mardi 3 septembre 2019

La gran partita: Le ballet de l'Opéra National du Rhin se chorégraphie en sérénade

L'on connaissait déjà l'engagement pédagogique de Bruno Bouché, le directeur artistique du Ballet de l'Opéra National du Rhinla gran partita, spectacle chorégraphié autour de la Sérénade N° 10 en si bémol majeur de Wolfgang Amadeus Mozart, en 7 mouvements est la preuve concrète de cette volonté d'ouverture et de soutient à ses jeunes et talentueux-euses danseurs-euses.

En sept pièces, épousant les sept mouvements de cette presque symphonie de musique de chambre, sept danseurs se retrouvent chorégraphes d'eux-mêmes ou de leurs collègues pour une soirée légère et variée. Et les sept mouvements, interprétés à l'arrière de la scène par treize vents* de l'Orchestre philharmonique de Strasbourg, dessinent devant nous un puzzle de sensibilités et de création diverses portées par des interprètes* de très grande qualité. 



Le premier mouvement, interprété par deux hommes en maillots rétros (Pierre-Emile Lemieux-Vienne (chorégraphe) et Marin Delavaux) nous présentent avec humour une danse grotesque et comique de pantins entre élans d'athlètes et jeux sexuels enfantins (ou pas).

Suit le solo d'un chevalier nu au bras armé d'une épée et couvert d'une armure (Marwik Schmitt -chorégraphe), sorte de Saint Sébastien tiraillé entre l'envol extatique et la chute, entre l'emphase et le geste minimaliste et discret.
Comme le dit dans son texte d'intention Marwik Schmitt citant Carlos Castaneda:
"L'art du guerrier consiste à équilibrer la terreur d'être un homme avec la merveille d'être un homme."

Le troisième mouvement Adagio - "Tresses" est un trio où les deux femmes en robe d'un léger tissus blanc (Noemi Coin et Alice Pernao) font des arabesques élégantes dans un style néo-classique autour de l'homme à la pointe de ce triangle (Jesse Lyon - chorégraphe).

Le mouvement suivant, un menuetto alegretto, formidablement dansé et chorégraphié par Eureka Fukuoka se décline sous une sorte de pantomime entre le personnage et des fantômes qui se cachent et se révèlent derrière des rideaux de tulle.

Je vous invite à voir son improvisation "In the window" qui donne un peu l'esprit de cette chorégraphie:




Pour le cinquième mouvement, Romance, Pierre Doncq a trouvé une interprète merveilleuse en la personne de Dongting Xing (que l'on a vu en Maria noire dans Maria de Buenos Aires). Son magnifique corps se révèle au fur et à mesure avec la lumière (Marco Hollinger) dans une danse par saccade, tétanique puis sur pointes en marchant autour de la scène pour finir dans une envolée lumineuse qui s'accélère en majesté. Sa gestuelle épurée révèle le corps dans toute sa séduction.

Le sixième mouvement, en trois parties voit une chorégraphie de Mikhaël Kinley-Safronoff en superbe duo avec Monica Barbotte où les corps se répondent en toute harmonie et rythment avec stupeur et tremblements et quelques disparitions qui laissent au spectateur le soin de réinventer la chorégraphie qu'il rejoue dans sa mémoire, emporté par des fantômes qui traversent, hiératiques, la scène. Il s'achève sur un "accéléré" en symbiose avec la musique.

La pièce se termine avec un duo engagé et voltigeant, très physique de Ruben Julliard (chorégraphe) et Olivier Oguma qui dialoguent, se répètent et se répondent en une dé-marche rapide.

La soirée aura prouvé que des étincelles de création n'attendent que les brindilles de mouvement pour prendre corps dans un feu d'artifice de plaisir dansé. 
Plaisir partagé par le public, ravi du spectacle:




La Fleur du Dimanche 

A STRASBOURG - Opéra National du Rhin 
mardi 3 septembre 20 h
mercredi 4 septembre 20 h

Et si vous avez raté le spectacle du Ballet de l'Opéra National du Rhin, grâce à Szenik, vous pouvez en voir un extrait sur la chaîne Youtube, produit par Ozango et l'Opéra National du Rhin:




LA GRAN PARTITA
[CRÉATIONS]
Coproduction avec l'Orchestre philharmonique de Strasbourg
Musique Sérénade n° 10 « Gran Partita » de Wolfgang Amadeus Mozart

* Danseurs-chorégraphes: Pierre Doncq, Eureka Fukuoka, Rubén Julliard,
Mikhaël Kinley-Safronoff, Pierre-Émile Lemieux-Venne, Jesse Lyon,
Marwik Schmitt

Danseurs: Monica Barbotte, Marin Delavaud, Ana Karina Enriquez-Gonzalez , Brett Fukuda, Rubén Julliard, Mikhaël Kinley-Safronoff, Pierre-Émile Lemieux-Venne, Jesse Lyon, Alice Pernão, Ryo Shimizu, Hénoc Waysenson, Dongting Xing


* Orchestre philharmonique de Strasbourg

Hautbois: Sébastien Giot, Guillaume Lucas
Clarinette/cor de basset: Sébastien Koebel, Stéphanie Corre, Manuel Pouillet, Alain Acabo
Basson: Rafael Angster, Philippe Bertrand
Cor: Alban Bernache, Sébastien Lenz, Patrick Cailleret, Jean-Marc Perrouault
Contrebasse: Gilles Venot

Ballet de l'Opéra national du Rhin

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire