samedi 16 septembre 2023

De l'autre côté de Musica: Cela commence comme un cauchemar avec Nightmare

 Pour son quarantième anniversaire le Festival Musica vous annonce la couleur dans son programme en vous demandant : 

"Vous êtes-vous déjà rendu de l'autre côté? La musique - c'est son pouvoir - peut vous le permettre."

L'année dernière, telle Alice, nous allions derrière le miroir avec Kaija Saariaho. Cette année, le programme nous promet l'Enfer avec Don Giovanni et, à la Laiterie des nuits d'enfer droit venues de la Cité des Anges, au CEAAC une exposition intitulé Colère Divine, une voyante au Wacken pour Dompter les rivières souterraines, au Palais des Fêtes, une Nuit Jean Catoire, un compositeur qui, face à une présence (de l'anté-sonore), se met à composer (il en dit "Cette présence demeurait immuable et non sonore et le son non sonore était son entière manifestation. En son immutabilité originelle demeurait le mobile de ses ultérieures manifestations, celles-ci encore non sonores en l’absolu”.

De quoi nous sortir de nos sentiers balisés et nous faire baliser...


Festival Musica - lovemusic - Photo: lfdd


Même avec lovemusic - dont eux-même disent de leur musique: "Les concerts de lovemusic sont colorés, amusants et innovants, ..." et donc sympathiques - nous avons droit à un concert "Nigtmare" - cauchemar - en entrée en matière. C'est dans l'église du Temple Neuf, mais qu'on ne s'y méprenne, il n'y a rien de religieux, ni même d'exorcisme dans cette performance qui débute avec un violon accroché dans le buffet d'orgue en haut de la nef pour la création française de Ted Hearne Nobody’s (2010).  Le violon hoquette et l'interprète semble taper du pied pour exprimer sa colère.


Festival Musica - lovemusic - Photo: lfdd

Sans transition, Rage against reply guy (2021) autre création française de Bára Gísladóttir fait exploser des sons dans les baffles de chaque côté de l'autel et des sons électroniques plus calmes infusent tandis que les interprètes en combinaison - bleu de travail violet - la couleur annoncée de Musica - s'installent en cercle (du diable ?) sur le côté de l'autel Christian Lozano Sedano à la guitare, Adam Starkie à la clarinette basse, Lola Malique au violoncelle, Emily Yabe au violon, Emiliano Gavito à la flûte alto et Finbar Hosie à l'électronique. Les différents sont s'additionnent jusqu'à un accumulation gigantesque qui s'épuise doucement.


Festival Musica - lovemusic - Photo: lfdd


Avec Second nightmare for KIKU de Natacha Diels, nous assistons à une performance où la violoniste Emily Yabe dans une succession de gestes saccadés frotte ses cordes alors que derrière elle, coiffés de perruques noires, Adam Starkie et Christian Lozanno en duo symétrique frottent une éponge ou frappent sur de petites clochettes en vrais robots kraftwerkiens ponctués d'onomatopées virulentes.

La création française de Christopher Cerrone The Night Mare (2011) (la jument de la nuit débutent par des sons glissants qui se rejoignent et l'électronique qui fait des nappes. Avec  Nina Maghsoodloo au piano au violon, et Léa Legros Pontal au violon l'effectif de l'ensemble est complet. La musique incite plutôt à la rêverie jusqu'au choc final.

Suit en création, une commande de lovemusic m0nster (2022) d'Andreas Eduardo Frank où alternent un jeu instrumental, des interjections et des sons chantés. 


Festival Musica - lovemusic - Photo: lfdd

Festival Musica - lovemusic - Photo: lfdd


Et pour finir, une autre création, commande du Festival Klangwerkstatt et du collectif lovemusic, la pièce de Helmut Oehring [iɱˈfɛrno ](from MAPPA) Contrapasso I–V (to: Wladimir Putin : Sergej Lawrow) (2022) qui fait alterner régulièrement des passages où des cris d'abord silencieux puis puissants de Lola Malique au violoncelle qu'elle frotte en sons crissants et stridents, face à l'impassibilité de marbre d'Adam Starkie et d'Emiliano Gavito alternent avec des gestes muets expressifs et coordonnés de trois interprètes utilisant la langue "maternelle" du compositeur, le langage des signes allemand. Par cinq fois, alternant sons et silence, pause et  stridence, pleine de douleur, complété par des boucles sonores, la pièce s'achève dans une énorme explosion de sons et de cris.


Festival Musica - lovemusic - Photo: lfdd


Rendez-vous en Enfer... sur terre.


La Fleur du Dimanche  

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