jeudi 26 septembre 2019

Musica 2019: Musique Temple: La Messe dans le noir et le bruit

Depuis l'annonce de la programmation du Festival Musica, tout le monde attendait cette soirée emblématique de la nouvelle direction du Festival: "Sonic Temple", une soirée dans l'église Saint-Paul dédiée à une branche de la musique d'aujourd'hui trop peu connue encore en France.

Même si le mouvement noise ou bruitiste cherche ses racines dans le Futurisme italien -  Luigi Russolo avec son manifeste "L'arte dei rumori" (L'Art des bruits) en 1913 - ou dans la musique electrocaoustique - Edgard Varèse, Pierre Schaeffer, John Cage,... ou dans différentes expressions rock - Lou Reed, Velvet Underground, Captain Beefheart, et bien d'autres moins connus du grand public, la branche actuelle est surtout partie du Punk et la musique industrielle en Europe et au Japon, le groupe Merzbow créé par Masami Akita.

La soirée strasbourgeoise, très "ouverte", en témoigne le tarif "prix libre" va nous en présenter six facettes complémentaires.

En guise d'introduction, la dernière pièce de Phill Niblock pour orge, jouée par Hampus Lindvall, et bande sonore,  "Unmounted / Muted noun" - jeu de mot sur "Non monté / nom en sourdine" - est emblématique du travail de ce photographe-vidéaste, devenu musicien autodidacte. Une accumulation de masses sonores se propagent dans l'espace de l'église avec des micro-intervalles. L'expérience physique de l'écoute est à son plein, l'expérience immersive fonctionne.




Suit une pièce d'Erwan Keravec, le "sonneur" qui avait dans l'après-midi performé dans l'espace public, en l'occurrence sur les toits de la Faculté à l'Esplanade. Pour ce soir, ce sera une longue plainte des bourdons de sa cornemuse qui vont égalemant, via la résonnance et les harmoniques faisre émerger des chants de fées bretonnes - ou alsaciennes.





La performance d'Alice Kemp est plus "intime" et théâtrale, invitant les spectateurs(trices) à se plonger dans l'écoute du silence avant de voir émerger, dans une concetration immobile des fragments des sons, de voix et de musique qui vont se densifier pour nous laisser à nouveau dans le silence.







La performance de Dave Phillips est très impressionnante et ne laisse pas le spectateur tranquille. De brusques flashes associés à de brusques sons très forts, un déplacement incessant et nerveux, des cris amplifiés et saturés, puis des projections d'images d’espèces animales menacées et des cris, des questions répétées nous interrogent sur notre situation et le devenir de la planète... "What? " .. "Oh what?".









Le musicien Rudolf Eb.er, à l'origine du label Schimpluch, mélange de bruitisme et d'esprit Dada va nous célébrer un belle messe bruitiste dans le choeur de l'église auréolé d'un rouge de feu et de sang, couleur de l'Esprit.
  


Pour clôre cette longue soirée, Michael Gendreau nous propose une autre messe à sa façon en faisant résonner la totalité de l'église dans ses ondes propres, en particuliers les basses et les ultrabasses qui résonnent, se répondent et s'amplifient dans un parcours dans la pierre et les airs dont les spectateur(trice)s ont pu faire une expérience physique totale, avec la sourde angoisse de l'effondrement du bâtiment tout en pensant à Einstürzende Neubauten. 



Cette soirée aura été, dans un retour à l'esprit de découverte du Festival Musica des origines, l'occasion d'une expérience de spectateur et de découverte de musiques originales et peu connues. L'occasion aussi de s'ouvrir sur de nouveaux publics en brassant les populations dans une célébration du son et du corps.



La Fleur du Dimanche

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