mardi 21 juin 2022

Kamuyot d'Ohad Naharin par le Ballet de l'Opéra National du Rhin: On est gaga de danse à tout âge

 Pour apprécier la danse quand on n'y connait pas grand-chose, et même si on est un fervent admirateur de danse contemporaine, un spectacle de danse inspiré - chorégraphié - par Ohad Naharin est un bonbon qui rafraîchit en ces temps de canicule. Et Le Ballet National de l'Opéra du Rhin avec Bruno Bouché, son directeur artistique ne s'y est pas trompé pour mettre ce spectacle Kamuyot au répertoire du Ballet avec la bénédiction de Benoît André, le directeur de la Filature de Mulhouse suite à leur voyage à Tel Aviv, le berceau de la Batsheva Dance Company. C'est là qu'Ohad Naharin a débuté avec la danse, jeune (à 22 ans), avant de passer quelques temps à New York chez Martha Graham, une des fondatrices de la danse moderne, avant de revenir à Tel Aviv dans cette compagnie où il a inventé cette technique, le "Gaga" dont on a pu découvrir le style dans un reportage au cinéma récemment ("Sur les traces d'Ohad Naharin" en 2015). 


Kamuyot - Ballet de l'ONR - Photo: Agathe Poupeney


C'est donc selon cette technique - qui s'est diffusée au-delà de sa compagnie - qu'il chorégraphie ses pièces (plus d'une vingtaine) et qui sera le moteur et l'énergie de ce spectacle Kamuyot. Les danseuses et les danseurs du Ballet National de l'Opéra du Rhin ont totalement intégré ce style mixte, mélangeant autant la danse classique, mais détournée, avec des pirouettes, des sauts et des pointes, des jetés et des grands écarts, avec des mouvements plus influencés par la danse de rue, le hip hop ou la Break Dance ou encore des mouvements organiques et une gestuelle mécanique, totalement précise et désordonnée. 


Kamuyot - Ballet de l'ONR - Photo: Agathe Poupeney


Pendant cinquante minutes, à partir du coup de sifflet  de départ ce ne sera qu'énergie déployée, rupture, mouvements d'ensembles ou solos, mixés aussi, le reste de la troupe soutenant les performances individuelles, sur des morceaux de musique divers et entraînants (de Lou Reed à Ludwig Van... en passant par Bobby Freemann et les Ramones ou la musique de western ou japonaise), avec quelquefois une petite plage de sérénité, mais très vite brisée pour repartir de plus belle. Les interprètes, chacun(e) ayant son individualité et son style sont impressionnants d'énergie et de perfection. Les tableaux, compositions et morceaux de musique sont hachés menus et ne les laissent presque jamais souffler sauf en de court moments  répit où ils.elles se placent sur les bancs entourant le tapis de danse où sont installés les spectateurs. Car de scène il n'y en a point. C'est effectivement une arène, des rangées de bancs qui encerclent le plateau où s'installe le public.


Kamuyot - Ballet de l'ONR - Photo: Agathe Poupeney

Et cette proximité - être assis à côté des danseuses et des danseurs, ou de se retrouver les yeux dans les yeux avec eux à deux pas - apporte une étrange et sympathique symbiose, sinon complicité entre les artistes et les spectateurs petits et grands. Au point d'en être valorisé et presque de faire partie de la famille des artistes. Tout cela, l'énergie de la danse, le choix des musiques, variées et décoiffantes, et toute l'énergie de cette petite troupe de danseuses et de danseurs et l'empathie que cela suscite font de ce spectacle une bonne porte d'entrée vers cette expression artistique qui en devient abordable tout simplement. Et c'est aussi sûrement la raison - et l'argument - qui font que ces spectacles, qui sont déjà passés dans des gymnases à Colmar, sont présentés au centre socio-culturel de la Meinau avec la collaboration de Pôle Sud et vont être repris dans des gymnases à Mulhouse. Une manière de faire venir la culture à un public qui n'a pas l'habitude de se déplacer dans les lieux consacrés. 


Kamuyot - Ballet de l'ONR - Photo: Agathe Poupeney

Et effectivement ici au CSC de la Meinau, c'est un constat que l'on peut faire... en espérant que ce ne sera pas une expérience unique - bien que pour celles et ceux qui l'ont vécue cela  le sera au sens du souvenir.


La Fleur du Dimanche


Encore à Strasbourg au CSC de la Meinau jusqu'au 23 juin


A Mulhouse:

Gymnase Maurice Schoenacker, Mulhouse
mar. 5 juillet 19h
Gymnase de la Caserne Drouot, Mulhouse
jeu. 7 juillet 18h
Complexe sportif de la Doller, Mulhouse
sam. 9 juillet 18h

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