C'est un beau geste musical que nous offre le Festival Musica lors de ce concert de Christine Sun Kim à la Cité de de la Musique et de la Danse de Strasbourg Deaf, not Mute avec l'ensemble Contrechamps Et ce concert continue le travail d'exploration des territoires inhabituels et surprenants que le Festival s'est donné pour cette édition.
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| Musica 2021 - Deaf, not Mute - Christina Sun Kim - Photo: lfdd |
Ici en l'occurrence, le travail de création d'une artiste, née sourde profonde et dont l'oeuvre approfondit la relation au son et de sa perception par ceux qui comme elle, n'entendent pas mais surtout par ceux qui entendent et ne se rendent pas compte de ce continent mystérieux où le son n'existe que difficilement.
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| Musica 2021 - Deaf, not Mute - Christina Sun Kim - Photo: lfdd |
Pour Christina Sun Kim, qui dit: "Le son est comme un fantôme car je ne peux le voir mais j'en sens la présence", cela a été un long apprentissage (social entre autre pour prendre conscience de cette différence de perception et des règles qui s'y rattachent: par exemple ne pas faire de bruit quand tout est calme), mais aussi de la manière dont les personnes sourdes arrivent à s'intégrer dans la société et communiquer avec les autres. Elle a développé en explorant deux pistes, son travail artistique qui lui a valu de nombreuses expositions dans le monde entier, aux Etats-Unis, dont le MOMA à New York, mais aussi en Europe et à Berlin où elle vit aujourd'hui. D'abord le langage des signes américain - ASL dont elle dit que c'est aussi un langage corporel, gestuel et une expression, au moins du visage sinon du corps.
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| Musica 2021 - Deaf, not Mute - Christina Sun Kim - Photo: lfdd |
C'est cela qui lui a donné l'envie de "faire du son". La deuxième piste est l'aspect sous-titrage spécifique pour les sourds et malentendant à a télévision - beaucoup plus développé apparemment aux Etats-Unis qu'en France et dont l'évolution là-bas lui a inspiré des créations audiovisuelles. Le programme démarrait d'ailleurs par deux de ses films "Closer Caption" (que l'on pourrait traduire par "Gros-plan sur le sous-titrage" et "Captioning the City" où elle rend compte de sa "performance" à Manchester de "sous-titrer la ville" lors du Festival International du Film en juillet 2021. On y découvre une lecture originale de l'environnement transformé en vision poétique et politique.
Ces deux films que je vous propose ci-dessous nous permettent de mieux saisir son process de création en tant qu'artiste touchant à la fois la peinture, la vidéo, la performance et la musique.
La pièce Deaf, not Mute (Sourd.e, pas muet.te)qu'elle présenter ensuite cherche également de l'ordre de la performance, puisqu'elle "dirige" un ensemble, l'Ensemble Contrechamps en plaçant sur une table de projection les indications de jeu sous forme de sous-titres imagés et en les masquant plu ou moins pour régler la puissance du son. Les musiciens sont ainsi les "interprètes", non pas d'une partition avec des notes mais de sentiments, d'états d'esprits, des consignes. Les musiciens, essentiellement les vents de l'ensemble et la percussion répondent à ce dialogue avec entrain et humour. On sent qu'il y a eu une vraie collaboration avec cet ensemble de Genève sous la direction artistique de Serge Vuille. Et cette pièce, sorte de poème visuel, gestuel et sonore est à la fois un peu d'air frais artistique et un pas de plus vers l'ouverture aux publics que l'on n'a pas l'habitude de voir dans une salle de concert.
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| Musica 2021 - Deaf, not Mute - Christina Sun Kim - Photo: lfdd |
Les échanges entre la salle, Christine Sun Kim et Serge Vuille après le concert ont eux aussi permis de se rendre compte à la fois du travail (artistique aussi) engagé et du chemin à faire. Et l'écoute ET la vision de ces multiples langues et langages (deux langue des signes et deux langues, le français et l'anglais) était la démonstration - par l'accumulation - que ce n'est pas toujours facile de communique avec l'autre et à l'autre d'être intégré socialement et culturellement dans la société des hommes - et des femmes. Cerise sur le gâteau, ja question d'un malvoyant qui n'a pas pu aller sur le plateau du fait de son handicap et qui posait la question de la difficulté de lecture des sous-titres et les efforts à faire également dans ce domaine. Nous avons encore du pain sur la planche et des mondes à découvrir
La Fleur du Dimanche
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