jeudi 10 octobre 2024

Nemanja Radulovic à l'OPS: Le violon sur le coeur

 Le violoniste serbe presque quarantenaire Nemanja Radulovic, à l'occasion de sa résidence à l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg nous fait le magnifique cadeau de ce concert dédié au violon. Cet artiste mondialement connu qui a déjà sorti de nombreux disques et qui enchaine presque cent concerts par an dans le monde entier (dont l'ouverture des BBC Proms cette année) a commencé le violon à 7 ans. A douze il a le prix de la Ville de Belgrade et l'année d'après le prix Talent de l'année de la République Serbe. L'année suivante il part à Sarrebruck pour y étudier au conservatoire. A quatorze ans il arrive en France, au Conservatoire de Paris pour y étudier avec Patrick Fontanarosa. En plus d'être soliste, il est fidèle à ses partenaires du groupe Double Sens (avec des musiciens de son pays) et l'ensemble Les trilles du Diable. Le nom du groupe n'étonne pas trop parce que lorsqu'il joue, il ressemble à un gentil petit diable. Il jouait avec un violon de Jean-Baptiste Vuillaume de 1943 mais il l'a abandonné pour un autre, anonyme.


OPS - Nemanja Radulovic - Jaime Martin - Khatchatourian - Photo: David Amiot

Le concert débute, sous la direction de Jaime Martin (avec qui il a d'ailleurs joué au BBC Proms en septembre), avec les Danses de Galanta (1933) de Zoltan Kodaly. C'est une pièce qu'il a créée en se basant sur des mélodies de musiciens tzigane de la petite ville de Galanta, des danses hongroises. La pièce est très dansante, avec une longue et lente introduction à la clarinette (impeccable Sébastien Koebel), les vents, flûtes, hautbois sont d'ailleurs à la fête pour l'ensemble du concert. Le début est un peu mélancolique, nostalgique, avec des moments d'emphase et des passages d'équipages (et le glockenspiel des chevaux). C'est bien dansant aussi, surtout dans la deuxième partie, plus orientalisante. Le chef Jaime Martin accompagne tout cela gaiement en dansant lui aussi. Le tempo s'accélère, des grondements s'élèvent et se font plus graves. Le chef, majestueusement distribue les interventions des instruments dans l'espace avec agilité et grâce. S'ensuit une très forte montée en puissance qu'il coupe net. Et la clarinette et le hautbois(formidable  Samuel Retaillaud) lancent leurs dernières mélodies avant la brève et rapide montée finale.


OPS - Nemanja Radulovic - Jaime Martin - Khatchatourian - Photo: David Amiot

Puis, avec le Concerto pour violon en ré mineur d'Aram Katchatourian entre en scène Nemanja Radulovic qui peut démontrer que lui et le violon ne font qu'un. Après une introduction orchestrale et la présentation rapide du thème, il dialogue avec l'orchestre puis execute quelques cadences endiablées. Suit une très beau dialogue entre le violon et la clarinette, toujours magistrale de Sébastien Koebel et d'une extrême finesse. L'orchestre reprend en rythme allègre puis calme le jeu pour un passage plus serein mais le violon s'enflamme à nouveau. 

Dans le deuxième mouvement, c'est le basson qui introduit, suivi du rythme lent des cordes et cela continue presque comme une valse triste. Le mouvement est calme et serein et les cordes basses appuient en pizzicato dans des airs où le violon et l'orchestre se répondent et se soutiennent. Le troisième mouvement, allegro vivace, après une introduction de l'orchestre voit un rapide dialogue entre le violon et l'orchestre et aussi les flûtes, clarinettes, hautbois et autres vents. Les échanges, très dansant sont rapides et la fin claque.


OPS - Nemanja Radulovic - Jaime Martin - Khatchatourian - Photo: Robert Becker

OPS - Nemanja Radulovic - Jaime Martin - Khatchatourian - Photo: Robert Becker


Pour répondre à l'enthousiasme du public, Nemanja Radulovic nous offre en bis, après avoir remercié tout le monde pour l'accueil lors de sa résidence à Strasbourg, un délicat et émouvant duo avec Charlotte Juillard, violon super solo de l'orchestre dans lequel on sent une réelle complicité.


OPS - Charlotte Juillard - Nemanja Radulovic - Photo: Robert Becker


Après l'entracte, la soirée s'achève avec la Symphonie N° 8 en sol majeur "Tchécoslovaque" d'Antonin Dvorak. Le premier  mouvement Allegro con brio est ample et vif tandis que le deuxième est plus grave. Un dialogue s'instaure entre la clarinette, la flûte, le hautbois puis l'orchestre. Et cela devient un peu plus dansant pour finir avec un nouveau dialogue. Dans le troisième mouvement, allegretto grazioso, l'air devient vraiment dansant et léger, simple et léger, toujours avec les vents délicats.

Ce seront les trompettes qui vont lancer le quatrième mouvement avec une sonnerie magistrale et des coups de tambour. Puis les violoncelles de l'orchestre prennent la relève pour une mélodie d'abord posée qui s'accélère et se répète plus ou moins lentement. A la flûte Sandrine François nous joue un solo virtuose et c'est parti pour le retour en variations de la mélodie. Le chef accompagne cela en amples  mouvements empathiques et pour finir, accélère en apothéose dans une bacchanale en éclat grandiose.


OPS - Jaime Martin - Antonin Dvorak - Photo: Robert Becker


La Fleur du Dimanche


Concert OPS - Nemanja Radulovic

A Strasbourg, le 10 et le 11 octobre au Palais de la Musique et des Congrès.

  

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