Il y a trois semaines le titre de mon billet était "Oublier...". Aujourd'hui je veux me souvenir, des belles choses, de la vie, des fleurs, des lieux,... Comme Alexis Alexakis qui, dans "La clarinette" rend hommage à son éditeur tout en se souvenant des rues, des adresses de Paris qu'il a connu pendant les années qu'il y a passées après avoir fui la Grèce des Colonels. Ou comme Georges Perec (celui qui a écrit "Je me souviens" - j'en ai parlé le 12 avril 2015) et qui avait le projet "Lieux". Mais place aux fleurs du jour:
Les roses d'Henri - Photo: lfdd |
Ces fleurs, je veux aussi m'en souvenir, ce sont des petits riens de relation, une discussion avec Henri, dont le citronnier nous avait rapproché. Nous en parlions il y a deux ans, il avait plein de citrons en train de murir et récemment le revoilà avec de nouvelles fleurs et des citrons verts, encore. Nous en avons reparlé et puis j'ai vu sa rose parmi les roses, lui ai demandé si je pouvais la photographier. Il m'a ouvert la porte de son jardin, montré ses pommes de terre, son citronnier et fait goûter ses fraises. Des moments d'échange simples, sans fioritures, entre des personnes qui ne se connaissent pas mais qui ont le droit de parler ensemble. Merci à lui, je vous partage ses fleurs et le remercie.
Fleurs de pomme de terre d'Henri - Photo: lfdd |
Le citronnier d'Henri - Phot: lfdd |
Le citronnier d'Henri - Phot: lfdd |
Rose d'Henri - Phot: lfdd |
Pour le TVA (Texte à Valeur Ajoutée), je vous rappelle que Amarcord signifie "Je me souviens" en dialecte romagnol (en Emmilie-Romagne en Italie) et que c'est un magnifique film de Fellini sur ses souvenirs d'enfance et que "Remember" signifiant se souvenir est le titre d'un film d'Atom Egoyan et en plus d'une chanson de Becky Hill et David Guetta fut aussi une chanson en français d'Areski et Higelin. Mais revenons-en à Georges Perec. Son projet "Lieux" était de partir de douze lieux qu'il allait visiter deux fois par ans pendant douze ans pour en noter ses observations, ses impressions. Il a abandonné le projet au bout de six ans mais un livre de 322 pages qui reprend ses textes écrits est publié sous ce titre par le Seuil. Et un site internet (gratuit) vous en offre la lecture interactive:
https://lieux-georges-perec.seuil.com/
George Perec dit dans "L'infra-ordinaire":
"Ce qui se passe chaque jour, et revient chaque jour, le banal, le quotidien, l'évident, le commun, l'ordinaire, l'infra-ordinaire, le bruit de fond, l'habituel, comment en rendre compte, comment l'interroger, comment le décrire?"
Il dit aussi pour expliciter son projet qu'il veut:
"retrouver quelque chose de l'étonnement que pouvaient éprouverJules Verne ou ses lecteurs en face d'un appareil capable de reproduire et de transporter les sons. Car il a existé, cet étonnement, et des milliers d'autres, et ce sont eux qui nous ont modelés."
On pourrait aussi de même se reposer la question de ce que nous avons vécu est sentis, ressentis lors d'un épisode pas si lointain, la révélation du Covid et les moments du premier confinement (de mon côté j'ai, à cette époque essayé de fixer des instants quotidiens dans le feuilleton Court19 où une photo et une vidéo donnaient l'ambiance du moment - à découvrir entre le 19 mars et le 12 avril - avec un résumé à mi-chemin le 3 avril). Bon, ce n'est pas la même histoire, comme le dit Georges Perec:
"De toute façon, évoquer chaque année mes souvenirs sur l'île (de la Cité), ressasser, ne pas oublier... Je ne veux pas oublier. Peut-être est-ce le noyau de tout ce livre: garder intact, répéter chaque année les mêmes souvenirs, évoquer les mêmes visages, les mêmes minuscules événements, rassembler tout dans une mémoire souveraine démentielle."
Mais pourquoi tout cela ?? On se le demande, lui aussi apparemment car un de ses textes - petit poème trouvé aussi dans ces textes s'appelle "A quoi bon?"
A quoi bon?
Toute mon intelligence
Toute ma sensibilité
Toute ma bonté
Toute ma volonté
Toute ma détermination
Toute ma force toute ma faiblesse
Toute ma vie
Toute la sérénité que les jours ont pu
accumuler, que les nuits ont
pu fortifier,
que les heures ont pu sanctifier
Ne suffiront jamais à me rendre heureux.
Ecrire ses souvenirs, c'est aussi le cas pour Annie Ernaux dont des extraits du livre "Les Années" avait été lus par Dominique Blanc au TNS le 12 janvier 2016 et dont je vous avais offert un "extrait" de son livre "Retour à Yvetôt" le 14 juillet 2019. Je vous en offre un autre aujourd'hui avec "Le Jeune Homme", son dernier livre qui relate un souvenir d'amour des années 1990:
Extrait - Annie Ernaux - Le jeune homme |
Remontons plus loin et souvenons-nous avec Elton John et France Gall de "Donner pour donner" chanté en 1980:
Et Michel Polnareff qui se souvient, lui, de ce musicien "Dans la maison vide"
Et aussi Higelin, avec Areski "Remember":
Et revenons plus près de nous avec Nick Cave et Warrent Ellis avec "Push the sky away":
Bon dimanche
La Fleur du Dimanche
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