samedi 30 septembre 2023

A Musica, un concert pour soi, rien que pour soi, empreint de mystère et de nostalgie

 Une formule de concert qui avait eu du succès l'année dernière à Musica (voir le rétro ici), c'est le Concert pour soi qui, cette année, après les lieux insolites et secrets s'invite chez les musiciens, dans leur univers mis en scène pour cette occasion rare. C'est donc par sms que nous sommes prévenus de l'adresse dans l'appartement privé d'un quartier résidentiel de Strasbourg. En bas de l'immeuble, une hôtesse de Musica nous accueille, nous emmenant au troisième étage d'un bel immeuble de l'allée de la Roberstau et quatre coups discrètement frappés à la porte préviennent de notre arrivée. 


Musica - Concert pour soi - Paola Bodin Navas - Photo: lfdd


Au bout de quelques instants, une jeune femme en noir nous ouvre et emmène au bout d'un (très) long couloir dans une pièce sur cour à la lumière tamisée.  Sur une table, un livre ouvert avec une peinture de John Martin Sadak à la recherche des eaux de l'oubli, oeuvre romantique que l'on va découvrir par surprise plus tard de manière bien mystérieuse et à côté, entre autres objets, la photo d'un jeune homme "en souvenir" et au mur quelques dessins et gravures, en particuliers un petit dessin de Véronique Boyer de la série "Les yeux fermés".

 

Musica - Concert pour soi - Photo: lfdd


Installés dans des fauteuils, nous entendons venant de la pièce adjacente un disque qui "gratte": un phonographe sur lequel tourne un disque noir. Soudain une voix masculine qui nous dit "Vous m'entendez" émerge de la pièce et semble surgir du pavillon. Un fantôme nous parle et nous ne pouvons lui répondre. Nous nous désaltérons d'un verre d'eau et la jeune femme en noir revient nous chercher et nous mène au bout du long couloir qui va vers l'obscurité encore au bout d'un autre couloir à angle droit vers une pièce qui semble donner sur la rue mais dont les volets sont fermés. Nous nous installons dans une pièce meublée de bibliothèques, face à une grande armoire avec de grands miroirs sur laquelle s'étale langoureusement une plante verte. 


Musica - Concert pour soi - Paola Bodin Navas - Photo: lfdd

La jeune fille s'installe avec son violoncelle dans un coin devant une lampe à grand abat-jour sur une des deux chaises et  nous annonce le programme: Elle va démarrer par les Sacher Variations de Witold Lutoslawski puis des extraits de la Suite N° 2 en si mineur de J.S. Bach. 


Musica - Concert pour soi - Paola Bodin Navas - Photo: lfdd


Les variations Sacher ont été composées pour Msitslav Rostropovitch pour les soixante-dix ans de Paul Sacher. L'interprète Paola Bodin Navas en fait une interprétation très sensible et le son du violoncelle nous pénètre au plus profond.

 

Musica - Concert pour soi - Paola Bodin Navas - Antoine Martynciow - Photo: lfdd


Elle continue avec les extraits de Bach. Pendant qu'elle joue, une présence arrive derrière nous, un jeune homme pieds nus s'assied à côté d'elle et la rejoint sur quelques extraits de la Suite sur laquelle ils se complètent à merveille. Puis la jeune femme, discrètement s'éclipse tandis que le jeune homme continue seul la Suite.


Musica - Concert pour soi -  Antoine Martynciow - Photo: lfdd

 Ensuite, ouvrant les portes de la grande armoire il cherche une partition puis laisse les portes ouvertes. La porte centrale découvre en un surprenant effet d'optique le tableau déjà vu en reproduction à l'arrière de l'armoire. 


Musica - Concert pour soi -  Antoine Martynciow - Photo: lfdd

La pièce suivante est la composition Sept papillons de 2010 de Kaija Saariaho, hommage posthume à la compositrice qui vient de nous quitter. Dans la pièce nous entendons les papillons frapper contre une vitre et, à la fin s'en aller au loin.  


Musica - Concert pour soi -  Antoine Martynciow - Photo: lfdd

Musica - Concert pour soi -  Antoine Martynciow - Photo: lfdd


Un court et sympathique échange avec Antoine Martynciow et l'heure est venue de repartir dans les rues de la ville où le soleil est encore bien présent. C'était une parenthèse enchantée et un peu magique, surnaturelle. En tout cas une très belle expérience.


La Fleur du Dimanche

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