vendredi 17 septembre 2021

Asterism à Musica: Un spectacle total, immersif et plus grand que (la) nature

 C'était LE spectacle que tout le monde attendait et dont personne ne savait rien dans le programme de ce 49ème Festival Musica, coproduite avec Le Maillon: Un concert (?) de 35 heures et 34 minutes - du coucher de soleil du 17 septembre au lever, le surlendemain, une aventure, une "expérience" même qui dépasse largement les capacités humaines.  Les 20 heureux spectateurs qui entraient dans la salle du Maillon à 19h37 pouvaient rester une journée complète et deux nuits dans un environnement dont on ignorait tout. Les suivants entraient par groupe de vingt à des créneaux précis. Tous pouvaient quitter ce lieu et revenir plus tard plusieurs fois s'ils le souhaitaient.

Mais que découvraient ces spectateurs d'"Asterism" curieux de l'expérience?

Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd

Après avoir enfilé une cape de pluie - symbole des dérèglements climatiques qui nous attendent ? ... mais aussi pièce d'habillement qui uniformise et anonymise chacun, tout un processus ressemblant à un embarquement vers un monde lointain - ou extraterrestre - se met en place. Et l'on se retrouve dans un immense espace, souvent très obscur, rayé de temps en temps de pinceaux de lumière, aveuglé  souvent  par des projecteurs ou des lumières stroboscopiques, dans lequel on distingue comme une île, une terre de survie, plantée d'arbres qui entourent un espace ouvert dans lequel on devinera une petite pièce d'eau. 

Quelquefois le plateau est nu, des fois on devine des êtres dans les broussailles, tendant un bras ou faisant des gestes métronomiques, quelquefois, selon les tableaux auxquels on assiste (il y en a une vingtaine qui alternent), entre six et quinze danseurs-performeurs arrivent sur l'avant-scène un peu en surplomb de la salle et répètent des gestes saccadés hypnotiques et en boucle variable. Des fois, des processions ressemblant à des morts-vivants abattus traversent la scène. Il leur arrive aussi dans un élan de sociabilité de faire des mouvements d'ensemble rythmés sur la musique oscillant entre la techno, la musique planante et les percussions. Le tableau le plus impressionnant, également au niveau du son inclut des cris (de douleur, ou de plainte) répétés et avec de l'écho dans une montée paroxystique angoissante. Le musique effectivement est une composante première de cet "opéra du monde post-moderne" si l'on peut dire, et Alexandre Schubert a écrit l'opus de cet "opéra total" sur une durée gigantesque. Les effets de lumière, pour intensifier la dramaturgie sont synchrone avec la musique et les familles de sons, percussion, musique électronique, voix, glitch semblent provenir des néons colorés disposés dans le décor, des projecteurs et les lumières clignotante, également de l'écran qui reprend des mots ou des phrases dites par un semblant de cyber-robot. Des périodes plus calmes sont bien sûr également ménagées, dont les "passages" avec des cigales et ce qu'on pourrait imaginer comme une pluie dans la forêt tropicale - mais à chacun de s'inventer sa propre histoire, ou encore un interlude "bain dans l'étang" au ralenti.

Il faut également noter que l'ensemble de la pièce est à voir également, synchronisée avec la musique avec quatre casques de réalité virtuelle avec lesquels on plonge dans un univers dans lequel quelquefois on peut se promener. C'est d'ailleurs un univers très bien réalisé et totalement complémentaire du décor réel lui-même un petit bijou de décor.

La proposition d'Alexandre Schubert est totalement réussie, tant au niveau de la musique et de l'implication des performeurs-danseurs que de la musique (avec une participation des Percussions de Strasbourg), du décor et des lumières, sans oublier la scénographie et les costumes.

En définitive, une oeuvre d'art total dans laquelle le spectateur est partie prenante - et pris en partie - et qu'il faut avoir "vécu" au moins une fois - sinon plusieurs fois dans une durée minimale respectable de six heures - à défaut des 35 heures 34.

En tout cas il faut saluer les artistes pour leur engagement - et les spectateurs pour leur curiosité.

Je vous offre quelques "tableaux" pour vous en rendre compte:

Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd

Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd

Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd

Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd

Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd

Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd

Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd

Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd

Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd


Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd

Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd

Musica - Asterism - Alexander Schubert - Photo: lfdd



La Fleur du Dimanche 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire