samedi 20 septembre 2025

Kronos Quartet à Musica: Elja ou les grands espaces avant le silence. Les cordes sympathiques de Benedicte Maurseth et Kristine Tjøgersen

 Depuis le 22 septembre 1993 au Palais des Fêtes de Strasbourg, pour un concert du Festival Musica, le Kronos Quartet n'était plus revenu à Strasbourg. A l'époque, le programme proposait entre autres John Zorn et Henryk Gorecki. Le programme du 21 septembre à l'Opéra du Rhin, avec Neil Young et Nina Simone semble aller dans cette veine là, mais ce soir, avec Elja, ce prénom norvégien qui appelle une atmosphère plus traditionnelle la proposition est plus bucolique. 


Kronos Quartet - Musica - Elja - Photo: Robert Becker


Cette composition, dialogue et collaboration entre les deux compositrices norvégiennes Benedicte Maurseth et Kristine Tjøgersen et l'ensemble californien, est une composition inspirée de la musique folklorique du pays. Benedicte Maurseth a une sensibilité plus traditionnelle et sa partition met à l'honneur une instrument à priori inventé et construit par Isaac Nilssen Botnen vers le 18ème siècle dans la région de Hardanger, le violon qui a pris le nom de la région et qui est appelé en norvégien hardingfele.  L'instrument, en général décoré et peint ou marqueté, possède des cordes supplémentaires qui vibrent en "sympathie".


Kronos Quartet - Musica - Elja - Photo: Robert Becker


 Kristine Tjøgersen de son côté, d'inspiration plus contemporaine mélange des inventions électroniques et des sons captés dans la nature qui constituent une ambiance ou un contrepoint aux composition folkloriques. Benedicte Maurseth joue d'ailleurs sur son instrument de prédilection, le violon Hardanger et chante également à certains moments. Il est des moments où les compositions allègres et dansantes sont bousculées par des interventions plus vivifiantes et quelquefois presqu'humoristiques.


Kronos Quartet - Musica - Elja - Photo: Robert Becker


Un film situant les différents tableaux, sans être totalement descriptif, illustre paisiblement le voyage dans ces hauts-plateaux plutôt déserts du sud de la Norvège tout au long des huit tableaux musicaux qui vont nous amener à travers ces paysages septentrionaux. Nous y entendons les trilles du pipit des prés (heipiplerka) et passant sur et sous l'eau des étangs, porté par les vagues et les ondes, ou le ballet des bulles qui s'y forment, nous nous posons et nous laissons glisser dans le courant et porter par le flux de la musique. Et des dérives végétales en mouvements de brindilles, nous nous élevons au-dessus des prairies et tourbières jusqu'à ce s'ouvre l'horizon, même si la terre est basse dans ces contrées.


Kronos Quartet - Musica - Elja - Photo: Robert Becker

Ce voyage sonore et visuel commencé tout en douceur pour continuer en lentes rotations et ondes circulaires enchaine sur des mélodies enveloppantes, ponctuées de temps en temps par quelques pizzicatos rugueux. Mais en définitive, ce lent écoulement nous laisse plutôt errer dans une quiétude rêveuse un rien romantique. La lente déambulation s'achève en nous laissant dans une grande quiétude et rassénérés, nous partons dans la nuit enveloppante, satisfaits du voyage et biens ûr aussi de la grande qualité d'interprétation de ce quatuor plus une.


La Fleur du Dimanche

2 commentaires:

  1. c'est l'esprit de cet enregistrement: https://www.aurorarecords.no/en/nightlives

    RépondreSupprimer