dimanche 17 mars 2024

Soirée Lauréates Music&lles: Les femmes font le show et sortent des cases - explorons le matrimoine

Sur la lancée de "Ah! Les Femmes..." la manifestation qui donne voix aux femmes musiciennes, les Music&lles, organisées par Sturm Production se sont déroulées du 8 au 16 mars à Strasbourg et alentours pour une série de rencontres, ateliers, conférences et concerts et DJSets. Pour finir en beauté, c'est en prenant de la hauteur - à 340 mètres d'altitude au Château de la Petite Pierre dans le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord que se déroule la soirée des Lauréates Music&lles du dispositif d'émergence et d'accompagnement dédié au femmes.

Séverine Cappiello de Sturm Production et Aïcha Chibatte, du Festival Au Grès du Jazz présentent les lauréates, deux musiciennes et deux duos qui ont scène libre pendant 30 minutes.


Music&elles - Aïcha Chibatte et Séverine Cappiello - Photo: Robert Becker


C'est yal qui débute la session avec ses boucles qu'elle construit au fur et à mesure des morceaux, posant une base rythmique, complétant au piano et à la voix, avec des percussions. Quelquefois elle y rajoute des mélodies avec sa basse. Sa voix, posée très haut mais souvent plus grave nous chante des choses sombres, l'exode, mais aussi plus légères, comme des ritournelles avec des choeurs célestes ou encore des morceaux avec synthé, carillons et percussions, des airs orientalisant, avec un sérieux rarement démenti. Les pièces, une fois construites s'envolent dans une suspension aérienne.


Music&elles - yal - Photo: Robert Becker

Music&elles - yal - Photo: Robert Becker

Music&elles - yal - Photo: Robert Becker



Avec Nanalerda la musique est aussi électronique, mais ses pièces sont déjà construites et elle les lance et chante avec entrain et humour. Souvent de courtes compositions sur lesquelles elle a écrit des paroles tantôt tristes tantôt pleines d'humour, dévoilant des sentiments d'adolescente confrontée à l'amour, à l'absence d'un père (parabandon) ou des histoires d'amour. Ses textes sont vifs, inventifs et originaux, un petit air de Dada ou de Brigitte Fontaine, la musique variée. Elle peut passer de la tristesse à la tendresse, du désespoir à la joie et de temps en temps elle s'arme de sa compagne GYZ, sa basse qu'elle caresse avec tendresse. Sa voix, très agréable, nous charme et ses compostions variées, douces ou énergiques et dansantes nous enchantent. Son jeu de scène et ses mimiques de jeune fille espiègle font mouche.


Music&elles - Nanalerna - Photo: Robert Becker

Music&elles - Nanalerna - Photo: Robert Becker

Music&elles - Nanalerna - Photo: Robert Becker

Music&elles - Nanalerna - Photo: Robert Becker


Le troisième set, c'est Lüssi que nous avions vue en janvier en première partie de Claire Days à l'Espace Django. Elle est en duo avec Lucille (Lison) au violoncelle et nous offre une demi-heure de belles chansons bien rodées, entre ballades et folk, de sa voix claire qui assure, monte haut. Des compositions sobres à la guitare acoustique ou électrique, soutenue par le violoncelle et son tapis sonore qui tantôt la porte en posant la mélodie, tantôt marque le rythme. Les chansons, touchantes, racontent les plaisirs du quotidien ou de l'amour et la tristesse dont on ne se débarrasse pas facilement, chantée en mélopées douces (Endomée) ou les insomnies qui empêchent de dormir. Lüssi en blanc et Lison en noir nous offrent un beau duo bien complémentaire. 


Music&elles - Lüssi - Photo: Robert Becker

Music&elles - Lüssi - Photo: Robert Becker

Music&elles - Lüssi - Photo: Robert Becker



Et pour clore la soirée, c'est le coup de coeur du jury, Exotica Lunatica, un groupe composé de Daphné Hejebri qui a un parcours de compositrice de musique contemporaine (nous l'avions entendue au Festival Musica en 2016, 2017 et 2022), mais aussi de musicienne et de performeuse, tout comme  Eleanna Konstanta qui elle a un parcours de soprano (elle s'est produite sur les grandes scènes lyriques en Grèce). On sent chez ces deux dames vêtues de noir une habitude de la scène et même le synthé d'Eleanna qui rend l'âme ne les fait pas reculer. Elles nous emmènent dans un univers mystérieux, des mélopées qu'Eleanna pousse en variations modulées, chants mystiques et d'autres traditionnels, en grec, en Anglais ou dans des langues inventées. Daphné aux claviers, et aux percussions  qu'elle frappe en rythme chtoniques avec énergie, chantant aussi de sa voix plus grave. S'accompagnant quelquefois de son violon, en écho à la guitare - acoustique ou électrique d'Eleanna, ou même au Mélodica (pour les deux!). Leur répertoire est varié et bien construit, dans un style bien identifié, fait de rythmes bien sentis, agrémentés de mélopées qui nous emmènent dans des univers entre le magique et la célébration mystique et rituelle.  La Lune et les mythes ne sont pas loin et les quelques titres qu'elle chantent issus de leur premier disque sont bien aboutis (Dance of Thirteen Veils, Apano Stin Triantfillia, Alma Oscura, Enter the Moon, Indian Summer,...). Un tour de chant envoûtant qui pourrait presque nous faire croire que le Château est hanté.


Music&elles - Exotica Lunatica - Photo: Robert Becker

Music&elles - Exotica Lunatica - Photo: Robert Becker

Music&elles - Exotica Lunatica - Photo: Robert Becker

Music&elles - Exotica Lunatica - Photo: Robert Becker

Music&elles - Exotica Lunatica - Photo: Robert Becker


 Au final cette manifestation aura été l'occasion de faire se côtoyer une belle diversité de styles et d'expérience et l'on souhaite aux heureuses lauréates de se frayer leur chemin dans cet univers qui, comme le notait en introduction Séverine Cappiello, alors qu'elles sont plus nombreuses à faire des études de musique, elles se retrouvent très rapidement minoritaires dans la profession. Parce qu'elle le valent bien ! Allez les filles ! 


La Fleur du Dimanche

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