mercredi 23 octobre 2024

Birds on a Wire: Un moment suspendu dans le bel écrin du Théâtre de Colmar

 Le concert de Birds on a Wire au Théâtre Municipal de Colmar était attendu depuis longtemps (février 2024), mais ce fut une belle surprise de voir, au lever du rideau, arriver sur scène toutes les choristes de la Manécanterie de Saint-Jean et des Chœurs de la Pré-Maîtrise des Filles du Conservatoire de Colmar, toutes de noir vêtues. Bien sûr nous étions au courant que le spectacle Le Chant des Oiseaux était préparé avec elles, mais la surprise et l’effet de masse était saisissant. Et quand leurs voix se sont élevées, nous étions sous le charme, renforcé par le violoncelle de Dom La Nena, puis la voix de Rosemary Standley cachée derrière les choristes.


Rosemary Standley - Birds on a Wire


Et c’était parti pour une soirée d'harmonie céleste avec une chanson espagnole. Pour commencer, c’est Catherine Roussot qui dirige les chœurs sur les arrangements que Michael Smith a réalisés pour les chansons du duo. Par la suite ce sera Benoît Kiry qui prendra le relais, tout en précision et en concentration. Ce sont quelquefois des vocalises, mais aussi des bouts de refrains en canon qu'interprète avec brio la jeune troupe de chanteuses avec quelques très belles voix parmi elles. On sent que le courant passe et que les deux jours de répétitions ont fait leur oeuvre. 

Dom La Nena - Rosemary Standley - Birds on a Wire

En ce qui concerne Dom La Nena et Rosemary Standley, le courant passe depuis quelques années déjà et le duo est complice, a ses secret et fonctionne en totale symbiose. Dom La Nena avec son violoncelle fait à la fois la rythmique avec ses boucles, et ses mélodies, qui soutiennent les chansons, superbement interprétées par Rosemary Standley. Celles-ci sont très variées et Rosemary Standley les chante dans une multitude de langues - Anglais, français, btalien, Brésilien, espagnol, catalan ,… et même breton pour le rappel. Toute deux nous emmènent dans plein de pays et de saisons, en particulier, au soleil, Sur la place, ou au carnaval à Salvador de Bahia, la ville d’enfance de Dom La Nena (qui bien sûr mène le chant ici), en hiver, dans les mines de charbon avec les travailleurs en grève ou au printemps. Les chansons parlent d’oiseaux bien sûr, mais aussi de neige et de révolte, de rêves, de voyage,... 


Dom La Nena - Rosemary Standley - Birds on a Wire - Photo: Robert Becker

Leur tour de chant est un hommage à la chanson en particulier, à la poésie, au bonheur et l’on voyage entre Jacques Brel (Sur la Place), Cortazar, (La Marelle), Pink Floyd (Wish you were here) et également la musique classique ou baroque avec la très belle interprétation de O Solitude de Purcell qui nous confirme les magnifiques facilités vocales de Rosemary Standley. Sa voix est non seulement claire et douce comme le miel, mais elle a les capacités d’une vraie cantatrice. Elle navigue avec aisance de la musique ancienne aux folk-songs des Amériques, aux chansons populaires revisitées, avec une sensibilité contemporaine. Les relectures qu’elle fait sont plus que des interprétations, elles sont comme de nouvelles chansons qui lui appartiennent totalement. 


 Dom La Nena - Rosemary Standley - Birds on a Wire - Photo: Robert Becker

Le duo crée une vraie passerelle entre les époques, mêlant la simplicité mélodique à la lisibilité des textes qui vont droit au cœur. Le violoncelle de Don La Nena apporte une belle tonalité particulièrement chaude aux morceaux du répertoire. Ses accords vibrants induisent une belle émotion, un beau dialogue intime avec les voix, une tension délicate. De temps en temps Rosemary Standley se promène parmi les choristes, se fondant parmi elles avec discrétion et modestie, mais toujours avec une belle présence. De purs moments d’émotion passent de la scène, chanteuses et chœurs compris, à la salle. La rencontre de ces jeunes voix qui enrobent les deux voix des chanteuses et celle du violoncelle, parce que le violoncelle aussi chante, dans un bel écrin de douceur. Ces envolées angéliques nous emmènent dans une autre dimension. Mais le contact avec la salle n’en est pas coupé pour autant, le duo aime à faire participer le public en l’interrogeant et ne le laissant pas passif, lui faisant faire la pluie d’automne et même le poussant à danser dans cette vénérable salle.

 

Dom La Nena - Rosemary Standley - Birds on a Wire - Photo: Robert Becker

Le concert restera sûrement dans la mémoire de ceux qui ont eu la chance d'y assister, comme un beau moment suspendu, une parenthèse enchantée, à en croire l’émotion palpable et les applaudissements chaleureux et nourris pour le duo et la réussite de l’équipe locale.


La Fleur du Dimanche

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