouvante et changeante d'une table et fait grimper une marionette dans un arbre, pour nous amener en pensées dans les terres australe sur la trace d'une ballerine nommée Anna Pavlova. Une belle expérience d'attention et de collaboration où l'on s'adresse à tous les sens.

Cette première journée du festival qui en est à sa septième édition est prometteuse et je vous invite à tenter l'expérience de ce forme (très) courtes et pas (très) chères: Le billet est à 3 euros et vous avez un tarif réduit pour la série de cinq - 

Le programme est là: Programme

La Fleur du Dimanche