jeudi 21 septembre 2023

Musica à Saint Paul: une première soirée qui nous vient des Etats-Unis

Le Festival Musica nous propose une soirée double à l'église Saint Paul à Strasbourg avec un programme musical qui interroge les racines des raisons de la révolte. 


Musica - Eglise Saint Paul - Photo: lfdd


Oration of loss

Pour le premier concert, le programme est centré sur l'expression des noirs "afro-diasporique" avec deux compositrices Hannah Kendall et Corie Rose Soumah, ainsi que le tromboniste George Lewis qui nous offre sa composition Lone Coast Anacrucis (2023).


Musica - This is but an oration of loss - Hannah Kendall - Ekmeles - Photo: lfdd


Pour This is but an oration of loss (2023) Hannah Kendall reprend le poème Zong! de M. NourbeSe Philip. Celui-ci, long poème de pleurs et de cris en mémoire à la noyade de 130 esclaves jetés d'un bateau, le Zong, démarre par un choeur discret joué par trois harmonicas qui vont accompagner les notes tenues, vibrations, et les textes dits et magnifiquement chantées par les chanteurs de l'ensemble Ekmeles de New-York. De discrètes notes de boite à musique ponctuent ce puissant poème. Une interprétation très émouvante et poignante.


Musica - Lone Coast Anacrucis - George Lewis - Ekmeles - Photo: lfdd


Pour Lone Coast Anacrucis de George Lewis, l'accordéoniste Iwo Jedynecki accompagne discrètement les chanteurs du groupe qui font de longs glissandos qui éclatent quelquefois plus furieusement. Il nous gratifie d'un très beau final en solo.


Musica - like a frog on the road to it - Corie Rose Soumah - Ekmeles - Photo: lfdd

Musica - like a frog on the road to it - Corie Rose Soumah - Ekmeles - Photo: lfdd


La pièce de Corie Rose Soumah like a frog on the road to it (2023), elle, interroge la dualité, la bi-nationalité et l’identité bi-raciale dans une pièce qui fait intervenir l'électronique et des percussion, avec des variations d'interprétation vocale, passant de la voix chantée à des bruits de bouche et chuchotements, soupirs et respirs sur fond de bruits marins, d'eau ou des cris de corbeaux et des fonds sonores électronique qui s'intègrent merveilleusement. L'interprétation des ces pièces par l'ensemble Ekmeles est superbe et le Prix de la Fondation Ernst von Siemens est tout à fait mérité.


 My Body & A Lesser Privacy


En deuxième partie de soirée, c'est Marina Rosenfeld avec l'Ensemble Contrechamps qui nous proposent My Body & A Lesser Privacy une "déambulation" musicale qui concrètement ne sera qu'une déambulations mentale, mais quelle déambulation.


Musica - My Body & A Lesser Privacy - Marina Rosenfeld - Ensemble Contrechamps - Photo: lfdd

Dans une disposition circulaire pour l'ensemble des musiciens et leurs instruments - flûte, saxophone,  violon, contrebasse, piano (qu'ils se partagent un moment à deux - tout en bougeant de côté régulièrement) et percussions, ainsi que des platines et des haut-parleurs, ils sont au centre du choeur avec les spectateurs éclatés dans l'église. 


Musica - My Body & A Lesser Privacy - Marina Rosenfeld - Ensemble Contrechamps - Photo: lfdd

Marina Rosenfeld à la manette de ses deux platines ponctue le silence de dubbing avec ses "galettes" sur lesquelles elle a enregistre ses sons, des "énonciations" qu'elle a préparées et auxquelles son petit big band répond ponctuellement avec discrétion, qui de faire crisser son violon, glisser quelques notes de piano ou de piano percussif, des notes de flûte ou de saxophone, des variations de vibraphone. 


Musica - My Body & A Lesser Privacy - Marina Rosenfeld - Ensemble Contrechamps - Photo: lfdd


Même si les spectateurs ne bougent pas trop, sur la scène, dans cette ambiance intime et prenante des sons qui construisent un univers discret et immersif, Marina Rosenfeld et ses musicien(ne)s habitent cet espace de gestes discrets tournés de mains et de poignets souples nous envoûtent tout en nous ramenant à terre lorsque tout ce petit monde, par de discrets frottements de petits cailloux nous ramènent à terre après ce très beau voyage.


Musica - My Body & A Lesser Privacy - Marina Rosenfeld - Ensemble Contrechamps - Photo: lfdd



La Fleur du Dimanche


Oration of loss

Ekmeles

soprano | Charlotte Mundy
mezzo-soprano | Elisa Sutherland
contre-ténor | Timothy Parsons
ténor | Tomás Cruz
baryton et direction artistique | Jeffrey Gavett
basse | Steven Hrycelak

accordéon | Iwo Jedynecki

 

My Body & A Lesser Privacy

composition et performance platines
Marina Rosenfeld
Ensemble Contrechamps
flûte | Maruta Staravoitava
saxophone et piano | Pierre-Stéphane Meugé
violon | Maximilian Haft
contrebasse | Noëlle Reymond
piano | Tamriko Kordzaia
percussion | Sébastien Cordier
et Thierry Debons
réalisation en informatique musicale
Maxime Le Saux
régie | Florian Gue


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