jeudi 7 septembre 2023

Le Ring sans Paroles de l’OPS pour une ouverture de saison en puissance et en couleurs

 Pour le premier concert de la saison de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Aziz Shokhakimov nous gratifie d’un programme haut en couleurs. Après une très belle première partie avec le Concerto pour piano et orchestre N° 2 de Franz Liszt, qui ne fait qu’une vingtaine de minutes, pour la deuxième partie il nous offre un majestueux et grandiose Ring sans Paroles de Richard Wagner, dans une version de Lorin Maazel concoctée en 2000 et qui réduit la fameuse tétralogie (quatorze heures de musique) à 70 minutes en enlevant tous les airs chantés.


OPS - Kirill Gerstein - Aziz Shokhakimov - Liszt - Photo: Grégory Massat

Pour le Concerto pour piano et orchestre n°2 en la majeur S 125 de Franz Liszt, c'est le pianiste virtuose Kirill Gerstein, né en ex-URSS mais de nationalité américaine et vivant à Berlin qui en assure une interprétation exceptionnelle. Enfant surdoué qui a quitté l'URSS à 14 ans pour suivre des cours de Jazz en même temps que de musique classique suite à sa rencontre avec Gary Burton à Saint Pétersbourg. Dans la pièce de Liszt, Kirill Gerstein navigue entre une extrême douceur et une grande gravité. Une touche de tendresse succède à des moments de grande vigueur et son jeu passe d'un calme serein à une grande vélocité sinon à un toucher ultra-rapide. 


OPS - Kirill Gerstein - Liszt - Photo: Grégory Massat


Le concerto de Liszt qui démarre par des vents doux, une clarinette solo qui expose le thème soutenue par les cordes, et le piano, qui rejoint et devient grave et énergique. Le concerto en six mouvements enchainés voit dans le scherzo reprendre le thème par le violoncelle, accompagné par le piano avant de repartir dans une montée en puissance alternant avec des passages à nouveau plus doux et serein avant l'explosion finale qui enchante le public.


Kirill Gerstein - Rachmaninov - Photo: Grégory Massat


Kirill Gerstein gratifie le public d'un bis au piano, une mélodie de Rachmaninov Dans le silence de la nuit Mystérieuse presque romantique.


OPS - Charlotte Juillard - Accords - Photo: Grégory Massat


Après l'entracte, au tour de la version du Ring sans Paroles de Richard Wagner, cette version conçue par Lorin Maazel à partir d’extraits des quatre opéras qui constituent le Ring, s'ouvre avec en prologue L’Or du Rhin puis pour la première journée, un extrait de la Walkyrie,  la deuxième journée sur le thème de Siegfried et la troisième journée consacrée au Crépuscule des Dieux, nous emporte dans l’univers musical wagnérien sur près de soixante-dix minutes. Cela commence effectivement par une musique en vagues ondoyantes qui se déploient et ondulent, se propagent et se recouvrent, nous bercent dans un doux balancement. Un épisode de percussions surprenants, laissant penser à un passage de chevaux tirant des carioles ponctue le récit. Puis c'est parti pour une chevauchée puissante et énergique tout à fait dans l’emphase wagnérienne mobilise toute l’énergie de cet orchestre philharmonique de plus de cent musiciens. Les sonneries de trompettes sur tapis de cordes d’abord avec une seule trompette, puis à l’unissons procèdent également de cette fibre musicale. Des passages dansants poussent le chef à esquisser des pas de danse. Il faut souligner que le talentueux chef Aziz Shokhakimov incarne vraiment la musique, se laissant aller à une interprétation très corporelle de la direction de l’orchestre. Montrant des moments de lassitude, d’abandon, des sursauts violents, l’ennui, l’allégresse, la retenue, la douceur, la joie, et même le silence. Une interprétation bien incarnée et expressive où le chef s'immerge totalement dans l'esprit de l'oeuvre de Richard Wagner. Cette oeuvre dont on ne peut que reconnaitre au détour des passages les airs et les variations ultra connus. 


OPS - Aziz Shokhakimov - Wagner - Le Ring sans Paroles - Saluts - Photo: lfdd


L'occasion de découvrir ou de retrouver cette musique et éventuellement de donner envie à certains de s'embarquer pour le voyage au long cours du Ring en entier. En tout cas l'occasion de démarrer la saison du bon pied et de se donner des raisons de revenir tout au long des concert que l'Orchestre nous promet en moments d'échanges et de découvertes.


La Fleur du Dimanche



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire