vendredi 27 septembre 2019

Musica 2019: Einstein on the Beach: une énorme vague qui nous submerge

Eintein on the Beach a révolutionné la musique contemporaine, sinon le monde de l'art en général, tout comme Wagner en son temps... 
Lors de sa création  au Festival d'Avignon en 1976, ce spectacle total - musique, danse, arts plastiques - de Philip Glass et Robert Wilson, créé avec avec les chorégraphes Lucinda Childs et Andy Degroat, et des textes de Lucinda Childs, d'un jeune autiste Christopher Knowles et de Samuel M. Johnson eurent un écho formidable. D'autant que ce spectacle de presque cinq heures, tellement gigantesque à créer, ne sera repris que très peu par la suite. Après la première tournée, il n'y eut en effet que deux reprises en 1992 et en 2012.
Un nouvelle version scénique est créée le 11 août 2019 par Daniele Finzi Pasca au Grand Théâtre de Genève à l'Opéra, dont les dernières repésentations viennent de s'achever.
Une autre version, concertante et plus légère - et qui dure une heure de moins a été créée en novembre 2018 par l'ensemble Ictus, que nous avons pu voir lors du Liquid Room de Musica il y a une semaine aux Halles Citadelle.
C'est cette version que le Festival Musica propose ce 27 septembre à son public nombreux et ravi au Palais de la Musique et des congrès de Strasbourg.


Musica 2019 - Einstein on the Beach - Philip Glass - Ictus - Photo: lfdd

Musica 2019 - Einstein on the Beach - Philip Glass - Ictus - Photo: lfdd

Musica 2019 - Einstein on the Beach - Philip Glass - Ictus - Photo: lfdd

Musica 2019 - Einstein on the Beach - Philip Glass - Ictus - Photo: lfdd

Musica 2019 - Einstein on the Beach - Philip Glass - Ictus - Photo: lfdd

Musica 2019 - Einstein on the Beach - Philip Glass - Ictus - Photo: lfdd

Musica 2019 - Einstein on the Beach - Philip Glass - Ictus - Photo: lfdd

Fa, si la, do, ré, facile à adorer

La pièce, hypnotique dans sa construction, faite de répétitions et de brusques changements de phrases musicales, se contruit sur presque quatre heures avec un langage minimal (one, two, three, for,... one two, three, four, five, six, seven, eight) ou encore les notes (fa, si, la, do, ré,...) chantées par les membres du Colegium Vocale de Gent qui vont tenir, en alternance, la durée du spectacle, de même que les musiciens de l'ensemble Ictus (deux flutes, le saxophone, la clarinette et le violon et deux synthétiseurs, virtuoses à souhait), et la récitante Suzanne Vega, à la voix claire et enjôleuse, électrique presque et un peu sifflante. 
La musique sur la durée nous introduit dans un état second, rompu de temps en temps par des brusques sursauts, ou nous entrainant dans une danse moyennâgeuse sous forme d'une chaconne jouée au violon et au synthétiseur. Auparavant on a bien cru entendre quelques airs religieux chantés par les choeurs. Mais la musique reste très minimaliste et répétitive, même si l'interprétation de l'ensemble Ictus et du Colegium Vocale de Gent et leur occupation de la scène est très zen.
Le choix de Suzanne Vega comme récitante se justifie également totalemnt à la fin de la pièce lors du dernier texte où sa voix charmeuse et douce nous sussure à l'oreille ce conte de fée qui clôt la pièce avec le texte de Samuel M. Johnson:

"The day with its cares and perplexities is ended and the night is now upon us. 
The night should be a time of peace and tranquility, a time to relax and be calm. 
...
And what sort of story shall we hear? 
Ah, it will be a familiar story, a story that is so very, very old, and yet it is so new. It is the old, old story of love.

La journée avec ses soucis et ses perplexités est terminée et la nuit est maintenant sur nous.
La nuit doit être un moment de paix et de tranquillité, un moment de détente et de calme.
...
Et quelle sorte d'histoire allons-nous entendre?

Ah, ce sera une histoire familière, une histoire très, très ancienne et pourtant si nouvelle. C'est la vieille, vieille histoire d'amour."

....
"wo lovers sat on a park bench with their bodies touching each other, holding hands in the moonlight.
There was silence between them. 
So profound was their love for each other, they needed no words to express it. 
And so they sat in silence, on a park bench, with their bodies touching, holding hands in the moonlight.
Finally she spoke. "Do you love me, John?" she asked. 
"You know I love you. darling," he replied. "I love you more than tongue can tell. You are the light of my life. my sun. moon and stars. You are my everything. Without you I have no reason for being."
Again there was silence as the two lovers sat on a park bench, their bodies touching, holding hands in the moonlight. 
Once more she spoke. 
"How much do you love me, John?" she asked. 
He answered : "How much do I love you? 
Count the stars in the sky. 
Measure the waters of the oceans with a teaspoon. 
Number the grains of sand on the sea shore. 
Impossible, you say. 
Yes and it is just as impossible for me to say how much I love you.
"My love for you is higher than the heavens, deeper than Hades, and broader than the earth. 
It has no limits, no bounds. 
Everything must have an ending except my love for you."
There was more of silence as the two lovers sat on a park bench with their bodies touching, holding hands in the moonlight.
Once more her voice was heard. 
"Kiss me, John" she implored. 
And leaning over, he pressed his lips warmly to hers in fervent osculation."
Samuel M Johnson

Et son charme incarné dans cette construction presque abstraite nous invite à une belle nuit où nous garderons encore longtemps en mémoire ce magnifique voyage.



La Fleur du Dimanche

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