samedi 21 septembre 2019

Musica 2019 - Premier samedi: la Voix - magnifique, un film sur Ives et Le concert avec l'Orchestre National de Metz - Première !

Alors que les manifestations périphériques - performances dans la cité, ateliers d'écoute à la HEAR, même la création française de 4.48 psychosis de Philippe Venables sur un texte de Sarah Kane (voir mon billet du 19 septembre) ont déjà débuté, et que la soirée "My Greatest Hits" s'est donné un jour d'avance et se rejoue ce samedi, on peut dire que de manière classique - alors que Musica ne l'est pas, le lancement de trois semaines de Festival c'est ce samedi 22 septembre...

Début des festivités à onze heures à la salle de la Bourse avec un programme autour de la voix et de Rebecca Saunders avec Juliet Fraser 'Sweet sooooooooooong".

Trois pièces rythment la matinée, pour commencer "O pour voix" (2017) sur un texte de James Joyce, le monologue de Molly qui permet à Juliet Fraser de montrer sa formidable maîtrise de son organe, que ce soit  pour le chant, le chuchotement, la profération, les lamentations, la diction ou la non diction. Ses modulations et échos simulés sans électronique, sa tessiture claire et son expression tout en dentelle et en délicatesse sont un pur plaisir.


 Musica 2019 - Rebecca Saunders - Juliet Fraser - Photo: lfdd


Pour la pièce suivante "Wespe" d'Enno Poppe sur un texte de "Wespe komm" de Marcel Beyer, Juliet Fraser imite à merveille le vol erratique et saccadé de la guêpe qui bourdonne dans les aigus.


 Musica 2019 - Rebecca Saunders - Helen Bledsoe - Photo: lfdd


La deuxième pièce de Rebecca Saunders "Bite" a été inspirée par un texte de Samuel Beckett "Texte pour rien" et est interprété par Helen Bledsoe à la flute basse amplifiée. Son jeu nerveux, d'éclats de souffles et de sifflements brusques, qui quelquefois se prolongent et s'éteignent, de mots jetés dans l'instrument - on entend clairement "Bite" (Mord) - rendent bien la violence du texte.




La pièce de Chaya Czernowin "Adiantum Capillus Veneris" pour voix et respiration amplifiée est l'occasion pour Juliet Fraser de montrer une autre facette de son talent en passant dans une présence impressionnante de la voix chantée à une respiration d'une folle intimité.

Le concert se clôt par une rencontre toute en symbiose de la voix et de la flute sur une autre version de James Joyce et le monologue de Molly "O Yes & I" pour voix et flute où les deux interprètes confirment à la fois leur présence et leur complicité.


Musica 2019 - Rebecca Saunders - Helen Bledsoe - Juliet Fraser  -Photo: lfdd



Le programme continue avec la présentation, avant le concert de la soirée consacré à Ives, Saunders et Harwey, du documentaire d'Anne-Kathrin Peitz "The Unanswered Ives - Compositeur, géant de Wall Street, et pionnier du son" le portrait d'un personnage peu connu en France, un des seuls compositeurs "riches" puisqu'il était un grand banquier assureur, très original et innovant, le jour, tout en composant la nuit essentiellement au point de devenir, aux Etats-Unis, "le" compositeur du début du XXème siècle, joué dans des programmes avec de grands compositeurs européens, Béla Bartók par exemple, réfugié aux Etats-Unis a joué du Charles Ives. 
Le film est diffusé le lundi 23 septembre à 00:00 mais vous pouvez aussi le voir ici: 



Le concert du soir accueille pour la première fois à Strasbourg l'Orchestre National de Metz, sous la direction précise et énergique de David Reiland, à voir en action:



Musica 2019 - Orchestre National de Metz - David Reiland - Charles Ives - Photo: lfdd


Musica 2019 - Orchestre National de Metz - David Reiland - Charles Ives - Photo: lfdd



Musica 2019 - Orchestre National de Metz - David Reiland - Charles Ives - Photo: lfdd

Le programme commence effectivement par la création française de "Robert Browning Ouverture", une pièce de la série que Charles Ives avait commencé à consacrer à ses écrivains préférés.
La pièce est très riches en variété de plans sonores (jusqu'à plus d'une dizaine concommitants) et  débute en douceur, même avec lenteur et qui, avec des éclats des cuivres puis des cordes qui montent en puissance et font le plein d'énergie avant de retomber. Puis une reprise de clarinette avant d'autres nappes et de reprise jusqu'à l'explosion finale duquel émerge un dernier soupir.


Musica 2019 - Orchestre National de Metz - François Papierer- Minh-Tan Nguyen - Rebecca Saunders - Photo: lfdd

Musica 2019 - Orchestre National de Metz - Minh-Tan Nguyen - Rebecca Saunders - Photo: lfdd


La deuxième pièce, "Void" de Rebecca Saunders dont nous avions pu apprécier le travail le matin autour des textes de Joyce et de Beckett s'appuie ici à nouveau sur "Textes pour rien" et xplore le vide et l'effacement. La pièce, interrogeant le silence dans la musique, propose un dialogue entre l'orchestre et deux percussionistes, François Papirer et Minh-Tâm Nguyen des Percussions de Strasbourg. Leur jeu, en délicatesse qui peut aussi se muer en énergie se concentre sur des cloches, ressorts et gongs qui chuchottent ou résonnent en écho avec l'orchestre.


Musica 2019 - Orchestre National de Metz - Bertrand Chamayou - Jonathan Harvey - Photo: lfdd


La dernière pièce, "Bird Concerto with Pianosong" de Jonathan Harvey, avec l'orchestre de Metz transformé en Orchestre de chambre et Bertrand Chamayou au piano qui "joue" des chants d'oiseaux enregistrés et transformés en direct. Une ode à la nature raffraichissante, même si la fin ne parait pas aussi heureuse que le début le laisser espérer.
  


La Fleur du Dimanche 

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