mardi 26 mars 2024

Slowly, Slowly... Until the sun comes up d'Ivana Müller: Tendres rêves en plis et replis

Le spectacle Slowly, Slowly... Until the sun comes up d'Ivana Müller présenté trois soirs au Maillon dans le cadre du Temps Fort Langues Vivantes (D)ecrire le monde, apporte une autre facette à cette re-lecture de la réalité et à sa compréhension. Nous avons eu l'exemple avec Les Forces Vives, d'après Simone de Beauvoir une lecture à travers less pensées et mémoires de la philosophe écrivaine féministe et, avec 10.000 Gestes  de Boris Charmatz, l'aspect du langage corporel et de sa richesse. Avec cette pièce qui navigue entre théâtre et danse, nous entrons dans un univers touchant l'imaginaire, le fantastique presque, le rêve. Le rêve effectivement est le moteur et le sujet central de la pièce. 


Slowly, Slowly... Until the sun comes up - Ivana Müller - Photo: Alix Boillot


Une fois entrés dans l'espace de jeu qui ressemble à un ring ou un dojo, ou encore une salle de yoga, installés en carré autour de la scène, en chaussettes (ces chaussettes qui surgiront de manière humoristique dans un des rêves), nous verrons dans un premier temps les trois interprètes étaler, lisser, froisser ce tapis de sol en tissu blanc cassé puis y inscrire des plis, de minuscules chaines de montagnes qui s'inscrivent au sol et les raplanir. Pendant cette activité relaxante, les trois interprètes commencent à raconter à tour de rôle des rêves qui dépassent la réalité. Nous nous retrouvons dans une séance d'échanges surréaliste, véritable joute oratoire où chacun des trois interprètes, Julien Gallée-Ferré, Clémence Gaillard et Julien Lacroix avec un art maîtrisé du conte et du suspense des aventures plus folles ou pus drôles les unes que les autres où il est question de corps mous ou qui sont omniprésents dans l'environnement, ou d'une substance qui emplit le corps ou encore d'une bouche remplie d'enfants qui font du tobogan sur la langue. Il y a des rêves d'automne ou de février qui veut se placer ailleurs sur la calendrier, ou encore d'une vache qui regardait le comédien et qui lui parle dans une langue étrangère qu'il ne comprend pas (de l'espagnol ?). 


Slowly, Slowly... Until the sun comes up - Ivana Müller - Photo: Alix Boillot


Alors que la narrations est souvent douce, calme, rassurante, la parole rebondit entre les trois protagonistes, de brèves interjections ou interventions donnent le rythme ou apportent une touche d'étonnement ou d'humour au récit. Pendant ce temps, les trois complices ont commencé à extraire de dessous le tapis de sol des bouts de tissus noirs, bleus, gris, verts en différentes matières qu'ils étalent au sol, qu'ils déplacent et dont ils s'entourent le corps ou la tête ou dont ils se remplissent le pantalon. A un moment certains tissus deviennent des oriflammes dans une chorégraphie festive. Les récits de rêves nous plongent dans un univers mystérieux, quelquefois étranges et inquiétants, ou surprenants,  surtout quand pour un rêve, la voix de Clémence Gaillard mue en homme ou en enfant au moment où elle est elle-même homme ou petite file dans son rêve. Les spectateurs ne sont pas laissés sur le bord de la route dans ces divagations, ils sont même impliqués ou sollicités, inclus quelquefois et la réalité avec ses problématiques (liberté, féminisme, écologie,..) émerge de temps en temps dans le rêve narrés ou les commentaires que les autres en font. Et vers la fin ils sont embarqués dans l'océan des songes. 


Slowly, Slowly... Until the sun comes up - Ivana Müller - Photo: Alix Boillot


Le voyage a été doux et étonnant, la séance réparatrice et revigorante, positive et énergisante et nous repartons de bon train dans la nuit avec un plein d'énergies positives. Une cure à recommander comme remède universel.


La Fleur du Dimanche


Until the sun comes up


Au Maillon du 26 au 28 mars 2024


Conception, texte, mise en scène et chorégraphie : Ivana Müller
En collaboration avec Alix Boillot, Olivier Brichet, Julien Gallée-Ferré, Clémence Galliard, Fanny Lacour, Julien Lacroix
Avec Julien Gallée-Ferré, Clémence Galliard, Julien Lacroix
Scénographie en collaboration avec : Alix Boillot
Création sonore : Olivier Brichet
Création lumières et régie générale : Fanny Lacour
Collaboration artistique et recherche : Sarah van Lamsweerde, Jonas Rutgeerts, Olivia Lucidarme, Nefeli Gioti
Couture de la scénographie : Angélique Redureau, Elsa Rocchetti
Costumes en collaboration avec : Capucine Goin
Production, administration : ORLA (Capucine Goin, Anne Pollock)
Diffusion, production : KUMQUAT | performing arts (Gerco de Vroeg, Laurence Larcher)
Coproduction : Le Pacifique – CDCN Grenoble / CNDC – Angers, Atelier de Paris / CDCN, Ménagerie de verre, Paris, Mille Plateaux / CCN La Rochelle, La Place de la Danse / CDCN Toulouse / Festival d’Automne à Paris
Soutiens : Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France / ministère de la Culture, Spedidam / Adami / Région Île-de-France

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